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Microcosme

Manu Larcenet

Les taches ont-elles une âme ?

Des strips de trois cases. Des personnages et des décors réduits à des taches de couleurs vives, envisagées en pied, sans perspective ni variation de point de vue.
Sans véritable personnalité, non plus. Dans Microcosme, tout le monde s’appelle Jean-Jacques ou Brigitte. Et ça tombe bien, puisque tout le monde a à peu près les mêmes centres d’intérêts : dépression, chômage, pulsions suicidaires, catastrophes nucléaires et meurtres en série.
La fin du monde est proche, mais l’imminence en paraît à peine plus désagréable que le quotidien le plus ordinaire. L’ensemble serait sinistre sans le génie potache, expressionniste et régressif de Larcenet. Car on ne sourit pas en lisant ces pages : on lève les yeux au ciel devant tant de grossièreté, ou on hurle de rire.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est la condition humaine qui est en question ici. Entre épidémies, précarité et catastrophes écologiques, nos taches dépressives, obsédées par la mort, la trahison et les perversions les plus diverses, s’accrochent à l’existence et l’interrogent avec les mots qu’elles peuvent – car si la vie ne rime à rien, autant en rire. Même jaune. Ou toute autre couleur, tant qu’elle déborde.

Voir dans le catalogue de la BML

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