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Jo Ann Endicott

Après " Je suis une femme respectable ", ce deuxième livre autobiographique de Jo Ann Endicott a été écrit après la disparition brutale de Pina Bausch, le 30 juin 2009. L’occasion pour l’auteur de revenir sous un jour nouveau sur ses relations contrastées avec la chorégraphe.

Nulle trace d’hagiographie dans ce texte que la danseuse cisèle au mieux pour décrire l’expérience intense à laquelle elle a participé et ses sentiments, parfois douloureux, face à l’ampleur du travail demandé et à un certain manque de marques d’attention pour elle à des moments difficiles.

Alors qu’elle se sentait un peu trop ronde dans la peau d’une danseuse classique, Pina Bauch la réclame et l’accueille, dès la fondation du Tanztheater, avec ces mots qui la touche : « Jo, tu es belle, je crois en toi ». Elle restera plus de 30 années fidèle à cet engagement, occupant, outre son activité première de danseuse, plusieurs fonctions de confiance : assistante de répétition, archiviste, responsable de production.

Dans cet ouvrage, elle livre son vécu de femme, tiraillée entre le travail artistique, à la fois passionnant et éreintant, exigé par Pina Bausch, et la vie familiale, avec trois enfants à s’occuper et un lieu de résidence éloigné du studio de création. Elle nous fait découvrir de façon très précise et vivante l’envers du décor, de la création à la réception des spectacles, la méthode particulière adoptée par Pina Bausch pour créer ses pièces, qui consiste à débuter par de petites questions diverses et intrigantes posées aux danseurs. Elle nous parle de ses rôles préférés, dresse le portraits des autres danseurs qu’elle admire, avoue sa vénération pour Pina Bausch.

Il y a beaucoup de sincérité et d’honnêteté dans ce journal intime écrit avec vivacité. Le témoignage se fait simplement, avec un souci de coller au plus près avec le ressenti de chaque moment passé, ce qui rend la lecture attrayante, mais également amère, quand on est sollicité à compatir aux souffrances évoquées. Par ses descriptions détaillées des gestes, des actions, des rôles impliqués dans les pièces du répertoire, on apprend aussi beaucoup sur les moteurs d’une création absolument géniale qui a révolutionné le domaine de la danse du XXe siècle, au même titre que celle de Merce Cunningham.

Des documents pour voir et entendre Jo Ann Endicott dans son travail au Tanztheater :

Walzer : une pièce : extrait d’une représentation au Schauspielhaus Wuppertal / Pina Bausch.

On la voit dans un solo mémorable, où pénétrant sur scène dans un état d’excitation et d’exaspération intense, moulée dans un maillot de bain une pièce et juchée sur des escarpins à talons très hauts, elle vocifère contre toutes les injonctions faites aux femmes sur les façons correctes de montrer leur corps en public, elle dénonce la fausseté des rapports de la vie communautaire au sein d’une troupe, elle met en pièces les contraintes alimentaires, régimes, boulimie ou anorexie.

En prime, un savoureux solo de Mechthild Grossmann, ainsi que des moments jubilatoires menés par Nazareth Panadero et Meryl Tankard.

AHNEN ahnen : fragments de répétition

Un document rare dans lequel sont filmées des répétitions de la pièce Ahnen, dans la salle habituelle, au Lichtburg de Wuppertal. Pina Bausch se concentre sur les visages des danseurs, les regarde s’abandonner dans leurs poses, s’appliquer sur leur partition à danser ou se réjouir de la performance d’un autre danseur.

Les rêves dansants : sur les pas de Pina Bausch / un film de Anne Linsel & Rainer Hoffman

Les coulisses de la création de la troisième version de Kontakthof, qui met en scène de jeunes adolescent de 14 ans et plus, codirigée par Jo Ann Endicott. Cette pièce présentée en 2008, qui fait suite à celle avec les « dames et messieurs de plus de 65 ans » rencontra également un vif succès international. En bonus, deux entretiens avec Pina Bausch et un autre avec Jo Ann Endicott.

Jo Ann Endicott, dans l’émission l’humeur vagabonde, mercredi 16 décembre 2015, entretien par Kathleen Evin.

 

 

 

 

Voir dans le catalogue de la BML

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