Travailler, prier, ne pas rêver peut-être…

- Modifié le 26/11/2019 Département Civilisation

« Prie et travaille » : bien que l’expression ne date que du XIXe siècle, elle résume la règle des ordres religieux depuis Saint Benoît au VIe siècle de notre ère, car « l’oisiveté est l’ennemie de l’âme ». Le travail fait partie des activités du moine qui s’y livre de nombreuses heures par jour (Le monachisme médiéval , Le monastère au travail).

« Celui qui ne travaille pas ne mange pas » déclarait Saint-Paul ( 2 Thessaloniciens 3:10), maxime qui venait en opposition à l’idée romaine du travail, activité réservée aux esclaves, le négoce étant entendu comme négation du loisir (neg-otium). De cette conception s’ensuivirent vingt siècles de répression des pauvres, selon Régis Burnet.

Les dévotions aux saints et autres célébrations ayant pris au cours des siècles une ampleur considérable dans la société, des voix s’élevèrent dès la fin du Moyen Age pour revaloriser le travail et redonner une place raisonnable aux jours de fêtes et chômés (Fêtes de précepte et jours chômés du Moyen-Age au XIXe siècle : orare aut laborare ? )

« Les Réformes protestantes et la valorisation du travail » font partie des Théories du travail étudiées par un groupe de sociologues, sous la direction de Daniel Mercure et Jan Spurk, qu’avait déjà étudiées Max Weber dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme .

Dans son ouvrage Modèle monastique : un laboratoire de la modernité  Jacques Dalarun voit dans la privation de sommeil des moines de l’occident médiéval au profit du travail et de la prière un modèle de l’organisation du travail ultérieure. Pris dans la frénésie du capitalisme, nous avons perdu plusieurs heures de sommeil par nuit depuis le début du XXe siècle. Le capitalisme à l’assaut du sommeil de Jonathan Crary est un éloge de la capacité subversive du sommeil et du rêve.

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