L’énigme de «Krazy Kat», chef-d’œuvre de la bande dessinée universelle

- Modifié le 06/02/2019 Henri

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GH

Comme vient nous le rappeler la biographie  Krazy Kat : George Herriman, une vie en noir et blanc, de Michael Tisserand, récemment traduite et publiée en France, la vie de son auteur (1880-1944) est une clé essentielle pour appréhender les étranges (més)aventures du mythique «Chat fou» et masochiste.

Publiés dans la presse américaine entre 1913 et 1944 ces strips proposent un univers des plus étranges. Dans un paysage désertique, trois personnages vivent les multiples variations d’une scène éternelle : la souris Ignatz harcèle à coups de briques le chat Krazy Kat, qui en redemande, avant d’être arrêtée par le Sergent Pupp (un chien), au grand dam de sa victime consentante.

 

 

 

Ce monument du 9e Art, aurait pu ne jamais voir le jour. L’auteur, George Herriman, né en 1880 à La Nouvelle-Orléans, était mulâtre, ce qui, dans l’Amérique ouvertement raciste de cette époque était une tare rédhibitoire. L’année de ses dix ans, ses parents décident de prendre leur destin en main en migrant vers la Californie  pour prendre un nouveau départ , en ayant soin de taire leurs origines. George put ainsi bénéficier des mêmes avantages que les blancs. Son teint mat et ses cheveux ondulés le faisaient passer pour grec aux yeux de son entourage. Il put étudier et intégrer le monde de la presse (Le New York Evening Journal, de William R. Hearst dont il reçut le soutien indéfectible).

 

George Herriman

 

Son œuvre, perçue au premier degré lui valut, certes, l’admiration de nombreux jeunes lecteurs éclairés, mais le sous-texte lié à une double quête d’identité et d’universalité (Krazy Kat est alternativement mâle et femelle, les personnages, exclusivement animaliers, sont de couleur variable, passant alternativement du noir au blanc, le langage du chat est un mélange de toutes les langues…), a tôt séduit le monde intellectuel dont l’admiration a permis d’en pérenniser le succès. Il est symptomatique que le poète E. E. Cummings ait été l’artisan de sa première publication en album.

 

 

L’influence de Krazy Kat est revendiquée par de nombreux auteurs de bande dessinée comme Will Eisner, Charles Shulz, P. McDonnell ou Chris Ware

 

Voir les albums de Krazy Kat (en français) à la BM de Lyon

 

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