La désacralisation d’un dictateur
Publié le 12/11/2019 à 09:00 - Modifié le 09/11/2019 Guillaume
L’exhumation des restes du général Franco du mausolée Valle de los Caidos, réalisée le 24 Octobre dernier, est l’aboutissement d’une longue bataille juridique. Réclamée par la gauche espagnole depuis des décennies, elle a été ordonnée un mois plus tôt par la Cour suprême d’Espagne pour mettre fin à un véritable bras de fer judiciaire entre le gouvernement et les descendants du dictateur qui ont tout mis en œuvre pour s’opposer au transfert de la dépouille dans un cimetière au nord de Madrid.
C’est la loi sur la mémoire historique, votée par le parlement espagnol en 2007, qui met fin à la glorification du franquisme. Son but est aussi de dépolitiser le mausolée du Valle de los Caidos (Vallée des victimes de la guerre). Occupant plus de 1300 hectares, le site a été imaginé par le generalisimo lui-même comme un symbole de la « réconciliation » des deux camps de la guerre civile, construit par les prisonniers républicains et inauguré en 1959. Il constitue la plus grande fosse commune d’Espagne, et la plus curieuse sans doute, ornée de mosaïques et sculptures célébrant les liens baroques entre le franquisme et la religion catholique. La basilique, consacrée en vertu d’un privilège accordé par le Pape Jean XXIII, abrite aussi la dépouille de Jose Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange, ainsi que les corps de 35 000 victimes du conflit civil des années 1936-1939.
Pour aller plus loin :
L’Espagne sous le régime de Franco de Denis Rodriguez, PUR, 2016
La guerre d’Espagne. Un conflit qui a façonné l’Europe, sous la dir. de Jordi Canal et Vincent Duclert, Armand Colin, 2016
La promesse de Franco, réal. de Marc Weymuller, Le Tempestaire, 2014
Histoire de l’Espagne. Des guerres napoléoniennes à nos jours de Benoît Pellistrandi, Perrin, 2013
Les fosses du franquisme de Emilio Silva et Santiago Macias, Calmann-Lévy 2006
Le silence des autres, réal. d’Almudena Carracedo, Blag out, 2019
Les chemins de la mémoire, réal. de José Luis Penafuerte, Big Bang, 2009
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