Autant en emporte la pluie
Publié le 18/06/2019 à 00:01 - Yôzô-san
On est mi-juin, il pleut… Et alors ? S’il est vrai que dans notre petit quotidien, la pluie est un peu vue comme une empêcheuse de tourner en rond, dans la littérature, elle sait nous faire rêver. Sous la plume des romanciers, elle exacerbe la tension des bons polars, et théâtralise les embrassades de nos héros enamourés. Grandiloquente elle se fait messagère divine. Torrentielle, elle balaye tout sur son passage et permet de faire table rase du passé, annonçant une ère nouvelle, voire une rédemption.
Voilà donc quelques romans pour vous réconcilier avec la pluie, et qu’on savourera sans modération les jours de grosse chaleur.
Comme Dieu le veut, de Niccolò Ammaniti
Trois hommes perdus décident d’organiser le casse d’une banque pour se renflouer. Le souci, c’est que les trois compères — Rino, père célibataire au discours facho, Danilo, l’alcoolique endeuillé, et Quattro Formaggi, un colosse que la foudre à rendu idiot — ne sont pas des plus fins et sont vites débordés par leurs problèmes personnels. Quand le soir du casse arrive, un véritable déluge s’abat sur la ville et sur nos apprentis braqueurs…
Ce roman est un petit bijou tragi-comique dans lequel la pluie vient magnifier le caractère quasi absurde de l’existence de ces trois hommes. Une réussite couronnée lors de sa sortie (2013) du prestigieux prix Strega.
La somme de nos folies, de Shih-Li Kow
Pour son premier roman, la malaisienne Shih-Li Kow nous embarque auprès des habitants d’un petit village situé près de Kuala Lumpur, niché entre deux rivières. Alors qu’une énième crue particulièrement violente ravage la bourgade, un vent de renouveau souffle et modifiera à jamais les vies de certains d’entre eux.
Un roman frais et dépaysant avec des personnages vibrants lauréat du Prix du premier roman étranger 2018.
Le jour où la Durance, de Marion Muller-Colard
Sylvia vient de perdre son fils, Bastien, lourdement handicapé, dont elle s’occupait quotidiennement depuis une trentaine d’années. Pendant les quatre jours qui séparent le décès de l’enterrement, nous suivons le cheminement intérieur de cette mère qui, à l’image du barrage de Serre-Ponçon venu endiguer le cours de la Durance, avait coulé du ciment autour de ses émotions à l’égard de son fils. Mais une pluie torrentielle survient, la Durance monte, et avec elle, les souvenirs affluent, toujours plus nombreux, toujours plus difficiles à contenir. Le barrage se fissure, et l’émotion advient.
Un roman à la fois subtil et puissant.
Tenebra Roma, de Donato Carrisi et Le fleuve des brumes, de Valerio Varesi
Chez Carrisi, le déluge plonge Rome dans les abysses du moyen-âge en provoquant un black-out de 24 heures, et ce malgré les avertissements prophétiques laissés par Léon X expliquant que jamais Rome ne devrait se trouver dans le noir. Alors que les lumières s’éteignent et que les plus bas instincts des hommes refont surface, le prêtre pénitencier Marcus traque un tueur brutal…
Parme, l’inspecteur Soneri enquête sur ce qui semble être un suicide alors que le Pô menace de déborder à tout moment. La montée des eaux révèle chez Varesi des secrets enfouis depuis longtemps, trop longtemps et qui éclatant à la surface font surgir haine et violence.
Deux grands auteurs italiens, deux maîtres du polar avec chacun sa vision de qui advient après le déluge.
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