Arts vivants

Arts vivants et handicap : Acte 2

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 14/08/2019 par Ombrelle

Cet article fait suite à "Arts vivants et handicap : Acte 1" qui traitait de l'intégration des comédiens porteurs de handicap dans le milieu théâtral. Les univers du cirque et la danse, malgré les performances physiques demandées, se caractérisent par une présence plus forte d'artistes porteurs de handicap moteur. Des danseurs, des circassiens, victimes d’accident dans leurs pratiques professionnelles n’ont pas renoncé à leur art et reviennent au-devant de la scène. De même, la scène musicale a depuis de longue date ouvert ses portes aux personnes en situation de handicap.

Collectif Anqa -Danse avec les roues©Anqa
Collectif Anqa -Danse avec les roues©Anqa

Côté Cirque

  • Après un accident de trapèze qui le laisse tétraplégique Fabrice Champion, membre fondateur des Arts Sauts, travaille avec Alexandre Fournier et Matias Pilet pour monter le spectacle Nos limites. Cette nouvelle aventure est tristement interrompue par le décès de l’ancien trapéziste en voyage au Pérou. Olivier Meyrou avait accompagné les artistes dans leurs projets et réalisé le film Parade. Le chorégraphe Radhouane El Meddeb reprend la création “tétradanse” comme la surnommait Fabrice Champion.

                                                                                                 Parade©Olivier Meyrou

  • De même, une chute à l’entraînement change le cours de la vie de l’acrobate Rémi Lecocq. Mais il ne renonce pas à sa passion. Rémi choisit de continuer sa route sous le chapiteau du cirque inextremiste. Il dit sa volonté de vivre et de se dépasser. Etre en fauteuil, c’est tout un cirque pour Rémi Lecocq : « Montrer que dans un fauteuil, on peut être très con ou très sympa. On est des gens normaux, en fait. »

Côté Danse, en France

Un collectif

  • Au sein du Collectif Anqa – Danse avec les roues, les danseurs détournent l’utilisation première de leurs aides orthopédiques, mais pas que ! C’est un jeu, sans cesse inventé en salle, que nous offre la compagnie dans l’espace public. De la réflexion sur l’accessibilité des espaces urbains avec “Divers-cité” à “Autoportraits”, spectacle intime en continuelle évolution, le collectif est un sacré mélangeur des genres. L’improvisation est le maitre mot pour la compagnie créée en 2005 par Isabelle Brunaud. Ateliers et jams en sont les preuves formelles.

Une association

  • En juin 2019, le premier festival No(s) limit(es), initié par l’association Mozaik, est un sublime reflet du travail de la diversité des expériences et des projets prenant en compte différents handicaps (moteurs, mentaux, sensoriels). Plusieurs champs artistiques interdisciplinaires, du hip-hop au slam en passant par la danse contemporaine, y sont représentés. Patricia Loubière a monté la Compagnie Mozaik axée sur la rencontre de la danse et de la langue des signes. Elle a très vite élargi son travail et ses recherches qui permet une belle pluralité de tous les domaines.

Une compagnie

  • C’est à Bordeaux, que la Klaus compagnie œuvre en direction des personnes porteuses de handicap. La compagnie de danse contemporaine est portée par le chorégraphe Pascal Croce. Nous pouvons lire sur le site de la Compagnie que :

“…/… Depuis quinze ans , la compagnie a intégré des danseurs handicapés moteurs ; cette nouvelle approche de la danse amena de nouveaux horizons chorégraphiques, une nouvelle perspective du corps du danseur dans un processus de création. La Klaus Compagnie, unique en son genre, loin du courant abstrait, permet à tous les publics de se glisser dans des univers toujours proches de notre histoire, des réalités de notre société, tout simplement dans l’immense richesse de la vie…/…”

Pascal Croce et la danseuse Christèle Buzi-Debat font part de leur travail dans cette belle et sensible vidéo.

La danse et ses belles expériences lointaines

  • Transportons nous sur les bords de l’océan Pacifique. Au Pérou, nous voyons que le handicap n’est pas une barrière dans les projets artistiques des compagnies. Kinesferadanza « danse avec tous les corps possibles et leurs proposent de les accompagner dans la découverte de la danse”. On y parle de danse inclusive, base de travail de la compagnie, où la diversité et l’élimination des comportements discriminatoires sont les fondements principaux de leurs créations.
  • Plus près de chez nous, la Candoco Dance Compagny ouvre dès 1991 l’espace scénique en Angleterre aux personnes porteurs de handicaps. Trente ans plus tard, la Compagnie est toujours présente sur la scène internationale. Elle offre cet environnement professionnel à celui qui se déplace à l’aide d’une assistance mécanique ou à celle dont le corps est autre.

Et pour finir en musique

  • Alain Goudard fait figure de pionnier en la matière. En 1979, il fonde Les percussions de Treffort qui se sont produites à travers toute la France et à l’international. Le projet initial, abrité par un ESAT, brouille les pistes du normal et du différent. L’objectif est réussi et les spectacles sont très prenants. Le dernier enregistrement des Percussions de Treffort vient d’être réalisé au CFMI, Centre des Musiciens Intervenants du centre hospitalier du Vinatier (Lyon). A cette occasion, l’article de Bondy blog Lyon du 24 juillet revient sur le travail réalisé par les membres des percussions.

  • Mention spéciale pour Léthé Musicale qui est une association très active et dont le siège est dans le 9ème arrondissement de Lyon.

Extrait de la présentation de l’association :

“…/…Un centre de pratique musicale, d’enseignement de la musique, et de musicothérapie à destination des personnes en situation de handicap. Nous produisons et diffusons également des spectacles musicaux créés et joués par des artistes en situation de handicap…/…”

Laissons nous bercer par la calligraphie musicale captée en live.

C’est avec ces quelques notes que s’achève notre tour de France et de Navarre de la place des personnes porteurs de handicaps dans les milieux des Arts Vivants. Celui-ci est loin d’être exhaustif. Que les compagnies, associations et artistes oubliés nous pardonnent.

Pour aller plus loin :

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