Mime

Marcel Marceau, Bip et l’art du silence

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 15/03/2018 par le département Arts Vivants à la médiathèque de Vaise

Le mime Marceau a tiré sa révérence le 22 septembre 2007. Avec lui s’est éteint aussi le personnage de Bip dont il était l’inventeur, un drôle de Pierrot lunaire au visage blanc surmonté d’un haut-de-forme piqué d’une fleur rouge, en tenue de maillot rayé et pantalon blanc.

Bip !
Bip !

Marcel Marceau est né en 1923 à Strasbourg. Dans les années 40, il est formé à l’école de Charles Dullin, où il rencontre Jean-Louis Barrault. Les cours sont axés sur l’improvisation et l’expression corporelle. Les élèves font l’expérience de la redécouverte des sens et d’éveil à la nature. Il devient comme Barrault disciple d’Etienne Decroux, où il apprend la technique et les principes du mime corporel.

Il revisite alors les mimodrames, qui ont fait le succès de Jean-Gaspard Deburau. Ainsi il redonne vie à l’ancienne pantomime et la fait évoluer à travers ses “pantomimes de style“. Avec Étienne Decroux, c’est la rupture. Ce dernier voit le retour à l’ancienne pantomime comme une véritable trahison et il ne lui pardonnera jamais. Comédien du silence et travailleur de l’invisible, il est un des fondateurs du mime moderne. Dans ses spectacles, il pouvait, sans parler, émouvoir profondément son public.

C’est en promenant le personnage de Bip – inspiré du Pip des Grandes Espérances de Dickens – sur toutes les scènes du monde qu’il a redonné au mime ses lettres de noblesse dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bip est un Pierrot moderne, doux rêveur, qui prend conscience de la cruauté du monde extérieur.

Il a élaboré et codifié des techniques pour rendre visible ce qui est invisible sur une scène sans décor ni accessoire. Il a détaillé les manières de se transformer en objets, en animaux, comment faire entendre le vent, représenter des vagues, ou exprimer des sentiments, afin de raconter une histoire. Il invente sa propre gestuelle en empruntant aux pancartes et drapeaux aux funambules du XVIIIe siècle et en se nourrissant des arts orientaux. Il a le sens du raccourci de l’espace et du temps, de l’ellipse, de la précision. Il impose pendant plus de 50 ans une image du mime unique : un homme seul, maquillé en blanc, qui raconte dans un silence poétique, par des gestes d’une extrême précision, des histoires simples. Sur son visage blanc passent tous les sentiments, de l’allégresse à la tristesse la plus profonde.

Avec la création de son école de mime (Ecole internationale de mimodrame de Paris en 1978), il redonne toute son importance à cet art et transmet à ses élèves l’importance du travail sur le regard et le geste.

Par ailleurs, si ce dernier a surtout connu le succès sur les planches et à la télévision, il n’a jamais caché son goût pour le cinéma. Profondément marqué par Charlie Chaplin, il se démarquait cependant du cinéma muet.

« Mon art est insaisissable. Il consiste à rendre l’abstrait concret et le concret abstrait. C’est-à-dire, rendre l’invisible visible et le visible invisible. Tandis que les artistes du film silencieux s’entouraient de décors, d’accessoires et d’êtres réels, dans mes spectacles de soliste je ne pouvais m’entourer d’accessoires stylisés et de personnes physiques : c’est l’art de l’illusion elle-même. ».

Il est resté fidèle à son théâtre du silence, cet art poétique par excellence. Il a triomphé dans de nombreux pays et rencontré le succès aux Etats-Unis, avant de le rencontrer en France.

Il a ainsi joué dans Barbarella, film où l’on entend pour la première fois sa voix ; et la Dernière folie de Mel Brooks où le seul mot du film (“Non !”) est prononcé par le mime.

Enfin, le mime Marceau a influencé beaucoup d’artistes, le plus célèbre étant Mickaël Jackson qui s’est inspiré de sa Marche contre le vent dans son fameux Moonwalk [Vidéo Youtube].

Marcel Marceau a marqué de son exceptionnel talent les spectateurs du monde entier. Il est un des fondateur du mime moderne, reconnu aux Etats-Unis avant même de l’être en France. Avec la création de son école de mime en 1978, il redonne toute son importance à cet art et transmet à ses élèves l’importance du travail sur le regard et le geste.

Pour en savoir plus

  • La création du monde / Marcel Marceau [Vidéo sur Ina.fr]
    Marcel Marceau évoque sa vision de la Création du monde. Cette pantomime de style quasi métaphysique retrace par séquences brèves l’apparition de la vie, des végétaux et leur germination, les animaux jusqu’au serpent qui conduit Eve à croquer la pomme.

  • Le mime Marcel Marceau / Dominique Delouche [DVD]
    “Le film ne comporte aucun dialogue ni commentaire. Mime oblige. Le film se compose de douze tableaux qui présentent la fabuleuse richesse de l’art du mime Marceau.”
  • Le Mime Marcel Marceau / Valérie Bochenek [Livre]
    Dans ce beau livre, le maître dévoile à son assistante et collaboratrice de toujours, son enfance, son passé de résistant, et la blessure causée par la perte du père tant aimé, disparu à Auschwitz.
  • Marcel Marceau maitre mime / Ben Martin [Livre]
    Ce livre propose un portrait autobiographique du maître-mime à travers de nombreuses photographies prises en studio, sur scène et à son domicile. En introduction, l’auteur nous présente la vie, les influences et la philosophie de l’artiste.

 

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