Des Chaussures pleines de vodka chaude
Nouvelles de Zakhar Prilepine
lu, vu, entendu par Bibliothèque du 4ème - le 23/06/2015
Le livre d’une génération perdue, marquée par la fin de l’empire soviétique, la guerre en Tchétchénie et l’absence de perspective d’avenir.
Résolument ancré dans une province russe oubliée du progrès et minée par l’ennui, Des Chaussures pleines de vodka chaude présente une galerie de personnages toujours un peu déglingués, un peu insignifiants, mais qui boivent, rêvent, conduisent, se battent, se livrent à des petits trafics et à des grandes scènes de ménage avec la même passion.
C’est ainsi qu’un barbecue à base de chien ou une expédition pour s’introduire dans un internat de filles leur deviennent des espèces d’épopées de consolation. C’est ainsi, aussi, qu’on se surprendrait presque à trouver de l’humanité à un militaire dont le seul amusement est de tirer des chiens au fusil – voire des Tchétchènes. Car derrière la morosité et l’absence de perspectives, c’est l’humanité que traque le narrateur, portant sa capacité d’empathie jusqu’à l’inadmissible.
Par-delà l’horreur et l’insignifiance, on a toujours, chez Prilepine, conscience de vivre sur les ruines de quelque chose. Et ce n’est pas le moindre mérite de ce livre que de s’acharner à chercher un peu de beauté dans ces ruines.
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