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Itinéraire des « Années de plomb »

- Y. E.

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Attentat de la gare de Bologne Copyleft "2 Agosto 1980" http://www.stragi.it/archivio/foto

La justice française a finalement refusé, jeudi 29 juin, l’extradition de 10 anciens militantes et militants politiques italiens, réfugiés en France depuis 30 à 40 ans, soulevant des protestations dans la presse italienne. Ils ont tous été condamnés en Italie pour avoir participé à des actions violentes, assassinats ou tentatives d’enlèvements. Ces faits auraient été commis durant la période particulièrement trouble de l’histoire italienne qui s’étend de 1968 à 1982 et qui est souvent désignée par le terme « Années de plomb ». Durant cette période, les assassinats commis par des groupes de la gauche radicale répondent aux attentats commis à l’explosif par les groupuscules d’extrême droite, ensanglantant la société italienne dans son ensemble.

Dans l’ouvrage « Les noms d’époque« , dirigé par Dominique Kalifa, Isabelle Sommier revient sur l’origine de cette expression, et l’impact politique qu’elle a pu avoir sur la perception de cette période.

On apprend ainsi que ce chrononyme, s’il est aujourd’hui dominant en France et en Italie, trouve en fait ses racine en Allemagne de l’Ouest. C’est le titre d’un film de Margarethe von Trotta sorti en 1981, Die bleierne Zeit, (littéralement « Le temps plombé »), qui aurait donné naissance à l’expression, au hasard de ses traductions successives en Italien. Mais le plomb dont il était question ne désignait alors pas les balles, mais le contexte moral et mémoriel allemand des années 50, et le film s’inspirait non du contexte italien, mais de l’histoire de Gudrun Ensslin, l’une des fondatrice de la Fraction armée rouge.

C’est curieusement en Angleterre que le terme sera repris, et son sens modifié, lors de la parution de l’History of Contemporary Italy, de l’historien Paul Ginsborg. Il deviendra alors non « years of the lead », mais « years of the bullet », mettant  au premier plan les assassinat commis par l’extrême gauche (par balle) et faisant passer au second plan les attentas de l’extrême-droite (à laide d’explosifs).

Ce n’est qu’en 1991 que l’expression fera son apparition en Italie, dans le titre d’un ouvrage publié par un essayiste et un journaliste,  ex-fasciste. Le terme sera repris dans de nombreux ouvrages dans les années 90, de la chronique journalistique au roman intimiste en passant par la confession d’ancien militant, et finira par s’imposer.

Ce faisant, la violence de l’extrême-gauche sera largement mise en avant, laissant dans l’ombre les attentats perpétrés par les néo-fascistes, et la relative impunité dont ont bénéficié leurs auteurs.

Pour tenter de mieux cerner cette période pour le moins trouble, vous pouvez également consulter :

L’Italie des années de plomb  : le terrorisme, entre histoire et mémoire / dirigé par Marc Lazar et Marie-Anne Matard-Bonucci

L’Italie entre chien et loup : un pays blessé à mort (1969-1994) / Rosetta Loy ; traduit de l’italien par Françoise Brun et René de Ceccatty

L’orchestre noir : enquête sur les réseaux néo-fascistes / Frédéric Laurent

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