Molière : derrière le mythe
Publié le 08/02/2022 à 08:30 - Modifié le 04/02/2022 Benoît S.
Nous croyons tous le connaître, comme une part de nous-mêmes depuis que nous avons étudié ses pièces à l’école. Molière, c’est le mythe de l’écrivain national, par excellence. Et, pourtant, nous savons bien peu de choses sur son compte. En tout cas, beaucoup de choses fausses, et ce, dès le début de sa vie.
Nous ne connaissons ainsi pas avec certitude la date de sa naissance. Bon, rassurez-vous, l’évènement a quand même eu lieu en 1622. Pour la commémoration de sa naissance, c’est bon.
Ces zones d’ombre se poursuivront jusqu’à l’autre extrémité de sa vie, le 17 février 1673, On le croit trop souvent mort sur scène et enterré dans la fosse commune. La raison de ce malentendu ? Georges Forestier, auteur d’une biographie référence sur Molière, nous éclaire sur ce sujet : « Comme la mort est survenue le soir, on pense qu’il était alors sur scène mais au 17e siècle, on jouait l’après-midi, vers 14h-14h30. Car, il fallait rentrer chez soi avant la nuit, les rues de Paris étant un coupe-gorge » Pour la fosse commune, vous lirez la biographie de Georges Forestier.
Autre légende qui a la vie dure. Les œuvres de Molière ne seraient pas de Molière. Molière serait en fait le prête-nom de Pierre Corneille. A l’instar de Shakespeare, on a du mal à concevoir qu’un acteur ait pu écrire des œuvres de cette dimension, explique en substance Martial Poirson dans La fabrique d’une gloire nationale. Cette thèse se trouve nourrie par l’absence de manuscrits, de lettres de Molière, comme s’il n’avait jamais existé. Un vide propice aux théories du complot avant l’heure. Selon certains, c’est même Louis XIV, en personne, qui serait l’auteur caché des pièces de Molière ! Cela lui permettait de remettre les gens de la Cour à leur place, de faire passer des messages à la société. Ingénieux, non ?
Une fois de plus, Georges Forestier vole à notre secours. « Tout d’abord, avant le 18e siècle, on a beaucoup jeté. Ce qui était publié a été jeté. Ensuite, Molière n’a pas eu comme Racine deux fils adorés qui ont essayé de tout sauver. Sa fille qui a été élevée dans un couvent de religieuses, et pour qui le théâtre incarnait le diable, a brûlé tous les papiers laissés par ses parents. »
Un autre exemple de ces légendes qui entourent la vie de Molière tel un smog persistant ? On rapportait qu’il ne pouvait pas interpréter de la tragédie, genre noble, car il avait le hoquet et le visage déformé, caractéristiques peu compatibles avec l’exercice. Martial Poirson précise que Molière avait recours à ce jeu de grimaces et de petits cris, inspiré par la Comedia dell’arte, pour interpréter avec dérision son personnage phare, Sganarelle.
Pour continuer à aller au-delà du mythe :
Molière de Georges Forestier
La fabrique d’une gloire nationale de Martial Poirson
Molière : le chien et loup, un podcast de Philippe Collin sur France Inter
Pourquoi Molière est-il une gloire nationale ? dans l’émission de France Culture, Sans oser le demander, par Matthieu Garrigou-Lagrange
Poster un commentaire