Musique et série tv

Musique en série

- temps de lecture approximatif de 22 minutes 22 min - Modifié le 15/12/2016 par L3scarbille

Aujourd’hui, 14 novembre 2016, est diffusé sur la chaine National Geographic le premier épisode d’une série réalisée par Ron Howard et Brian Grazer, dont le sujet est la planète mars, et, si on en parle ici, c’est parce que la bande originale est composée par Nick Cave et Warren Ellis.

Vous pouvez en écouter un extrait ici ou l’intégralité en version digitale sur la plateforme de streaming 1D touch.

Car si les musiques de film sont un sujet très largement évoqué et ce, depuis des décennies dans de nombreux livres, sites internet, articles, revues (…) reçoivent des récompenses, ont droit à des festivals et expositions, bénéficient du talent de compositeurs reconnus : Ennio Morricone, John Williams, Vladimir Cosma, Howard Shore, Joe Hisaishi, Michel Legrand, Nino Rota, Hans Zimmer, Alexandre Desplat…

Musique & Cinéma, exposition Cité de la musique (2013)

Musique & Cinéma, exposition Cité de la musique (2013)

 

Il n’en est pas de même pour les musiques de séries tv et leurs compositeurs.

La considération pour celles-ci est un évènement plutôt récent si l’on met de côté le phénomène précoce de Twin Peaks et de sa fabuleuse bande originale composée par Angelo Badalamenti.

B.O. de la série Twin Peaks (1990)Auparavant la frontière qui séparait télévision et cinéma ne se traversait qu’avec précaution et le genre était souvent empreint d’un certain dédain. A présent, les allers retours deviennent chose commune. La série et sa musique considérées comme des médias à part entière -et non plus comme un sous-genre du cinéma- est un phénomène qui s’étend depuis une quinzaine d’années.

Le fait que de grandes chaines du câble américain dont HBO, Showtime, Cinemax, SyFy (…) et des chaines de streaming comme Netflix soient devenues productrices de séries a beaucoup joué dans l’évolution des séries et de leur musique.

 

On rencontre dans les séries tv de plus en plus fréquemment des acteurs de renommée (Matthew McConaughey, Claire Danes, Glenn Close, Kevin Spacey, Tim Roth, Matt Dillon…) on voit de célèbres réalisateurs s’y essayer (Todd Haynes, David Fincher, Martin Scorsese, Gus Van Sant…) des budgets colossaux y être alloués et enfin, un grand soin apporté aux choix musicaux.

 

Source image : heya.fr

Matthew McConaughey et Woody Harrelson, acteurs dans la saison 1 de True Detective / Source image : heya.fr

 

Parmi les premières musiques de série de qualité « cinéma » (bande originale et compilations confondues) on peut trouver par exemple celles des séries suivantes :

Les Soprano (1999-2007)

Six feet under (2001-2005)

The Wire (2002-2008)

Carnivale (2003-2005)

Battlestar Galactica (2003-2009)

Cold Case (2003-2010)

 

Les compositeurs de musique de série restent peu célèbres : depuis 15 ans il n’existe pas (encore) de grands noms de compositeur de musique de série ou très peu.

A titre d’exemple voir ici la page wikipedia qui leur est consacrée, elle ne comporte qu’une vingtaine de noms en comparaison de celle des compositeurs de films qui en compte près de 200.

Puisque cela n’est pas une spécialité en soi, se côtoient dans cet univers à la fois des compositeurs de musique de films et des auteurs compositeurs, notamment de musique électronique ou classique.

 

Discographie non exhaustive !

Cet article se propose donc de faire découvrir quelques-unes des bandes originales de série qui valent le détour, en nous limitant aux musiques de la nouvelle génération, celle qui questionne la pertinence d’une frontière qualitative entre série tv et cinéma : celle de ces 5 dernières années.

Nous ne parlerons pas des séries musicales dont la musique est le thème central ni des comédies musicales qui ont un rapport singulier à leur mise en musique : mais nous parlerons en revanche de musique originale commandée et créée pour la série, de musique préexistante à la série et choisie par le réalisateur, ou bien parfois de compilation des deux. Nous verrons que, comme pour les musiques du cinéma, la place laissée et le rôle de la bande son varient en fonction des choix audiovisuels des réalisateurs : très en avant, en retrait, silencieuse, instrumentale, spacieuse, vocale, émotionnelle, ornementale…

 

 

• Game of Thrones : Ramin Djawadi

Difficile de ne pas commencer par la bande son de la série qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’évolution de la série tv, d’autant plus qu’elle est remarquable.

Ramin Djawadi commence comme co-compositeur de musique de film avec Hans Zimmer, RZA, Heitor Pereira… puis il devient rapidement compositeur pour le cinéma (Mr. Brooks, Iron Man, Pacific Rim…) et pour des séries télévisées : Prison Break, Person of Interest et la toute nouvelle série HBO mélangeant western et science fiction : Westworld.

Il est influencé par de multiples références : il a d’abord aimé la musique romantique classique, citant volontiers Brahms et Tchaïkovski, puis joue de la guitare rock et enfin a suivi une formation jazz. Et parce qu’il  ne savait pas écrire de paroles avoue-t-il, il s’est dirigé vers la musique de film. (Source)

Pour Game of Thrones, il réalise une bande originale qui séduit et un générique reconnaissable instantanément. Il crée des thèmes musicaux pour les familles et les personnages.

Source image : youredm-com

Source image : youredm-com

Les scènes clés au fil des saisons sont sublimées par ses compositions : scènes de bataille, de mariage, de massacre, de mort, de vengeance  trouvent leur résonance dans des œuvres symphoniques ou au contraire minimales.

Par exemple, la revue anglaise The Week a publié un article intitulé  : “Why the real winner of the Game of Thrones season finale was the music”,   (ou « pourquoi le vrai gagnant de cette fin de saison de Games of Thrones fut la musique”.) (Source) qui analyse en détail une composition de l’artiste détaillée avec transcriptions et extraits.

Ce titre accompagne les 10 premières minutes de la saison 6 -dont on ne livrera pas le contenu ici- et rencontre à juste titre, un énorme succès :

 

Lors du festival de la musique de film de Cracovie de 2015, le grand gala a été consacré aux musiques de séries. Des extraits de la bande originale de Game of Thrones y ont été joués :

La B.O. remporte un tel succès que des concerts live sont organisés depuis cette année et qu’une édition vinyle va être disponible en plus des versions CD.

Disponible à la BmL

 

• Utopia : Cristobal Tapia De Veer

Si l’on en croit Michel Chion qui affirme que « Les compositeurs de musiques de films considérés comme grands sont ceux dont les musiques ont une vie propre et dont la magie opère aussi hors écran » alors on peut  sans hésitation ranger Cristobal Tapia De Veer dans la catégorie des grands.

Multi-instrumentiste de formation classique -spécialité percussions, il avait peu d’expérience dans le domaine (une mini-série et un documentaire à son actif) avant de s’atteler à la tache sur Utopia et pourtant il réussit la performance d’une mise en musique excellente, accentuant l’ambiance étrange et inattendue de la série tout en créant une musique autonome qui s’écoute tout à fait sans le support de l’image.

“J’aime concevoir la musique de film ou d’une série comme un personnage en soi. Habituellement, la musique sur image doit être relativement transparente. Elle est une aide au rythme et au drame. Mais moi, je ne perçois pas son rôle de cette façon-là. J’aime musicalement prendre plus de place et apporter un caractère défini à la musique. J’aime proposer un contrepoint à l’émotion véhiculée par une scène.” (Source)

Source image : previously.tv

Source image : previously.tv

Sa musique électronique est faite de collage de sons, de dialogues de la série et d’expérimentations musicales de toutes sortes. Le résultat est tellement singulier qu’on ne l’oublie pas et qu’il a contribué à pérenniser Utopia, même si la série en elle-même était déjà d’une grande qualité.

Son travail a été récompensée en 2013, il  a obtenu un prix pour la bande originale de la première saison d’Utopia  (« Royal Television Society Craft & Design Award ») et un second pour celle de la saison 2, en 2015. Actuellement il s’occupe de la bande son de Humans, remake de la série suédoise Real humans / Äkta människor : on reconnait immédiatement sa patte.

Interview de l’artiste (en anglais) à lire ici

Disponible à la BmL

 
Narcos : Pedro Bromfman

D’origine brésilienne Pedro Bromfman  est un musicien de l’image -comme il se définit lui-même- qui compose pour le cinéma et la télévision (séries et documentaires). On trouve tout de même à son actif un album solo de musique latin-jazz en 2002.

Pour cette série biopic de Pablo Escobar et de son cartel de narcotrafiquants, Pedro a choisi des compositions d’ambiances latines : surtout des salsa et cumbia. Des musiques plutôt joyeuses et dansantes accompagnent des épisodes aux images violentes.

Il utilise des instruments traditionnels colombiens sur  80% de la bande originale : charango, ronroco, harmonicas, accordéons, flûtes, pour le restant : instruments d’ailleurs et créations électroniques.

A cela s’ajoutent des titres populaires préexistants comme le titre sur lequel dansent Escobar et sa femme : “Porro Bonito” de Orquesta Ritmo de Sabanas.

https://www.youtube.com/watch?v=iwyAbrhoEUk&feature=youtu.be

La musique du générique de la série a été composée par Rodrigo Amarante, musicien brésilien également, ancien du groupe de rock indépendant Los Hermanos et soliste folk rock depuis peu, qui a sorti un album en 2014 à découvrir à la bibliothèque.

Pour cette série en langue originale anglaise et espagnole,  l’artiste a choisi de chanter en espagnol plutôt que dans sa langue natale et s’est documenté sur Pablo Escobar : “Mon approche était d’humaniser Pablo en écrivant une chanson qui semble être une vue de l’intérieur du personnage, plutôt qu’un point de vue extérieur. J’avais l’idée d’écrire une chanson qui était la préférée de sa mère quand il était enfant, quelque chose qui aurait influencé l’idée de l’homme qu’il aurait aimé être.” (Source)

 

Le site de Pedro Bromfman

Le site de Rodrigo amarante

 

• Black mirror :

La musique de cette série au format particulier, avec de longs épisodes narrativement indépendants mais avec une thématique récurrente en filigrane (le rapport homme/médias, les usages des nouvelles technologies) a été composée par plusieurs musiciens.

L’esthétique musicale est plutôt orientée musiques électroniques pour les 2 premières saisons, on  retrouve notamment les compositeurs suivants, tous spécialisés dans la composition de bandes originales de films, documentaires et séries tv :

 

Stuart Earl

Musicien capable de composer aussi bien de la musique orchestrale, de chambre ou contemporaine, pour Black Mirror il crée une musique qui mêle drone, piano et expérimentations :

Son site

 

Stephen McKeon

Musicien particulièrement prolifique dans le domaine de la musique de téléfilm, série tv et depuis peu film, il a composé un des titres les plus marquants de la saison 1 :

Son site

 

Jon Opstad 

« White bear » et « White christmas » sont les 2 épisodes pour lesquels il a créé une bande originale, et, comme avec ses confrères précédemment cités, on retrouve une musique électronique qui superpose les textures et intègre des mélodies organiques :

 Son site

 

Pour la saison 3, quelques compositions originales mais un plus grand nombre de titres préexistants ont été utilisés. Ainsi on peut y entendre des titres de Radiohead, Stereophonics, The Bangles, The Smiths, INXS, Pixies… et parmi ceux-ci quelques compositions de Max Richter et Martin Phipps (2 artistes dont nous parlerons un peu plus tard concernant leur travail sur 2 autres séries).

https://youtu.be/gcPWRPZEUII?list=PLQYLuNgDwNR4oWA6Qu8kYzFVMNdYOTv8n

 

• True Detective : T Bone Burnett

 Les choix musicaux pour cette bande originale ont été confiés à T Bone Burnett qui a à la fois composé des titres pour la série et occupé la place de superviseur musical* : personne dont le rôle est de compiler des titres préexistants (ou d’en commander parfois), d’avoir le talent de les associer en un ensemble cohérent afin de créer une ambiance audiovisuelle singulière.

Leur travail est réussi quand l’écoute permet de prolonger l’expérience visuelle qu’a été la série malgré la préexistence et l’indépendance de certains titres choisis.

*Pour avoir plus de détails sur ce métier ici 

Pour True Detective, le challenge a été relevé, le choix des différents interprètes est réussi, il faut dire que T Bone est musicien solo, producteur et qu’il a un sacré C.V. de compositeur/superviseur musical de b.o.  (O Brother , The Big Lebowski , Walk the line…)

Ici les morceaux choisis de blues, rock sudiste, rock psychédélique, folk, country (…) se succèdent et remplissent leur fonction impressionniste : désespoir, lourdeur, colère et rage convoqués par les personnages s’expriment avec les Black Angels, Captain Beefheart and the Magic Band, les Melvins, Townes Van Zandt, Meredith Monk, Nick Cave & the Bad Seeds, The Handsome Family…

A lire : une interview de T Bone (en anglais) qui explique la constitution de la bande son.

Les musiques de la saison 1 n’ont pas toutes été réunies sur disque, vous pouvez les découvrir en grande partie ici  et quelques-unes ont été éditées sur une compilation réunissant des titres des saisons 1 et 2 à la BmL.

 

Son site

Disponible à la BmL

 

 • Top of the lake : Mark Bradshaw

https://soundcloud.com/insyncmusicservices/sets/top-of-the-lake-soundtrack%20

Jane Campion l’avait déjà choisi pour réaliser la B.O. de son film Bright Star et à l’écoute du résultat, elle avait plutôt eu raison : c’est une belle réussite.

Pour servir cette mini-série policière se déroulant dans les immenses paysages de la Nouvelle Zélande,  Mark Bradshaw compose de magnifiques plages de guitare avec une réverbération digne des plaines que l’on voit à l’écran comme ses « Chopper Lullaby » et « Universe » ou créé de belles mélodies pianotées et soutenues par éléments électroniques.

A noter, la reprise du Joga de Björk par Georgi Kay présent dans un épisode a connu un réel engouement et a permis à la jeune artiste de se faire mieux connaître.

 

• Leftovers : Max Richter

« J’ai suivi une formation très classique mais j’étais complètement plongé dans ce qui se passait autour de moi en Grande-Bretagne à l’époque, au début des années 1980, et c’était l’electronica et le punk, explique Max Richter. Les premières fois où je suis allé au concert, c’était pour entendre The Clash et Kraftwerk, j’avais quatorze ans. J’adorais l’énergie primitive du punk, mais à la même époque je faisais de la musique classique et j’utilisais des fers à souder pour construire des synthétiseurs analogiques dans ma chambre. Dans mon esprit, ces choses ont toujours coulé ensemble. » (Source et suite)

Musiques classique, minimaliste, ambiant, punk… Max Richter a un large champ d’expérimentation et semble n’avoir peur de rien : il interprète des œuvres d’Arvo Pärt, Brian Eno, Philip Glass, Julia Wolfe et Steve Reich, réécrit du Vivaldi, produit des albums pour d’autres et en écrit aussi pour lui (dont l’incroyable « Sleep » d’une durée de 8 heures), compose pour des chorégraphies, des installations contemporaines et pour le cinéma (Valse avec Bachir, Shutter Island, The last days on mars…) et depuis peu compose pour des séries TV.

La bande originale qu’il compose pour cette série qui parle de disparition, de liens, de vie et de deuil s’appuie sur tous les bagages précédemment cités de l’artiste : arrangements minimalistes, électro ambiant, orchestrations et chœurs classiques, guitares et rythmiques presque rock…

Comme pour l’album écrit par Cristobal Tapia De Veer pour Utopia, ces 2 disques (un pour chaque saison dont il a réalisé la b.o.) sont à la fois capable d’illustrer la série et d’avoir leur vie propre en dehors d’elle.

 

Son site

Disponible à la BmL

• Black Sails : Bear McCreary

https://www.youtube.com/watch?v=7HplgMsGVag&list=RDpAubPxemSOg&index=12&spfreload=5

Compositeur américain qui fut l’élève de Bernstein,  McCreary pour le coup n’en est pas à son premier essai, cela faisait un moment qu’il se faisait remarquer pour ses bandes originales de films, mais aussi de séries.

Il avait déjà fait parler de lui pour sa mise en musique de Battlestar Gallactica et a  actuellement à son actif une quarantaine de bandes originales (films, séries et jeux vidéo), parmi les séries, outre Battlestsar, on trouve Walking Dead, Eureka, Defiance, Marvel : Les agents du shield …

Sur son site, l’artiste nous explique son processus de création et nous raconte nombre d’anecdotes, notamment quels instruments ont été utilisés pour créer cette bande originale de pirates ambitieux et violents : nombreuses percussions avec baguettes en os, vielle à roue, piano, guitare électrique, accordéon… Le résultat final est brut et guerrier. Le générique très rythmé, porté par des chœurs, embarque l’auditeur sans difficulté dans le monde de la piraterie :

https://www.youtube.com/watch?v=WMSoo4B2hFU

Son site

 

• Stranger Things : Survive

https://www.youtube.com/watch?v=oeQW2xCRCmQ

En plus de nous plonger dans les années 80 d’une manière plutôt agréable en réutilisant des titres de Joy Division, Modern English, The Cure, Echo & the Bunnymen (…) 78 compositions regroupées en 2 CD ont été créées par le groupe Survive pour la première saison de cette série diffusée cette été.

Seulement 2 membres sur 4 du groupe, Kyle Dixon et Michael Stein, choisis par le réalisateur de la série qui aimait déjà leur précédent disque qui ont créé cette b.o.

« On adore les B.O. de films mais je ne pense pas qu’il y ait eu un ou plusieurs scores auxquels on se soit spécifiquement référés pour Stranger Things. Tangerine Dream nous ont clairement influencés, mais c’est un groupe qu’on écoute depuis toujours. J’adore la B.O. de La Forteresse Noire, par exemple, mais je ne suis pas certain que ça ait déteint sur le score de Stranger Things. » (Source et suite)

Quatuor texan, Survive existe depuis 8 ans : beaucoup de singles et seulement 2 albums, dont le dernier vient de sortir en septembre (RR7349) à 15 jours d’intervalle de la sortie du disque de la série. Il est assez évident que le rayonnement de la série a boosté la carrière du groupe mais pas seulement :  on est dans le cas où la série tv a permis de faire connaître un groupe, dans un premier temps, et dans un second temps, c’est le succès de la musique qui a amené un public à la série.

Des synthés eighties avec une touche moderne colorent à merveille cette série à nostalgie. Ils savent autant souligner les moments effrayants à la manière d’un John Carpenter que susciter l’émotion que l’on a à suivre ces enfants dans leur quête de vérité.

https://www.youtube.com/watch?v=OjYRo1iua8Y&t=2m00s

Pour l’anecdote, Tangerine Dream, groupe qui a influencé sans nul doute la musique de Survive, a publié des remix de la b.o. en septembre 2016 à écouter :

Tangerine Dream reprend les musiques de Stranger Things

Leur site

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• Les Revenants : Mogwai

https://www.youtube.com/watch?v=lvJy1LAnw_k&spfreload=5

Pour groupe de post rock qui compose déjà des musiques cinématographiques depuis 1995, le glissement vers la composition de bande originale semble plus que logique et plutôt facile. D’ailleurs le groupe écossais l’avait déjà précédemment fait pour des films.

Mogwai s’en sort encore très bien : pour cette série française qui nous raconte le retour de morts parmi les vivants, les ambiances spectrales de Mogwai sont pertinentes, on retrouve les guitares éthérées  (moins énervées que d’habitude tout de même) et les mélodies douces et emphatiques, s’associant aisément aux différentes émotions que suscitent la série, angoisse, espoir, tristesse… c’est une belle association : nulle surprise pour ceux qui connaissaient déjà le groupe, l’album s’intègre parfaitement dans leur discographie.

 

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• The Knick : Cliff Martinez 

 

Cette série possède un réalisateur de renom : Steven Soderbergh. Celui-ci apporte toujours un grand soin aux détails, aux décors visuels et musicaux dans ses films.

Pour développer l’univers musical de cette série médicale qui se passe à New York au début des années 1900, Soderbergh a fait le choix de ne pas utiliser de morceaux d’époque et de demander encore une fois à Cliff Martinez de s’atteler à la composition : depuis Sexe mensonge et vidéo en 1989, c’est leur 11ième collaboration.

Batteur ponctuel pour Captain Beefheart, Lydia Lunch et les Red Hot Chili Peppers au début des années 80, Cliff Martinez se spécialise en musique de film après sa rencontre avec Soderbergh. Depuis, il compose de belles bandes originales pour le cinéma : Traffic, Solaris, Drive, Only god forgives, The Neon Demon… The Knick est la deuxième b.o. de série tv qu’il réalise.

C’est un habitué des musiques modernes et immersives. La bande originale de The Knick est du même acabit : électronique et anachronique, elle renforce pourtant le réalisme de la série. Il a le talent de faire entendre la mise en scène précise et léchée avec une musique subtile et de rythmer les nombreux plans séquences.

Il compose l’essentiel de ses productions minimalistes avec des synthés, guitares, différentes percussions, carillons, flûtes indiennes et, ce qui donne cette couleur si spéciale à ses titres, c’est l’utilisation d’un cristal baschet, sorte d’orgue de cristal très utilisé dans la musique contemporaine et devenu un de ces outils de création favori.  Court extrait de Cliff Martinez jouant sur cet instrument :

 

 

Son site

Disponible à la BmL

 

 • Viking : Trevor Morris

Trevor Morris a réalisé la musique des 39 episodes (sur 41) de 4 saisons de Vikings.

Pour ce canadien familier des séries à costumes (Tudors, Borgias…) nulle difficulté à faire se côtoyer avec brio instruments traditionnels s’inspirant de musiques scandinaves, musique orchestrale et musique électronique, surtout quand on a travaillé avec Hans Zimmer et Danny Elfman.

Plusieurs titres complètent sa b.o. : le moderne et excellent générique de la série « If I had a heart » de Fever Ray, projet de la suédoise Karin Elisabeth Dreijer (également membre du duo électro pop The Knife) :

 

… et quelques titres du groupe folk viking Wadrunna  ponctuent la série (mais non présent sur le disque officiel) :

 

https://www.youtube.com/watch?list=PLg0AT_gb4P9KZn_0wfAOMui6OS4NfKB0F&v=Cz3O0JftA5w

 

Son site

Disponible à la BmL

 

• The Last Panthers : Clark

 

Depuis près de 15 années (Chris) Clark est l’un des leadeurs de l’electronica du label anglais de référence : Warp. Musicien qui peut se targuer d’avoir su se créer une identité sonore grâce à ses synthés tout en étant polyvalent et en n’ayant de cesse d’expérimenter (écouter sa discographie à la bibliothèque)

En sortant cette bande originale sur disque il a fait le choix de retravailler et de raccourcir les titres créés pour la série : il le positionne ainsi à la croisée d’un album studio et d’une b.o.

The Last Panthers est une série inspirée de l’histoire vraie des Pink Panthers. On y suit la traque de ce célèbre gang de braqueurs originaire des Balkans : l’ambiance se veut donc violente et oppressante.

Les créations sonores de Clark pour cette série comportent à la fois sa patte et se démarquent de ses précédents albums : musique d’espace et de distance, froide et stylistiquement variée, évoluant dans une gamme étendue de textures. La présence important du piano (le plus souvent préparé) et des synthés nous est familière, comme le travail sur la voix qu’il affectionne, mais l’on est pourtant loin des sons lourds, parfois indigestes, et des tempos rapides auxquels Clark nous avait habitués dans son electronica aux tendances techno.

 

L’autre surprise que nous réserve cette série, c’est le choix musical du réalisateur “Je voulais saisir l’opportunité de travailler avec un héros de mon enfance pour le générique, explique Johan Renck, quant au choix de ce chanteur. On a cherché et George Michael n’était pas disponible ! (rires) Alphaville, Flock of seagulls non plus ! (rires) Grâce aux contacts que j’ai établi en travaillant en tant que réalisateur de clip, on a cherché à s’approcher de David Bowie. Il a répondu très rapidement pour dire qu’il était intéressé. Il s’intéresse beaucoup à la télévision, il regarde beaucoup de séries. Il a touché à de nombreux domaines avec sa musique ; il a écrit pour le cinéma, la comédie musicale… Le seul domaine auquel il n’avait pas vraiment touché jusqu’ici était la télévision. C’était apparemment quelque chose auquel il avait envie de se frotter.” (Source et suite)

 

 

Son site

Disponible à la BmL

 

• Broadchurch : Olafur Arnalds

C’est peut-être l’histoire d’un juste retour des choses : ce musicien islandais s’est mis à la musique et à la composition en écoutant des musiques… de film. Avant de créer cette b.o. qui lui a permis d’obtenir une reconnaissance internationale, Olafur Arnalds compose une musique minimale à la croisée du classique et de l’électro, qu’il décrit comme « trop pop pour intéresser les radios de musique classique, mais trop classique pour plaire aux radios pop » (Source et suite)

Broadchurch est une série policière anglaise dans laquelle on suit l’enquête sur le meurtre d’un enfant. Son rythme est lourd et lent, l’ambiance est pesante : les mélodies désespérées de l’islandais conviennent donc à merveille.

Beaucoup de claviers, de cordes, de nappes electro, voix discrète (s) ou parsemée(s) ça et là par petites touches : c’est ce à quoi il nous avait habitué dans ses 3 précédents albums, cette b.o. ne fera pas exception dans sa discographie.

 

 

Son site

Disponible à la BmL

 

• Fortitude : Ben Frost

Autre islandais, mais lui d’adoption depuis 2005, l’australien Ben Frost est un musicien de l’expérimental. Il a plusieurs albums à son actif (donc l’excellent « By the throat » (2009) , moult collaborations (Tim Hecker Björk et Brian Eno) et ne se cantonne pas à la musique comme forme d’expression artistique (arts visuels, installations…)

Sa musique givrée et glaçante, dans laquelle loups et blizzard s’expriment parfois (albums à écouter à la BmL) est densément composée, bruitiste et bruyante, mélangeant expérimentations électroniques, instruments à cordes et batterie.

Il nous avait déjà habitués à une musique très cinématographique. Quand il est sollicité pour composer la musique de cette série il fait montre de tout son talent : ses compositions s’entendent étroitement avec cette série policière fantastique se déroulant sur une île imaginaire de l’arctique et contribuent à déployer l’ambiance inquiétante qui se construit au fil de la saison 1.

Son site

 

• Wayward Pines : Charlie Clouser

Série produite par une référence en matière de fantastique : M. Night Shyamalan (Sixième sens, Signes, Phénomènes…) et avec un compositeur de référence également : Charles Alexander Clouser.

D’abord connu en tant que membre du groupe Nine Inch Nails mais aussi de White Zombie, Marilyn Manson et de nombreuses collaboration remixes : Prong, Killing Joke, Type O Negative…

Ce musicien multi-instrumentiste (claviers, batterie…) évolue donc au sein de la famille du rock, avec quelques accointances pour la musique industrielle et le métal. Proche de ces musiques aux ambiances assez sombres, il a été un compositeur de choix pour des films horrifiques comme la série des Saw, Resident Evil: Extinction, Dead Silence et s’est mis à composer pour les séries tv avec American Horror Story.

 

Source image : tvqc.com

Source image : tvqc.com

 

Il dispose donc d’un certain savoir-faire quand il compose la musique de cette série fantastique qui joue sur l’angoisse, le mystère et le secret. Sa bande son est un mélange de synthés angoissants et d’instruments acoustiques, violons et guitares, parfois fabriqués par lui-même, et de percussions aux rythmiques mécaniques : le tout forme un ensemble cohérent à l’ambiance assez sombre.

(Source et suite : interview en anglais)

Disponible à la BmL

 

 

Ils sont encore nombreux, ceux dont nous ne parlerons pas ici mais qui ont fait un travail de mise en musique remarquable :

Thomas Golubić pour Breaking Bad et Walking Dead, Jeff Russo pour Fargo et The night off, John Lunn pour Dowtown abbey David Byrne pour Big love, Martin Phipps pour Wallander…

De nombreuses bandes originales citées ici ou d’autres encore, sont à découvrir en se connectant sur 1D touch.

 

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One thought on “Musique en série”

  1. Tungsten dit :

    Introuvable mais l’ost de House M.D m’a toujours passionné même si le titre principal a l’air repris de la compo de Thomas Newman sur American Beauty, le reste quelque peu plus conventionnel habillant généralement les scènes a toujours su me marquer, et que dire d’autres pistes qui sont clairement faites pour la série sur certaines scènes purement viscérale au personnage de House, ces compositions de Jason Delartka et Jon Erhlich sont introuvables et me rendent fou…. Dommage !

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