Viva el polar !

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - par EM

A l'occasion de Quais du Polar 2023 plein feu sur le polar hispanique.

livre rouge
livre rouge

Depuis les années 2000, les frontières de la littérature noire se sont ouvertes. Les rayons s’étoffent, les noms prennent des consonances nouvelles. Fort d’un monde éditorial en pleine explosion, les traductions s’accélèrent et de nouveaux auteurs apparaissent. Les polars ibériques s’auréolent de prix.
Quels sont ces nouveaux romanciers ? Offrent-t-ils une signature particulière ?


La place du polar espagnol

En 1970, le pays émerge de l’ère franquiste. Les œuvres hispaniques se libèrent et se distillent dans le marché international et européen avec en fer de lance des auteurs comme Montalbàn et Lesdema. Le roman historique a souvent été fortement plébiscité. Le polar surnommé “el noir” au pays de Don Quichotte, s’épanouit depuis 10 ans et occupe la deuxième place en catégorie des ventes littéraires après la littérature contemporaine (64 millions d’euros de ventes en 2019).

En 2017 sur la plateforme en ligne Netflix, la série hispanique “la Casa de Papel” crée l’événement. Elle bat tous les records de visionnage et casse les codes habituels du polar pour servir un propos social vindicatif. Des antihéros séduisants s’imposent avec une musique envoûtante, des scènes sensuelles et un propos contestataire.


Les festivals espagnols

La littérature noire est célébrée lors de festivals consacrés comme la “Semana Negra” de Gijon créée par l’auteur Paco Ignacio Taibo II, réunit sur dix jours 1 million de visiteurs et 150 auteurs

Les auteurs phares

Ainsi depuis l’iconique Manuel Vasquez Montalbàn, nombreux sont les auteurs hispaniques à imposer leur touche brutale, historique et sensuelle comme :

Victor Del Arbol

Ce dernier intègre la police catalane et commence sa carrière d’écrivain en 2006 avec Le Poids des morts. En 2011 La Tristesse du samouraï lui apporte la notoriété, et remporte le prix du polar européen. Son roman Toutes les vagues de l’océan gagne le grand prix de littérature policière du meilleur roman étranger et le prix SNCF en 2015.

Eva García Sáenz de Urturi

Le premier volet de sa trilogie Le silence de la ville blanche adaptée sur la plateforme Netflix l’a sacrée comme une des maîtresses du genre. Avec son personnage principal l’inspecteur Unai López Ayala, elle se lance dans une course contre la montre pour résoudre les crimes de Vitoria, dans le pays basque.

Carmen Mola

Jorge Diaz, Antonio Mercero and Augustin Martinez récompensés pour “La Bestia”sous le nom de Carmen Mola en October 2021. (Photo by Josep LAGO / AFP)

Sous ce nom de plume se cache un trio de scénaristes primé en Octobre 2021. Leur premier roman la fiancée gitane, présente leur inspectrice Elena Blanco occupée par le cas de Susana Macaya, retrouvée morte deux jours après avoir célébré son enterrement de vie de jeune fille. Depuis ils ont signé : le réseau pourpre et la Bestia en 2023 et signent des polars d’une profonde noirceur.

Dolores Redondo 

Elle s’impose avec La trilogie du Baztan composé des tomes suivants :

Le gardien invisible,
De chair et d’os,
Une offrande à la tempête.
Son inspectrice Salazar doit faire face à ses traumatismes d’enfance et affronter les croyances de sa région natale basque. La face nord du cœur sorti en 2022 raconte la genèse de son héroïne et sa formation de profileuse.

Aro Sainz De la Maza

Il a écrit des essais, et endossé le rôle d’éditeur et traducteur. Sa série prend pour héros Milo Malart, inspecteur. Le premier tome est intitulé le Bourreau de Gaudi , le suivant Les muselés, sorti en 2016, fut finaliste du Grand Prix de Littérature Policière 2017. Enfin son dernier sorti, Docile en 2021, a obtenu le prix du meilleur roman noir Valencia Negra 2020.


Hasta siempre Perez-Reverte

Enfin, le plus grand vendeur de polars hispaniques reste encore à ce jour Arturo Perez-Reverte.

Avec son livre le Tableau du maître flamand, œuvre entre policier et roman historique, Arturo Pérez-Reverte évoque la peinture du moyen âge et le jeu machiavélique des échecs. D’ailleurs, il s’auréole du Grand prix de littérature policière en 1993.
Traduit en 34 langues, sa série Falco met en scène un espion qui travaille pour les franquistes. Il se réapproprie les codes du “hard boiled” en créant un personnage de détective complexe.


La touche espagnole renouvelle le polar en bande dessinée aussi

Depuis 2000, de nouveaux auteurs venus de la “costa del sol” réinventent les codes du policier en bande dessinée.

Juanjo Guarnido

Né à Grenade en 1967, il étudie les beaux-arts et intègre Disney à Montreuil. En 2000, son premier tome de Blacksad souffle un renouveau en librairie avec : un cadrage cinématographique, un dessin aquarellé, et l’anthropomorphisme de ses héros.

Teresa Valero

Une auteure, née à Madrid en 1969, passionnée de dessin elle travaille de nombreuses années dans l’animation télé et cinéma. Elle se lance parallèlement avec plusieurs séries dans la bande dessinée. Son premier tome de Contrapaso s’impose comme un polar historique brillant.

En conclusion, rendez-vous du 31 mars au 3 avril à la 19ème édition du festival Quais du Polar, où de multiples rencontres, projections et dédicaces célèbreront les auteurs latins.
Succombez aux charmes sombres et sensuels ibériques.

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