La nuée

Just Philippot

lu, vu, entendu par Sabine Bachut - le 31/12/2021

A partir d'un quotidien assez banal, voire routinier, Just Philippot nous propose une belle plongée dans une réalité alternative et angoissante. "Et si ?" s'interroge le réalisateur. Nous suivons avec effroi le lent dérapage vers l'inconnu et l'étrange.

Virginie, jeune mère et agricultrice, est en très grande difficulté financière, au bord de la faillite. Elle décide donc, dans un acte un peu désespéré,  d’élever des sauterelles pour en faire de la farine. Cet investissement, qu’elle espérait rentable, se révèle ruineux. Exténuée, au bout de ses forces, elle se blesse jusqu’au sang lors d’une manipulation près des sauterelles. Cet apport de sang va tout changer, une mutation commence permettant désormais à la production de farine d’augmenter et d’être bénéficiaire. Mais à quel prix ?

Une dénonciation en demi-teinte des difficultés de vivre des produits de la terre et de son travail, avec des exploitants souvent poussés aux dernières extrémités comme le suicide. Ici, on voit la lente progression de Virginie vers la folie, vers l’acte désespéré. En regard, la mutation des sauterelles peut être vue comme une image qui accompagne cette surenchère de produits nocifs utilisés désormais par les agriculteurs pour permettre une meilleure rentabilité et assurer une récolte toujours plus prospère. Le désespoir de Virginie l’amène à se sacrifier pour nourrir ses bêtes, ses bêtes mutent et deviennent hors de contrôle, avides de toujours plus de sang, de toujours plus de carnage, jusqu’au final.

Un film très inspiré, qui mêle assez judicieusement l’horreur et le réel, tout en s’attaquant en fond à notre société de consommation et à ses impacts écologiques. Tout en introspection et en finesse, le réalisateur nous amène sur le sentier de la réflexion et de l’effroi. Chapeau à cette pépite conçue en France !

 

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