Une lumière au cœur de la nuit
Publié le 02/12/2022 à 15:03 - Modifié le 15/12/2022 rossinante
Lyon devient capitale de la lumière chaque 8 décembre.
Mais sait-on pourquoi ?
Parce que, en 1852, l’inauguration de la statue de la Vierge dorée à Fourvière a été rocambolesque. Le jour J initialement prévu du 8 septembre, la Saône est en crue. On repousse donc l’évènement au 8 décembre. Des pluies diluviennes empêchent encore un éclairage correct du clocher de l’ancienne chapelle de Fourvière. Le soir, dépités, de nombreux lyonnais déposent tout de même les lumignons acquis pour l’occasion au bord de leurs fenêtres… Ainsi est née la fête populaire des lumières du 8 décembre à Lyon.
Voici la démonstration, s’il en était besoin, qu’une affaire d’éclairage peut avoir de grandes conséquences.
C’est une magnifique occasion de parler de la place de la lumière et de l’éclairage dans le domaine du spectacle avec le livre de Georges Banu : Une lumière au cœur de la nuit. Cet essai est une pépite.
Georges Banu est un écrivain exceptionnel en plus d’être homme de théâtre. Sa prose est une merveille d’érudition et de poésie. Il érige ici, à la lumière en général, et au lustre en particulier, un monument de somptueuse littérature. Mais surtout, son texte est émaillé de souvenirs de scène personnels et l’on est touché au cœur par la puissance et la nostalgie que véhicule son verbe.
“Le passé rassure le présent et celui-ci, par syncopes, s’enivre de l’esprit du passé. Parce qu’il a disparu, on recherche le plaisir d’hier et, parce qu’il ne peut pas durer, on en ressent la nostalgie et la beauté. Mais entre les deux extrémités quelque chose nous a rassurés : cette lumière où, quelques instants, on a vécu. Elle n’a rien de brûlant, ni même d’excitant, c’est un miroitement qui nous plonge dans le jeu de la vie. L’esprit du lustre, le temps d’un soir, nous ravit.
Cette émotion ne provient que de la présence. La lumière peut être mémorable, le vécu sera toujours ancré dans un lieu et un temps. Comme l’amour et le théâtre, deux variantes de l’instant incandescent. La lueur du lustre est un phare tremblant dans un monde aux contours agités”. (p. 26-27)
Pour aller plus loin :
Tous nos documents sur l’éclairage [Catalogue des BM de Lyon]
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