Sea, Science and Sun

Hostile, la nature ?

Alpha… directions, Jens HARDER, éd. Actes Sud.
Raconter la plus longue histoire qui soit, celle du monde, du Big Bang jusqu’à l’émergence des premières sociétés humaines, soit 14 milliards d’années, tel est le tour de force réalisé par Jens Harder dans Alpha le premier volet d’une trilogie.
Pour évoquer la formation du système solaire, la création de la planète bleue, puis l’apparition de la vie, il reproduit avec des volutes virtuoses des éléments de documents scientifiques variés et authentiques. Il s’appuie sur les découvertes les plus récentes en astrophysique, en biologie et en archéologie.

Jens Harder enrichit le propos et dépasse la simple galerie d’illustrations pédagogiques, en confrontant ces images à des représentations religieuses, ésotériques ou artistiques de tous lieux et de toutes époques. Ses dessins d’atomes se percutant ou de continents émergeant des eaux sont mis en vis-à-vis avec des peintures rupestres, des représentations de dieux hindous ou égyptiens, des enluminures médiévales ou bien des cases de bandes dessinées contemporaines. Car l’auteur n’oublie pas de rester léger : au détour du paléozoïque, on croise Donald Duck avec l’arrivée des premiers poissons ; un peu loin, au dévonien supérieur, surgit le requin mécanique du Trésor de Rackham le Rouge.

Ainsi composées, ces pages en bichromie (bleue, rouge, verte ou brune …) sont d’une puissance graphique extrême : le récit de la création de la Terre devient l’histoire la plus fascinante jamais lue.
Le deuxième tome « Bêta, civilisations » se concentrera sur les bipèdes que nous sommes. La trilogie se conclura avec « Gamma, visions » qui nous projettera dans le futur de l’humanité.

Apprendre à lire la mer, Josette DEJEAN-ARRECGROS, éd. Sud-Ouest.

Puisque l’été est souvent l’occasion de se rendre sur nos côtes, nous vous proposons cette année un livre au format de poche, facile à transporter et simple de lecture, pour découvrir la mer les pieds dans l’eau.
Apprendre à lire la mer constitue un guide pratique d’identification des espèces en dix leçons, de leurs associations et de l’organisation des écosystèmes. Cet ouvrage fournit des conseils utiles pour préparer ses promenades (sécurité, matériel) et collecter matériaux ou informations (cahier ou carnet de bord). Des notions essentielles sont à retenir et de brefs exercices corrigés permettent d’évaluer les connaissances acquises lors de la sortie.
L’objectif principal est d’amener tout un chacun à mieux connaître l’environnement du bord de mer pour assurer sa protection. Ce guide aborde divers aspects : les paysages, les végétaux, les animaux, les ensembles vivants, les relations dans et entre les écosystèmes ainsi que les activités humaines liées à ce(s) milieu(x).
Les très riches illustrations – photos, graphiques, dessins, tableaux et croquis – servent le propos tout à la fois pédagogique et scientifique. Josette Déjean-Arrecgros, professeur agrégé de sciences naturelles réitère ainsi l’initiative prise lors de la parution d’Apprendre à lire la nature. Voilà de quoi lézarder et musarder sans s’ennuyer…

La malédiction du cloporte, Christine COUSTAU et Olivier HERTEL, éd. Taillandier.

Le cloporte est frappé d’une malédiction : les Wolbachia, des bactéries parasites, transforment les mâles en femelles…
Bienvenue dans le monde des parasites, pique-assiettes et autres profiteurs.
Insecte ou humain, nul n’est à l’abri de ces hôtes indésirables qui usent de toutes les ruses biologiques ou chimiques pour survivre. Celui-ci manipule le comportement de ses hôtes, celui-là les bourre de toxines assassines quand tel autre s’occupe de régler tous les détails de leur vie sexuelle.
« Les parasites sont de véritables stratèges militaires qui n’ont rien à envier au général chinois Sun Tse, l’auteur de l’« Art de la guerre » », écrivent les auteurs, usant volontiers du vocabulaire guerrier dans ce livre aux allures de thriller et aux sous-titres croustillants.
Ce livre, bourré de petites histoires absolument incroyables nous ouvre la porte du règne des microbes, virus, bactéries et autres parasites ; ne pensez pas leur échapper, on en trouve en tous lieux et sur tous les fronts.

Les plantes qui puent, qui pètent, qui piquent, Lionel HIGNARD, éd. Gulf Stream.

Beaucoup de plantes courantes présentent des particularités parfois amusantes : certaines collent, d’autres crachent, griffent, pètent ou piquent !
Ce sont souvent de mauvaises herbes que nous avons tendance à piétiner ou arracher. Pourtant ces discrètes compagnes ont nourri bien des légendes. Ce livre présente plusieurs de ces plantes en indiquant pourquoi elles ont cette particularité, quelles sont leurs victimes et des anecdotes à leur sujet. Les illustrations sont assez précises, avec parfois un brin d’humour !
Extrait : “C’est une plante au feuillage mou, aux fleurs jaunes en forme de croix… elle saigne quand on la casse. On utilisait autrefois ce latex pour soigner les verrues… et l’on croyait jadis que l’hirondelle utilisait ce suc pour soigner les yeux de ses petits.” Ouvrage section Jeunesse.

Mercure et vieilles blouses blanches

La philosophie des vapeurs, Claude PAUMERELLE, éd. Mercure de France.

Ce livre de la collection “Le Temps retrouvé”, au Mercure de France, regroupe deux textes, présentés par Sabine Arnaud, datant de la fin de l’Ancien Régime : La philosophie des vapeurs et Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang. Le sujet, traité de façon tout à fait délicieuse, est la maladie des vapeurs, aussi nommé hystérie, dont les élites parisiennes et féminines étaient alors massivement et mystérieusement frappées. Le premier texte regroupe une correspondance de vingt-cinq lettres liant une vieille marquise et une jeune comtesse, l’une enseignant à l’autre comment jouer des maux de têtes, crises de nerfs, étourdissements et autres palpitations pour tenir son rang dans le monde.
Le second texte est un dialogue entre un médecin, Asclépiade, et une jeune marquise, Sophie, au sujet de ce mal étrange, vague à l’âme très à la mode en cette année 1756. De la médecine ou de la sagesse, au terme de six entretiens, qui aura le dernier mot ?

Chroniques d’un médecin légiste, Michel SAPANET, éd. J.C. Gawsewitch.

« Les sorciers vaudous lisent l’avenir dans les tripes de poulet. Moi, je lis le passé – enfin, j’essaie – dans les entrailles de mes contemporains. Je suis médecin légiste. Un vrai. Pas comme ceux des séries américaines, dont je ne loupe pourtant aucun épisode. Je les admire tous, élégants spécialistes en nœud papillon dans des salles dignes de l’aventure spatiale, penchés sur les morts de la veille encore frais et beaux. Je les envie pour leur talent incroyable, capables qu’ils sont de dénicher à tout coup l’écaille de peinture d’un millionième de millimètre cachée sous un repli de la peau derrière l’oreille, et d’en déduire le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture du meurtrier…
Je voudrais bien être à leur place. Parce que moi, mes macchabés, ils sont franchement moins jolis. Putréfiés, squelettisés, carbonisés, écrabouillés, parfois livrés en pièces détachées… A moi de leur infliger l’ultime violence, celle de l’autopsie… »
Michel Sapanet, doté d’un sens de l’humour décapant et d’une vitalité indispensables dans son métier, nous propose une plongée en apnée dans l’univers captivant de l’autopsie. Il est celui qui a l’art de faire parler les morts !
Assassinat familial maquillé en crime de rôdeur, suicide déguisé en agression, infanticide inexplicable, au fil de ses souvenirs, le docteur revient sur de nombreuses affaires criminelles.
Ce document, digne d’un polar, nous montre la réalité que vit le médecin légiste et qui dépasse de loin la fiction des séries télévisées.

Quel beau métier vous faites !, William REJAULT, éd. Privé.

« Quel beau métier vous faites !, cette phrase-là, je l’ai entendue plus d’une fois en service. J’enfile ma blouse, je suis là pour vous, je suis votre infirmier. »
Dans la digne veine de La chambre d’Albert Camus, William Réjault, alias Ron l’infirmier, nous parle dans ce deuxième volume de son travail quotidien, du monde parfois méconnu des infirmiers, des discussions des salles de soins et des questionnements internes qui agitent ces professionnels.
Il nous raconte sa vie d’infirmier avec humour et sagacité. Il y a de l’espoir et du désespoir dans les anecdotes racontées. On comprend bien que la vie d’infirmier est difficile. Labeur infernal, mal payé et surtout mal considéré, il y a de quoi vouloir raconter les coulisses d’un travail parfois même décrié.
Il déroule, minute par minute, sa journée pour montrer à quel point le boulot d’infirmier peut-être épuisant, à courir dans tous les sens pour gérer cinquante trucs en même temps, avec en plus Mme Bistre qui demande tous les quarts d’heures si c’est l’heure de son Tardyferon.
On retrouve un ouvrage rempli d’émotions, de colère et de joies, de pleurs et de rires. Contrairement au premier volume, qui est plus centré sur les patients, celui-ci se centre sur le travail, sur l’exaspération face à certains patients, sur l’émotion qui déboule quand on doit rester dans l’empathie, sur la vie privée qui s’entremêle avec le boulot.

Good Vibrations

Sextoys Story, Vincent VIDAL, éd. Alternatives.

Petit, maniable, se glisse discrètement dans tous les sacs à main, Sextoys Story est un recueil truffé d’infos, de citations (Brassens “Mélanie“, Marquis de Sade, Woody Allen,…) et d’illustrations sur les jouets intimes que sont les sex toys.
Grâce à ce livre on découvre l’histoire de cet obscur objet du désir depuis la nuit des temps (son utilisation remonte à plus de 2000 ans !) jusqu’à nos jours et ce via de drôles d’anecdotes. Saviez-vous en effet qu’au cimetière du Père-Lachaise à Paris, de nombreuses femmes viennent caresser la protubérance de la tombe en relief de Victor Noir, un journaliste mort tragiquement la veille de son mariage et représentant aujourd’hui un symbole de fécondité ?

Si vous souhaitez approfondir le sujet, à lire également Technologies de l’orgasme. Cet essai relate la fabuleuse histoire des sex-toys à piles. L’auteur, l’historienne américaine Rachel P. MAINES raconte la naissance du vibromasseur électrique conçu pour un usage médical. Son but : soulager les patientes souffrant d’hystérie. Car il était admis, à l’époque, que le mal décrit comme une « suffocation de la matrice » était lié aux frustrations sexuelles de la femme. Déclencher des orgasmes à répétition était censé purger le système nerveux.
Ce livre très documenté étonne de bout en bout. A ne pas manquer, notamment les planches d’époque montrant l’ingéniosité des concepteurs ou des publicitaires – auteurs de ce réjouissant slogan : « la vibration, c’est la vie ! » (1910). Au-delà de l’histoire d’un objet, l’ouvrage veut faire la critique féministe de la domination masculine du siècle dernier.

Bicyclette et organes génitaux, Ludovic O’FOLLOWELL, éd. le Pas d’oiseau.

Bien sur, il y a ce titre, plus évocateur d’un (mauvais) roman graveleux que d’un essai médical. Et pourtant, cette réédition d’un ouvrage de 1900 mérite qu’on s’y intéresse.
Voici les faits. En cette fin de XIXe siècle le sport-loisir naissant célèbre une nouvelle icône : la bicyclette. Simple moyen de transport pour l’ouvrier, outil utilitaire pour le paysan, la petite reine est alors l’alliée indispensable de tout homme sportif… et de toute jeune femme en quête d’indépendance.
C’est là que les médecins interviennent : l’action combinée du pédalage et de la position assise (inutile de faire un dessin…) aurait, pensait-on, des effets secondaires gênants -on n’ose dire pervers- sur la libido de ces dames, provoquant des maladies de « genre spécial », comme on disait alors.
Fort heureusement, il se trouva des médecins pour combattre ces théories dont on peut se demander si le but inavoué n’était pas en fait de lutter contre une forme d’indépendance et d’émancipation que commençaient à prendre quelques audacieuses avant-gardistes.
A l’heure où l’on s’interroge sur les éventuels dangers du téléphone portable sur la santé, il n’est pas non plus inutile de se rappeler qu’à toute époque on s’est interrogé sur les impacts de la technologie sur notre vie quotidienne.

Petits mystères et grandes questions

L’Atlantide retrouvée : enquête scientifique sur un mythe, Jacques COLLINA-GIRARD, éd. Belin-Pour la science.

L’auteur, chercheur en géologie à l’université d’Aix-en-Provence, présente en 200 pages ses découvertes et conclusions concernant l’existence de l’Atlantide. L’ouvrage met en parallèle le texte de Platon et la description des hauts-fonds au large du détroit de Gibraltar, couplée avec l’évolution du niveau de la mer depuis 20 000 ans, et instille un doute sur l’existence des Atlantes. Très largement documentée et illustrée, cette hypothèse s’intercale entre les discours extrémistes des tenants d’une affabulation de Platon d’une part et de l’autre, des tenants d’un peuple à la technologie avancée, voire d’origine extra-terrestre.

Les plats qui font péter, Patrice CAUMON, éd. de l’Epure.
Vous souhaitez vous venger de votre pire ennemi/collègue/chef de service/rival/rayez la mention inutile ? Ce livre est fait pour vous !
Imaginez votre victime prise de dérangements à un moment crucial, professionnel ou autre, et avouez que l’image, cocasse bien que cruelle, vous fait sourire…
Pour cela, nul besoin de magie noire, de marabout ou autres formules incantatoires, non, il vous faudra juste préparer un repas.
Voici une liste d’entrées, plats, desserts, boissons, prompts à provoquer tracas, ballonnements et autres joyeusetés gastriques aptes à nous rappeler que nous ne sommes pas que de purs esprits. Le génie de l’auteur est aussi que, outre les recettes variées et loin du stéréotypique cassoulet, il nous propose les antidotes, afin de ne point éveiller de soupçons en s’abstenant de manger, ainsi que des exemples de phrases à énoncer pour dissiper les éventuels soupçons de futures victimes. Les recettes ont été établies à l’aide d’un cuisinier et d’une diététicienne.
A lire de toute urgence… avant de passer à table.

Livre des Nombres, Peter BENTLEY, éd. Eyrolles.

Il ne s’agit pas ici du quatrième livre du Pentateuque, et pourtant les mystères qu’il renferme touchent parfois aux limites du rationnel. Les nombres régissent notre vie, nous disent où aller et quand nous lever, balisent le temps comme l’espace et nous leur faisons confiance pour trouver notre place dans le monde. Ils jugent tout, comparent tout, évaluent tout. Les hommes s’appuient parfois sur des pages et des pages des données statistiques avant de prendre une décision, d’autres se contentent de porter avec eux leur chiffre porte-bonheur ; tous trouveront leur compte dans ce livre. Les nombres sont partout dans nos sociétés en cours de numérisation totale, et nous les connaissons si peu. Peter Bentley retrace dans cet ouvrage souvent drôle l’histoire de ces nombres et leur place dans notre environnement, que ce soit en physique, en musique, en architecture, en littérature, dans le commerce ou les sciences occultes…
En 15 chapitres, du -1 jusqu’au « i » en passant par le 0, le 0,000000001, le √2 ou l’∞, ce livre clair rempli d’anecdotes historiques réconciliera les plus triskaidékaphobes, ou ceux qui craignent le nombre 13, avec les tenants du nombre 42 comme réponse universelle, et les plus allergiques aux mathématiques avec les tables de multiplication de leur enfance.

Pourquoi bâiller fait bâiller ?, Francesca GOULD, éd. Dunod.

Surfant sur la vague de la vulgarisation scientifique, cet ouvrage présente sous forme de questions-réponses la complexité du fonctionnement du corps humain. Des questions à tester dès cet été comme : pourquoi certaines personnes attirent-elles les moustiques ou faut-il vraiment attendre une heure après le repas pour se baigner. Certaines questions sont d’ordre pratique : pourquoi l’eau n’apaise pas le feu du piment sur la langue ? Pourquoi le bâillement est-il contagieux ? Ou encore : le baiser prévient-il les caries dentaires ? Les sujets abordés sont parfois atypiques comme : les cheveux continuent-ils de pousser après la mort ?, les hommes de l’âge de fer utilisaient-ils du gel pour leurs cheveux ? Le tout parsemé de références historiques : est-il vrai que les rayons X étaient autrefois utilisés dans les magasins de chaussures ?

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