Science et Vie a 100 ans !

Quelques pages choisies de notre collection :

N° 1, avril 1913, p.68. La répression des fraudes alimentaires.
Par Eugène Roux, Directeur des services sanitaires et scientifiques et de la répression des fraudes au Ministère de l’agriculture.
La conclusion de cet article intéressant nous renvoie l’écho d’une affaire de fraude sur un produit préparé congelé qui fait grand bruit en 2013 : “Mais les trucages d’autrefois,(…) comme allonger d’eau le vin, étaient d’une naïveté qui ferait sourire les falsificateurs modernes. La chimie permet bien d’autres cuisines, et il faut avoir le courage de reconnaître qu’en matière de fraude, elle donne les moyens de réaliser parfois les plus extraordinaires des métamorphoses.“

N° 1, avril 1913, p. 141.
La brosse à dent rotative a cent ans ! Il faudra attendre 1924 pour voir apparaître la brosse à dent électrique.

La Première Guerre mondiale entraîne une disparition temporaire du mensuel du fait des difficultés d’approvisionnement. La science et la vie reparait dès janvier 1915, avec bien sûr des sujets souvent orientés vers ce qui préoccupe le plus les français : la guerre.

N° 18, janvier 1915, p. 388. La guerre dans les airs.
Bien sûr, l’avion qui était un formidable et nouveau moyen de locomotion est très vite devenu une arme de guerre à part entière, comme le ballon dirigeable. La science et la vie fait le point dans cet article bien documenté et illustré de photos des armes aériennes des forces en présence.

N° 55, mars 1921, p. 321. La propulsion par réaction appliquée aux machines volantes.
Ouf ! Le spectre de la conflagration mondiale s’éloigne un peu et La science et la vie s’intéresse aux avions sous un aspect technique mais moins guerrier.
Hé oui, l’idée de l’avion à réaction est plus ancienne que l’on croit. Le principe en est énoncé dès 1908 par l’ingénieur français René Lorin. Un élève de Lorin, l’ingénieur roumain Henri Coandã, présente même un avion à réaction biplan aux lignes très pures au Salon de l’aviation du Bourget en 1910.
Surpris par l’inertie propre au turboréacteur, Coandã détruit sa machine contre un mur au décollage. L’ingénieur pilote s’en tire de justesse mais s’en est fini provisoirement pour l’avion à réaction.

N° 63, juillet 1922, p. 19. Les théories d’Einstein et leur vérification expérimentale.
Comment passer à côté d’Einstein au début du XXe siècle quand on se veut mensuel de vulgarisation scientifique ? Dans cet article, La Science et la Vie reste sur son credo : aborder la science moins sous l’aspect théorique que sur le côté plus concret de la recherche. L’article s’attache à recenser et expliquer les différentes vérifications expérimentales des théories du grand homme.

N° 75, septembre 1923, p. 192. Les parisiens auront-ils bientôt un trottoir roulant ?
Ah ! Encore une belle application de la Science pour faciliter la vie de tous. Le projet n’était ni plus ni moins qu’un déplacement souterrain des parisiens piétons sur des tapis roulant, avec tapis d’accélération pour attraper le circuit et se déplacer à 15 km/h sans effort de station en station.

L’idée sera reprise en 1954 par Isaac Asimov dans son roman de Science-fiction The caves of steel (Les cavernes d’acier). Dans une ville souterraine, on assiste à une course poursuite digne de Bullit sur le réseau urbain de tapis électriques.

N° 163, janvier 1932, p.275. Un nouveau constituant de la matière : qu’est-ce que le neutron ?
Dès 1920, Ernest Rutheford émet l’hypothèse d’un nouveau constituant de la matière. En 1931, Irène et Joliot-Curie sont proches de la découverte mais c’est finalement James Chadwick qui précise les résultats des recherches des époux Curie et parle d’une particules du noyau atomique de masse 1 et de charge électrique 0 : c’est le neutron.
L’article de La science et la vie tente avec pédagogie d’éclaircir le sujet, c’est d’autant plus méritoire que les caractéristiques et propriétés de ce nouvel élément ne sont pas totalement arrêtées en 1932.
La découverte du neutron 12 ans après la première hypothèse sur son existence est à mettre en parallèle avec la recherche du fameux boson de Higgs via l’utilisation de l’accélérateur de particules (LHC) du CERN.

N° 313, sept 1943, p. 99. Le problème français des carburants en 1943
Après une brève interruption au début de la seconde guerre mondiale, le mensuel reprend ses parutions et devient Science & vie en janvier 1943. La guerre amène son lot d’innovations techniques abondamment expliquées. Science & vie de faire le point sur les problèmes et solutions envisageables suite au problème de pénurie de carburant qui touche un certain nombre de lecteurs.

N° 330, mars 1945, p. 91. Une révolution en médecine : la pénicilline.
Au moins, la Seconde guerre mondiale aura amené ceci : l’utilisation à grande échelle de la pénicilline découverte par Alexander Flemming en 1928…

N°336, septembre 1945, p. 91. La bombe A.
… Mais les 6 et 9 août 1945, la Science finit la guerre sur une très mauvaise note. Science & vie explique en détail le fonctionnement de la toute nouvelle bombe atomique

Changeons vite de décennie.

N° 467, août 1956. L’automation (sic) enrichira chaque français.
Ah ! La foi en la Science est vite revenue. Grâce à l’automatisation de l’industrie (et d’autres branches de l’activité économique française), bientôt comme le souligne Science & vie « Le travail pour la machine, les loisirs pour l’Homme ».

N° 498, mars 1959, p. 55. Brookhaven, U.S.A : le jardin des atomes.
Reportage sur un jardin expérimental où les cultures sont boostées… par une mini-bombe au cobalt. Si ! Allons, la radioactivité, c’est la santé ! Je vous mets une tomate américaine de 15 kg pour la semaine, Mme Dumoulard ?

N° 558, mars 1964, p. 34. Notre planète menacée par les glaces ?
Où l’on ne parle pas encore de réchauffement climatique. L’article expose les travaux du physicien yougoslave Milankovitch, plus précisément l’établissement de cycles climatiques longs. Sciences & Vie refroidit l’ambiance dans un premier temps pour annoncer une période glaciaire… dans 50 000 ans environ.

N° 663, décembre 1972, p. 34. L’homme pourra-t-il aller plus loin dans la conquête de l’Espace ?
Avec Apollo 17, la Nasa siffle la fin des missions humaines vers la Lune en septembre 1972. C’est l’occasion pour Science & vie de tirer un bilan et de se projeter dans le futur de l’homme dans l’espace. Un futur assez optimiste finalement, le programme Skylab (station spatiale) étant pour bientôt.
Le regard des spécialistes sur le rôle de l’Homme dans l’espace a quelque peu changé en ce début du XXIe siècle, à l’instar de Jacques Villain ou Serge Brunier.

N° 705, juin 1976, p.60. Le plus vieil homme du monde.
Cocorico ! Un jeune paléontologue français du nom d’Yves Coppens publie le résultat des fouilles entreprises en 1974 en Ethiopie avec Donald Johanson et Maurice Taieb. Le résultat : Lucie (prénom français dans le mensuel), jeune hominidée austalopithèque dont l’âge est estimé à l’époque à 3 millions d’années (3,2 environ). La plus vieille jeune fille du monde !
Depuis, d’autres découvertes ont fait progresser l’âge estimé de l’humanité. En 2013, on estime que le plus vieux fossile d’hominidé connu à ce jour, Sahelanthropus tchadensis (Toumaï), accuserait déjà 7 millions d’années.

N° 756, juin 1980. Analyse mathématique du « cube magique ».
Le célèbre Rubik’s cube est à l’honneur de Science & vie, pour la première fois, mais non la dernière (nous avons relevé au moins trois articles en cinq ans). Il faudra vous y reporter pour construire de manière scientifique et mathématique vos six faces colorées. Sinon une solution pratique est illustrée ci-dessous !

N° 757, octobre 1980, p. 126. Avez-vous votre ordinateur personnel ?
La micro-informatique personnelle démarre doucement et Science & vie présente un certain nombre de modèles. Mais nous sommes encore trois ans avant la présentation du premier Macintosh au public dans un célèbre show de Steve Jobs, le 24 janvier 1984.

N° 856, janvier 1989, p. 22. La mémoire de l’eau : l’événement le plus bête de l’année ! (sic)
En juillet 1988, la revue scientifique américaine Nature publie les résultats de recherches de l’équipe du professeur Jacques Benveniste. Ces résultats semblent démontrer qu’après dissolution complète d’un principe actif dans de l’eau (dilution à 10-120), les molécules d’eau conservent la mémoire de la présence de ce principe actif et donc conservent les propriétés du mélange originel. Ce qui peut en partie valider le modèle de la dilution homéopathique.
La polémique divise rapidement le monde scientifique. Science & vie participe au débat et réunit un dossier conséquent, multiplie les interviews de chercheurs et continue dans le credo qui est le sien depuis le début des années 1980 : dénoncer tout ce qui, à ses yeux, relève du paranormal ou de la mystification scientifique. La suite de l’affaire lui donnera raison. Personne n’a réussi à confirmer les résultats de l’équipe du professeur Benveniste à ce jour.

N° 993, juin 2000. Le génome humain décrypté : l’an I de la médecine du futur.
Presque cinquante ans après la découverte de la structure en double hélice de la molécule d’ADN (acide désoxyribo-nucléique) par Francis Crick et James D. Watson (publiée le 25 avril 1953 dans la revue Nature), Sciences & Vie annonce que le séquençage complet du génome humain est sur le point d’être achevé. L’article dresse un historique des recherches et expose les impacts futurs de cette étape primordiale dans le domaine de la génétique.
Effectivement, en février 2001, Francis Collins, directeur du consortium public de séquençage du génome (Human Genome Project / HGP) et Craig Venter, directeur de la société privée Celera genomics, annonçaient que 90% du génome humain était séquencé. Et le 14 avril 2003, la carte complète est achevée et mise à disposition de tous sur Internet.

N° 1131, décembre 2011, p. 54. Dinosaures, mammouths, Neandertal : ils peuvent revivre !
D’après Sciences & Vie, le génie génétique serait au bord de l’exploit : recréer des espèces disparues depuis longtemps, et même une espèce humaine, l’homme de Neandertal.
Comme cité dans l’article, ce qui était réalité virtuelle dans le film Jurassic Park est en passe de devenir sous très peu réalité scientifique.

Mais notre survol de cent ans de Science & vie nous engage à une attitude prudente, certains articles annoncent avec un peu d’avance une révolution scientifique ou technique qui finalement restera couchée sur le papier.

Alors que d’autres exploits ou avancées scientifiques ne semblent pas avoir eu dans l’instant une énorme publicité dans le mensuel eu égard à leur importance, chose jugée bien sûr a posteriori. Nous avons retenu un « grand oublié » :

12 avril 1961 : le cosmonaute russe Youri Gagarine devient le premier homme accomplissant un tour de Terre, satellisé avec son vaisseau Vostok I dans l’espace.
Eh bien ! Tout au long de l’année 1961, la première du cosmonaute (et du programme spatial soviétique) est très peu relatée dans Science & vie, souvent une ligne par ici ou par là dans des articles sur… le programme spatial américain ou Titov (deuxième soviétique dans l’espace). Pourtant, le régime soviétique à l’époque avait rapidement annoncé la nouvelle au monde, et le héros est reçu en grande pompe à Moscou dès le 14 avril par Nikita Khrouchtchev.

Il est vrai que Gagarine est « briefé » avant d’entamer sa tournée triomphale dans le monde (en avion, cette fois) afin de ne révéler aucun détail technique de la mission, et que, guerre froide oblige, rien ne transpire en Occident du programme spatial Soviétique. Or Science & vie aime à baser ses articles sur des faits, détails techniques et scientifiques connus. Et concernant l’astronautique en URSS, le mensuel n’a pas beaucoup d’informations à communiquer.
La preuve, nous trouvons dans le N° 525 de juin 1961, dans un article sur les vols spatiaux juste une photo du cosmonaute. C’est tout. Ah ! Non ! nous trouvons aussi une image censée représenter la fusée ayant valu à Gagarine « le titre de premier homme dans l’espace ». Au vu de la photo, Sciences & Vie n’avait que peu d’informations…

Avril 2013, N° 1147

NUMERO DU CENTENAIRE A DECOUVRIR D’URGENCE !