Les petits génies

La valeur n'attend pas le nombre des années

- temps de lecture approximatif de 9 minutes 9 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Qui sont ces petits génies précoces qui ont marqué l'histoire scientifique par leurs découvertes dans les domaines des mathématiques, de l'astronomie, de la physique, etc. ? Retour sur ces jeunes prodiges qui ont tant apporté aux sciences.

© Pixabay
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Un lycéen de 15 ans co-découvreur d’un phénomène astronomique ! Élève de 1ère scientifique au lycée international des Pontonniers de Strasbourg, Neil Ibata a cosigné une étude d’astrophysique publiée cette semaine en couverture de la revue scientifique britannique Nature. L’histoire des sciences est émaillée de jeunes prodiges aux découvertes étonnantes. Partons à la rencontre de ces enfants qui brillent littéralement d’intelligence : les petits génies.

Plan

1. Les enfants prodiges dans l’histoire
2. Jeunes pousses
3. Forcer le hasard

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des années » (II, 2, 405-406) Le Cid, Corneille

1. Les enfants prodiges dans l’histoire

Il faut bien différencier les génies des enfants surdoués ou des « savants ». Les surdoués sont nombreux, plus intelligents que la moyenne, en avance sur le système scolaire. Certains passent le bac à 14 ans, poursuivent des études brillantes. Les « savants » possèdent fréquemment des capacités mémorielles extraordinaires. Ils peuvent effectuer des calculs mentaux complexes ou apprendre plus de huit langues. Tous ne sont pas autistes, Asperger mais la majorité sont atteints de troubles ou retards mentaux.

Les petits prodiges sont tout cela à la fois. Mais ils possèdent cette étincelle de génie qui les distingue de leurs contemporains.

Claude Thélot, Polytechnicien, dans son ouvrage « L’origine des génies », énumère les qualités propres au génie :

Fulgurant : Se dit de quelque chose ayant l’éclat, la brillance ainsi que la rapidité de la foudre.


Evariste Galois
Dans la catégorie des génies précoces morts prématurément, Évariste Galois est sans doute le plus légendaire. Tué en duel en 1832, à l’âge de 20 ans, il a le premier donné les conditions pour qu’une équation soit résoluble par radicaux, c’est-à-dire pour qu’on puisse trouver ses solutions en utilisant uniquement les quatre opérations et l’extraction de racine carrée. Niels Abel, mort de tuberculose à 26 ans, trois ans avant Galois, est lui aussi très célèbre. Outre ses travaux sur les fonctions elliptiques, il a démontré à 19 ans l’impossibilité de la résolution par radicaux des équations de degré 5. Le Prix Abel, destiné à compenser l’absence de prix Nobel pour les mathématiques, a d’ailleurs été créé à l’occasion du bicentenaire de sa naissance et décerné pour la première fois en 2003.

Créateur : Celui, celle qui crée, qui tire du néant

D’après le témoignage de sa sœur, Blaise Pascal a retrouvé seul et sans documentation, à douze ans, les fondements de la géométrie d’Euclide.
Jusqu’à sa mort, à 39 ans, Pascal ne cessa jamais de découvrir, d’inventer et de se perfectionner dans les domaines des mathématiques, de la physique et des techniques.

Johann Carl Friedrich Gauß, né le 30 avril 1777 était un mathématicien, astronome et physicien allemand. Doté d’un grand génie, il a apporté de très importantes contributions à ces trois sciences. Surnommé « le prince des mathématiciens », il est considéré comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps. A 19 ans, Gauss caractérise presque complètement tous les polygones réguliers constructibles à la règle et au compas uniquement (théorème de Gauss-Wantzel), complétant ainsi le travail commencé par les mathématiciens de l’Antiquité grecque. En 1809, à 32 ans, il publie un travail d’une importance capitale sur le mouvement des corps célestes qui contient le développement de la méthode des moindres carrés, une procédure utilisée depuis, dans toutes les sciences, pour minimiser l’impact d’une erreur de mesure.

Gaspard Monge, né le 9 mai 1746, étudie au collège des Oratoriens de Beaune. Il y montre les premiers signes de son excellence, au point que le directeur le qualifie de puer aureus (l’enfant d’or). À l’âge de quatorze ans, il construit une pompe à incendie, dont les effets suscitent l’admiration. À l’âge de seize ans, il part terminer ses études au collège de la Trinité de Lyon, d’où il revient deux ans plus tard, non sans y avoir donné, à dix-sept ans à peine, un cours de sciences physiques.

Ces jeunes génies voient peut être le monde autrement. Ils possèdent une mémoire photographique et une vision des détails exceptionnels. Les théories les plus complexes se matérialisent ainsi spontanément dans leur esprit. Ils les énoncent sans ajouter le filtre de connaissances ou d’idées préconçues. Joanne Ruthsatz, de l’université de l’Ohio, a publié une étude démontrant le lien étroit entre autisme et génie. Les prodiges posséderaient les capacités mais non les troubles associés à cette pathologie.

Acharné

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Thomas Edison déposa au cours de sa vie 1 093 brevets et employa plus de 35 000 personnes dans un empire industriel qui permit l’essor de l’électricité dans le monde entier. Le jeune Thomas Edison est l’archétype de l’enfant prodige que rien ne peut éclipser : après 3 mois de cours, sa mère offusquée du peu d’intérêt du maître pour son fils, décide de lui faire l’école elle-même. Il complète ensuite sa formation de base en parfait autodidacte en lisant des grands auteurs comme Dickens, Shakespeare et en dévorant tous les livres de science que sa mère lui apporte, notamment l’ouvrage de physique expérimentale School of Natural Philosophy de Richard Green Parker. En 1857, âgé de 10 ans, Thomas possède un vrai petit laboratoire de chimie dans le sous-sol de la maison de ses parents pour développer son intelligence pratique. En 1859, âgé de 12 ans, Edison, employé des chemins de fer, déménage son laboratoire de chimie dans le wagon à bagage qu’il avait déjà transformé en imprimerie. Rendu pratiquement sourd à 13 ans par la scarlatine, il multiplie les petits boulots et devient expert en télégraphie, à 21 ans.

Multiple ?

Les prodiges s’intéressent à tout ce qui passe sous leurs yeux. Isaac Newton, né le 4 janvier 1643, est d’abord féru de mécanique, puis se passionne pour l’optique, les mathématiques et la physique, avec sa fameuse loi universelle de la gravitation. Mais, comme Blaise Pascal, il se préoccupe aussi de philosophie et de religion.


l'origine des génies
L’origine des génies, de Claude Thélot, Seuil, 2003.

Rassemble une liste de 350 génies reconnus dans la culture occidentale depuis la Renaissance avec leur origine sociale afin de dresser une carte sociologique et culturelle. Montre que les surdoués sont davantage des hommes que des femmes, des citadins que des ruraux et issus des catégories favorisées que des classes populaires et moyennes.

Génies par hasard : ces petites (et grandes) découvertes qui ont changé le monde, de Richard Gaughan, Dunod, 2012.

Présentation d’une cinquantaine de découvertes et de découvreurs qui ont révolutionné la science, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui : Harry Cover, père de la superglue, Leo Baekeland qui mit au point la Bakelite ou encore Wilhem Conrad, le découvreur des rayons X.

2. Jeunes pousses

Les prodiges émergent de tous les milieux et ne sont plus l’apanage des pays occidentaux.

Aisha Mustafa, une étudiante égyptienne de 19 ans, a pu inventer un nouveau système de propulsion spatial basé sur la physique quantique, en participant au club de sciences de son université.

Janelle Tam, une jeune singapourienne de seize ans a découvert une substance antioxydante capable de freiner le vieillissement. Celle-ci serait composée de nano-particules présentes dans la fibre de bois (NCC ou nano-cellulosecristalline).

Kelvin Doe, 13 ans, a construit batteries et générateurs électriques à partir d’objets trouvés dans les poubelles de son village au Sierra Leone. Trois ans plus tard, il est devenu le plus jeune invité du Massachussets Institute of Technology (MIT), la prestigieuse université américaine.

Super cerveaux : des surdoués aux génies Robert Clarke, Presses Universitaires de France, 2001.

Certains êtres sont dotés d’un cerveau exceptionnel : enfants surdoués qui deviennent des créateurs de génie, mais aussi idiots-savants, disposant de dons inexplicables parfois même catalogués comme autistes. Au travers d’anecdotes, l’histoire de ces humains possédant quelque chose de plus qu’une intelligence et une mémoire au-dessus de la normale.


Genie-toi-même
Génie toi-même ! de Philippe Brasseur, Casterman, 2012.

Les génies pensent-ils différemment des autres hommes ? Et si oui, comment s’y prendre pour adopter leurs idées, trucs et astuces ? Tel est le fil rouge de cet ouvrage qui propose, sous la forme d’un livre interactif, de s’inspirer des méthodes de création de grands génies de l’histoire humaine. Salvador Dali, Charlie Chaplin, Thomas Edison, Vincent Van Gogh ou le philosophe grec Héraclite : ces penseurs, artistes ou scientifiques incontestables ont tous mis en pratique des techniques de créativité originales et parfois amusantes, que Génie toi-même ! reprend, prolonge et enrichit en 27 fiches d’activités à concrétiser soi-même. A l’attention de toute la famille, une mine de trouvailles à la fois pratiques, ludiques, futées ou loufoques, pour s’amuser en se cultivant et réciproquement.

3. Forcer le hasard

L’écrasante majorité des petits génies ont été remarqués très tôt par leur entourage familial ou le corps enseignant. Ils bénéficiaient ainsi d’aides personnalisées, de bourses, correspondaient avec les chercheurs d’écoles réputées. Leur médiatisation précoce est un signe distinctif. Maria Gaetana Agnesi, née le 16 mai 1718, publie son premier texte à 9 ans. La première publication d’Antoine Laurent de Lavoisier dans le domaine de la chimie paraît en 1764. Il a 21 ans.

Nos contemporains ont moins d’opportunité d’être publiés, mais peuvent toujours tenter leurs chances auprès des universités ou des concours scientifiques, toujours à l’affut de nouveaux talents.

En mai dernier, un garçon de 15 ans, venu du Maryland, Etats-Unis, a reçu un prix de 75 000$ au Salon international de la science et de l’ingénierie Intel, pour avoir développé un test simple pour le cancer du pancréas, 28 fois plus rapide, 28 fois moins cher et 100 fois plus sensible que les tests existants. Jack Andraka a indiqué que son projet lui avait été inspiré par la mort d’un membre de sa famille. Il a exposé ses recherches à des centaines d’enseignants et d’institutions, avant d’être pris en charge par le chercheur Anirban Maitra, qui lui a permis d’utiliser un laboratoire de l’université Johns Hopkins.

Le site Intel International Science and Engineering Fair présente cette incroyable compétition internationale ouverte aux lycéens. Chaque année, plus de 1 500 élèves venant de 70 pays présentent leurs recherches dans l’espoir de se partager les 3 millions de dollars distribués annuellement.

Voici quelques liens pour alimenter les futurs prodiges en connaissances scientifiques, tout en les amusant :

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Science News for Kids est un site américain dédié aux enfants de 9 à 14 ans, à leurs parents et leurs enseignants.

BrainPOP Français est un site éducatif réunissant plusieurs centaines de films d’animation en ligne, véritables outils d’enseignement.

Le CNES
s’adresse aux jeunes par l’intermédiaire de son service Jeunesse, avec un double objectif :
faire connaître les activités spatiales et leurs applications et permettre aux enseignants et aux animateurs d’utiliser l’espace comme support d’apprentissages dans leur mission quotidienne de transmission des savoirs, d’éducation et de culture. Ainsi, depuis bientôt 50 ans, l’éducation est une priorité affirmée du CNES.

WebTV Universcience

Portail junior d’Universcience
La Cité des sciences propose sur ce site des jeux, des films et des activités en ligne pour découvrir les sciences, tout seul ou avec ses parents !


c'est pas sorcier
Le site de l’émission incontournable C’est pas sorcier !, disponible en DVD dans toutes les bibliothèques municipales de Lyon.

Enfin, voici un défi qui révélera sans aucun doute, un nouveau petit prodige :

c’est un appel à l’aide. La NASA propose à tous les génies des mathématiques cachés parmi les internautes, d’aider ses chercheurs à résoudre un problème lié à la Station spatiale internationale. Celui qui parviendra à trouver l’algorithme miracle repartira avec la somme de 10 000 dollars, soit quelque 7 500 euros.

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