Il faut sauver les abeilles !

Publié le 30/12/2008 à 00:00 - 9 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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Les abeilles, on l’ignore bien souvent, ont un impact écologique et économique majeur, via la pollinisation ; écologique, dans la mesure où la pollinisation assure la reproduction et donc la perpétuation de nombreuses espèces végétales et partant, animales ; économique, car selon une estimation de l’INRA et du CNRS, le poids économique de la pollinisation est évalué à 153 milliards d’euros par an !
Or depuis plusieurs années, la filière apicole est menacée ; des colonies entières d’abeilles disparaissent aux quatre coins du globe. En France, le taux de mortalité des abeilles est de 30 à 50% et la production de miel a baissé d’autant.
Si cette disparition est d’origine multifactorielle, il n’en reste pas moins que l’intervention de l’homme sur la nature via notamment les insecticides fragilise les abeilles et menace la biodiversité.
Un récent rapport commandé par le Premier Ministre, le rapport Saddier, a été rendu en octobre 2008 et se fait l’écho des difficultés traversées par la filière ; il propose en conséquence un plan d’action « pour une filière apicole durable ».

En quoi l’abeille est-elle une sentinelle de l’environnement ? Quels sont les divers facteurs connus à l’origine du dépérissement des colonies d’abeilles ? Ce phénomène de disparition représente-t-il une menace pour la biodiversité et pour l’homme ? Les solutions envisagées actuellement sont-elles suffisamment ambitieuses ?

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L’abeille, sentinelle de l’environnement

En permettant la pollinisation des fleurs et des plantes qu’elles butinent, les abeilles interviennent dans les différents cycles de vie des espèces végétales. Les abeilles domestiques ou Apis mellifera sont en effet à l’origine de 90% des cultures maraîchères et fruitières mondiales via la pollinisation et elles garantissent ainsi l’équilibre alimentaire, la préservation des écosystèmes et la biodiversité.

Un dossier très complet sur le rôle pollinisateur des abeilles, proposé par l’Académie d’Agriculture.

Le peuple des abeilles, d’Eric TOURNERET, aux Editions Rustica.
La vie de la ruche est fascinante… 40000 individus y travaillent sans relâche pour la survie de l’espèce… Chaque abeille y a une place et un rôle bien définis, de la reine, pondeuse infatigable à la simple ouvrière chargée du ” ménage “, en passant par le faux-bourdon, dédié à la fécondation et à la butineuse, approvisionneuse de la colonie… Toujours en mouvement, toujours au travail, cette société fascine du profane à l’apiculteur, à chaque récolte de miel.

Abeilles et apiculture, de Gianni RAVAZZI, chez De Vecchi.
Cet ouvrage , à l’intention du grand public, aborde l’abeille sous tous ses aspects :la vie de la ruche et son organisation, les techniques modernes d’apiculture,les produits de la ruche, les soins phytosanitaires, la législation en vigueur. Un glossaire permet en outre au lecteur de se repérer dans le labyrinthe des termes techniques.

Parfaitement documenté, richement illustré, ce livre est avant tout un manuel pratique destiné aux amateurs, aux apiculteurs et aux amoureux de la nature.

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L’homme, l’abeille et le miel, de Philippe MARCHENAY, aux Editions de Borée.
Depuis la préhistoire, les sociétés humaines entretiennent avec l’abeille une relation ambivalente, faite de crainte et de fascination. Subjugué par son organisation sociale étonnante, l’homme s’est lancé très tôt dans son étude et a rapidement tenté de la domestiquer. Il a su aménager son élevage pour prélever le miel qu’elle élabore, le pollen et la propolis qu’elle collecte, la gelée royale et la cire qu’elle fabrique. Il se délecte de ses innombrables miels aux saveurs si différentes, compte sur la gelée royale, la propolis et le pollen pour améliorer sa santé, utilise la cire dans de multiples applications. Pourtant, cette emprise est toute relative et l’abeille continue de vivre en colonie comme elle l’a toujours fait. Ouvrières, reines et bourdons reproduisent les mêmes tâches depuis des millions d’années. L’abeille perpétue aussi, le sait-on assez, la pollinisation d’un nombre infini de fleurs au fil de ses visites et contribue ainsi activement à la préservation des écosystèmes. Cette précieuse alliée sera-t-elle enfin mieux respectée ? Ce magnifique livre, illustré de près de trois cents photographies, gravures et dessins, propose une promenade dans le monde fascinant des abeilles et de l’apiculture.

Le dépérissement des colonies d’abeilles et ses conséquences pour l’homme et la biodiversité

Le phénomène s’aggrave mais n’est pas nouveau ; depuis plusieurs décennies en effet, on note la disparition d’abeilles par colonies entières ; dans certains cas, elles sont retrouvées mortes par milliers aux abords des ruches, dans d’autres, elles disparaissent purement et simplement. Ce déclin massif s’est mondialisé, puisqu’il concerne aussi bien les Etats-Unis ou le Canada que des pays européens ou encore Taiwan.

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Les causes de cette surmortalité du cheptel apicole sont multiples, les abeilles étant attaquées de toutes parts :

les parasites de la famille des acariens ou Varroa destructor, arrivés en Europe dans les années 60, transmettent aux colonies d’abeilles des virus pathogènes devenus petit à petit résistants à tous les traitements chimiques ;
les champignons tels que Nosema cerenae, récemment apparu en Europe et retrouvé sur le corps d’abeilles mortes ;
les changements environnementaux que représente la disparition des prairies et des bocages, posent problème, dans la mesure ou ils abritaient des espèces de plantes appréciées des butineuses ;
Les récents changements climatiques, provoquant des sécheresses et entraînant des hivers plus doux, perturbent et affaiblissent des abeilles ayant perdu leurs repères saisonniers ;
Enfin, les insecticides apparaissent comme les premiers responsables du déclin brutal des abeilles. Si le Gaucho et le Régent, après maints rebondissements, ont été retirés du marché en vertu de l’application du principe de précaution en 2005, le Cruiser, quant à lui, reste commercialisé et provoquerait la même hécatombe que les autres produits phytosanitaires ; dans tous les cas, l’insecticide, contenu dans une micro capsule, libère progressivement le produit qui se retrouve dans la tige puis la fleur et le pollen. L’abeille le transporte ainsi à la ruche où elle y empoisonne larves et abeilles, l’insecticide se diffusant lentement.

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Les apiculteurs réclament donc, comme pour le Régent et le Gaucho et en vertu du principe de précaution, l’interdiction du Cruiser, malgré un avis favorable rendu par l’AFSSA en 2007 (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments).

C’est la raison pour laquelle était organisée le mercredi 3 décembre 2008 une journée d’action
des apiculteurs dans différentes villes de France.

Journée d’action qui n’a néanmoins pas empêché la prorogation d’autorisation de l’insecticide Cruiser jusqu’en mai 2009, le Ministère de l’Agriculture ayant choisi de suivre l’avis favorable de l’AFSSA.

Cependant, les points du vue sont partagés quant à la responsabilité des insecticides sus-mentionnés dans la surmortalité des abeilles. C’est ce qu’explique Gil Rivière Wekstein, l’auteur de l’ouvrage « abeilles, l’imposture écologique » et créateur d’Amos Prospective, cabinet d’études conseil en économie, environnement et stratégie, dans

l’affaire Gaucho Régent

où il dénonce un « terrorisme vert ».

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Les conséquences du déclin des abeilles

Dans une citation qui lui est prêtée, Einstein dit : « Si les abeilles venaient à disparaître, l’homme n’aurait plus que quatre années devant lui. Sans abeilles, pas de pollinisation, plus de plantes, plus d’animaux, plus d’hommes. »

Un dossier très complet et synthétique sur le portail Sciences du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche enquête sur le déclin de la population apicole et réaffirme le rôle irremplaçable des abeilles dans le maintien de la biodiversité.

Consulter le dossier du portail sciences

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Quand les abeilles meurent, les jours de l’homme sont comptés de Philippe de Villiers, aux éditions Albin Michel.
Philippe de Villiers évoque les risques sanitaires que peut entraîner la disparition des abeilles dans un département comme la Vendée où sont utilisés deux insecticides destructeurs, le Gaucho et le Régent, produits considérés comme nuisibles par le Conseil d’Etat. Met en cause les industries chimiques, les industries agro-alimentaires avec la complicité de l’administration.

Quelles réflexions mener, quelles mesures prendre ?

Le rapport Saddier propose un plan d’action en deux volets :
il s’agit dans un premier temps d’organiser la filière apicole française pour une meilleure cohésion des actions menées. Cela passe entre autres par la réintroduction d’une déclaration annuelle des ruches d’ici janvier 2010, par la mise en place d’une filière de reproduction des abeilles reines, par la définition d’un statut de l’apiculteur, par la création d’un Institut technique et scientifique de l’Abeille ou encore par la nomination d’un Monsieur Abeille, véritable coordonnateur de la filière.
cela suppose également d’affirmer haut et fort la valeur économique de la biodiversité et partant, du rôle des abeilles via la pollinisation. Cela pourrait se traduire par la mise en place d’un système assurantiel pour les pertes de ruches, par l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques, par la création d’un BTS Apicole ou encore par la différentiation entre miel producteur et miel négociant via un étiquetage spécifique.

Consulter l’intégralité du rapport Saddier

Dans tous les cas, seule une volonté politique affichée et forte, se traduisant par des objectifs clairs, et encadrée par une législation volontaire, est capable d’apporter des solutions rapides et concrètes à la disparition annoncée des abeilles.

Car en effet,il y a urgence…

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