Nos maisons nous rendent malades

- temps de lecture approximatif de 15 minutes 15 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Lorsque nous entendons parler de pollution, nous pensons à l'air extérieur : gaz d'échappements des voitures et rejets industriels. Pourtant, dans nos maisons, au bureau et dans les transports en communs, bon nombre de polluants sont présents. Alors, comment se caractérise cette pollution dite "intérieure" ?

© Pixabay
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Les produits ménagers de nos foyers, la pollution atmosphérique et la climatisation sont autant de sources qui rendent l’air intérieur dangereux. Quel peut être leur impact sur la santé et sont-ils reconnus par les pouvoirs publics ? Face à ce phénomène, chacun peut se demander s’il existe des gestes préventifs.

Une pollution ultra passive : les milieux de vie concernés et les sources identifiées

  • Définition
  • Les principales sources de pollution intérieure
  • Les pathologies

Les pathologies liées à l’environnement : une reconnaissance tardive ?

  • Des commissions et des agences : l’État commence à travailler sur les problèmes liés à la pollution intérieure
  • Les plans gouvernementaux : des projets sur le long terme (2004-2013)

Quelles solutions : où en est la prévention ?

  • L’information disponible
  • La prévention : des solutions possibles ?
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Une pollution ultra passive : les milieux de vie concernés et les sources identifiées

Les gens passent en moyenne 80% de leur temps dans des bâtiments ou des lieux fermés, que ce soient dans des logements, au travail, à l’école, dans les espaces de loisirs, les commerces ou les transports. Ce rapport est encore plus élévé pour les enfants, les malades et les personnes âgées, qui sont des populations à risque en matière sanitaire. Or il a été avancé que la pollution était 5 à 10 fois plus élevée à l’intérieur de nos maisons qu’à l’extérieur.
Devons-nous devenir paranoïaques ?
Et qu’est-ce que la notion de pollution “ultrapassive” ? :

“En réalité, ce sont des expositions fréquentes à des niveaux modérés de pollution qui sont responsables de l’essentiel des impacts sanitaires et non les pics de pollution. Dedans, où que nous soyons (domicile, bureau, etc.), nous inhalons un véritable cocktail de substances chimiques et de composés organiques volatiles.”
(source : article de Sandrine Blanchard, Le Monde, 23 avril 2009)

Définition

L’air à l’intérieur des bâtiments peut avoir des effets sur le confort et la santé, depuis la simple gêne jusqu’à l’aggravation ou le développement de pathologies.
Les effets de la pollution intérieure sur la santé ne sont que partiellement connus : en effet, les liens entre l’exposition aux polluants et au développement d’une maladie ou d’un symptôme n’ont pas encore été suffisamment étudiés. La contribution de la qualité de l’air intérieur à certaines maladies reste encore à identifier et à évaluer.
Malgré tout, on a pu identifier deux types d’exposition :

  • l’exposition à de fortes doses de polluants dans un environnement intérieur (c’est un phénomène relativement rare ; il s’agit par exemple d’intoxication grave par le monoxyde de carbone),
  • l’exposition continue à de faibles doses de polluants sur de longues périodes (qui peut avoir des conséquences importantes à court ou long terme).

La pollution intérieure se caractérise par un ensemble de polluants physiques, chimiques ou biologiques de diverses origines. L’émission ou la présence de ces polluants dans l’air est liée à la présence de sources de pollution et au renouvellement de l’air des pièces du bâtiment.
Dans un milieu clos, les pollutions intérieure et extérieure s’ajoutent, mais peuvent aussi interagir, en créant d’autres polluants tels certains composés organiques volatils ou de très fines particules.

(Source : OQAI)

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Les principales sources de pollution intérieure

Les sources de pollution intérieure sont diverses : les différentes sources et émissions sont listées et détaillées sur le site de l’OQAI. Mais peu parmi elles sont réglementées. Les effets possibles sur la santé ont été listés pour les polluants suivants : l’amiante, les champs électromagnétiques, le tabac, les légionelles, le plomb et le radon.

Les polluants mesurés dans l’air intérieur proviennent le plus souvent de plusieurs sources et, inversement, chaque source peut être à l’origine de plusieurs pollutions. L’un des objectifs de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur est d’apporter des éléments de clarification quant à la part respective des différents déterminants de la qualité de l’air.
Quelques sources :

  • l’extérieur du bâtiment : le sol (radon) ou l’air extérieur (monoxyde de carbone, oxydes d’azote, particules et certains composés organiques volatils – COV)
  • les produits de construction, d’ameublement, de décoration, d’entretien et de bricolage : la plupart des COV (y compris les aldéhydes) et les particules
  • les appareils à combustion (chauffage, production d’eau chaude) : monoxyde de carbone, oxydes d’azote, particules, certains COV
  • les plantes et les animaux : pollens, allergènes de chat, de chien et d’acariens
  • la présence et l’activité humaine (tabagisme, activités de cuisine ou d’entretien, bureautique, …) : particules, monoxyde de carbone, COV et aldéhydes,…

(Source : OQAI)

Les pathologies

Les pathologies peuvent être nombreuses. L’asthme, les rhinites, les allergies, le cancer, les infections pulmonaires, le saturnisme, les atteintes aux système nerveux…, pour ne citer qu’elles.
La plupart des polluants intérieurs ont été reconnus comme source d’aggravation de certaines pathologies, notamment pour les personnes sensibles ou fragiles.
Pour d’autres, comme les champs électromagnétiques et les fibres de laine, les recherches sont en cours ou sont contradictoires.

Lectures essentielles :

Allergies et environnement intérieur : risques et prévention, Frédéric de Blay, Florence Lieutier-Colas, Anne Lefèvre-Balleydier, éd. Margaux Orange, 2005 : Automobiles, industries, pollution chimique de l’environnement intérieur, pollution allergique aux acariens, aux blattes, aux moisissures, aux animaux de compagnie et aux pollens…. Pour les allergiques, l’environnement devient source majeure d’agression.

Polluants chimiques : enfants en danger, Anne-Corinne Zimmer, éd. de l’Atelier, 2008 : en s’appuyant toujours sur des études scientifiques validées et les recommandations des organisations sanitaires internationales, cet ouvrage permet à chacun de prendre connaissance et conscience des dommages causés par les toxiques présents dans l’environnement proche.

La grande invasion : enquête sur les produits qui intoxiquent notre vie quotidienne, Stéphane Horel, éd. du Moment, 2008 : en dévoilant l’identité chimique des produits de consommation courante, cette enquête rend accessible les travaux scientifiques les plus récents et propose des solutions pratiques pour se préserver.

Votre maison est-elle nocive ?, Thierry Gautier, éd. Conscience Verte, 2007 : “Parce que notre santé dépend aussi de l’endroit où nous vivons…”. La géobiologie, cette nouvelle science qui étudie les rayonnements et leur influence sur la vie, a permis et permettra à de nombreuses personnes de trouver une cause à leur maladie, à leur problème et d’y remédier.

Pour aller plus loin :

Faire face aux pollutions, Caroline Toutain, éd. Milan, 2006 :

Plomb, dioxines, nitrates, dioxyde de soufre ou ozone… relèvent depuis peu des questions de santé publique. Cette liste ne cesse de s’alourdir et la législation progresse lentement. Cet Essentiel Milan dresse l’état des lieux de la pollution en France. Il donne un aperçu de son impact, des dispositifs de lutte et du coût qu’elle représente pour la société.

Par Ailleurs, un “Point d’actu” traitant des perturbateurs endocriniens est disponible sur le site de Points d’actu de la Bibliothèque Municipale de Lyon : “les nouveaux ennemis de la fertilité“.

Les pathologies liées à l’environnement : une reconnaissance tardive ?

Les pouvoirs publics ont assez récemment pris la décision de surveiller tout ce qui touche à notre environnement intérieur. Principe de précaution et/ou simple reconnaissance du travail tenace d’associations ? Il est vrai que certaines d’entre elles se battent depuis plus de dix ans pour souligner l’importance d’une pollution insidieuse et dangereuse. L’importance de la pollution dite atmosphérique (ou extérieure) a pris une telle place en santé publique que nous pensons être à l’abri dans nos maisons. C’est une erreur, comme le rappelle le rapport de la sénatrice Marie-Christine Blandin. Publié en 2008, il révèle l’importance des risques et dangers pour la santé humaine de substances chimiques d’usage courant.

Des commissions et des agences : l’État commence à travailler sur les problèmes liés à la pollution intérieure

L’Observatoire national de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a été créé en 2001. Il a pour mission de mieux connaître la pollution intérieure, ses origines et ses dangers, et a pour objectif de mettre au point des recommandations dans le domaine du bâtiment pour améliorer la qualité de l’air intérieur.

L’AFSSET est un établissement public administratif de l’État, placé sous la tutelle des ministres chargés de la santé, de l’écologie et du travail. L’AFSSET coordonne avec plus d’une vingtaine d’organismes partenaires experts (INERIS et CSTB entre autres) l’expertise de l’évaluation des risques liés aux produits chimiques. L’Agence a aussi une mission d’information.

Enfin, toujours au niveau national, la signature d’une convention entre CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) a eu lieu le 6 juillet 2009. L’objectif de cette cellule d’appui est la gestion des situations d’urgence concernant l’air intérieur. Il s’agit d’apporter un appui rapide aux autorités nationales, territoriales et municipales en charge des établissements recevant du public (établissements d’enseignement, établissements de soins, etc.).

Les pouvoirs publics ont donc mis en place, depuis le début des années 2000, un véritable réseau d’information et d’expertise. Mais ce n’est que le début, il reste beaucoup à faire.

Les plans gouvernementaux : des projets sur le long terme (2004-2018)

Beaucoup d’associations sont à l’origine de la prise de conscience, de la part des pouvoirs publics, des problèmes liés à l’environnement. Que dire du scandale de l’amiante ou de la multitude d’associations de particuliers qui sont contre les antennes-relais ? Parmi ses associations, l’UFC-Que choisir alerte depuis 15 ans sur les dangers des polluants intérieurs (lire à ce sujet l’article de Libération du 25 aout 2009 et l’étude publiée par l’association).

De son côté, le gouvernement français a mis en place le Plan national Santé-Environnement. Ce plan appelé “PNSE : 2004-2013” vise à répondre aux interrogations du grand public sur les conséquences sanitaires à court et moyen terme de l’exposition à certaines pollutions de leur environnement.
L’ensemble du Gouvernement et particulièrement les ministères chargés de la santé, de l’environnement, du travail et de la recherche ont mis en commun leurs compétences, sur la base du diagnostic des experts, pour identifier et concevoir les principales actions à mettre en œuvre afin d’améliorer la santé des Français en lien avec la qualité de leur environnement. Ces actions constituent le PNSE 1 (2004 à 2008). C’est une première étape qui appelle un suivi et une mise à jour au vu de l’évolution des connaissances.
A ce sujet, dans le cadre du PNSE 1, le ministère de la santé a créé un portail dès 2004 présentant entre autre un panorama général des risques pour la santé humaine ayant une origine environnementale. Depuis, les commissions et autres mesures pleuvent.JPEG - 2.1 koPar ailleurs, le Grenelle de l’environnement, ensemble de rencontres politiques organisées en France en octobre 2007, vise à prendre des décisions à long terme en matière d’environnement et de développement durable. L’environnement devient un enjeu de santé publique, d’où l’apparition d’un nouveau concept : la santé environnementale, au service duquel se met le nouveau Plan National Santé (PNSE 2).
Pour le PNSE 2 (2009-2013) : l’impact de la dégradation de l’environnement sur la santé humaine est à la fois une préoccupation majeure de santé publique et un thème écologique central, au même titre que la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité.

Dans un rapport de l’antenne européenne, paru le 16 juillet 2009, l’OMS publie les premières lignes directrices sur la qualité de l’air intérieur, relatives à l’humidité et aux moisissures.

Une véritable chaine s’est construite depuis le début des années 2000 afin de mettre à disposition de tous (institutions décisionnaires mais aussi grand public) les informations nécessaires pour prendre en considération les risques encourus.
Par conséquent, la pollution intérieure est reconnue à tous les niveaux : national et international. Mais cette reconnaissance reste récente et nécessite encore études et recherches.
Le risque est plus que sérieux car, l’OMS estime à environ 15 % les pertes de santé liées à l’environnement dans les pays d’Europe de l’Ouest. Quant au rapport GEO 4 du Programme des Nations Unies pour l’Environnement au service du développement (PNUE), il a rappelé que la seule pollution de l’air serait responsable de 500 000 morts par an dans le monde !

Lecture essentielle :

Pollution de l’air, 63 millions de contaminés : faut-il s’arrêter de respirer pour éviter de mourir ?, Franck Laval, éd. du Rocher, 2008 : En France, l’air est pollué par une “mixture” de substances qui ne font pas toutes l’objet d’une règlementation. Dénonçant avec force ce scandale de santé publique, Franck Laval demande une série de mesures draconiennes pour que les Français, et plus largement les terriens, soient enfin informés et protégés.
Franck Laval est président et fondateur d’Écologie sans Frontière, une ONG agitatrice, spécialisée dans le droit de l’environnement qui est à l’origine du Grenelle de l’environnement.

Pour aller plus loin :

La pollution de l’air intérieur : sources, effets sanitaires, ventilation, Louise Schriver-Mazzuoli, éd. Dunod, 2009 : panorama des aspects à prendre en compte pour lutter contre la dégradation de l’air intérieur : données fondamentales sur les polluants, moyens de lutte, règlementation et prévention.
Cet ouvrage matérialise la reconnaissance nouvelle des pathologies liées à l’environnement intérieur.

Quelles solutions : où en est la prévention et existe-t-il des solutions ?

L’information disponible

L’observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) demeure une mine d’informations. Il propose des fiches pratiques, des brochures pour le grand public et des données publiques sur les différents composés de l’air intérieur. Des indices de qualité pourraient voir le jour prochainement.

Le site “qualite-air-interieur” est un site d’actualités et d’informations sur la pollution intérieure. Un des meilleurs moyens de s’informer sur la qualité et la pollution de l’air intérieur.

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La prévention : des solution possibles ?

Le site de l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) propose une brochure permettant à tous, par des gestes simples, de diminuer les différentes sources de pollution intérieure.

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source : INPES

Le site prévention-maison créé par l’INPES, a pour thème la prévention des risques domestiques et la pollution intérieure. Ce site très intéractif passe en revue toutes les pièces de la maison. Et puisque nous passons pas moins de 14h pour jour à notre domicile, ces informations demeurent primordiales.

Les bons gestes sur air-interieur.org : c’est le guide pratique édité par l’OQAI.

Par ailleurs, le site de l’association Plant’Airpur insiste sur le pouvoir purificateur de certaines plantes d’intérieur. En outre, il donne l’état actuel des différentes recherches à ce sujet : les travaux de la NASA effectué depuis 1973, et le programme français Phytair mené en collaboration avec le CSTB et la Faculté de Pharmacie de Lille sur les plantes dépolluantes.
Enfin, un chapitre du site décrit les caractéristiques dépolluantes de certaines plantes.
Mais l’efficacité de ces plantes dites dépolluantes reste à démontrer.

Pour finir, ce phénomène a fait naître un nouveau métier : le conseiller médical en environnement intérieur(CMEI). Il s’agit d’une profession créée en 2004 par la Direction générale de la Santé et intégrée au fameux PNSE 1 (2004-2008).
Bien avant, en 1991, le Pr de Blay créait, au sein des hôpitaux universitaires de Strasbourg, les conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI). Depuis 2001, l’établissement dispense même une formation pour les professionnels de santé qui souhaitent se spécialiser.

« Les CMEI ont toujours eu du mal à se développer, faute de financements publics. Le Plan national santé environnement, le plan asthme et bien d’autres indiquent la nécessité de créer des postes, mais rien n’est fait. Malgré tout, certaines mutuelles remboursent déjà ce genre de visites. Sur les 74 individus formés en 15 ans, seuls 40 exercent toujours. »

(citation de Martine Ott Formatrice aux hôpitaux de Strasbourg et CMEI)

Pour en savoir plus sur la formation à suivre pour devenir CMEI, suivre ce lien.

Lectures essentielles :

100 réflexes air pur, Isabelle Pacchioni, Leduc.s éd., 2008 : cet ouvrage est un ” Guide pratique antipollution à la maison et au bureau “. Grâce à ces conseils, vous pouvez parfumer et purifier l’air naturellement et vous protégez des allergènes et des polluants. Il vous indique aussi les bons produits pour la maison et le bricolage.

Le guide de l’habitat sain : habitat qualité santé pour bâtir une santé durable, Suzanne Déoux, Pierre Déoux, éd. Medieco, 2004 : ce livre a pour ambition de dresser un inventaire complet des questions de santé liées à tous les éléments de l’habitat (gros œuvre, produits de construction, de finition et de décoration, équipements ménagers). Les acteurs du bâtiment, les professionnels de la santé, les bricoleurs et les particuliers y trouveront des solutions concrètes, des conseils ainsi que l’actualité des règlementations pour construire, rénover et entretenir sainement les bâtiments.

Nos maisons nous empoisonnent : guide pratique de l’air pur chez soi, Georges Méar, éd. Terre Vivante, 2003 : Partant du constat que l’air ambiant de notre maison ou de notre lieu de travail est 1.5 à 10 fois plus pollué qu’à l’extérieur, ce guide nous indique comment y remédier. Il expose les causes de la pollution des maisons (acariens, moisissures, solvants des peintures, radon…), l’impact sur notre santé et diverses méthodes de purification.

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Les plantes dépolluantes, Bénédicte Boudassou, éd. Larousse, 2009 : il s’agit d’un catalogue des 60 plantes dépolluantes dont l’efficacité est aujourd’hui scientifiquement reconnue, avec, fiche par fiche, tous les conseils de culture et des portraits en grand format.

Pour aller plus loin :

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