Du beau, du bon, du ROBOT !

- temps de lecture approximatif de 14 minutes 14 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

A l'occasion du sommet Innorobo (Cité Internationale de Lyon), un point sur la figure du robot : du simple automate à l'humanoïde doté d'une intelligence, du robot industriel aux robots nés de l'imagination d'auteurs de science-fiction. Et pour finir, à vous de jouer en créant votre propre machine grâce aux techniques actuelles de la robotique.

© Pixabay
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Pendant trois jours, le mois dernier, plus de 10 000 personnes ont fréquenté le sommet Innorobo à la Cité internationale de Lyon. La date d’hier, jeudi 21 avril 2011, était à en croire la chronologie des films Terminator la date à laquelle la terrifiante intelligence artificielle SkyNet s’éveille et décrète la fin de l’humanité. Aujourd’hui, l’avènement de l’informatique a relégué au second plan les humanoïdes artificiels qui ont fait les beaux jours de l’imagerie de la science-fiction des années 50 et suivantes, mais il serait faux d’imaginer que les robots ont disparu : bien au contraire, on les retrouve dans la plupart des aspects de la vie moderne, mais pas toujours sous les formes auxquelles nous avons été habitué.
exoskeleton

1. Origines et définition(s)

2. L’artifice imite la nature… et questionne l’intelligence

3. L’art s’empare de l’artifice

4. Do It Yourself !

1. Origines et définition(s)

 

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Mais d’abord, de quoi parlons-nous quand nous parlons de robot ? Quelle langue parlons-nous ? Le mot lui-même est issu du tchèque, utilisé pour la première fois par le dramaturge Karel Capek dans sa pièce Rossum’s Universal Robot en 1920. Il signifie esclave et désigne un humain artificiel ; dans R.U.R, la machine créée et maltraitée par l’homme menace de se retourner contre son créateur. Tout est dit, dès l’origine. Au-delà des mots, le robot descend à la fois du monstre de Frankenstein, de l’Eve future de Villiers de l’Isle-Adam et de l’automate du XVIIIème siècle, comme les célèbres automates du Grenoblois Vaucanson, voire encore plus loin du golem ou de la statue d’ivoire de Pygmalion. Les robots semblent définis comme étant créés par l’homme, pour servir l’homme et, dans l’imaginaire collectif jusque dans le sérieux dictionnaire Robert, ont une forme humanoïde.

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Une définition plus rigoureuse du robot le décrit comme un dispositif alliant mécanique, électronique et informatique destiné à accomplir des tâches répétitives ou pénibles. Les pièces mécaniques et électroniques sont pilotées par une intelligence artificielle. Le Technical Museum of Innovation, en Californie, propose la définition suivante : « Un robot est une machine qui récupère de l’information puis utilise cette information pour suivre les instructions et faire un travail. » Cette définition plus large pourrait s’appliquer à des robots immatériels, en un sens : les logiciels informatiques. Elle permet néanmoins d’appréhender que l’on puisse placer sous le terme de robot des machines n’ayant pas la moindre apparence humaine.

Dans le monde industriel, l’intérêt d’un tel ouvrier n’ayant besoin ni de repos ni de repas a vite été identifié et appliqué. Destinés à des tâches de plus en plus précises et spécifiques et à leur exécution de plus en plus rapide, les robots ont perdu tout aspect humanoïde pour optimiser efficacité et efficience. Contrairement à la définition du Tech, ces robots industriels qui intègrent les chaines de montage à partir des années 60 sont insensibles dans un premier temps à leur environnement ; ils ne récupèrent pas d’information autre que les instructions qui leur sont données. Le premier robot, Unimate, intègre les chaines de montage des usines General Motor en 1961, et n’est qu’un énorme bras manipulant des pièces de fonderie… Des systèmes de perception sont peu à peu intégrés dans les robots industriels, essentiellement à des fins de contrôle qualité.

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Les robots sont aujourd’hui partout, y compris et surtout là où l’humain ne peut s’aventurer. Il travaille dans l’espace ou roule sur Mars (Sojourner) aussi bien qu’il mixe des légumes dans nos cuisines ou passe l’aspirateur… ou pour mieux dire : est l’aspirateur (Roomba). Le robot Hospi, au Japon, distribue les médicaments aux patients ou transporte les dossiers médicaux. Autant de tâches fastidieuses dont est libéré le personnel hospitalier. Et que dire de ceux que l’on ne voit même pas ? Les nanorobots, de dimensions microscopiques, sont pour certains chercheurs l’avenir des techniques médicales de pointe, agissant directement dans le corps, au niveau cellulaire ! Ces dernières applications ne sont pour l’heure encore qu’hypothétiques, cependant.

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Viva la robolution, de Bruno Bonnell, explique pourquoi et comment les robots vont radicalement transformer notre vie quotidienne dans les vingt prochaines années. L’auteur ouvre les portes de laboratoires internationaux à l’origine de ces machines intelligentes qui peupleront nos foyers, nos écoles ou nos rues. A travers ses expériences personnelles et ses rencontres, il invite à prendre conscience de cette nouvelle étape pour l’humanité. Ce manifeste de la révolution robotique est une clé indispensable pour comprendre la « robolution » en marche.

2. L’artifice imite la nature… et questionne l’intelligence

Si l’on n’a pas de définition précise du robot, son caractère mimétique par rapport à l’humain semble avéré ; s’il ne prend pas forme humaine, il cherche au moins à remplir une fonction humaine. Il serait sans doute plus exact de dire que le robot imite le vivant, et pas seulement l’humain : on a vu des robots tortues, des robots chiens, des robots chats… Finalement, le robot n’est qu’une déclinaison supplémentaire de l’artifice humain imitant la nature. Quand il imite l’humain, plus que sa forme, c’est son fonctionnement intellectuel qu’il tente d’imiter ou pour mieux dire : que l’humain tente de lui faire imiter. En essayant de créer une intelligence artificielle qui animerait ces robots, on en arrive forcément à devoir poser la question : comment fonctionne notre propre intelligence ?

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L’intelligence consiste à faire des choix, en fonctions d’éléments perçus par nos sens ou conçus par notre esprit et d’effets désirés. Si les intelligences artificielles, informatiques, des robots se développent, on est encore loin de les voir égaler l’intelligence humaine ou de pleinement comprendre cette dernière. Deep Blue a pu battre Kasparov aux échecs et un ordinateur peut battre des champions de Jeopardy, ce n’en sont pas pour autant des créatures vivantes, conscientes, intelligentes. En 1950, le mathématicien Alan Türing publie un test, resté célèbre et qui portera son nom, dont la résolution victorieuse par une machine autoriserait à dire de celle-ci qu’elle est intelligente. A ce jour, aucune machine n’a réussi à passer le test de Türing ; si ce n’est des machines dont la seule fonction était de passer le test de Türing, ce qui apporte peu à la recherche en robotique.

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Robots, de Ruth Aylett, lève le voile sur le monde surprenant de la robotique en retraçant ses multiples avancées technologiques, tour à tour effrayantes et fascinantes, et en révélant précisément le rôle des robots dans notre monde moderne. Ce livre raconte les tentatives de création d’un robot capable d’émotions, de sentiments et de vie autonome en imitant la nature -des insectes à l’être humain. Il évoque enfin la question fondamentale qui se pose en filigrane du concept de robot humanoïde : que signifie être humain ?

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Les machines apprivoisées, de Frédéric Kaplan. L’auteur travaille avec les équipes de Sony à la conception de nouvelles technologies pour ces créatures artificielles. Il s’agit de les doter de capacités d’apprentissage leur permettant de se développer de manière autonome, un peu à la manière d’un jeune animal qui découvre son environnement. L’histoire des techniques, les travaux des psychologues et les recherches sur le comportement animal permettent de jeter un nouveau regard sur ces objets insolites. Les réactions qu’ils suscitent révèlent la place singulière tenue par les machines dans notre culture et leur rôle crucial dans l’image que nous nous faisons de nous-mêmes : s’interroger sur les robots, c’est mieux comprendre ce que nous sommes.

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La bionique, quand la science imite la Nature, d’Agnès Guillot et Jean-Arcady Meyer. La bionique, jeune science née en 1960, englobe aujourd’hui un vaste champ de recherche : applications technologiques d’inventions naturelles, robots autonomes inspirés des animaux, hybrides artificiels équipés de vivant ou hybrides vivants équipés d’artificiel. Cet ouvrage présente de nombreux exemples appartenant à ces domaines, ainsi que leurs retombées fondamentales et appliquées.

3. L’art s’empare de l’artifice

Au-delà des liens souvent démontrés entre art, science et technique, on ne peut que constater, au sujet des robots, que la fiction a toujours été essentiellement liée à la technique. Les racines ? Mythiques. L’origine du mot ? Une pièce de théâtre. Les images qui viennent immédiatement à l’esprit ? Ce ne sont pas des aspirateurs ou des véhicules, ce sont des personnages de romans, de films.

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Quelques années après la pièce de Capek, Fritz Lang met en scène Futura, premier robot féminin, dans Metropolis. Comment ne pas voir en elle la grand-mère du si célèbre CZU6-PO, robot de protocole guindé de la Guerre des Etoiles ? Le film de Fritz Lang est aujourd’hui inscrit dans la Mémoire du Monde de l’Unesco aux côtés, par exemple, de la Déclaration des droits de l’homme…

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Robby, le robot de Planète Interdite (1957) commence déjà ne plus avoir figure humaine mais partage le nom d’un des robots les plus illustres de la littérature de science-fiction, Robby le robot du recueil de nouvelles Les Robots (1950), d’Isaac Asimov, prêt à se sacrifier pour la sauvegarde d’une petite fille. Asimov reste célèbre pour avoir formulé les trois lois de la robotique, censées prévenir toute déviance dangereuse dans le comportement des robots :

  • un robot ne peut porter atteinte à un être humain ou, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;
  • un robot doit obéir aux ordre que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;
  • un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Le modèle de Frankenstein est brisé : les robots ne vont plus s’en prendre à leurs créateurs. Asimov testera ses propres lois au cours de ses nombreuses nouvelles et romans et révèlera leurs imperfections et ambiguïtés. Les robots ne sont pas alors dangereux parce qu’intelligent, mais au contraire dangereux parce que limités dans leur compréhension et leur perception. En 1952, à l’autre bout du globe, Osamu Tezuka, père du manga japonais, publie les aventures d’Astro le petit robot, croisement de Pinocchio et de Superman, défenseur de la Terre.

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Les exemples sont légions ensuite, dans la littérature comme dans le cinéma, de robots sauveurs ou malfaisants, intelligences artificielles comme HAL9000 de 2001, l’odyssée de l’espace ou marionnettes géantes japonaises à la Goldorak. Difficile d’oublier le regard rubis du Terminator de James Cameron. La crainte de la création plus forte, plus intelligente, plus rapide et plus résistante que son créateur est à la racine du mythe et ne le quitte pas. Wall-E, des studios Pixar, voit un peu plus loin : les humains ont déjà disparu et les robots eux, continuent de fonctionner…

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Il ne faut pas croire pour autant que la littérature et le cinéma sont les seuls arts à s’être emparés des robots : de Kraftwerk à Daft Punk en passant par Björk, la musique n’a pas été épargnée par le soulèvement des machines.

 

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Robots & avatars, de Jean-Claude Heudin. Les descendantes de Galatée, sculpture de Pygmalion, ont pris de multiples formes : des statues vivantes aux automates, des robots aux cyborgs et aux clones, des intelligences artificielles aux avatars, jusqu’aux fantômes (ghosts) qui hantent la mémoire de nos ordinateurs. Ce livre rassemble une collection d‘images spectaculaires qui illustrent l’évolution des robots et des avatars. Il nous révèle les tendances d’un avenir symbiotique où le créateur et sa créature, la science et l’imaginaire se mêlent. Il définit les différentes réalités regroupées sous le nom de robot (un mécha n’est pas un cyborg qui n’a rien à voir avec une intelligence artificielle qu’il ne faut pas confondre avec un avatar…) et présente pour chaque cas une iconographie riche et diversifiée, puisée dans les œuvres de fiction comme dans les publications scientifiques.

4. Do It Yourself !

Si vous n’êtes ni un savant fou, ni une intelligence artificielle ayant pris le contrôle du monde ni un entrepreneur audacieux, vous craignez peut-être de ne pas avoir les moyens de construire votre propre robot. C’est bien normal. Cependant, la robotique est aussi une discipline scolaire à part entière et tout ce qui manque en moyen doit être pallié par l’intelligence des concepteurs.

Des passionnés ou des écoles d’ingénieurs se rencontrent lors de combats ou de compétitions de robots. La chute des prix et la fiabilité des composants électroniques disponibles aujourd’hui ouvrent la robotique plus largement.

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Petits robots mobiles – étude et construction, de Frédéric Giamarchi, guide le lecteur dans la construction de robots à la complexité croissante, chapitre après chapitre. Il l’incite à faire travailler son imagination pour améliorer chaque robot conçu, grâce à des conseils et des exercices. Ce guide d’initiation, conçu dans un optique pédagogique, est idéal pour débuter en robotique et démarrer de petits projets. Les enseignants et les étudiants y trouveront un support pratique pour aborder la robotique de manière ludique.

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Robots mobiles programmables – techniques avancées, du même auteur, présente les besoins nécessaires à l’élaboration du « centre nerveux » du robot. La programmation et ses langages, les capteurs et les actionneurs sont décrits en détail pour aboutir à plusieurs exemples de réalisations complètes de robots (sumo, insecte, marcheur…). Ces applications sont suivies d’une approche sociale de la conception des robots évoquant les compétitions, le travail en équipe… en bref, tout ce qui rend cette science si attrayante, motivante et pédagogique.

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