Petite enfance et parentalité

Le Jardin couvert de Lyon, une Maison verte à découvrir

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - Modifié le 14/03/2018 par Département Civilisation

Lieu d’accueil des tout-petits et de leurs proches, le Jardin couvert offre un espace de socialisation autour du jeu et de la parole, fondé sur les apports de la psychanalyste Françoise Dolto. Les expériences vécues dans cette structure du troisième arrondissement de Lyon ont fait l’objet d’un livre, Une Parole pour grandir, qui sera présenté le samedi 17 mars à la Bibliothèque de la Part-Dieu, dans le cadre du Printemps des Petits Lecteurs consacré aux émotions.

Le Jardin couvert
Le Jardin couvert Un lieu d'accueil et d'échange.

Le bébé est une personne

Le vingtième siècle aura été celui où le bébé sera passé du statut de « tube digestif sur pattes » à celui de personne. La psychanalyse fut un des moteurs de ce changement avec les travaux des Freud, père et fille, de Winnicott, Mélanie Klein, Françoise Dolto, pour ne citer que les plus connus.

Du côté de la pédagogie aussi des pionniers comme l’italienne Maria Montessori oeuvrèrent à l’autonomie des enfants dans leurs apprentissages. En pédiatrie, on s’intéressa enfin au traitement de la douleur des tout-petits.

Un avec des autres

En 1979, Françoise Dolto crée la première Maison verte  dont elle expose le principe dans son ouvrage La cause des enfants : « Un lieu de rencontre et de loisirs pour les tout-petits avec leurs parents. Pour une vie sociale dès la naissance, pour les parents parfois très isolés devant les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent avec leurs enfants. Ni une crèche ni une halte-garderie, ni un centre de soins, mais une maison où mères et pères, grands-parents, nourrices, promeneuses sont accueillis… et où leurs petits y rencontrent des amis ».

 

 

C’est en 1984 que, sous l’impulsion du psychanalyste lyonnais Denis Vasse, et de quelques professionnels,  se crée le Jardin couvert à La Guillotière. Denis Vasse, dont la Bibliothèque Municipale de Lyon abrite désormais les archives fut un proche de Françoise Dolto, avec laquelle il entretint une correspondance suivie. En 2006 il a relaté sous le titre Né de l’homme et de la femme, l’enfant différentes rencontres avec des enfants accueillis au Jardin Couvert au cours des vingt ans écoulés depuis l’ouverture de celui-ci. Ouvrage où l’on peut lire la spécificité de la référence à la psychanalyse dans cette structure : pas de traitement thérapeutique à proprement parler, mais une circulation de la parole où se dit la singularité de chacun, loin d’une quelconque visée éducative ou pédagogique.

Onze ans plus tard les accueillants du Jardin couvert publient à leur tour les notes et analyses de quelques unes de leurs rencontres avec parents et enfants, articles qui pointent l’évolution des problématiques relationnelles d’aujourd’hui, comme la tentation de soustraire les enfants à la frustration et au manque, et celle des mères de sursoir à la séparation d’avec leur enfant. Mais l’amour ne suffit pas, et ce que pointe le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun dans son texte Oedipe empêché, à la fin de l’ouvrage, c’est aussi le poids du discours social qui renvoie à une promesse de bonheur sans altérité.

Lorsque les émotions le submergent,  lorsqu’il est débordé par ses pulsions, c’est d’une réelle communication que l’enfant a besoin pour qu’elles prennent sens pour lui et pour s’humaniser.

Ici c’est un lieu bête comme chou, disait Françoise Dolto à propos de la Maison verte, on s’assied, on discute…“. En effet, “Quand quelqu’un parle, il fait plus clair », c’est ainsi qu’un petit garçon, cité par Freud dans les Trois essais sur la théorie sexuelle, réclama à sa tante de rester auprès de lui dans le noir.

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