La face cachée des médicaments

- temps de lecture approximatif de 14 minutes 14 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Les différents scandales sanitaires récents mettant en cause des médicaments controversés aux effets dévastateurs posent la question des puissants lobbys pharmaceutiques : la priorité est-elle donnée à la santé ou au profit ?

© Pixabay
© Pixabay

Les scandales successifs autour du Distilbène, du Vioxx et plus récemment du Mediator ont révélé les défaillances et les dysfonctionnements de notre système d’évaluation et de surveillance des médicaments. Jamais l’influence des laboratoires pharmaceutiques et leur manque de transparence n’ont été aussi crûment dévoilés. Dès lors on peut légitimement se poser des questions : comment en est-on arrivé là ? Que s’est-il passé pour que toutes les autorités compétentes aient laissé passer des effets secondaires aussi graves, dont certains mortels ? Le système de contrôle a-t-il bien fonctionné ? Que valent les analyses d’experts ? Les intérêts économiques ont-ils prévalu sur les intérêts sanitaires ?

– Une histoire du médicament
– Des scandales sanitaires
– Peut-on faire confiance aux médicaments ?
– Les testeurs de médicaments
– Effet placebo et effet nocebo
– Médicaments ce qui doit changer !

Une histoire du médicament

Du début du XIXe siècle jusqu’aux années 1930 apparaissent les premières découvertes en pharmacologie. Elles furent relativement rares, mais leur retentissement en fut d’autant plus considérable. L’aspirine est probablement le médicament le plus populaire de l’histoire de la médecine et de la pharmacie. Elle fut le premier médicament à fort développement industriel.
C’est à partir des années 1930 que l’on entre dans la science thérapeutique moderne. Les années 1950 seront l’âge d’or des grandes découvertes, tous les grands médicaments sont de cette période : antibiotiques, corticoïdes, anti-hypertenseurs, anti-inflammatoires, diurétiques, antidiabétiques, anticoagulants, grandes molécules anticancéreuses ou antileucémiques, sans oublier les antidépresseurs et les hypnotiques.
L’histoire du médicament en France est une histoire de la science pharmaceutique, des pharmaciens et des substances qu’ils préparent. Mais c’est aussi une histoire de l’industrie, de ses pratiques, des conflits et oppositions qu’elles ont suscités.
Des potions électuaires et poudres du XVIIIe siècle jusqu’aux pilules et comprimés du XXe siècle, les remèdes se concrétisent et se miniaturisent.
La santé n’attend pas. L’histoire du médicament rejoint l’histoire naturelle du corps, celle du bien-être et du mieux-être.



« Tout bien portant est un malade qui s’ignore » (Dr Knock, Jules Romains)



Une brève histoire du médicament

Par Luc Perino, éd. JC Béhar, 2009.

Le médecin retrace l’histoire de la thérapeutique et de ses théories. Il présente le système des quatre humeurs d’Hippocrate et de Galien qui a prévalu longtemps en Occident, les débuts de la pharmacie dans les années 1810, l’émergence de la médecine expérimentale, l’influence croissante des
laboratoires pharmaceutiques dans le domaine de la santé, etc.

Le médicament, enjeu du 21e siècle

Par Christian Lajoux, éd. Le Cherche Midi, 2010.

Président du syndicat français de l’industrie pharmaceutique et de Sanofi-Aventis, l’auteur fait le point sur la recherche, la production, la commercialisation des médicaments en France.
L’ouvrage ouvre le débat sur l’avenir de l’industrie pharmaceutique, sur la manière de consommer et sur les prix pratiqués.


Les médicaments du futur

Par Pierre Joly, éd. O. Jacob, 2009.

Célébré pour les progrès apportés à la santé, le médicament est aujourd’hui dénigré : surconsommation, opposition entre intérêts privés et santé publique. L’auteur, professionnel de la recherche thérapeutique, livre un bilan critique des évolutions de l’industrie pharmaceutique depuis une quarantaine d’années et explique les enjeux sanitaires, économiques et politiques du médicament aujourd’hui.

Des scandales sanitaires

Depuis une cinquantaine d’années, la France connait une succession de scandales sanitaires liés aux accidents iatrogéniques médicamenteux, dont certains ont fortement mobilisé les médias.
Tout médicament a des effets bénéfiques, mais aussi des effets indésirables. Ils peuvent provenir du médicament lui-même, de son association avec un autre médicament, de son incompatibilité avec le malade ou d’une erreur de prise. C’est ce qu’on appelle l’iatrogénèse médicamenteuse.

Mediator 150 mg

Par Irène Frachon, éd. Dialogues, 2010.

Le 25 novembre 2009 l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de santé annonce la suspension de l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament.
Il s’agit du Médiator, commercialisé depuis plus de trente ans, alors consommé quotidiennement par près de 300 000 français. Cette décision fait suite à la révélation d’une toxicité grave directement liée au médicament : une atteinte des valves du coeur, aux conséquences parfois mortelles. Les premiers éléments laissant suspecter la possibilité d’une telle toxicité remontent à 1997 ; date à laquelle un médicament très proche, le coupe-faim Isoméride, est interdit pour les mêmes raisons.
Irène Frachon médecin spécialiste de pneumologie raconte la chronique des événements liés à cette décision de l’Afssaps.

Autopsie d’une catastrophe médicale : l’exemple du Vioxx

Par Christian Fortin et Jacques Beaulieu, éd. de l’Homme, 2005.

Jusqu’à 140 000 personnes auraient subi des problèmes cardiaques ou y seraient plus vulnérables pour avoir pris du Vioxx, un médicament antidouleur. Comment est-il possible qu’un médicament dangereux soit mis sur le marché ? Les auteurs nous racontent le processus de la mise en marché d’un médicament et nous expliquent pourquoi et comment cette catastrophe médicale va révolutionner le monde pharmaceutique. Après avoir lu ce livre, vous verrez les nouveaux médicaments d’un autre œil.

Distilbène : des mots sur un scandale

Par Véronique Mahé, éd. Albin Michel, 2010.

Mise au point après la guerre, cette hormone de synthèse était présentée comme la molécule miracle contre les fausses couches : le marché était donc énorme. Interdite aux États-Unis en 1971, la prescription du Distilbène chez les femmes enceintes n’a cessé qu’à la fin des années 1970 en France. On estime le nombre de victimes à 360 000 en l’espace de quarante ans.Préfacé par Marie Darrieussecq, marraine du Réseau D.E.S. France, ce livre donne la parole aux femmes et aux hommes – mères et pères, filles et fils, compagnons – qui vivent les douloureuses conséquences de ce scandale médical, pour faire entendre leur souffrance et leur colère.

Peut-on faire confiance aux médicaments ?

Depuis son élaboration jusqu’à sa mise sur le marché, le médicament est un produit actif strictement contrôlé.
Inventé par certains (Institutions de recherche privées et publiques), évalué par d’autres (Institutions scientifiques et industrielles), produit par d’autres encore (Industrie pharmaceutique), commercialisé et distribué par des tiers (Industrie pharmaceutique et pharmacies), réglementé et surveillé par des Organisations (Etat, profession médicale, profession des pharmaciens), prescrit par des intermédiaires (médecins) avant d’être testé et finalement consommé.
Et pourtant des scandales sanitaires successifs dus aux médicaments ont prouvé « une défaillance globale du système » mettant en doute la sécurité de l’ensemble des médicaments.
Le patient quant à lui se retrouve au carrefour d’intérêts souvent contradictoires où l’industrie pharmaceutique, les lobbys, les pouvoirs publics, la politique, la médecine, les médias médicaux jouent un jeu d’influences et de pressions dont il n’a connaissance.

Ces médicaments qui nous rendent malades

Par Sauveur Boukris, éd. Le Cherche midi, 2009.

Les effets secondaires et indésirables des médicaments constituent un réel problème de santé publique et porte un nom : la iatrogénie médicamenteuse. En France on estime que le nombre de décès dus aux médicaments se situe entre 8.000 et 13.000 par an. Depuis les affaires des statines, du Viox, de l’Acomplia et du Zyprexa, qui ont occasionné le retrait de plusieurs médicaments, on se pose des questions sur les objectifs des firmes pharmaceutiques, sur les moyens de contrôle et de régulation de cette puissante industrie, sur l’indépendance et la rigueur des « experts », sur l’information et la formation des médecins prescripteurs.

Les vendeurs de maladies

Par Emilio La Rosa, éd. Fayard, 2011.

Le médecin Emilio La Rosa met en garde contre les dangers de la consommation croissante de médicaments, encouragée et provoquée par l’industrie pharmaceutique.

Antidépresseurs : mensonges sur ordonnance

Par Guy Hugnet, éd. T. Souccar, 2010.

Cet essai polémique dénonce la prescription abusive d’antidépresseurs en France.
Au terme de cinq ans d’enquête, le journaliste met en avant les études scientifiques menées sur les traitements par antidépresseurs, qui ne montrent presque aucune efficacité par rapport aux placébos.
Il stigmatise également les liens entre les psychiatres et les firmes pharmaceutiques.

Cholesterol : mensonges et propagande

Par le Dr Michel de Lorgeril, éd. T. Souccar, 2008.

M. de Lorgeril, cardiologue, nutritionniste et chercheur au CNRS, montre que les médicaments anticholestérol, pris par 30 millions de personnes à travers le monde, sont sans effet sur l’infarctus mais rapportent gros à l’industrie pharmaceutique.

Les testeurs de médicaments

L’expérimentation humaine est obligatoire pour évaluer la toxicité et l’efficacité d’une molécule.
Les humains testeurs peuvent être des sujets en bonne santé ou bien des sujets malades.
Les effets indésirables des médicaments ont conduit les pouvoirs publics à exiger des laboratoires toujours plus de tests, avant et après l’autorisation de mise sur le marché de leurs produits.
Chaque année, des millions d’humains testent pour les laboratoires et les consommateurs de médicaments. Aujourd’hui, la moitié d’entre eux est recrutée dans des pays en voie de développement, puisque la majorité des unités de recherche clinique des laboratoires occidentaux et leurs sous-traitants ont été délocalisés dans les pays émergents.

Le monde ignoré des testeurs de médicaments

Par Michelle Julien, éd. Du Cygne, 2008.

Témoignage sur les coulisses de l’expérimentation médicale. Différents scandales dus aux effets secondaires des produits mis sur le marché ont conduit les pouvoirs publics à exiger des laboratoires davantage de tests sur les humains avant et après autorisation de mise sur le marché. Ayant elle même participé à plusieurs essais cliniques, l’auteure enquête sur les testeurs et la législation.

Effet placebo et effet nocebo

Le placebo : et pourtant, il soigne !

Un pseudo-traitement qui n’a rien pour être efficace, mais qui déjoue les pronostics parce qu’il produit autant d’effet qu’un vrai. Tout peut faire office de placebo, depuis le verre d’eau jusqu’à la mie de pain, pourvu que le patient pense avoir affaire à une vraie prise en charge.
Puisque la science ne peut l’ignorer, elle fait avec : l’effet placebo appartient tellement au paysage qu’il est pris en compte dans les protocoles de recherche de nouveaux médicaments. Pour faire la preuve de son efficacité supérieure à toute autre prise en charge, un nouveau produit sera comparé à un traitement antérieur, et en l’absence de celui-ci à un placebo.
Le placebo rend service à la médecine tout en l’encombrant. C’est qu’il est imprévisible, donc difficile à étudier : il marche par exemple dans plus de 30% des cas de douleur chronique.

L’effet placebo

Par Danielle Fecteau, éd. De l’Homme, 2005.

Grâce à l’étude de l’effet placebo, nous savons que les êtres humains sont dotés d’un potentiel d’auto guérison qui défie la science. Nos croyances, nos attentes, nos émotions, la personnalité du thérapeute, ses intentions et celles des gens qui nous entourent sont autant de facteurs qui peuvent enclencher nos mécanismes de guérison ou les bloquer. Fascinée par les pouvoirs méconnus de l’être humain, l’auteur vulgarise dans ce livre les dernières informations scientifiques sur le pouvoir de guérison qui sommeille en chacun de nous.

Le Nocebo, face obscure du placebo

L’effet nocebo est un peu le revers de l’effet placebo. Il correspond à l’apparition d’effets indésirables après administration d’un médicament sans principes actifs.

Nocebo, la toxicité symbolique

Par Jean-Jacques Aulas, Laurent Bourguignon, Rémi Boussageon…, éd. J. André, 2010.

Quatorze contributeurs proposent des angles variés sur les phénomènes nocebo, c’est-à-dire les effets indésirables, quoique parfois désirés, d’un placebo. Ils apportent des éclairages historique, littéraire, médical, pharmacologique, philosophique et psychologique pour analyser les relations entre effets réels ou subjectifs d’un médicament et les manifestations pathologiques négatives du placebo.

Médicaments ce qui doit changer !

Il aura fallu le véritable séisme de l’affaire du Mediator, venant après celui du distilbène en 1977, du sang contaminé en 1985, de l’hormone de croissance un peu plus tard et en 2004 celui du Vioxx, pour que soit enfin posé le problème de fond concernant le contrôle de l’efficacité et de la sécurité des médicaments.

Un rapport de la mission parlementaire sur le Mediator® vient de dresser un bilan et fait plusieurs propositions qui visent à resserrer les mailles du système de pharmacovigilance : renforcer l’indépendance, la transparence et l’impartialité des décisions, comme aussi améliorer la formation continue des médecins…

Les auteurs souhaitent aussi que les médicaments soient évalués sur leur efficacité clinique et non résultants de conflits d’intérêt ou d’intérêts commerciaux.
Il y a trop de médicaments en France : 2000 molécules sous 4500 marques, cela ne fait que 1120 molécules originales, alors que 500 sont reconnues nécessaires par l’OMS.
L’AFSSAPS (l’Agence de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) a publié une liste de 77 médicaments sous surveillance renforcée. Elle est l’autorité compétente en matière de pharmacovigilance.

Une enquête sur les médicaments

La revue Prescrire, journal médical français indépendant de l’industrie, après avoir passé en revue les 1200 médicaments commercialisés en 15 ans, conclut que 5% seulement peuvent être considérés comme majeurs et importants.
Des articles, des informations à consulter en libre accès sur l’actualité de la recherche et la politique du médicament.

La face cachée des médicaments

Par Nicole Delépine, éd. Michalon, 2011.

Dénonçant le médicament en tant que produit de consommation, l’auteure, figure emblématique de la lutte contre les lobbies pharmaceutiques, revient sur quelques grands scandales sanitaires. Allant plus loin que la simple analyse, N. Delépine propose des solutions pour écarter ou limiter les conflits d’intérêts et imposer une réelle transparence au monde médical.

Les leçons du Mediator

Par Philippe Even et Bernard Debré, éd. Le Cherche Midi, 2011.

Le drame du Médiator et la liste aberrante des 77 médicaments sous « surveillance renforcée » ont révélé la faillite de notre système de contrôle de sécurité des médicaments. Ce n’est pourtant que la partie immergée d’un iceberg : 40 % de médicaments inefficaces, le plus souvent français ; des prix accordés aux firmes françaises 2 à 10 fois plus élevés que ce qu’ils devraient être ; des prescriptions délirantes, source de risques pour les patients et de 3 à 4 milliards de dépenses inutiles ; soutien très insuffisant à la coopération indispensable des recherches publique et privée au service de l’innovation thérapeutique ; mainmise d’une administration bureaucratique sur tout le système de santé ; formation initiale insuffisante des étudiants aux médicaments et formation continue et information des médecins abandonnées à l’industrie ; évaluation des médicaments laissée à des pseudo-experts non experts trop souvent payés par l’industrie. Tout le système est à reconstruire au service des malades, des finances publiques et du progrès thérapeutique. Ce rapport dessine les profondes réformes à apporter d’urgence à un système qui refuse pourtant de se remettre en cause.

Partager cet article