Culture et émancipation : vers de nouvelles pratiques

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 21/03/2017 par vadema

Un courant en faveur d’une transmission basée sur les cultures et l’échange est en marche depuis plusieurs années. La médiation culturelle tient une place importante comme processus d’émancipation et d’appropriation des connaissances, de l’environnement et de l’objet culturel/artistique. Les démarches se multiplient, mais le chemin est encore long vers une véritable prise en compte de la part des politiques publiques. Dans ce contexte, la mobilisation pour la reconnaissance des compétences professionnelles et la formation commune sont importantes et dépassent la simple transmission. L’ouvrage "Au beau milieu" co-rédigé par des médiateurs et des animateurs témoigne de ces professions liées au sein d’une dynamique commune pour agir en complémentarité.

Balade à travers Lyon insolite : Place Rouville ; René Dejean

La culture comme vecteur d’émancipation

Le développement des savoir-faire

L’émancipation pour développer l’autonomie et les capacités individuelles passe par la culture et l’éducation. Les chemins pour susciter l’éveil par des pratiques culturelles et dispenser un savoir sont nombreux et corrélés aux pratiques et aux attentes des publics. Le débat clivant et dénoncé depuis plusieurs décennies entre éducation populaire et Education nationale ne sera pas ouvert ici.

En revanche, il est légitime de s’interroger sur les notions de transversalité, de faire-ensemble et d’échange qui résonnent pour désigner des métiers d’une même famille partageant des valeurs communes : le développement des personnes et de leur « capabilités ».

Un climat propice

Deux approches complémentaires développent la curiosité et l’appropriation des connaissances : l’animateur crée des outils et jeux pour engager le dialogue, tandis que le médiateur passe par l’œuvre, l’objet pour « composer avec ». Ainsi, la connaissance des publics des animateurs qui apportent leur regard et interrogations, vient nourrir et enrichir la démarche des médiateurs. Une complémentarité indispensable pour sortir des « catégories » traditionnellement associées aux différents publics.  L’émancipation de l’individu s’acquiert et s’affirme à travers l’existence d’une liberté intérieure d’une part et l’accès à des ressources culturelles adéquates d’autre part.

 

Une reconnaissance professionnelle

Une politique culturelle indispensable comme terrain de rencontre

A Lyon, la Charte de coopération culturelle est un outil commun de réflexion. Le document – actualisé tous les 4-5 ans par les institutions engagées et la Direction des affaires culturelles – oriente les grands axes du volet culturel de la politique de la ville. Il engage les acteurs signataires à proposer des actions innovantes et pluralistes notamment pour les populations en difficulté.  Mais également la Charte favorise le développement culturel dans la ville à travers la conception de projet fédérateur, l’accessibilité et la solidarité.

Des valeurs portées au sein des institutions

Les valeurs de la Charte sont véhiculées et matérialisées par les institutions à travers un large panel de propositions culturelles. La Bibliothèque  municipale de Lyon inscrit au sein même de sa définition ses missions d’éducation et d’information : «  la bibliothèque municipale de la ville de Lyon est un service public ayant pour but de contribuer aux loisirs, à l’information, à l’éducation et à la culture de tous », participant pleinement au foisonnement de la vie culturelle aux côtés des institutions signataires, toujours plus nombreuses.

Partager les expériences

La Charte de coopération culturelle permet aussi aux professionnels de participer à des temps communs de réflexion. Un groupe de travail a interrogé les rapports entre médiateurs et animateurs et leurs pratiques de l’action culturelle au quotidien. A l’initiative des Francas du Rhône, secondés par Michel Kneubühler, l’ouvrage Au beau milieu regroupe des exemples concrets auxquels sont confrontés animateurs et médiateurs. Les expériences décrites expriment la nécessité de remettre les personnes au centre du processus culturel mais aussi de faire reconnaitre leurs professions et leurs engagements : culture et éducation populaire liées contre une vision descendante de la culture et de l’immédiateté du rapport à l’œuvre. Des échanges privilégiant la confiance, le partage des connaissances et l’interaction, axes favorisant la curiosité et l’émancipation – comme l’analyse par ailleurs l’article proposé par l’association Médiation Culturelle au cœur de l’ouvrage.

Animation éducative au musée des arts décoratifs, Marcos Quinones

Vers une reconnaissance des droits culturels

Des engagements communs

Pour continuer à développer l’expérience des pratiques culturelles, il est fondamental de garantir le droit à chacun à un égal accès. Des écrits matérialisent les réflexions et défendent les notions de diversités et de droits culturels. Les droits culturels instaurés dans la déclaration de Fribourg en 2007 sont issus d’un long processus. Ils s’appuient sur différents textes et articles, notamment l’article 22 de la Déclaration des droits de l’homme en 1948 qui reconnait pour chaque personne«la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité ». D’autres courants fondateurs pour le respect et la reconnaissance de toutes les cultures, comme celui de l’Unesco en 2001 s’inscrivent dans le texte de Fribourg comme « l’ensemble des références culturelles par lesquelles une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité ». Chaque droit est expressément individuel en même temps qu’il définit la relation à l’autre. Il met en correspondance une liberté et une responsabilité.

Explorer d’autres possibilités du faire-ensemble

Ainsi, l’alliance plutôt que le partenariat offre des possibilités d’action plus avantageuses. Selon les définitions proposées par wiktionnaire, Larousse ou Littré : L’alliance, c’est le « résultat d’une entente, d’un pacte » ; l’allié : « un peuple auquel on est uni ou une personne qui apporte son aide et soutien ». Le partenariat, c’est une association en vue de réaliser un projet. Chacun recouvre ainsi des registres différents : partenaire (de l’anglais « partner ») résonne avec partager – qui est aussi diviser – et désigne l’associé ; allié renvoie au vocabulaire de l’union, au mariage, aux affinités.

Etre allié, c’est partager des valeurs sur du long terme au-delà d’opportunités ; on peut ainsi être alliés sans être partenaires et inversement.  L’alliance est une posture, incarnée par des personnes et pas seulement une modalité concrète, opérationnelle.

Pour découvrir et aller plus loin :

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