The Sound "Jeopardy" (1980)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Les années 80 sont bien souvent perçues, à tort ou à raison, comme une période difficile pour le rock. Après la révolution punk, les jeunes musiciens ne savent pas trop comment prendre la suite. Certains s’aventureront dans le heavy metal, (Iron Maiden, Judas Priest,…). D’autres prendront le parti de laisser les guitares de côté pour se concentrer sur les synthétiseurs en initiant les mouvements synth-pop, et new-wave, (on pense par exemple à Depeche Mode ou Simple Minds). Néanmoins, les cendres du punk sont encore chaudes et les changements apportés par ce dernier vont inspirer de nombreux groupes à la fin des années 70 et au début de la décennie suivante.

C’est le cas de The Sound, avec son premier LP : « Jeopardy ». Sorti en 1980, dans un contexte économique et social difficile, cet album est de ceux qui poseront les bases du mouvement post-punk. A l’instar de Joy Division, The Sound a su conserver l’esprit punk pour se fabriquer une nouvelle identité sonore. Il ne faut pas oublier que le leader du groupe, Adrian Borland, officiait précédemment dans une formation punk intitulée « The Outsiders ».

Le premier album de The Sound est la preuve que les Ramones ou les Sex Pistols, notamment, ont laissé leur empreinte sur la scène londonienne. Alliant donc l’urgence du punk et les nappes de synthétiseurs, Jeopardy est d’une noirceur évidente, et ce dès les première notes. Son ambiance sombre peut rappeler le post-punk lugubre mais tellement sincère et charismatique des deux albums de Joy Division, (« Unknown pleasures » et « Closer »).

Est-ce le contexte économique et l’Angleterre de Margaret Thatcher qui inspirent les paroles de ces onze morceaux ? Ou peut-être est-ce simplement la personnalité de Borland qui transpire ici. Ces textes très personnels collent parfaitement à la voix chevrotante du chanteur et à ses parties de guitare anguleuses. La basse est omniprésente et la batterie est un véritable métronome. L’album semble s’enchaîner à toute vitesse même si on atteint les 40 minutes d’écoute. Jeopardy est rythmiquement tendu et il ne laisse pas de répit, ce qui n’empêche pas ses compositions de laisser une marque qui reste bien longtemps après l’écoute du CD.

Chaque titre semble avoir sa personnalité. Les différents instruments trouvent tous leur place dans cet album, sachant très bien se mettre en avant ou rester en retrait si la composition s’y prête. Des morceaux comme « Missiles » ou « Words Fail Me », sont agréablement construits et on se surprend à siffloter la mélodie de saxophone du dernier. D’autres morceaux participent à l’ambiance, telle que l’entrée en matière : « I Can’t Escape Myself ». Le synthétiseur sinistre pose tout de suite le décor. L’album se clôture aussi bien qu’il avait commencé avec les deux titres les plus sombres et les plus atmosphériques de l’album, « Unwritten Law » et « Desire ».

Ce disque, bien que réédité peu de temps après la mort d’Adrian Borland en 1999, reste assez rare, (notons au passage que la réédition comprend un EP de 4 titres live : « Live Instinct »). Cette rareté s’explique sans doute par le fait que The Sound ne rencontrera jamais le succès de groupes comme U2 ou Echo and the Bunnymen. Il est cependant évident que Jeopardy a capturé, en 1980, un son qui sera imité par des groupes tels qu’Interpol, Bloc Party, The Editors et bien d’autres.

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