The Red Crayola "The Parable of Arable Land" (1967)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

International Artists, petite maison de disques aventureuse, avait sans le savoir réuni deux des groupes les plus cultes du psychédélisme en signant à la fois Red Crayola et les 13th Floor Elevators, qui allaient forcément devenir des proches, tant leur isolement au sein de ce sud américain rétrograde et primaire était en décalage avec leur musique, pourtant salement amochée par le soleil local. Ce qui ne signifiait pas qu’il n’y avait pas un public pour ces bargeries en cette incroyable période 67-68 : l’album se vendra tout de même à 2200 exemplaires à New York ! L’effet « Silver Apples » ?

Comme son patronyme semble l’indiquer, Red Crayola se veut un retour à la spontanéité et à l’inconscience de l’enfance. Dans un élan communautaire bien typique des idées hippie de l’époque, le groupe avait formé autour de lui une joyeuse suite d’une cinquantaine d’âmes nommée The Familiar Ugly, qui se voyait chargée de jouer tout ce qui lui passait par la tête avec tout ce qui lui tombait sous la main. Tout ce beau monderéuni en studio enregistra l’album en une prise, les improvisations étonnamment poétiques se superposant et se mêlant indéfiniment aux morceaux en eux-mêmes, tandis que le groupe se repose quelques minutes entre chaque chanson, laissant The Familiar Ugly faire du bruit avec moult ustensiles non-musicaux… Ces interludes impromptus sont appelés des Free Form Freak Out. Ça peut faire penser au premier Frank Zappa, et on n’en est pas si loin, même si il faudrait y ajouter une bonne dose d’amateurisme garage qui allège le côté farouchement expérimental, ainsi que certaines similitudes avec les meilleurs moments du Jefferson Airplane dans la couleur harmonique de certains morceaux, aussi étonnant que cela puisse paraître. Le morceau titre semble également improvisé, et semble raconter la naissance de la vie dans quelque grotte humide et préhistorique.

Beaucoup de musiques expérimentales, qu’elles soient lo-fi, noise, indus ou tout simplement improvisées, sont annoncées ici, à commencer par la trop méconnue scène “houston noise”, qui engendrera également Jandek… De toutes façon le Texas a toujours été le bastion des plus beaux cramés du bulbe du rock (Butthole Surfers, Lift to Experience…)

Le son est plutôt mauvais, ce qui cache un peu le potentiel psychédélique de certains morceaux, comme le quasiment Space Rock (c’est pas du phasing qu’on entend, là ?) Hurricane Fighter Plane, digne du Floyd Barettien le plus déjanté, et sur lequel Rocky Erikson (le chanteur des 13th floor elevators, qui fait également partie du Familiar Ugly), joue le solo d’orgue qui serpente façon Richard Wright.

Après cet album pourtant déjà parfaitement barré, le Red Crayola se verra refuser par International Artists (qui craignaient peut-être les autorités après l’affaire Erickson ?) la parution de son deuxième album, édité depuis en cd.

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Voir un livre sur les 13th Floor Elevators et Red Crayola

Red Crayola – Parable of Arable Land by Dariev Stands on Grooveshark

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