Miranda Sex Garden "Fairytales of slavery" (1994)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

La récente mode des chanteuses ethérées le confirme (Chelsea Wolfe, Glasser, Zola Jesus…), la dreampop légèrement gothique du label 4AD des années 80 revient à la mode, tel le désormais bien connu chewing gum lynchien.

Cocteau Twins et Slowdive seraient-ils en passe de devenir les nouvelles marottes d’une génération de chanteuses brumeuses et boudeuses ? Puissent-elles alors s’inspirer de Miranda Sex Garden. Ce groupe exclusivement féminin a démarré sa carrière dans un style strictement “heavenly”, à la Dead Can Dance, en reprenant des madrigaux du moyen-age dans une ambiance troublante. Leur virage plus “rock”, opéré avec cet album, est plus unique encore.

L’ajout de guitares et d’une batterie épileptique nous amène aux confins du shoegazing, sauf que la (fausse ?) candeur des années 80 est passée : Fairytales of Slavery est un disque de perte d’innocence et de plongée dans l’inconnu. Sur ces 13 titres, produits par Alexander Hacke (d’Einsturzende Neubauten), les 4 gorgones soufflent le chaud et le froid… A ce titre, il faut écouter Fly, deuxième chanson, très fort et ce dès la première écoute. Effet garanti. Dommage qu’elle n’ait pas été l’ouverture du disque, mais il faut reconnaître que Cut est un morceau diablement efficace, dans un registre très Siouxsie. Suit Havana Lied, reprise de Kurt Weill, qui ne nous rassure guère avant Wooden Boat, longue dérive hantée et inquiétante. Les ambiances fantomatiques à la Jane Eyre ont tôt fait de reprendre le dessus, entretenant la confusion très british entre romantisme féminin et psychose létale.

Eros & thanatos se comptent fleurette, sans que jamais la tension ne retombe, même quand les filles retournent à leurs madrigaux sur The Monk Song, qui, comme son nom l’indique est un hommage transparent à la compositrice Meredith Monk. La chanson-titre est peut-être la plus belle pièce, mariage d’un rock sombre et ouvragé à un violon obsédant, terminant l’album sur un decrescendo superbe.

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