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Wim MERTENS “Jérémiades” (1995)

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - Modifié le 09/02/2024 par Civodul

Les CD de Wim Mertens, compositeur belge (né en 1953), se classent à la bibliothèque dans la rubrique "inclassable". Son style multiple s'étend du classique à l'avant-garde mais essentiellement dans une veine minimaliste.

Il est d’ailleurs musicologue et fin connaisseur de l’école minimaliste américaine. Compositeur, Mertens est également son propre interprète : il joue principalement de trois instruments : du piano, souvent, de la guitare, rarement, et de sa propre voix, conçue comme instrument. Il a signé la bande originale de plusieurs films (dont “le Ventre de l’architecte” de Peter Greenaway) et ses compositions ont été souvent reprises pour illustrer des publicités. Preuve, si besoin était, que sa musique possède un fort pouvoir évocateur.

Dans l’album “Jérémiades”, qui constitue le cinquième album du cycle piano et voix, l’artiste est seul. Il s’y empare du thème des Lamentations de Jérémie, sans toutefois en adopter le texte latin. Les Lamentations, anonymes, sont issues de l’Ancien testament. Le narrateur y déplore la destruction par le Roi de Babylone, Nabuchodonosor II, de la cité de Jérusalem, expression du châtiment divin pour les péchés du peuple.

La partie de piano, qui constitue l’essentiel de l’album, n’est pas sans évoquer les pièces d’inspiration ésotérique de Hartmann et Gurdjieff, mystérieuse, nostalgique et envoûtante, généreuse en mélodie et flottant pourtant dans ce riche dénuement propre aux compositeurs minimalistes. La voix, un falsetto de modeste ambitus, intervient peu et suggère beaucoup. Ses volutes mélismatiques répétitives distillent une plaintive cantillation, obstinée et hypnotique. Le temps, libéré de la pendule et du métronome, se distend, se dissout, le magnétisme opère.

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