A redécouvrir

Philippe FENELON : Dix-huit madrigaux (1996)

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - Modifié le 27/01/2024 par GLITCH

Apparu en Italie au XIVè siècle, puis tombé dans l'oubli, le genre vocal du madrigal connaît de 1550 à 1650 environ une nouvelle floraison extraordinaire...

Poésie chantée et polyphonie resserrée (de 4 à 6 voix), le madrigal est un genre aussi littéraire que musical. Il offre à l’idéal du retour aux sources littéraires qui marque la Renaissance son véhicule musical. Dante ou Pétrarque pour les anciens, Le Tasse ou L’Arioste pour les contemporains constituent le matériau dont s’empareront Luzzaschi, Willaert, Monteverdi ou Gesualdo, pour ne citer que quelques illustres.

Le madrigal est le lieu de jeux et d’expérimentations inédites pensées au service du texte. Combinaisons vocales variées, distension du tissu polyphonique, individualisation des voix, emploi de dissonances et de chromatismes… Tous ces moyens sont destinés à rendre les « affects » du poème, encore rehaussés par l’introduction d’instruments… Le madrigal prépare en un sens l’éclosion de l’opéra.. et disparaîtra complètement au milieu du XVIIè siècle.

C’est à cette tradition que Philippe Fénelon va puiser pour ses Dix-huit madrigaux sur des fragments des Elégies de Duino, de R.M. Rilke.
A un effectif « classique » à 5 voix, Fénelon ajoute un contre-ténor qui élargit le spectre sonore vers les hauteurs de l’ange du poème. Ponctuellement, un trio de cordes et un théorbe donnent à ces voix tournées vers le ciel un reflet terrestre.

Ainsi renouvelé, l’art du madrigal est magnifié par ces compositions. Le langage du compositeur épouse à merveille le modèle ancien qui renaît ici dans une modernité virtuose et naturelle. Méditatives, tourmentées, solaires ou élégiaques, ces pièces renouent avec le raffinement du madrigal, sa sensualité harmonique et son éloquence. Elles font comme un écho contemporain aux chefs-d’oeuvre de Monteverdi.

Les voix subtiles des « Jeunes solistes » de Rachid Safir animent ces pièces dans un équilibre parfait entre ombre et lumière. Une invitation à redécouvrir toute la richesse combinatoire et expressive du madrigal, qui sonne comme un lointain parent vocal du quatuor à cordes.

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