À redécouvrir

David Axelrod “Song of Innocence” (1968)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

David Axelrod est un compositeur, producteur et arrangeur né sous le soleil éclatant de Los Angeles dans les années 30. Pour autant sa contribution à l'histoire de la musique populaire contemporaine est restée dans l'ombre pendant plusieurs décennies avant la redécouverte de son œuvre dans les années 90 grâce au milieu rap et au label Mo'Wax.

Embauché comme producteur et arrangeur chez Capitol au milieu des années 60, Axelrod commence par souffler au label qu’il serait de bon augure de grossir le catalogue en artistes noirs. Il donnera ainsi à la maison de disques quelques tubes soul et jazz en travaillant avec Lou Rawls et Julian « Cannonball » Adderley.
En 1968 il produit deux albums du groupe Electric prunes « Release of an Oath » et « Mass in F minor » : une messe en latin à l’ère du psychédélisme.
Le mystique traverse l’œuvre et la vie d’Axelrod et la même année il se lance sous son nom dans la réalisation d’un dyptique à la gloire du poète William Blake : “Song of Innocence” et “Songs of Experience”.

“Song of Innocence” s’ouvre sur deux notes de cordes stridentes et tendues. On ne sait pas encore ce que l’on écoute. De l’espace, un temps… puis vient le groove incomparable tout en roulements de caisse claire délicats et lignes de basse ondulantes des légendaires soldats de l’ombre que sont le batteur Earl Palmer et LA bassiste Carol Kaye. On pense alors immédiatement au Melody Nelson de Jean Claude Vannier (et Serge Gainsbourg), tant ces deux compositeurs ont l’air d’enregistrer avec la même importance les parties rythmiques comme une toile de fond, des schémas scénaristiques.
Axelrod nous ballade au gré des ambiances contrastées, des cassures mélodiques et l’on se réfère aux musiques des films de la blaxploitation ou à une sorte de rock acide et grandiloquent mais ces catégorisations ne tiennent pas.
“Song of Innocence” nous fait découvrir tout le génie d’Axelrod : la création d’un crossover parfait entre le groove syncopé et « breaké » de la musique noire américaine et des orchestrations baroques et cinématographiques tout à la fois sombres et pleines d’espoir.

Le monde du rap et du trip hop des années 90 ne s’y est pas trompé et a trouvé dans les arrangements d’Axelrod une matière, un écrin sur lesquels poser textes ou tessitures sonores d’un tas de sentiments complexes. Faites un tour sur le site Who Sampled : du “Midnight in a Perfect World” de DJ Shadow à la mélancolie de Portishead en passant par le “Next épisode” de Dr Dre, David Axelrod est partout, tel un jalon, un passeur discret mais capital.

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