Clifford Thornton Quartet “The Panther And The Lash” (1971)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Le label parisien America est l’un de ces indispensables labels qui mènent un combat contre l’oubli, et cette belle réédition au livret bien documenté et tapissée des œuvres du peintre Jérome Witz (né l’année de la sortie de ce disque) en est l’illustration.

Devenu introuvable, ce Panther and the Lash est l’un des rares albums que le multi-instrumentiste de free jazz Clifford Thornton aura laissé, avant de se voir refuser l’entrée en France par la douane, car soupçonné d’être membre des Black Panthers. C’est que l’homme incarne un peu le symbole de cette époque tourmentée et utopique, où le free jazz américain se réfugie à Paris pour continuer dans la radicalité la lutte des droits civiques. C’est donc sur dans les studios de la maison de la radio ORTF que Thornton enregistrera, en live, ces 7 titres, qui allient tension palpable et célébration des origines africaines, message politique et pur abandon musical… Il s’agit pourtant d’un des disques les plus accessibles du genre, la trompette ayant un timbre moins volatile que le saxophone, et les percussions et instruments africains contrebalançant les envolées lyriques, surtout concentrée dans le flamboyant diptyque d’ouverture, composé par Thornton.

Les 3 morceaux suivants sont de courtes pièces composées par le pianiste François Tusques, au jeu solide « en escalier », toujours foisonnant, comme cette tellurique section rythmique. Les titres font directement écho aux slogans de l’époque, tel ce « Tout le pouvoir au peuple » asséné par Lennon qui aura traversé l’atlantique en sens inverse, lui, en quête d’une cause à défendre. Et c’est sans transition (tous les morceaux s’enchaînent en fondu, comme une fresque), que l’album s’achève sur 2 titres plus apaisés et mélodiques, qui ne sont autres que des airs traditionnels d’afrique de l’ouest et de Tunisie, ramenés d’un voyage aux côtés d’Archie Shepp, dixit le livret. Une volonté d’union des couleurs, donc, puisque le groupe contient en sus de l’américain un Jamaïcain et 2 français. A ceux qui auront aimé, on conseille bien sûr l’écoute des autres rééditions du label America, comme le tout aussi rare disque de Frank Wright, plus compact, difficile et Coltranien

Voir dans le catalogue

Partager cet article