A redécouvrir

ARTHUR RUSSELL – Love is overtaking me

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Une star (quasi) inconnue à la croisée de toutes les musiques, à (re)découvrir à partir d'une compilation qui montre son aspect le plus accessible...

On commence à en savoir beaucoup sur Arthur Russell : violoncelliste, homo, bouddhiste, compositeur de disco d’avant-garde et musicien minimaliste… presque un  Talking Heads. Tout est vrai. Si vous êtes à la recherche de nouvelles idoles, Arthur Russell est le client idéal, votre homme. Depuis quelques temps, on l’aperçoit dans la presse musicale (et ailleurs que dans The Wire), une casquette vissée à sa gueule d’éternel ado (il est mort à 40 ans, à N.Y.C. en 92 mais on ne dira pas de quoi) avec un violoncelle qu’il tient avec la même décontraction qu’un rocker accroché à sa guitare. A star is reborn…

Passage bio obligatoire pour éclairer la dévorante curiosité, l’absolue passion pour la musique d’Arthur Russell et ses répercussions sur des musiciens actuels de tous horizons. Né dans l’Iowa, gamin il joue de la guitare et du violoncelle (son instrument de prédilection). Il déménage à San Francisco pendant le « Summer of Love », poursuit sa formation musicale au conservatoire tout en s’initiant aux codes de la musique hindouiste, se rapproche d’Allen Ginsberg, goûte à l’expérimentation musicale. Arrivé sur cette terre en ébullition qu’est New York au milieu des années 70, Arthur Russell fera le grand écart entre la scène minimaliste de Philip Glass et avant-gardiste de Rhys Chatham, produira des tubes disco exigeants dans les fameux studios Blank Tapes, collaborera avec David Byrne et John Hammond, producteur de musiques « populaires » (Dylan, Cohen, Springsteen…) s’il en est.

Vorace mais éminemment productif, Arthur Russell a laissé des centaines d’heures d’enregistrements derrière lui. Le label Audika depuis le milieu des années 2000 nous donne à découvrir la richesse de ces trésors multiples. Le culte prend sans doute naissance à partir de 2004 entre la réédition de « World of echo », (un bijou d’ambient méditative orné des résonances de l’instrument et de la voix de Russell) et la parution de « The world of Arthur Russell », compilation éditée par Soul Jazz privilégiant la facette disco du musicien.

« Love is overtaking me » autre compilation, sort en 2008 et regroupe des titres écrits entre 1973 et 1990. On y découvre un Arthur Russell songwriter, pop voire mainstream (à savoir un mainstream de haute voltige, produit par Hammond) loin de l’étiquette artiste avant-gardiste, expérimental…difficile (?). Les 21 titres qui composent cet album sont autant de perles de parfaites folk-country songs (on pense souvent à la délicatesse de John Martyn), de morceaux empreints d’Americana, ou de tubes instantanés comme l’indiscutable « what it’s like ». Plus loin « habit of you » et ses airs très « Fleetwood Mac » aurait pu se hisser haut dans les charts à l’été 1980. Mac Demarco a cité Russell comme une influence primordiale, il faut dire que tous deux partagent la même aisance pour façonner des pépites pop de moins de 3 minutes (Janine). Ariel Pink a dû aussi prêter une oreille attentive aux arrangements de Russell, effets synthétiques ici ou là qui conduisent au dancefloor, un cocktail à la main (le sensationnel « your motion says »). A l’écoute de cet album, on mesure le talent de cet astre-musicien qui nous fait traverser 30 ans de musique américaine avec une sincérité désarmante.
“L’amour me rattrape”, un superbe titre presque ironique et une formule évidente tant il est facile de s’amouracher de cet homme.

 

 

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