Le naufrage de La Méduse

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 20/06/2016 par Silo moderne

Juillet 1816. Une escadre française vogue vers le Sénégal. Le principal navire, la frégate la Méduse, qui longe de trop près les côtes de Mauritanie, s'échoue sur un haut-fond. Des groupes de passagers rejoindront Saint-Louis soit par mer, soit, au prix de nombreuses pertes, à marches forcées à travers le Sahara. Mais cent quarante-sept hommes sont abandonnés sur un radeau...

Le Radeau de la Méduse
Le Radeau de la Méduse
Ils vont dériver pendant quinze jours. Faim, soif, délires, mutineries, massacres, liquidation des blessés et des mourants, cannibalisme, en quelques jours cette petite société se transforme en une horde d’une sauvagerie sans égale. Lorsqu’on retrouve le radeau, il ne reste que quinze hommes à bord.
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Le naufrage de la Méduse par deux rescapés par CORREARD et SAVIGNY, Ed. Cartouche
Publié en 1817, quelques mois seulement après le fameux naufrage de La Méduse, ce récit extraordinaire écrit par deux rares survivants fit scandale et connut un immense succès. La mise en cause des officiers du vaisseau et le ton du livre le firent censurer par le gouvernement de l’époque. Corréard et Savigny racontent dans cette tragique épopée la vie sur le radeau, la soif, la faim, la colère, qui poussèrent quelques désespérés au cannibalisme.

L’affaire de la Méduse : le naufrage et le procès de Philippe MASSON, Spécialiste d’histoire maritime, Tallandier
Le naufrage de la Méduse, le 2 juillet 1816 au large du Sénégal, semble être un drame de la mer comme il en arrive tant. Mais le Journal des débats révèle bientôt que ses rescapés (150 environ) qui ont pris place sur un radeau de fortune, se sont entretués et entredévorés. Les survivants qui ont pu toucher terre ont encore effectué un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers le désert. L’effet est immédiat. A l’horreur succède l’indignation, et les passions, politiques s’embrasent. Le commandant de la Méduse, Duroy de Chaumareys, est un officier de l’ancienne marine royale rentré d’émigration. A travers la mise en cause de ses compétences et de son comportement, c’est la Restauration qui est attaquée et avec elle tous les cadres d’Ancien Régime revenus aux affaires. L’opinion publique surchauffée par la presse fera le reste, la France divisée mettra plus de dix ans à « digérer » l’histoire de la Méduse…

Les naufragés de la Méduse / Jacques Olivier-Boudon

Le récit des rescapés bouleverse et divise la France de la Restauration. À travers la mise en cause du capitaine, dont l’incapacité est avérée, c’est le gouvernement lui-même qui est attaqué. Mais, au-delà de cette dimension politique, les Français découvrent avec stupeur et horreur cette aventure tragique et macabre qui touche les replis les plus sombres de l’âme humaine.
Les souvenirs des guerres de l’Empire rejaillissent. La catastrophe de La Méduse, immortalisée par le peintre Géricault au salon de peinture et sculpture de 1819, permet d’exprimer un indicible refoulé pendant quinze ans. Reprenant, à partir des récits des témoins et d’archives inédites, le déroulement du naufrage et de ses suites, l’auteur emprunte les détours romanesques de l’aventure des naufragés et explore les profondeurs d’une société marquée par un quart de siècle de violences de guerre.

La chaumière africaine ou Histoire d’une famille française jetée sur la côte occidentale de l’Afrique à la suite du naufrage de la frégate La Méduse, par Charlotte-Adelaïde DARD, L’Harmattan
Charlotte-Adelaïde Dard (1798-1862), née Picard, est l’une des seules femmes à avoir survécu au naufrage de La Méduse en 1816. Son récit, composé de scènes sentimentales et personnelles, de relations de faits historiques et politiques et de descriptions géographiques et anthropologiques, donne également une idée des conditions de la colonisation au Sénégal au début du XIXe siècle.

 

Le peintre Géricault est l’auteur du célèbre tableau représentant le naufrage : “Comme le suggère déjà Michelet en 1848, ce chef-d’œuvre pourrait être lu comme une véritable allégorie de la France, celle de la Restauration, mais encore et surtout comme une allégorie des idéaux républicains (liberté, égalité, fraternité), de la première abolition de l’esclavage (celle de 1794), de la fraternité des peuples et du métissage”.

Naufrage et tableau continuent d’inspirer les écrivains

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Le Radeau de la Méduse par François WEYERGANS, éd. Gallimard
Antoine prépare un film sur le “Radeau de la Méduse”, le tableau de Géricault. Le livre s’ouvre sur le récit du naufrage de la frégate “La Méduse” et l’extraordinaire aventure des rescapés. Mais le drame véritable c’est celui d’Antoine partagé entre les exigences du travail et les histoires qu’il se raconte

Le nègre et la Méduse par Martine LE COZ, éd. Serpent à plumes
Au XIXe siècle, cent cinquante hommes sont abandonnés sur un radeau après le naufrage de la frégate française la Méduse. L’un d’entre eux, le Nègre Alpha, grâce à son humilité et sa grandeur d’âme, parvient à sauver quinze des survivants. Episode auquel le peintre Géricault a rendu hommage tout en affirmant son engagement pour l’abolition de l’esclavage.

La malédiction de la Méduse par Erik EMPTAZ, éd. Grasset
Récit d’aventures, sur l’âme humaine en proie à la folie, et au désespoir, ce premier roman réécrit l’histoire du naufrage avec force et violence.

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