Une société de l’innovation

- temps de lecture approximatif de 32 minutes 32 min - Modifié le 23/06/2016 par Gadji

La Bibliothèque municipale de Lyon programme du 5 novembre 2013 au 1er mars 2014 une série d'évènements qui parlent des révolutions industrielles en Rhône-Alpes à travers les domaines des pôles de compétitivité : le textile (Techtera), la chimie (Axelera), la plasturgie (Plastipolis), l'automobile et les transports (Lyon Urban Trucks and Bus), les biotechnologies (Lyonbiopôle), et l'image-cinéma (Imaginove). Expositions et rencontres sont regroupées sous le label Une Fabrique de l'innovation.

Innovation
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Le concept d’innovation s’est progressivement diffusé au sein de la société, à tel point qu’il semble aujourd’hui incontournable. Solution à la crise quel que soit le domaine, véritable idéal à atteindre, l’innovation devient même une nécessité pour l’entreprise, qui a le choix entre innover ou décliner.
Le sociologue Gérald Gaglio en donne une définition bien différente dans son ouvrage Sociologie de l’innovation, paru aux Editions des Presses universitaires de France en 2011 : l’innovation y est envisagée comme un processus que l’auteur décortique. En effet reliée à des représentations sociales la plupart du temps positives, « l’innovation c’est le cheminement sinueux, incertain, par lequel un objet passe du stade de l’idée à celui de la confection, pour être ensuite diffusé massivement, en passant par ses transformations ou ses déclinaisons ».

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Sans prendre position quant au bien fondé de l’innovation, Norbert Alter, sociologue des organisations, pose la question autrement dans L’innovation ordinaire, paru aux PUF en 2010. Il considère « qu’à l’intérieur des entreprises l’innovation repose sur le développement simultané des forces de destruction et de création ». L’innovation n’est pas liée à un moment ou à une activité spéciale, elle devient un mouvement permanent qui mobilise l’ensemble des acteurs de l’entreprise, un flux permanent donc, pouvant engendrer des tensions. En analysant ces tensions, l’auteur redéfinit l’innovation, précise la distinction entre innovation et invention et étudie ce qui fait tenir les entreprises dans ces transformations.

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A rebours du discours ambiant, Frédéric Gaillard critique, lui, de manière virulente l’innovation, en analysant le cas de Grenoble, « cité de l’innovation », dans son dernier ouvrage Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, paru aux éditions de l’Echappée en 2013. En effet, la ville s’est construite sur cette notion d’innovation enfantée par le progrès, depuis Aristide Bergès et la houille blanche au 19ème siècle, qui voit l’essor de la liaison science-industrie-armée, jusqu’aux dernières créations des années 2000 comme Minatec, campus d’innovation pour les micro et nano technologies… . Sciences, industrie et pouvoir sont à Grenoble toujours étroitement liés. À titre d’exemple, l’auteur remarque que les hommes et femmes politiques grenoblois comme Hubert Dubedout, Michel Destot ou encore Geneviève Fioraso ont des formations de chercheurs ou d’ingénieurs…
Au-delà de l’exemple grenoblois, l’auteur pose la question de la valeur portée à l’innovation, et s’interroge sur sa réelle nécessité. Dans un monde où elle est perçue comme le remède à tous les maux, la « fille du dieu Progrès » n’est-elle qu’une nouveauté devenue source de valeur économique ?


Sommaire

1. Innovation en économie, Économie de l’innovation
Recherche et innovation en France
Innovation et territoires
Innovation et emploi

2. Entreprises : la grande vague de l’innovation

3. Innover pour éduquer : les défis de l’école
Quelles innovations pour les politiques publiques de l’éducation ?
Des initiatives innovantes

4. L’innovation : de l’idée à la confection

1. Innovation en économie, Économie de l’innovation

Tandis que les contraintes budgétaires se resserrent, en France comme ailleurs, la recherche et l’innovation demeurent des moyens privilégiées de préserver l’avenir et la croissance. L’Etat a voté de nombreux budgets pour dynamiser le système de recherche et d’innovation. Quant aux entreprises, leur effort s’accroît même si certains économistes pensent que tous ces investissements n’augmentent pas la productivité autant que les grandes inventions du passé, de la révolution industrielle aux Trente Glorieuses.
L’économie de l’innovation étudie, elle, les relations entre les grandeurs économiques et l’innovation. Ainsi, les théoriciens de cette discipline se posent les questions suivantes : quelle est l’influence de l’innovation sur la compétitivité des entreprises, des pays et sur les structures des marchés, l’emploi et la croissance ?

Pour introduire ce sujet, 3 ouvrages sur l’économie de l’innovation :

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Economie de l’innovation, Dominique Guellec, La Découverte, 2009
L’auteur, dans ce livre qui est une excellente introduction à l’économie de l’innovation, retrace les différentes facettes du « progrès technique » tant du point de vue microéconomique que macroéconomique et consacre un large chapitre à l’intervention publique en matière d’innovation. Effectivement, dans un monde affaibli par les successions des crises financières et dans un contexte de mondialisation où les économies émergentes ont une influence sans cesse grandissante sur le marché mondial, l’innovation est plus que jamais un gage de compétitivité qui permet de développer une résistance aux chocs internationaux.

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Economie et prévision, n° 197-198 : Firmes, marchés et innovation, sous la direction de Claire Waysand, Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, 2013
Les différentes contributions qui composent ce numéro sont représentatives de l’évolution récente de la recherche sur les liens entre firmes, marchés et innovations. Les divers intervenants analysent l’impact des nouvelles réglementations sur l’innovation et les marchés. Un large article est consacré à Oséo, acteur majeur du soutien au financement des entreprises.

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Quels sont les enjeux représentés par les éco-innovations et quels sont les mécanismes qui en permettent l’émergence et la diffusion ? Les auteurs de L’éco-innovation au prisme du développement durable : regards et contributions des sciences sociales, publié chez L’Harmattan en 2013, Amélie Coulbaut-Lazzarini et Sophie Nemoz, tentent d’élaborer des théories économiques qui permettraient de proposer de nouveaux modèles en faveur de la croissance verte. L’ éco-innovation se définit ainsi comme la production, l’assimilation ou l’exploitation de la nouveauté dans les produits ou les méthodes managériales, avec pour objectif, tout au long de leur cycle de vie, de prévenir ou réduire les risques environnementaux, la pollution et les autres impacts négatifs liés à l’utilisation des ressources naturelles. Cet ouvrage a le mérite de traiter d’un sujet, porteur d’avenir et hélas peu traité dans le monde de l’édition.

Le manuel de référence sur l’innovation en Europe se nomme le manuel d’Oslo : c’est une sorte de catalogue de références et de mesures autour de l”innovation en Europe, agrémenté d’enquêtes. Il s’agit de la principale source internationale de principes directeurs en matière de collecte et d’utilisation d’informations sur les activités d’innovation dans l’industrie. Il est utile aux décideurs et aux analystes afin de mieux les orienter dans leurs investissements.

Recherche et innovation en France

Dans « l’œil de la crise », la France se doit de réagir et d’innover, au risque d’être reléguée au second plan dans la compétition scientifique mondiale. L’innovation est donc essentielle au maintien du rang de la France dans la bataille économique mondiale, et de facto à la garantie du niveau de vie de ses habitants et la préservation de son modèle social pour les dix prochaines années.
En 2011, L’Hexagone se place dans les trois ou quatre premiers pays pour ces critères, derrière l’Allemagne et la Suède notamment (La France bien placée dans la course à l’innovation, Techniques de l’ingénieur, 28/6/2011). Cette bonne place est confirmée par un récent classement établi par Reuters : en 2013, la France occupe le 3ème rang des 100 nations les plus innovantes, derrière les Etats-Unis et le Japon, ce qui en fait le champion d’Europe de l’innovation ! (La France championne de l’innovation, Challenges, octobre 2013). Ce classement tient compte des brevets déposés, du nombre de ceux finalement acceptés, leur portée internationale et leur notoriété. L’étude permet ainsi de mesurer la qualité et la quantité des brevets.

Dernièrement également, l’international a reconnu la qualité et la quantité des brevets français, comme en a témoigné en janvier 2014 le Consumer Electronics Show de Las Vegas, plus grand salon de l’électronique au monde, au sein duquel la France, à travers les nombreuses sociétés start-up, a été largement remarquée dans le domaine des innovations connectées, telles que l’éco-innovation, le développement durable, la silver economy mais aussi la domotique, secteur en pleine croissance. Ainsi, Gary Shapiro, organisateur du CES, a salué “la présence massive et la qualité de l’innovation française”.

Le dossier 3081 de Problèmes économiques traitant de l’innovation aujourd’hui, se consacre autant à la créativité qu’à la recherche sur l’innovation, deux sources de valeur pour l’entreprise qu’il convient de ne pas confondre. Problèmes Economiques dresse un tableau plus pessimiste des retombées de l’innovation. Ainsi, le ralentissement général de l’économie et l’approche exclusivement financière de la gestion des entreprises a conduit à enrayer la machine à innover. Au cours de la dernière décennie, les entreprises n’auraient ainsi réinvesti dans l’innovation qu’un tiers du capital qu’elles y consacraient à la fin du XXe siècle. Malgré tout, le dossier s’achève sur une note optimiste : l’innovation reste le vecteur le plus fiable pour sortir les entreprises de l’ornière et reconquérir la notoriété industrielle de la France.

Pour reconquérir cette notoriété, la Ministre du Commerce Extérieur, Nicole Bricq n’a pas hésité à se rendre au Forum Mondial des énergies renouvelables d’Abu Dhabi, accompagnant ainsi les entreprises en quête de contrats. Parmi elles, une petite entreprise innovante Ecoplage, spécialisée dans la lutte contre l’érosion des sables. Cette dernière a obtenu plusieurs contrats pour stabiliser les plages naturelles et artificielles, nombreuses dans ce pays. La France a vu ses exports dans cette région diminuée de trois pour cent, concurrencé par la Chine. D’ où la nécessité de montrer sa présence et d’avoir une politique courageuse dans une région où les pays du Sud de l’Europe ont déjà une politique de vente tenace.

La plateforme Futuris assure un suivi du système français de recherche et d’innovation (SFRI) dans son environnement international et explore ses évolutions. Elle diffuse ses analyses et ses recommandations en direction des décideurs publics et privés et publie chaque année un ouvrage de référence. Le dernier en date, La recherche et l’innovation en France, sous la direction de Jacques Lesourne et Denis Randet publié en 2013 chez Odile Jacob, présente la synthèse des évolutions techniques enregistrées en 2012 en matière de recherche-développement en France et en Europe.

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Les écoles d’ingénieurs constituent également un creuset de l’innovation française.
Le Think Tanks de l’Association des Centraliens, usine à produire de la réflexion et à apporter des solutions, s’est penchée en 2011 sur ce thème. L’ouvrage issu de cette réflexion, 8 priorités pour dynamiser l’innovation en France, (Think Tank Innovation : Association des Centraliens, Armand Colin, 2011), fait émerger huit priorités pour renforcer l’innovation et permettre ainsi à la France de demeurer une grande puissance économique. L’intérêt de cet ouvrage, est de s’appuyer sur l’expérience de Centraliens de toutes générations, travaillant dans le monde entier. On y retrouve entre autre la nécessité de développer cette fameuse culture de l’innovation qui nous manquerait, de renforcer les liens entre les universités, les centres de recherche et les entreprises, de mieux financer l’innovation à l’amorçage, ou encore de doter la France d’une ambition industrielle affirmée. Parmi les propositions concrètes, les centraliens citent la création de ” bons pour l’innovation ” sur le modèle allemand et hollandais, la limitation contractuelle à quinze ans des carrières des chercheurs en recherche publique, ou encore l’intégration systématique de chercheurs/ ingénieurs/docteurs d’origine étrangère pour brasser les cultures et renforcer la visibilité internationale des équipes de recherche françaises.

L’État et les collectivités territoriales sont également des acteurs essentiels de l’innovation française car ils impulsent et coordonnent de grands projets, à l’image d’Airbus pour les plus grands mais aussi bien d’autres qui change notre quotidien. Car souvent, l’innovation surgit aussi de manière imprévisible du bouillonnement d’idées dans des écosystèmes dynamiques que les pouvoirs publics encouragent.

De nombreuses études permettent d’identifier quelques grandes tendances d’évolution du monde et de la société en 2030. Il est probable que les pays émergents seront en 2025 à la fois investisseurs à travers leurs fonds souverains, consommateurs avec une convergence progressive des niveaux de vie avec ceux des pays occidentaux et innovateurs avec notamment une population d’ingénieurs et de créateurs en expansion. Dans ce contexte d’innovation à l’échelle mondiale de plus en plus compétitive, les pouvoirs publics français doivent se mobiliser.
Tel est le propos du Rapport public de la commission innovation 2030 : instaurée par le Président de la République, la commission a sélectionné un nombre limité de défis industriels qui sont susceptibles d’occuper une position de leader à l’horizon 2030.

Ce document présente sept ambitions pour la France sur le plan technologique et industriel à l’horizon 2030 : le stockage de l’énergie, le recyclage des matières, la valorisation des richesses marines, les protéines végétales, la médecine individualisée, la silver economy (l’économie des seniors) et la valorisation des données massives (Big Data).

Innovation et territoires

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Les pôles : réseaux d’excellence et d’innovation, Jean-Sébastien Scandella, KPMG, 2008
En terme d’innovation, les pôles de compétitivité aident à repositionner les entreprises françaises sur la scène économique internationale. En favorisant les échanges entre les entreprises, les universités et les centres de recherche, les clusters doivent susciter l’envie d’innover dans tous les domaines technologiques et faire émerger de nouveaux leaders sur des secteurs nationaux.
L’auteur présente les 71 pôles français et explique les raisons de leurs succès en faisant témoigner de nombreux chefs d’entreprise.

L’innovation, un enjeu majeur pour la France : dynamiser la croissance des entreprises innovantes, Ministère du redressement productif, Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 2013
Un rapport sur les enjeux de l’innovation en France publiques et privées, innovateurs, entrepreneurs, présidents de pôles de compétitivité, capital-risqueurs, dirigeants d’OSEO et de CDC Entreprises, a été constituée. Ils ont nourri de leur expérience le contenu de ces recommandations. Dans le même temps, des contributions ont été demandées aux régions car l’innovation est ancrée dans les territoires. C’est le fruit de ce travail collectif qui est présenté dans ce document.

Innovation et emploi

Dans les perceptions que nous avons de l’évolution des sociétés modernes, l’innovation est le plus souvent associée aux nouvelles technologies et objets techniques qui transforment notre quotidien, bouleversent les organisations et le contenu du travail, modifient les pratiques sociales et culturelles.
S’elle a pu etre synonyme d’un progrès associant croissance économique et bien-être social, l’innovation technologique ne garantit pas pour autant le progrès social : horaires plus longs et flexibles pour rentabiliser les équipements innovants, informatisation réduisant la pénibilité physique du travail mais a augmenté les exigences d’attention, de disponibilité, de responsabilité individuelle.

Si l’innovation est source de développement et de création d’emploi, elle peut avoir aussi des conséquences lourdes en termes de suppression d’emplois et de déstructuration d’organisations et d’appareils productifs. Nous sommes passés d’une « civilisation de la peine » où le travail physique dominait à une « civilisation de la panne » où les ouvriers sont devenus techniciens. Dans La Machine et le chômage, Alfred Sauvy montrait en quoi la mécanisation entraine des disparitions de poste de travail, substituant du capital au travail. Aujourd’hui, l’utilisation de l’ordinateur permet de rationaliser les tâches et donc d’en supprimer, et ce d’autant plus si elle s’accompagne d’une nouvelle organisation du travail.

Toutefois les gains de productivité dégagés par les procédés innovants peuvent aussi favoriser la création de pouvoir d’achat stimulateur de production et d’emploi. Les innovations de produits relancent alors le processus de production à travers les nouvelles formes de consommation…
Ces 2 mouvements contraires, création versus destruction d’emploi nous ramène à la notion de destruction créatrice de Schumpeter. Selon lui, l’activité économique oscille entre des phases de croissance et de dépression, ce qu’on nomme les cycles économiques. Or ce sont les grappes d’innovations qui caractérisent les phases de croissance, tout comme ce sont les secteurs innovants qui créent le plus d’emplois. En s’accumulant, elles améliorent donc la conjoncture et donc l’emploi.
LA création des « pôles de compétitivité » a été à l’époque par le gouvernement Villepin comme une action essentielle au retour de la croissance en France et, par conséquent, à la lutte contre
le chômage. Ces « pôles de compétitivité », qui visent à regrouper au même endroit des activités à fort contenu technologique dans le but de créer des effets de synergie, valident l’idée selon laquelle la réussite économique d’une Nation dépend de sa capacité à se spécialiser dans les activités à fort contenu technologique.

Mais l’innovation peut-elle aussi induire aussi des évolutions structurelles et qualitatives de l’emploi ?

« Apports des facteurs humains pour l’innovation : quelles tendances pour le futur ? », Le travail humain 3/2012 (Vol. 75), p. 225-227
Nous sommes entrés dans l’ère de l’objet communicant. Le clavier disparait au profit de l’usage direct des doigts. Les tables interactives (murs, sols, bornes) sont un des résultats de ces tendances. De nouvelles propositions d’évaluation ergonomique liées aux évolutions technologiques font donc l’objet de nouvelle recherche. Ce recueil apporte aux lecteurs quelques pistes de réflexion autour du travail numérique et les moyens ergonomiques à mettre en œuvre pour une meilleure adaptation aux outils numériques.

Sandra Enlart, Olivier Charbonnier.- A quoi ressemblera le travail demain ? : technologies numériques, nouvelles organisations et relations au travail, Dunod, 2013
Cette étude de prospective montre l’influence des nouvelles formes de travail et comment elles conditionnent le management des organisations. Il s’agit d’anticiper au mieux pour ne pas subir mais choisir ces changements. Ainsi, Internet, médias sociaux, réseaux sociaux, jeux vidéos, tablettes : Quelles seront les relations entre entreprises et salariés ? Quelles seront les lignes de partage entre vie personnelle et vie professionnelle ? Comment les pratiques de management s’adapteront-elles ? Quel sera notre rapport au travail et quels seront nos rapports de collaboration ? Les auteurs traitent d’un sujet crucial à l’heure où les innovations numériques bouleversent nos manières de travailler.

Le statut sacralisé de la technologie et donc de l’innovation dans une société de production et de consommation occulte trop souvent les aspects sociaux et organisationnels de l’innovation.

2. Entreprises : la grande vague de l’innovation

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Dès 2007, l’ouvrage Innovation agile ! Surfer sur la vague du changement évoque la nécessité de se montrer innovant pour faire face à la crise industrielle qui commence à s’installer. « L’innovation est au cœur de la guerre économique » affirment les auteurs. Longtemps imperméable à l’innovation mais aussi démunie face à un concept encore mal connu, la France connaît son premier Salon européen de l’innovation en 2005. Le désarroi ou le désintérêt laissent alors place à la fascination, toutefois mêlée de crainte : les entreprises françaises doivent se familiariser avec l’innovation et cesser de penser qu’elle « n’est pas pour eux ». Il leur faut savoir l’identifier – la R&D n’est pas sa seule origine – et la mesurer pour évaluer le plus justement possible ses performances et la valeur de son retour sur investissement. Innovation agile ! sera l’un des premiers « guides » sur l’innovation dans l’entreprise : il la sortira du strict secteur de la technologie et de l’industrie pour la mettre au service du commerce et répondre à la nécessité de s’adapter à un double mouvement : « des marchés de plus en plus concurrentiels, des clients de plus en plus versatiles. »

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Dans son livre Les secrets d’innovation de Steve Jobs, Carmine Gallo cite une étude de Booz & Company (2009) qui montre que la crise de 1929 a été suivie d’une période de grande innovation – qui a notamment vu naître la télévision, la photocopie, le rasoir électrique et la radio FM. La crise que traverse aujourd’hui l’Occident – qui se traduit notamment par sa désindustrialisation massive – a elle aussi conduit à mettre l’innovation au premier plan pour tenter d’y trouver un remède. Mais qu’est-ce que l’innovation ? Pour Carmine Gallo, « l’innovation est une façon nouvelle de faire des choses qui entraîne un changement positif », et, ajoute-t-il, qui « rend l’existence meilleure ». Il cite également Tapan Munroe qui distingue l’Innovation avec un « I » majuscule – Internet ou le code à barres – et l’innovation avec un « i » minuscule, celle qui contribue à l’amélioration du produit et de la productivité. Innover, c’est à la fois faire mieux pour le client et répondre aux nouveaux besoins du monde. « Think Different », le credo d’Apple, est le principe sur lequel repose toute sa stratégie : si quelque chose ne marche pas, il faut changer de méthode. L’innovation n’est pas l’invention, elle est plus proche de la créativité, celle que chacun peut mettre en œuvre, l’essentiel étant de bousculer ses modes de pensée habituels. Si Steve Jobs avait une vision élitiste de l’innovation – « l’innovation, c’est ce qui distingue le chef de file du suiveur » disait-il – les sept principes Apple identifiés par Carmine Gallo peuvent être suivis par tous : Faites ce que vous aimez, Ouvrez une brèche dans l’univers, Stimulez votre cerveau, Vendez du rêve, pas des produits, Dites « non » mille fois s’il le faut, Faites vivre une expérience à vos clients, Faites passer votre message.

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Le livre Stratégie océan bleu, dont la première parution en français date de 2005 et qui a bénéficié depuis de trois réimpressions (la dernière en 2013), vantait déjà l’innovation pour pouvoir quitter l’« océan rouge » de la concurrence féroce et rejoindre les flots bleus apaisés des territoires inédits à conquérir.
L’insolite, moteur d’innovation (2013) d’Anne Brunet-Mbappe n’est pas très loin du « décalage » de l’« océan bleu » : il s’agit désormais de susciter la consommation de produits inhabituels – le plus souvent des services ou des prestations – là où l’on ne peut pas se mesurer à la grande distribution et à ses produits standard – en grande partie matériels. Comme l’écrit l’auteur en introduction, « Pendant la crise, la créativité continue ». L’insolite est hors tendance et il se nourrit de cette originalité – entre drôlerie et ridicule, parfois. Un fast-food qui organise des repas de mariage, une société qui loue des chèvres pour tondre son jardin, une bibliothèque qui prête un chien (de compagnie) ou un charcutier qui fait du saucisson de poisson proposent des produits ou des services insolites qui, en décalage par rapport au marché conventionnel, tentent d’en déjouer la crise. Ces produits s’adressent en général aux particuliers, certains toutefois peuvent se situer à l’intersection du B to B, par exemple, des toilettes en carton pliables et recyclables, des poignées de porte utilisables sans les mains ou une consultation météo centrée sur la compétitivité. Le produit insolite peut répondre à un besoin, susciter la curiosité ou l’amusement, voire procurer du plaisir. Le crowdfunding, en français « financement participatif », a d’abord été une méthode de financement insolite. Le secteur du tourisme et des loisirs est gros producteur d’insolite : de l’agence de voyage pour chiens aux voyages pour personnes en deuil, de la nuitée en prison à la fabrication de poupée sosie d’un enfant, de la conduite d’un char de combat à la poussette de jogging… Ces services s’inscrivent dans le besoin de consommation tel qu’il a été inventé par la société du même nom.

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Si l’insolite revendique de se situer hors tendance, le rôle du « signal faible », c’est de permettre d’anticiper la tendance. C’est ce que défend depuis longtemps le spécialiste du signal faible en France, Philippe Cahen, qui publiait dès 2010 Signaux faibles, mode d’emploi : déceler les tendances, anticiper les ruptures. Il entretient aujourd’hui le site « Signaux faibles : Veille & Prospective » où il tient un blog et édite une lettre mensuelle. Tout évènement peut renfermer des signaux faibles ou forts, pour les individus comme pour les professionnels : la tempête Xynthia, écrit Cahen, a certainement été un signal fort pour l’assureur (interpellé en toute urgence), un signal plus faible pour le constructeur (qui aura le temps de repenser l’architecture et la protection des sites sensibles) et pour le secouriste, voire le climatologue (qui tous les deux pourront choisir d’inscrire ce type de situation dans leurs anticipations).

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Qu’elle soit destinée à couvrir des besoins existants ou qu’elle en suscite de nouveaux, l’innovation peut aussi aboutir à la création de tendances. Deux ouvrages s’attachent à mettre en lumière les pratiques innovantes qui se développent en France, le plus souvent dans des PME, peu visibles sur la scène médiatique. Le Rebond économique de la France donne la parole à 85 entreprises qui se sont montrées innovantes dans les dernières années, notamment par l’usage des nouvelles technologies ou des réseaux sociaux, mais aussi à travers des démarches environnementales ou sociales à l’intérieur même de l’entreprise. L’index des « secteurs, pratiques et usages émergents » offre en fin d’ouvrage une liste de ces activités nouvelles – de la « bio-masse énergie » à la « nanochirurgie » et au « porte-monnaie électronique », pour n’en citer que trois sur environ 150, et sans oublier toute l’innovation liée à Internet, de l’e-mail marketing au e-learning, à la géolocalisation et au crowdfounding. Le mouvement ne fait que s’amorcer et le scénario du futur, sur lequel s’accordent les prospectivistes, pourrait se résumer en trois points : « D’abord un rebond économique de la France n’est pas impossible, malgré les conséquences en cascade de la crise. Ensuite, l’innovation est primordiale. Enfin, les gisements de croissance résident essentiellement dans les start-up, qui jouent un rôle critique dans la mise sur le marché d’innovations de rupture. »

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Pour Karine Boras, auteur de Développement durable : l’avenir des PME, de nombreuses entreprises ont trouvé une issue face à la crise en s’engageant dans des créneaux écologiques. Même si « le concept de développement durable reste […] une nébuleuse un peu floue, intellectuelle pour certains, surréalistes pour d’autres », l’écologie peut sauver les PME car elle leur offre des possibilités d’innovation à leur mesure. Elle représente un apport en termes d’image, elle offre des débouchés dans la fabrication de produits spécifiques et elle révolutionne la vision de l’activité commerciale – ainsi, l’on « partage » désormais le bonheur écologique avec le client ! De nombreuses niches peuvent être exploitées par les entreprises « à côté de chez elles » : gestion des déchets, amélioration de la nourriture dans les cantines scolaires, chimie biologique, organisation de transports ou de communications à faible coût énergétique (covoiturage, vidéo-conférence), etc.

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L’innovation peut aussi se faire participative en associant directement le « capital » humain aux démarches innovantes et en valorisant l’apport de tout membre de l’entreprise. Innovation participative : remettre l’humain au cœur de l’entreprise s’appuie sur les valeurs développées depuis 2002 par l’association Innov’Acteurs : « l’ouverture, l’humanisme, la diversité et l’échange d’utilités ».
Avec Vendez vos idées à votre entreprise : l’innovation participative, un outil pour valoriser votre créativité, Didier Janssoone encourage l’individu à s’engager dans une telle démarche et propose des clés pour donner forme à ses idées, évaluer le contexte professionnel où l’on se trouve et construire une stratégie de dévoilement.

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A une époque où l’innovation est courtisée de toutes parts, le management fait lui aussi le point sur ses « innovations », c’est-à-dire sur les progrès qu’ont connus ses pratiques et ses techniques depuis trente ans. L’innovation managériale n’aurait pas selon les auteurs bénéficié de l’attention accordée à l’innovation technologique et ce livre veut réparer cette injustice en s’attachant à rendre compte de toutes les nouveautés managériales qui ont été à la source d’améliorations des performances économiques dans les dernières décennies : l’innovation dans les procédés (SI, sous-traitance, délocalisations), l’innovation dans les produits/services, l’innovation stratégique et enfin l’innovation strictement managériale que les directeurs de l’ouvrage situent en haut de la pyramide des innovations.

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Impossible d’évoquer aujourd’hui la littérature sur l’innovation sans parler d’un des derniers livres du genre : L’innovation Jugaad : redevenons ingénieux ! « Jugaad » signifie en hindi « savoir se débrouiller et trouver des solutions dans des conditions hostiles ». En français, on a traduit par le concept d’ « innovation frugale », à savoir la capacité à développer des solutions économes et propres à satisfaire des marchés différenciés, le plus souvent loin de l’Occident mais aussi en Occident même pour les consommateurs les plus modestes. La voiture Logan de Dacia (filiale de Renault-Nissan) est l’un des premiers produits de ce type : un véhicule à la portée des petites bourses (5.000 €), de bonne qualité et sans sophistication inutile – devenu un cas d’école, L’épopée Logan relate l’histoire de cette entreprise hors du commun et inédite dans ses principes. Les nouveaux consommateurs des pays émergents ne veulent pas des dérivés ou des versions dégradées des anciens modèles des pays occidentaux, ils veulent des produits qui répondent en qualité, en coût et en esthétique à leurs besoins spécifiques. Les produits Smart de Siemens qui prétendent à la simplicité et à la qualité (robustesse) visent la création d’un segment dans les marchés émergents (Chine, Inde, Brésil) qui ne relève plus ni du marché haut de gamme ni du marché de masse mais d’un troisième marché construit sur le modèle de l’innovation à l’indienne et à la chinoise. Les plateformes A-Entry (Entrée de gamme) sont conçues sur le modèle de l’innovation Jugaad pour des produits ultra-low-cost. Enfin, il peut aussi arriver qu’un grand groupe occidental autorise un accès amélioré à un produit par un effet de rationalisation : la teinture Garnier est devenue abordable pour la classe moyenne en Inde parce que la marque a choisi de mettre en place un conditionnement qui va contre les habitudes locales mais évite le gaspillage.

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Pour finir, on signalera que les grands éditeurs du management et de la gestion n’ont pas manqué de publier des manuels intitulés Management de l’innovation : dès 2006, pour de Boeck ; en 2009, pour Pearson, avec une 2e édition en 2012 ; et en 2010 pour Vuibert, avec une 2e édition en 2013.

3. Innover pour éduquer : les défis de l’école

En matière d’innovation, l’éducation et la pédagogie ne sont pas en reste. En effet, les projets pédagogiques et les propositions inédites, porteurs de renaissance et de renouvellement actif des pratiques, sont multiples. Depuis plusieurs années, la production d’ouvrages relatifs à la refondation du système scolaire en France est symptomatique de la crise de l’enseignement et de la volonté de rénover et innover l’école. Les diverses publications permettent d’aborder l’école et la pédagogie d’un œil critique et averti.

Quelles innovations pour les politiques publiques de l’éducation ?

Depuis plusieurs années, notamment sous le ministère de l’éducation de Vincent Peillon, la formation des enseignants, la répartition territoriale des postes mais aussi les rythmes et les programmes scolaires sont l’objet de transformations, qui suscite le débat au sein de l’opinion publique.

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Refondons l’école : pour l’avenir de nos enfants, Vincent Peillon, Seuil, 2013
Pour mieux comprendre les volontés politiques du gouvernement, le ministre de l’éducation Vincent Peillon nous éclaire sur la façon dont il souhaite « refonder l’école de la République et refonder la République par l’école ». Il souligne “la difficulté d’une action publique en profondeur” due aux conséquences des réformes précédentes, mais il appartient à chacun de se forger une opinion sur l’école aujourd’hui, en particulier sur les réformes mises en œuvre, qui, selon le ministre, verront les effets se produire d’ici une quinzaine d’années. En partant de ce postulat, on mesure également combien les innovations pédagogiques s’inscrivent dans le temps.

Suite à la concertation nationale réunissant ministres et spécialistes de l’école en 2012, la rentrée 2013 voit naitre la concrétisation de la refonte scolaire placée sous le signe des innovations pédagogiques et basée sur une école inclusive et accueillante, et une évaluation positive et plus démocratique.
Au regard des nouvelles politiques éducatives mises en place par le gouvernement, acteurs de l’éducation, enseignants et pédagogues alimentent le débat, rendent compte des innovations pédagogiques et sont force de propositions :

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L’année de l’école : L’an I de la refondation, François Jarraud, ESF éditeur, 2013
Le Café pédagogique, site internet très actif sur l’actualité des politiques scolaires sous la direction de François Jarraud, permet de faire connaître les projets d’enseignants mais également ceux des collectivités territoriales et rend compte de l’actualité pédagogique dans toutes les disciplines du primaire au secondaire. Dédié autant aux enseignants, associations, élus locaux, qu’aux familles, le site demeure une ressource précieuse qui nourrit activement la réflexion sur les pratiques et les innovations pédagogiques.
Pour la deuxième année consécutive, Le Café pédagogique édite L’année de l’école, bien nommée pour la rentrée 2013 L’an I de la refondation, et offre un panorama de l’éducation en France. Plus particulièrement, l’ouvrage fait le point sur le ministère de l’éducation ainsi que toutes les problématiques liées aux réformes, telles que la formation des enseignants, l’autonomie des collectivités, l’enseignement primaire et secondaire, le redoublement, l’utilisation pertinente des technologies numériques comme véritables ressources pédagogiques, les programmes, les diplômes. L’ouvrage est véritablement bienvenu pour comprendre les enjeux de la révolution éducative où, plus que jamais, les innovations pédagogiques s’avèrent nécessaires.

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Collèges et lycées du XXIè siècle : la révolution de l’autonomie ? Daniel Mallet, Maurice Berrard, Armand Colin, 2012
Face à la crise de l’enseignement, cet essai tend à démontrer la nécessité pour les collectivités territoriales d’obtenir plus d’autonomie et propose une nouvelle fonction publique enseignante, revalorisant ainsi la condition des enseignants et favorisant la réussite des élèves. En effet, afin de favoriser l’épanouissement de l’élève au sein de l’école, il apparait plus pertinent de libérer les initiatives des enseignants, sur le plan local, plutôt que de dresser des consignes nationales uniformes, par essence plus rigides et moins adaptées aux particularités des établissements, tutelles, collectivités. Ainsi, l’essai cite « une révolution salutaire dans une société actuelle en crise », grâce aux principes d’autonomie et de responsabilité décentralisés aux collectivités. Pour ce faire, les établissements scolaires doivent s’inscrire au cœur de réseaux où la confiance collective et la rénovation du management éducatif demeurent les fondations de ce renouveau éducatif.

Des initiatives innovantes

Si le gouvernement entend réformer l’école en profondeur grâce à des lois et projets qui se veulent innovants en matière de politiques éducatives, les spécialistes de l’éducation, chercheurs, essayistes ou journalistes s’inscrivent au cœur du débat des nouvelles initiatives pédagogiques.
De surcroit, l’innovation pédagogique est aussi le fruit d’initiatives individuelles au sein des écoles, de la part des enseignants, professionnels de terrain et premiers concernés dans l’apprentissage des savoirs, le vivre-ensemble et la réussite des élèves. A force d’expériences, les professionnels de l’éducation souhaitent faire connaitre et partager leurs idées innovantes en matière de pédagogie afin de répondre au mieux aux besoins des élèves et enrayer enfin la crise de l’école.

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Pour une autre école : repenser l’éducation, vite !, Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Autrement, 2013
On doit au pédagogue la création en 1982 du Lycée expérimental de Saint-Nazaire, établissement cogéré, soit sans hiérarchie, dans lequel les décisions sont prises à parité par les élèves et l’équipe pédagogique. Lieu d’expression de la culture adolescente, les activités pédagogiques y sont programmées par les élèves en concertation avec les enseignants et les taches ménagères ainsi que l’administration sont prises en charge par des groupes mixtes d’élèves et d’enseignants. Elles laissent une large place aux projets personnels et aux travaux sous forme d’ateliers. A l’époque, le lycée est pionnier dans la mise en place des enseignements alternatifs de ce genre et en 2008, Xavier Darcos encourage ces pédagogies innovantes en appliquant l’autogestion à d’autres établissements en France. Dans cet ouvrage, en lançant un appel pour un renouveau de l’école, Jean-Gabriel Cohn-Bendit a à cœur de diffuser et de partager les innovations pédagogiques auprès des enseignants.

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Un projet pour innover dans les collèges, Pierre-Jean Marty, Delagrave, 2012
Ce petit livre se veut un guide pratique pour l’enseignant souhaitant s’inscrire dans une démarche pédagogique innovante permettant à l’élève de développer une certaine autonomie et de se responsabiliser, afin de s’approprier savoirs et compétences. Ainsi, en enseignant moins la dépendance et l’obéissance, l’enseignant incite l’élève à une nouvelle citoyenneté, valeur socle du vivre ensemble, de l’épanouissement et de la réussite scolaires. Repenser le découpage du temps, décloisonner les enseignements, dynamiser les liens fondateurs entre élèves, familles, équipes pédagogiques, sont quelques unes des pistes abordées ici pour construire un renouveau éducatif, citoyen et durable.

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L’éducation réinventée, Salman Khan, JC Lattès, 2013
Le fondateur de la Khan Academy présente sa méthode pédagogique fondée sur l’utilisation de cours entièrement dispensés par la vidéo parallèlement à un temps en classe consacré aux activités et exercices. Aux Etats-Unis, 20 000 écoles pratiquent ce système et observent de bons résultats. L’enseignant, libéré des cours magistraux, peut s’occuper des blocages de chaque élève, suivre ses progrès et l’aider à comprendre, en contrôlant ses connaissances acquises notamment via les vidéos. Avec 6 millions de visiteurs par mois dans le monde, la Khan Académy débarque en France, soutenue par Orange et Bibliothèque sans frontière. 250 vidéos YouTube sont d’ores et déjà disponibles. On chuchote même que des négociations sont en cours avec le ministère de l’éducation pour tester cet enseignement au sein de classes pilotes à la rentrée prochaine.
Dans son récit, Salman Khan nous montre que, contrairement aux idées reçues, la technologie peut valoriser les enseignants et les enseignements. Ici, les nouvelles technologies engendrent de nouvelles manières d’enseigner et d’apprendre et favorisent l’éducation gratuite et pour tous.

Enfin, bon nombre d’établissements scolaires font preuve d’innovation pédagogique, les expériences se multiplient. Ainsi, on peut citer en exemple La FESPI, fédération des établissements scolaires publics innovants, qui prouve que l’innovation en milieu scolaire n’est pas marginale et se développe grâce à la coopération des différents acteurs et à leur créativité.

Liste des ESPIs ici

4. L’innovation : de l’idée à la confection

L’économie de l’innovation permet de préserver la croissance, gage de compétitivité aidant à développer une résistance aux chocs internationaux, et à se positionner dans la compétition scientifique mondiale.
Le marché de l’innovation dynamise la compétitivité et la croissance des entreprises, tandis que les nouvelles technologies modifient les formes de travail, et l’on s’attendrait à ce qu’elles engendrent de nouvelles pratiques de management encourageant la valorisation de l’humain et de sa productivité.
Si le rôle d’impulsion de l’Etat et des collectivités territoriales est important, dans tous les domaines, les acteurs de la recherche et des entreprises, mais également de l’éducation impulsent des initiatives inédites qui, gageons le, participeront à la construction d’une société apte à faire face aux enjeux contemporains.

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