Salades de gangs à la lyonnaise

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Dans un article du n°303 de la Tribune de Lyon, Olivier Marchal, faisant la promotion de son film Les Lyonnais exprime son amour pour Lyon : « Lyon comme Bordeaux [ville d’origine d’Olivier Marchal] est admirablement émancipée, embellie par sa municipalité. C’est un berceau historique du banditisme, je voulais que ce soit un personnage du film. ». Plus qu’un personnage, c’est un comédien polyvalent : les braquages de Chambéry, Evry et Montbéliard ont ainsi tous été mis en boite à l’Hôtel-Dieu. Quartier inchangé depuis des lustres (et donc demandant un minimum de « maquillage »), le Vieux Lyon a, quant à lui, accueilli la plupart des plans d’extérieur se déroulant dans les années soixante/soixante-dix.

C’est vrai, la capitale de la gastronomie fut surnommée « Chicago-sur-Rhône » dans ces années-là, et compte par ailleurs quelques fortes personnalités dont s’inspirèrent plus ou moins librement les auteurs, dont Olivier Marchal qui voulut que « Les Lyonnais » comprennent 60% d’invention. Des « salades », aurait pu dire Momon Vidal, leader du gang des Lyonnais…

Voici, entre légende et faits réels (quoique…), quelques salades de gangs à la lyonnaise, en hors d’œuvre au prochain Quai du Polar 2012.

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Quais du polar 2012



Sommaire

1. Les bandits en auto
- Bonnot, Lyonnais d’adoption
- Salades de Jules

2. Le gang des Tractions Avant
- René la Canne, Prince des voleurs
- Voyou de légende

3. Le gang du siècle : les Lyonnais
- Pour une poignée de cerises
- Le sang des caïds
- Silence, on tourne

4. L’assassinat de François Renaud
- Portrait d’un juge atypique
- L’affaire est-elle dans le SAC ?

5. Flic et voyou, les frères Papet

6. Tous les gangs y peuvent pas être de Lyon, il en faut bien qui soyent d’ailleurs (proverbe lyonnais)
- Gang de romans
- Gang de BD

21. Les bandits en auto2

[actu]Bonnot, Lyonnais d’adoption[actu]

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L’affaire Bande à Bonnot

Au début du siècle, une bande de jeunes libertaires dirigée par un certain Jules Bonnot, sème la terreur. S’éloignant de l’idéal de départ fondé sur la transformation de l’individu et l’entraide, la « bande à Bonnot » déclare la guerre à la société en se lançant dans le braquage sauvage de banques. Frédéric Delacourt dévoile la personnalité de « Jules Bonnot le Lyonnais ». Pour vivre, Jules Bonnot ne se contente pas des maigres revenus de son atelier [au 56 de la route de Vienne] et met sur pied avec des complices plus ou moins anarchistes des combines illégales, notamment des cambriolages et des vols d’autos qu’il maquille ensuite dans son garage. Les coffres-forts des notables de la région sont visités au chalumeau et les motos, vélos et autos récupérés sont si nombreux que Bonnot est obligé de louer deux autres entrepôts sous le nom de Renaut pour les entreposer avant de les vendre. En octobre 1911, la police perquisitionne dans l’atelier, Jules Bonnot entre dans la clandestinité.. Monté à Paris avec une Rochet-Schneider volée, il se lie avec une communauté d’anarchistes à Romainville.

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L’Attaque de Chantilly
par la bande à Bonnot

C’est une Delaunay-Belleville qu’il utilisera pour braquer une agence de la Société Générale, rue Ordener à Paris. La presse surnomme bientôt la bande « les bandits en auto ». Bonnot est tué lors de sa capture le 28 avril 1912 à Choisy-le-Roi. Les Lyonnais complices de la première heure, Henri-Joseph Petit-Demange et les époux Thollon, gardiens du cimetière de la Guillotière, passent en jugement. Le premier qui tenait l’atelier de la route de Vienne avec Bonnot, nie tout et écope d’un an de prison ferme. Judith Thollon, amie de Bonnot, mais non amante, prétend-elle, qui reconnait avoir caché l’équipement de cambriolage et l’argent, de quatre ans.

- Frédéric Delacourt. L’affaire Bande à Bonnot

[actu]Salades de Jules[actu]

Jules Bonnot aurait-il travaillé chez Berliet ?

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Voiture à pétrole Rochet-Schneider
Collection BML
Fonds Jules Sylvestre

Né en 1876 à Audincourt, dans le Doubs, il entre en apprentissage chez Peugeot où depuis 1818, on fabrique des moulins à café et des vélos. A partir de 1896, Armand Peugeot se lançe dans l’automobile et c’est dans son usine que Bonnot effectue son apprentissage de mécanicien, qu’il poursuit à Saint-Etienne – il est difficile à gérer -, puis à Lyon, berceau de l’automobile. Selon Monique Chapelle de la Fondation Berliet, on ne retrouve pas sa trace dans les archives. Car il aurait travaillé chez Rochet-Schneider, chemin Feuillat, avant Berliet.

Aurait-il été le chauffeur d’Arthur Conan Doyle, père du détective Sherlock Holmes ?

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Fiche de police de Jules Bonnot

Edmond Locard (1877-1966) poursuivait de brillantes études de chirurgie orthopédique à Lyon quand la mort brutale de son maître d’études le professeur Ollier en 1900 l’amena à se réorienter vers la médecine légale. Locard crée son laboratoire de criminalistique en 1910. De 1910 à 1913, sept affaires sont jugées selon les preuves qu’il a recueillies dont quatre qui entraineront une condamnation. Selon Marielle Larriaga, Locard fait visiter le musée de criminalistique à Asthon Wolfe, romancier anglais, qui fut le collaborateur et l’infime de Conan Doyle. Celui-ci reconnait son chauffeur, qui n’était autre que Jules Bonnot.

Locard estimait que « les malfaiteurs n’ont pas de génie »… mais il prêtait à Bonnot, qui avait inventé une méthode inédite un tribut d’admiration…Il descendait d’automobile avec quelques camarades… en plein soleil et en pleine foule et, déchargeant leurs armes au hasard, pétaradant, révolvérisant, criant « Haut les mains ! », ils affolaient témoins et victimes. Admirable et fructueuse technique. Car, dans ce hourvari, qui eut osé tirer ou frapper au risque d’atteindre des innocents.

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40 faits divers
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La fabuleuse histoire d’Edmond Locard

- 40 faits divers extraordinaires de 1862 à nos jours. Bonnot, premier bandit en auto de Thierry Meissirel.
- Marielle Larriage. La fabuleuse histoire d’Edmond Locard, flic de province
- Les Brigades du Tigre, le film Il raconte l’histoire d’un corps spécial de police, les Brigades Mobiles, créé par Georges Clémenceau, et chargé par lui de lutter à armes égales contre les malfaiteurs en utilisant les techniques les plus novatrices. Toujours selon Marielle Larriaga, Cornuau présente Bonnot comme une ultime figure romantique du voleur épris d’amour. Il s’en expliquera : Dans la réalité, Bonnot était beaucoup moins romantique. C’était un illégaliste violent. Nous avons développé, il faut bien l’avouer, une lecture « Robin des bois » du personnage pour l’intérêt de l’histoire.
- La Bande à Bonnot. Un film de Philippe Fourastié, sorti en novembre 1968, avec Bruno Cremer dans le rôle de Bonnot, Jacques Brel dans celui de Raymond la Science et Annie Girardot dans celui de Marie la Belge.
- La Bande à Bonnot, chanson de Jo Dassin
- Bonnot pour la jeunesse : La bande à Bonnot contre les brigades du Tigre , de Stéphane Descornes et Christophe Lambert
- De Rochet-Schneider à Berliet : La friche RVI, lieu plusieurs fois précurseur
- Sur Locard : Lyon, berceau de la police technique et scientifique

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La bande à Bonnot
contre les brigades du Tigre

22. Le Gang des Tractions Avant2

[actu]René la Canne, Prince des voleurs[actu]

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La prison Saint-Paul
Benjamin Larderet

René Girier, dit René la Canne. Son surnom lui vient d’une claudication, causée par une balle, soutenue d’une canne qui lui donne une élégance certaine. Né en 1919 à Oullins, il est fils de cheminot. Selon Gilles Fabien, il commence sa carrière un peu à la manière d’Edmond Vidal, non pour un cageot de cerises, mais pour dix francs qu’il aurait volés à son père et qui lui auraient valu la maison de redressement. A 18 ans, il est incorporé au Génie, direction le Maroc, où il se fait réformer pour déficience mentale. De retour en France, il cambriole, est arrêté et emprisonné à la prison Saint-Paul, joue à nouveau la carte de l’idiotie, placé à l’Hôpital du Vinatier, évadé.

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Traction Avant Citroen
Collection BML
Fonds Jules Sylvestre

Entre 1940 et 1947, il effectue de nombreux braquages et prend la tête du gang des Tractions Avant, une bande composée d’anciens de la Milice, résistants douteux, policiers reconvertis. La bande compte Emile Buisson dit Monsieur Emile, Pierre Loutrel dit Pierrot le Fou, Abel Danos et Jo Attia. Le 27 janvier 1951, il est arrêté place de l’Opéra par Roger Borniche. Libéré en 1956 grâce à Charlotte de Monaco, bienfaitrice et visiteuse de prison, il entre en réinsertion et devient – quoique sans permis – son intendant-chauffeur. En 1957, il est libraire à Reims et s’engage dans la réinsertion de délinquants. Il fait encore parler de lui en 1961 pour proxénétisme. Il meurt d’un cancer en janvier 2000, à 80 ans, en quelque sorte sa dernière et 18e évasion ( ?)…

- 40 faits divers extraordinaires de 1862 à nos jours. René la Canne, bandit bien-aimé de Gilles Fabien.

[actu]Voyou de légende[actu]

René Girier est l’auteur de deux autobiographies…
- Je tire ma révérence, où il raconte comment à quinze ans, il est « jeté dans la fosse aux fauves » pour un billet de dix francs…
- Tu peux pas savoir, en collaboration avec Jean-Claude Baillon. René la Canne, Main blanche, le Bandit bien-aimé, le Prince des voleurs, sont quelques-uns des surnoms donnés à René Girier par la presse de l’après-guerre…Capturé, il s’évade onze fois et échafaude avec son « gang des Tractions Avant » de nouvelles opérations toujours plus spectaculaires : le train de l’or, la bijouterie Van Cleef & Arpels à Dauville, l’enlèvement de Rita Hayworth…

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René la Canne

René la Canne – La pathétique partie d’échecs entre un cerveau du banditisme et un policier plein d’imagination est un roman de Roger Borniche. Né le 7 juin 1919 à Vineuil-Saint-Firmin (Oise), cet inspecteur de police qui a participé à la répression du grand banditisme, réalisant cinq cent soixante-sept arrestations. C’est aussi un écrivain qui compte vingt-huit livres.

Les aventures de la Canne ont été portées au cinéma par Francis Girod en 1980, avec Gérard Depardieu, Sylvia Kristel, Michel Piccoli … Paris, 1942 : René La Canne, un voyou séduisant, est arrêté une fois de plus. Il simule la folie et se retrouve en asile psychiatrique, où il rencontre Marchand, un flic français qui se cache parce qu’il n’a pas « su » collaborer avec la Gestapo. A force de combines et de magouilles, les deux hommes se retrouvent dans un train en partance pour l’Allemagne et les camps de travail obligatoire. Mais l’arrivée inopinée de Krista, la petite amie de René, va bouleverser le train-train quotidien du camp…

23. Le gang du siècle : les Lyonnais 2

[actu]Pour une poignée de cerises[actu]

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Pour une poignée de cerises

C’est le titre de l’autobiographie d’Edmond Vidal, dit Momon ou Zieux Bleus, de parents gitans, élevé dans une roulotte privée de roues dans un ancien cimetière désaffecté. Mal habillé, étiqueté comme gitan, en but à l’hostilité de ses camarades de classe, il fait l’école buissonnière. Lorsqu’il a 11 ans, la famille s’installe à Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, en face du barrage de la Mulatière, dans un wagon de tramway désaffecté. Après la mort du père atteint de tuberculose, la famille s’installe à Décines dans le quartier des Marais. Edmond forme une bande avec ceux qui deviendront les membres du gang des Lyonnais : Pierre Zakarian, Jean-Pierre Mardirossian, Georges Manoukian… Pris pour le vol d’un cageot de cerises à 17 ans et demi, il est incarcéré à Saint-Paul, où il rencontre un futur complice, Jean-Pierre Gandeboeuf, dit Christo.

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Le gang des Lyonnais…

Quand Christo sort de prison, il contacte Edmond et lui propose des casses. La bande passe rapidement aux braquages. Il se retrouve incarcéré à Mulhouse suite à l’affaire du Nelson, où la bande blesse la tenancière d’un bar. En prison, il passe un BEP, puis, au sortir de prison, entame un apprentissage d’électricien. Retombé dans les braquages et il renoue avec un caïd, Jean Augé, surnommé par Momon « Le Gros », rencontré à Mulhouse, ancien de la Guerre d’Algérie. Celui-ci lui propose des braquages dont la moitié servirait à financer des campagnes électorales d’un parti politique « qui lutte contre le Communisme », et qui en échange, leurs « refilent les affaires ». Le Gros appartient en réalité au Service d’Action Civique, le SAC. Réflexion d’Edmond : Quel naïf je suis ! Aujourd’hui, avec le recul et l’expérience, je ne me laisserais pas embarquer dans ce genre d’histoire. Mais à l’époque, je n’avais pas de conscience politique. La communauté gitane dont je suis issu ne vote pas. La droite et la gauche sont des principes abstraits.

Vidal a 25 ans, il enchaine les braquages avec sa nouvelle équipe, basée dans l’Ain, jusqu’à celui de la poste de Strasbourg, 10 millions de francs, soit l’équivalent de 9,5 millions d’euros actuels. Des postes, Vidal passe aux grandes surfaces et aux paies d’usine. Après cinq années de braquages (1969-1974) et de traque, le commissaire Pellegrini arrête Les Lyonnais.

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François Renaud
Collection BML. Fonds Lyon Figaro

L’avocat Joannès Ambre prend la défense des Lyonnais. Le juge d’instruction, François Renaud est assassiné le 2 juillet 1975 : Vidal aurait-il commandité le meurtre ? Sans preuve, le verdict, rendu le 7 juillet 1977 est très clément. Amnistié à l’occasion de l’élection de F. Mitterand, Vidal sort de prison le 15 juillet 1981.

- Edmond Vidal et Edgar Marie.Pour une poignée de cerises : itinéraire d’un voyou pas comme les autres
- 40 faits divers extraordinaires de 1862 à nos jours.Le Gang des Lyonnais, mythe du grand banditisme de Richard Schitty.

- David Mohamed Le gang des Lyonnais et autres vraies histoires lyonnaises
- Dans LibéLyon : Entretien avec Richard Schitty au moment de la sortie du film.
- Un article de l’Express. Michel Labro raconte une aventure ensanglantée par la tuerie d’Auriol, et qui avait commencé en 1960… La saga du SAC
- 1974 Le gang des Lyonnais, dossier de presse

[actu]Le sang des caïds[actu]

C’est le titre d’un ouvrage de Frédéric Ploquin : Longtemps la propension des malfaiteurs Lyonnais à s’entre-tuer n’a rien eu à envier à celle de leurs voisins marseillais ou grenoblois. La période glorieuse du fameux gang des Lyonnais, au début des années 1970, fait à cet égard figure d’exception. Spécialisée dans le braquage de haut vol, une main sur le proxénétisme local, une autre sur les établissements de nuit, cette puissante association de malfaiteurs échappe quelques années durant aux meurtriers conflits internes.

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Le sang des caïds
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La saga des Lyonnais

A la chute des Lyonnais, les règlements de comptes se multiplient.

Mais avant la chute des Lyonnais, deux cultures s’affrontaient déjà, celle des Lyonnais et celle de la bande de Jean Augé, dont Hubert Nivon dresse le portrait dans La saga des Lyonnais : le dernier grand parrain de Lyon, membre éminent du SAC, membre influent du milieu. Après la guerre, il vit de trafics et de vols, rackettant d’anciens collaborateurs. Il se stabilise à Lyon en 1960, investit dans des établissements – hôtels de passe – et des bars. Pendant la Guerre d’Algérie, il lutte contre les Algériens du FLN, puis les pieds-noirs de l’OAS et devient un tortionnaire sans pitié. Suspecté de vols à son retour en France, il est couvert par le SDECE (Services Secrets) relaxé puis après que le Parquet ait fait appel, condamné à cinq mois de prison, ce qui correspond à sa détention provisoire. Il devient propriétaire de plusieurs bars, dirige une équipe de racketteurs et dispose ainsi de gros moyens financiers. La police est convaincue qu’il est membre de la French Connection. Il obtient des jeunes Lyonnais un prêt de 50 millions de francs, qu’il n’a aucunement l’intention de rembourser. Devant la colère des Lyonnais, il recrute des tueurs pour les abattre. Les Lyonnais prennent les devant et l’exécutent le 15 juin 1973.

[actu]Silence, on tourne[actu]

Olivier Marchal le réalisateur du film Les Lyonnais, inspecteur de police pendant 12 ans, a travaillé avec Pierre Richard le commissaire qui avait fait plonger le gang.

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Les Lyonnais

Olivier Marchal avait découvert le livre d’Edmond Vidal Pour une poignée de cerises en 2008. Décision de tournage prise, quel acteur peut incarner Vidal ? Gérard Lanvin, qui l’incarnait déjà dans la Traque, et qui a presque le même âge. La Traque est une mini-série en quatre épisodes de 52 minutes, réalisée en 1980 par Philippe Lefebvre et diffusée en 1980 sur Antenne 2. Olivier Marchal décide de couvrir deux périodes : l’une, historique, qui retracera l’enfance de Vidal jusqu’au procès de 1977, l’autre, fictive, qui se déroule de nos jours. Marchal rencontre les gitans des Marais à Décines, les engage comme figurants et organise une rencontre avec l’équipe du film et les derniers Lyonnais : Vidal, Christo et Jean-Pierre Mardirossian. Le terrain des Marais est reconstruit sur la base militaire de la Valbonne. Les scènes sont tournées dans le quartier Saint-Jean, au palais de justice, dans la prison Saint-Paul.

- Blog du Monde :Le gang des Lyonnais : un flash-back troublant
- La véritable histoire du gang des Lyonnais
- Lyon Capitale : Les Lyonnais d’Olivier Marchal : réalité contre fiction, le jeu des sept différences

24. L’assassinat de François Renaud 2

[actu] Portrait d’un juge atypique [actu]

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Justice pour le juge Renaud

Francis Renaud dresse le portrait de son père François. Le juge Renaud arrivé en 1966 à Lyon est inclassable : amateur de bonne vie et de bonne chère, collectionneur de conquêtes féminines, libre de ton… mais répressif au sens pur, du moins face au grand banditisme, pour lequel il tend à jouer aux limites du code de procédure, utilisant les libertés conditionnelles comme moyen de chantage, limitant les droits de visite et menant ses instructions à la manière forte. Par ailleurs, il est de gauche et l’un des premiers adhérents à Lyon au Syndicat de la Magistrature. Selon son fils Francis Renaud, la cité des soyeux et des gastronomes rebaptisée Chicago-sur-Rhône, est devenue non seulement la capitale du crime en France, mais l’un des principaux bastions du SAC, créée en 1959 pour soutenir l’action du général de Gaulle… Ainsi Jean Augé, ancien de l’OAS, est le parrain lyonnais et en secret, celui du SAC.

Joannès Ambre, avocat d’Edmond Vidal décrit le juge Renaud comme un bon vivant, fêtard, avec un passé de résistant d’une grande témérité, charmant mais féroce quand l’inculpé nie les faits. Pour lui, contrairement à l’un des dogmes du Syndicat [de la Magistature], la criminalité n’était pas forcément liée à un certain ordre social. Il ne songeait pas à verser des larmes sur le sort des grands criminels ou de ceux qu’ils considéraient comme tels. Son métier était de lutter contre eux : il le menait comme une véritable guerre. Son engagement était total, physique et moral, sans concession ni compromis. Joannès Ambre confirme que Renaud n’hésitait pas à jouer avec la liberté des femmes et maîtresses des truands, et à manipuler les permis de visites. Il était devenu l’ennemi public n° 1 des truands rassemblés à la prison Saint-Paul. Lors d’une mutinerie en 1973, les détenus juchés sur le toit de la prison scandent « Renaud, salaud, on aura ta peau… ». Quoique satisfait de l’arrestation de Vidal, Renaud regrette l’absence de flagrant délit. Il inculpe Jeannette Biskup, la maîtresse de Momon, sa femme Suzanne et même sa mère. Vidal et Renaud, s’affrontent, aussi forts de caractère l’un que l’autre.

[actu] L’affaire est-elle dans le SAC ?[actu]

Le 2 juillet 1975, le juge François Renaud, 52 ans, est assassiné alors qu’il sortait de chez des amis, montée de l’Observance. Plusieurs thèses s’affrontent : assassinat mafieux commandité ou non par Edmond Vidad ou bien assassinat politique ?

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Le juge Fayard dit “le Sheriff”

L’assassinat politique est la thèse d’Yves Boisset dans le Juge Fayard dit le Shérif , qui met en cause le SAC. C’est la thèse qui parait la plus plausible à Francis Renaud.

Joannès Ambre, avocat d’Edmond Vidal, doit défendre son client accusé d’avoir commandité la mort du juge, c’est une option de la thèse de l’assassinat mafieux. Elle est celle de Jacques Derogy dans son livre Enquête sur un juge assassiné : vie et mort du magistrat lyonnais François Renaud. Derogy décrit la consternation de la cour à la clémence du verdict, celle des jurés, la joie de la salle qui éclate en applaudissements, et, citant le journal l’Humanité : Momon Vidal, le héros, fou de bonheur, sautant de joie dans son box – celui des accusés – envoyant, tel une diva d’opérette, des baisers en tous sens, de ses mains dont ce procès truqué n’est pas parvenu, après trois semaines d’audience, trois ans d’enquête et deux ans d’instruction, à établir que ce sont celles d’un tueur… . Vidal attribue cette clémence au talent de Joannès Ambre et aux questions soulevées par les ramifications politiques avec le SAC.

Pour Joannès Ambre, certes l’avocat d’Edmond Vidal, la mort du juge ne pouvait que nuire aux inculpés et n’est pas dans la manière des Lyonnais. Le développement de Lyon, sa prospérité et ses richesses sont pour les truands une aubaine, l’argent y coule plus facilement qu’ailleurs et la concurrence est rude : L’assassinat du juge constituait une vengeance contre un homme qui irritait les marginaux et les voyous par son attitude ou qui les rudoyait en les jetant ou en les maintenant en prison après être venu les narguer dans leurs bars préférés. Alors, de petits truands voulant se faire valoir en abattant un juge ? Un enlèvement raté pour faire libérer des prisonniers, comme ils se multiplient entre 1975 et 1985 (enlèvement du jeune Christophe Mérieux) ?

Le non lieu est prononcé en 1994, la prescription en 2004. On ne saura jamais qui a assassiné le juge Renaud.

- 40 faits divers extraordinaires de 1862 à nos jours. Trois balles pour le juge Renaud de Geoffrey Mercier
- Francis Renaud. Justice pour le juge Renaud : victime du gang des Lyonnais ?
- Joannès Ambre.Je ne me tairai jamais
- Jean Labrunie. Le Sheriff
- Assassinat du juge Renaud : articles de presse 1975-1989

25. Flic et voyou : les frères Papet2

Michel, né en 1941 et Bruno, né en 1943, une fratrie qui connait un destin étonnant : l’ainé, Michel, devient truand, le cadet, Bruno, devient policier.

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Les liens du sang

Cet étonnant destin a été porté à l’écran par Jacques Maillot, dans un film intitulé Les liens du sang, l’occasion de ressortir l’autobiographie des Papet, Deux frères, flic et truand en reprenant le titre du film . Les deux frères sont interprétés par François Cluzet et Guillaume Canet. Ce dernier a travaillé à l’écriture du remake USA, intitulé Rivals, qui doit sortir en septembre 2012.

« Tout nous éloigne avec mon frère, mais tout nous rapproche », dira Michel. Aujourd’hui, ils écrivent à deux des polars et continuent à s’exercer au tir, selon Sébastien Graciotti.

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Le sang de la colère

Michel bascule dans le banditisme en 1959, cambriolant avec sa bande une villa. Il est pris, incarcéré à Saint-Paul, où il se lie d’amitié avec un caïd, « Zé » Lucarotti. Tandis que Michel tourne voyou, Bruno évolue. Passionné de moto, il devient gendarme, puis est promu inspecteur à la PJ de Lyon en 1975, année de l’assassinat du juge Renaud et de l’enlèvement de Christophe Mérieux. En 1969, Michel prend 10 ans pour le meurtre d’un voyou. Il est classé dangereux après sa tentative d’évasion de Saint-Paul et la mutinerie de Clairvaux en 1974, dont il est l’un des meneurs. Il échoue au QHS de Mende. Tandis que Bruno poursuit sa carrière de policier à l’antigang, Michel multiplie les coups et les séjours en prison. Les deux frères « raccrochent » en 1991. Bruno devient formateur de policiers puis d’agents de sécurité, Michel travaille dans une entreprise de travaux publics. Les deux frères se retrouvent en 1995 pour écrire leur biographie à quatre mains.

- 40 faits divers extraordinaires de 1862 à nos jours. Les frères Papet, flic et voyou de Sébastien Graciotti.
- Bruno et Michel Papet. L’adonis fardé et le vieux truand
- Bruno et Michel Papet.Le sang de la colère : mon frère… se fâchent,
- Michel Papet. Tony fétiche

26. Tous les gangs y peuvent pas être de Lyon, il en faut bien qui soyent d’ailleurs (proverbe lyonnais)2

En attendant Quai du polar du 30 mars au 1er avril 2012, voici quelques histoires de gangs, sélectionnées par nos collègues du département Langues et littératures…

[actu]Gang de romans[actu]

- Maigret et l’indicateur, de Georges Simenon, Le Livre de poche.

Le corps du restaurateur Maurice Marcia est retrouvé sur une avenue. Grâce aux renseignements fournis par un indicateur surnommé la Puce, Maigret et l’inspecteur Louis n’ont guère de mal à remonter la trace des frères Mori, avec qui Marcia formait le gang des châteaux, spécialisé dans le cambriolage des propriétés isolées. Mais Marcia laisse aussi une veuve…

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Va, brûle et me venge

- Va, brûle et me venge , de Philippe Bouin, Archipel.

L’assassinat de Bonnelli, parrain du clan corse, marque le début d’une série de meurtres dans les gangs lyonnais. Pour les flics, il s’agit de règlements de compte entre Juifs, Corses et Turcs. Mais la patronne de la brigade croit plus à la vengeance d’une personne qui manipulerait tout le monde.

- Le gang de la clef à molette, d’Edward Abbey, Gallmeister.

Révoltés de voir le désert de l’Ouest américain défiguré par les grandes firmes industrielles, quatre insoumis décident d’entrer en lutte contre le monde industriel moderne. Ils vont détruire ponts, routes et voies ferrées qui balafrent le désert et affronter les représentants de l’ordre et de la morale lancés à leur poursuite.

- Seulement les morts, de Marcus Sakey, Le Cherche Midi.

De retour de la guerre, Jason Palmer arrive à Chicago avec une seule idée en tête, oublier Bagdad et mener une vie normale. Lorsque son frère meurt dans l’incendie criminel de son bar, Jason sait que ce meurtre n’est pas l’oeuvre d’un gang ordinaire et il va très vite devenir un homme traqué. Pour survivre et protéger son neveu, il devra élucider les secrets qui entourent la mort de son frère.

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Seulement les morts
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Rasta gang

- Rasta gang , de Phillip Baker, Moisson rouge, 2009.

Brooklyn, années 1970. Adolescent jamaïcain dont la famille a récemment émigré aux Etats-Unis, Danny Palmer se retrouve vite prisonnier de la logique des quartiers, des luttes ethniques et des guerres de territoire. Entre conte initiatique et récit hyperréaliste de la vie du ghetto, le roman illustre la difficile assimilation des nouveaux arrivants des Caraïbes dans la minorité noire et la lutte des rastas pour s’imposer dans la rue, où règnent drogue et violence.

- 38, rue Petrovka, de Georgui et Arkadi Vaïner, Gallimard.

Moscou, 1945. Charapov, jeune capitaine, rejoint les rangs de la brigade criminelle nouvellement créée et placée sous les ordres du légendaire Gleb Jéglov, génie de la lutte anticriminelle. La brigade part sur les traces d’un gang de tueurs et de voleurs particulièrement habiles connu sous le nom du Chat noir.

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38, rue Petrovska
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La Cité de Dieu

- Confession d’un tueur à gages, de Ma Xiaoquan, L’Olivier.

Xiaolong, un hors-la-loi raconte son histoire. Elevé par une vieille femme, il se rend à la ville au décès de celle-ci dans l’espoir d’y survivre plus aisément. Son talent pour la bagarre l’intègre rapidement à un gang. Il multiplie alors les missions (recouvrement d’une dette, intimidation d’une épouse volage, liquidation d’un rival) et se met en ménage avec une femme.

- La cité de Dieu, de Paulo Lins, Gallimard.

Au Brésil, l’évolution d’un bidonville entre les années 1960 et 1980, à travers l’histoire de deux garçons qui suivent des voies différentes : l’un fait des études et s’efforce de devenir photographe, l’autre crée son premier gang et devient, quelques années plus tard, le maître de la cité.

- Yalo, d’Elias Khoury, Actes Sud.

Beyrouth, la famille de Daniel, dit Yalo, appartient à la communauté syriaque. Il a grandi pendant la guerre civile et fait partie d’un gang. Armé, il attaque par surprise des couples puis viole les femmes. Mais un jour il tombe amoureux de l’une d’entre elles, qui le dénonce. En prison il connaît la torture et la souffrance morale et physique et écrit sa vie à la demande de ses geôliers.

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Tokyo ne dort jamais
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Yalo

- Tokyo ne dort jamais, d’Anne Calmels, Flammarion.

Durant les vacances d’été, Toshi veut connaître le milieu d’où il vient et intègre un camp de formation des Yakuzas. Là, les pratiques d’intimidation sont courantes et la guerre des gangs fait rage. Lors d’une altercation, Toshi croit tuer un adversaire. Effondré, il fait la connaissance de Jade, une jolie Chinoise aux mains de la pègre qu’il décide d’aider.

- L’homme à la carabine, de Patrick Pécherot, Gallimard.
L’auteur brosse le portrait de la bande à Bonnot à travers le destin de son plus jeune membre, André Soudy. Soudy devient un gamin rebelle qui se retrouve embarqué dans une aventure qui le dépasse. Tout y est : l’enfance miséreuse, la rencontre avec Jules Bonnot, les casses de Chantilly ou de Montgeron, les arrestations finales, la guillotine.

[actu]Gang de BD[actu]

- Belleville story, d’Arnaud Malherbe et Vincent Perriot, Dargaud.

Une nuit, à Belleville, Freddy, l’homme de main d’un petit truand, a pour mission de tuer un Chinois arrivé à l’aéroport de Roissy. Il fait équipe avec Zhu, qui doit retrouver une jeune fille chinoise. Ils s’attaquent à Wang, l’un des chefs de gang de Belleville.

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Belleville story

- Les faux visages : une vie imaginaire du gang des postiches, de David B. et Hervé Tanquerelle, Futuropolis, 2012 (prochainement à la BM).

Une histoire librement inspirée des hold-up organisés par le gang des postiches. L’auteur imagine de l’intérieur ce qu’a pu être la vie de ces cambrioleurs, poursuivis par la police pendant des mois.

- Grandville, un récit fantastique, de Bryan Talbot, Milady Graphics.

L’inspecteur LeBrock est un détective de Scotland Yard qui traque un gang d’assassins dans le Paris de la Belle Epoque. B. Talbot s’est inspiré de l’oeuvre de Grandville, caricaturiste français du XIXe siècle.

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Luna Park

- Luna Park, de Kevin Baker et Danijel Zezelj, Panini Comics.

Au coeur de Coney Island, plusieurs personnages en quête d’une vie meilleure (un ancien militaire russe, un couple et une liseuse de bonne aventure) se retrouvent mêlés à une guerre des gangs.

- Ce qui est à nous de David Chauvel et Erwan Le Saëc, Delcourt.

Cette série débute à New York en 1928. Les rivalités entre gangs pour dominer le marché prohibé de l’alcool prennent une tout autre ampleur quand des membres de la mafia décident de s’associer.

DES QUESTIONS POSEES AU GUICHET DU SAVOIR

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