Chasseurs d'images
Skateur place Louis-Pradel
Photographe : Bertrand Calenge, 2015
Publié le 07/12/2016 à 12:46 - 3 min - Modifié le 04/01/2017 par B. Yon
Depuis 30 ans maintenant, les générations de skateurs se succèdent sur cette place bien connue des lyonnais, dans le 1er arrondissement. Ici, Bertrand Calenge immortalise cette pratique, qui va certainement disparaître de notre paysage urbain puisque la mairie a décidé une réfection de l’ensemble de la Presqu’île début 2017, et notamment de cette place sur laquelle les « riders » n’auront plus le droit de citer.
« HDV », c’est le nom donné à la place Louis Pradel par les skateurs, l’Hôtel de Ville se situant juste à côté. Quand on passe devant cette place, on ne se doute pas vraiment que ce « spot » est reconnu mondialement comme étant un haut lieu du skateboard. Son revêtement dur et lisse, ses bancs qui « glissent » bien, la sculpture d’Ispoutéguy, “Pyramide de l’Histoire de Lyon”, qui offre de multiples possibilités, mais également son emplacement en plein centre-ville sont autant d’arguments qui en font un lieu recherché et visité par de nombreux adeptes venus du monde entier.
Cette discipline, née au début des années 60 en Californie, est reconnue comme sport olympique depuis le mois d’août 2016 et sera représentée aux prochains jeux. Aurélien Giraud, rider lyonnais, s’entraîne en vue de cette compétition, et affectionne particulièrement cette place, car à cause, et en quelque sorte « grâce » aux dégradations causées par la pratique de la planche sur cette place, c’est devenu un spot difficile, qui demande un très bon niveau, et qui représente un bon lieu d’entraînement.
En effet, au fils des ans, à force de faire « claquer » la planche sur les dalles, celles-ci sont littéralement « éclatées », et ce sont ces dégradations qui à la fois rendent ce spot attractif pour les skateurs de bon niveau, et qui remettent en cause son existence aux yeux des pouvoirs publics. D’ailleurs, de l’avis même des adeptes, c’est bien le skate qui a contribué à abîmer la place. Pour autant, ils ne souhaitent pas la disparition de ce lieu.
Malgré les contestations et les pétitions lancées, la municipalité est bien décidée à ne pas revenir sur sa décision : il n’y aura plus de skateurs sur la place Louis Pradel. Trop de dégradations du mobilier urbain et de nuisances pour les habitants et les touristes. Elle va même installer des dispositifs anti-skates. Elle les incite à aller s’adonner à leur passion dans les skateparks construits à cet effet, comme au parc Sergent Blandan ou sur les quais du Rhône.
Mais les skateurs voient davantage leur sport comme faisant partie intégrante d’une culture urbaine et d’un esprit de liberté. Alors que les parcs dédiés sont trop circonscrits, trop cadrés et encadrés, les places, les rues et les trottoirs de nos villes leur offrent un terrain de jeu inépuisable, où la méconnaissance des lieux induit la difficulté, attise la curiosité et ne laisse pas de place à la lassitude des rampes préconçues.
Deux visions irréconciliables, qui font de cette photo de Bertrand Calenge le témoin d’une pratique urbaine qui aura peut-être disparue d’ici quelques années…
Pour aller plus loin :
La musique fait partie intégrante de la vie du skateur. Ses goûts musicaux sont éclectiques. Suivant le lieu, l’époque, l’humeur, il écoute du punk, du rock, du punk-rock, du rap « West Coast », à partir du moment où du « bon gros son » accompagne son « slide »!
Quelques suggestions musicales :
Freestyle : the ultimate skateboarding experience
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“HDV ou Hôtel de Ville à Lyon, un spot de skate mondial voué à disparaître”
“Comment Hôtel de Ville à fait de Lyon un spot de skateboard mondialement connu”
“Une journée sans vague : chronologie lacunaire du skateboard, 1779-2009”, Raphaël Zarka, 2009
“Skateboard : 50 fragments de la planche à roulettes”, Emmanuel Perrin-Houdon, 2016
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