Lyon se penche sur ses berges > le confluent, seconde période

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La Confluence a toujours été un rêve, un lieu magique où un fleuve et une rivière mêlent leurs eaux aux pieds des collines. Véritable proue, elle nous porte vers la mer et nous ouvre à tous les imaginaires. Trop longtemps méconnue, exilée « au-delà » des voûtes, La Confluence retrouve aujourd’hui toute sa majesté.

Préface de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et président du Grand Lyon, pour Mémoires en mutation, premier cahier de La Confluence, avril 2008.

Liens

- Les prisons de Lyon se font la belle (2009)
- Du marché-gare de Perrache au marché de gros de Corbas : chronique d’un transfert annoncé (2008)
- Port Edouard Herriot : la plaque tournante du trafic de fret en Rhône-Alpes ? (2008)
- Morand et la place Lyautey (2008)
- Miribel Jonage : le grand parc de loisirs (2006)
- La Foire de Lyon, moteur de l’économie en région (2006)

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Le confluent
S. Blanchoz-Rhône, 2009
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Rails disparaissant
dans la Saône
S. Blanchoz-Rhône, 2011

et trois dossiers

- 1346″ class=’spip_out’>Lyon se penche sur ses berges
- Lyon se penche sur ses berges : le Rhône (2008)
- Les mutations d’un parc urbain, la Tête d’Or (2009)

Voir aussi l’exposition organisée à la Cité de l’architecture et du patrimoine et son dossier Morceau de ville : Lyon Confluence, laboratoire de renaissance

Le Musée des Confluences est traité dans cette deuxième phase, son inauguration ayant lieu en 2014.

NB : Les visuels inclus dans cette page proviennent partiellement des sites Lyon Confluence et La Confluence qui nous ont aimablement autorisés à les utiliser. D’autres visuels proviennent des contributeurs qui s’associent à la Bibliothèque pour collecter les mémoires urbaines de Lyon. Ce projet est intitulé Tous photographes !. Les collections photographiques de la Bibliothèque et les apports des contributeurs sont réunis dans le portail Photographes en Rhône-Alpes.


Prélude à la seconde phase : horizon 2025

Le 11 juin 2009, à l’issue d’une consultation internationale, le cabinet des architectes suisses Herzog et de Meuron, créé en 1978, a été choisi pour cette seconde phase. Les architectes ont obtenu conjointement le prix Pritzker en 2001, un prix de 100 000 $ décerné par la fondation américaine Hyatt, qui récompense le travail d’architectes vivants. Leur réalisation la plus médiatisée récemment est celle du stade de Pékin. Ils travailleront en collaboration avec Michel Desvigne, architecte paysagiste, déjà sur le projet Confluence, créateur du parc de Saône. Les premières ébauches ont été montrées au public en décembre 2009.

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La Confluence
phase 2
©Herzog & de Meuron
Michel Desvigne Paysagiste
SPLA Lyon Confluence

Pierre de Meuron a détaillé la méthode de travail de son cabinet, et surtout la vision qu’il a de Lyon. Cela a donné lieu à certains lieux communs : « Nous voyons Lyon comme un entonnoir. La spécificité de la ville est d’avoir deux fleuves : c’est un Y marquant ». Mais aussi à des débuts de solutions : pour lui, une ville « est le produit de ses conflits et de ses contradictions ». L’A7 et le TGV sont des conflits très forts qui détermineront la typologie du projet. Il s’agira notamment d’offrir, le long du quai de Perrache, une protection contre le bruit autoroutier mais aussi de créer des logements et des espaces de travail de grande qualité. Cerise sur le gâteau : les îlots construits devront aussi permettre, selon Pierre de Meuron, une perméabilité vers les rives du Rhône, dans la perspective d’un réaménagement des bords du fleuve à (très) long terme.

Sur les 35 hectares de la deuxième phase de Confluence (la première portait sur 41 hectares), 17 sont sur le territoire de l’ancien marché gare. Pierre de Meuron a avoué qu’il ne privilégierait pas « la solution table rase » : « Nous allons garder certains éléments de qualité », a-t-il dit, sans toutefois dire lesquels. Il a aussi lâché qu’il verrait bien la pointe de la confluence vierge d’une « structure de ville normale ». Et le musée des Confluences du conseil général alors ? « Il n’est pas faux de penser que le musée pourrait être là », a suggéré l’architecte, assurant être « le plus ouvert possible ». (« Confluence 2 : les premiers plans rendus en novembre » in Le Progrès du 25 juin 2009.)

Sur ces 35 hectares se trouvent également les anciennes prisons de Lyon Saint-Paul et Saint-Joseph. Le déplacement du marché de gros sur le site de Myons-Corbas et la fermeture des prisons, liée à la construction de la nouvelle maison d’arrêt de Corbas, ont été réalisés respectivement fin 2008 et début 2009.

- Du marché-gare de Perrache au marché de gros de Corbas : chronique d’un transfert annoncé (2008).
- Les prisons de Lyon se font la belle
- Dossier de presse Lyon Confluence. La ville du 21e siècle grandit à la Confluence, 5 mars 2009.
- Maquette du projet Herzog et De Meuron pour la seconde phase


Les quartiers Perrache et Sainte-Blandine au nord

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Quartier Sainte-Blandine
© L.A. pour la BML (avril 2009)
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Quartier Perrache
© L.A. pour la BML (avril 2009)

L’Atelier d’urbanisme Ruelle planche sur la zone de Perrache, à savoir l’écorénovation de Sainte-Blandine, et la création d’un passage sous les voûtes pour l’élaboration d’un ensemble Archives-Carnot.Communiqué de presse de Lyon Confluence

En février 2010, l’Atelier a livré ses premières conclusions sur le réaménagement de la liaison entre Perrache et Sainte-Blandine. Il n’est pas question de détruire de centre d’échanges – c’était le rêve de Raymond Barre, partagé par la majorité des Lyonnais – mais plutôt de l’ajourer, le creuser, le « gommer ».

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Eglise Sainte-Blandine
Serge Vincent, 2009

Le quartier Sainte-Blandine compte 600 000 m² actuellement, dont 350 000 m² de logements, 7 500 habitants, 6000 emplois. Dans le cadre de la phase 2, il passe à 400 000 m² de logements, 8 500 habitants et 8 500 emplois.

Ce quartier est traversé par le cours Charlemagne, sur près de deux kilomètres. Le cours a été rénové à l’occasion du passage du tramway, mais il garde son caractère populaire, petits commerces, brasseries… La place de l’Hippodrome devant l’église Sainte-Blandine – œuvre de l’architecte Clair Tisseur – accueille les marchés, les fêtes et les boulistes. C’est dans le quartier Sainte-Blandine que la Ville de Lyon a construit en 1913 ses premières Habitations Bon Marché où se logèrent les travailleurs de la zone industrielle.

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Le cours Charlemagne
vu depuis la gare de Perrache
Nicolas Daum, 2011

On peut suivre les étapes du projet sur le site –La Confluence, ça se discute Pour une ville, l’écorénovation est fondamentale dans le bilan énergétique global. Pour s’en persuader, il suffit de savoir que les deux tiers des 550 000 résidences principales de l’agglomération lyonnaise ont été construites avant 1975. Or un bâtiment ancien consomme en moyenne entre 200 et 400 kWh/m2/an, alors que la norme imposée par Grand Lyon autorise une consommation maximale dans les bâtiments neufs de 90 kWh/m2/an. Les plus vieux immeubles ne sont pas nécessairement les plus catastrophiques : la construction traditionnelle recherchait l’économie de chauffage et savait « climatiser » naturellement les appartements par une aération adaptée. En revanche, les décennies d’électricité et de pétrole bon marché (avant la crise pétrolière de 1973) ont généré des aberrations en matière d’isolation, qu’il est parfois difficile de rattraper. Mais qui va payer ? Avec quelles aides ? Une étude a été confiée à la SPLA* Lyon Confluence, dont les propositions n’ont pas encore été diffusées. 80% des logements sont des copropriétés dont les habitants ont des revenus modestes. Les deux tiers de ces copropriétés appartiennent à des bailleurs privés. L’écorénovation devrait revaloriser ces logements. Selon Pierre Lefèvre (« De la friche urbaine à l’écoquartier, in Ecologik n°22, 8/9 2011) il est à craindre que les prix ne finissent par s’aligner sur le reste du centre ville, amenant à une certaine gentrification que la présence des logements sociaux locatifs existants devrait toutefois tempérer. La ville a raté l’occasion de juguler une telle dérive en procédant à des achats immobiliers ou fonciers alors que les prix étaient encore bas. « Il y avait notamment les terrains appartenant aux hospices qui pouvaient être achetés, mais ce n’était pas dans la stratégie du Grand Lyon » précise François Grether**.

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L’échangeur et la gare
© L.A. pour la BML (avril 2009)
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L’ échangeur et la gare de Perrache
© L.A. pour la BML (avril 2009)

*La SEM Lyon Confluence a été créée en juillet 1999 pour promouvoir et réaliser l’opération Lyon Confluence. Présidée par Gérard Collomb, Sénateur-maire de Lyon et Président du Grand Lyon, elle est dirigée par Jean-Pierre Gallet. Devenue SPLA (société publique locale d’aménagement), en janvier 2008, elle emploie 18 personnes

** architecte qui avait planché en 2000 sur l’aménagement de l’ensemble du site, avec le paysagiste Michel Desvigne.

3 Et les prisons ?3

Le territoire concerné englobe les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul désertées et dont le devenir des bâtiments a été long à être arrêté. « Restera le problème des prisons » annonçait un Gérard Collomb un peu exaspéré par les hésitations de l’Etat sur leur devenir. Un permis de démolir a été déposé. Mais un revirement est toujours possible.(Interview de Gérard Collomb, « Confluence, Gérard Collomb dévoile la suite de son projet » in Le Tout Lyon n°4831 du 14 mars 2009)

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La prison Saint-Paul
Nicolas Daum, 2011
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La prison Saint-Paul
(cours Suchet)
Nicolas Daum, 2011

Changement de cap ! En 2015, la prison Saint-Paul hébergera les 5 000 étudiants de l’Université Catholique de Lyon, tandis que l’ex-prison Saint-Joseph sera partiellement reconvertie en résidence étudiante, 50% des bâtiments étant préservés au total… Un revirement sensé combattre la sévère indigestion des lyonnais de « pièces montées de la première phase, consistant à faire pardonner à ces vestiges leur ancienne méchanceté, quitte à les confier à des architectes plus proches de la réflexion ordinaire de la promotion que du respect du patrimoine et de l’invention architecturale. (Un article de Frédéric Edelmann, « Lyon en avant-garde », in Le Monde du14 décembre 2011.

C’est le projet de la Sofade, l’Ogic, l’UCLY, Habitat et Humanisme et l’Opac du Rhône qui a emporté en 2010 l’appel à projet lancé par l’Etat. Le projet inclut Habitat et Humanisme, porteur d’un projet de maison intergénérationnelle dans laquelle des étudiants prendront soin des personnes fragilisées. Autre création, celle d’un institut d’entreprenariat social destiné à répondre aux transformations sociales. « Avec la crise des finances publiques, le monde associatif doit passer un nouveau cap et trouver ses propres capacités financières. Il faudra faire plus avec moins alors que la précarité s’aggrave » détaille le père Bernard Devert.. (Un article de Dominique Menvielle, « Reconversion des ex-prisons : rentrée de l’Université catholique en 2015 », in Le Progrès du 2 décembre 2011)
- Saint-Paul, un nouveau campus pour l’Université Catholoique de Lyon


Territoires de mémoires

3Le territoire du marché de gros3

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Marché de gros
Le MIN

© Grand Lyon

Un projet d’aménagement approfondi, une programmation réfléchie et adaptée au positionnement de la Confluence, qualifié de « coeur créatif » de l’agglomération, un travail méticuleux sur l’exposition et les hauteurs des futurs bâtiments, et des axes de circulation un calendrier opérationnel posé, permettront d’adopter dès 2012, le dossier de réalisation de la zone d’aménagement concerté seconde phase et d’engager les premières consultations de promoteur-architectes. Lancement opérationnel de la seconde phase de la Confluence

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Intérieur du marché de gros
A. Meyer, 2011
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Intérieur du marché de gros
A. Meyer, 2011

Le territoire – baptisé Ilot Confluence – occupé par le marché de gros représente 320 000 m² des 420 000 m² de la seconde phase. 30% des anciens bâtiments seraient conservés, le grand portique, la halle aux fleurs et au caoutchouc. Le principe retenu est celui de la diversité des hauteurs et des programmes : anciennes halles reconverties et maisons de ville, petits immeubles de 5 à 6 étages, immeubles de 8 à 9 étages aux franges du quartier, quelques immeubles de 16 étages. Des parkings en sous-sol, des parkings « mutualisés » et des places sur voierie devraient répondre au problème de stationnement. Les immeubles seraient entourés de petits jardins, imaginé par Michel Desvigne, qui s’est inspiré de Tokyo où la présence de la nature se manifeste par une accumulation de petits espaces verts. Deux tours de 40 étages apparaissent dans le projet et ne devraient pas voir le jour à la Confluence, mais de préférence dans le quartier rénové de la Part-Dieu. L’Ilot compterait de 25% à 30% de logement à caractère social.

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Le marché de gros
A. Meyer, 2011
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Tag à l’intérieur du marché
A. Meyer, 2011

Ce nouveau morceau de ville devrait donc être plus dense. Un dossier du journal Le Point du 26 mars 2009, intitulé « Lyon 2020 » évoque cette densification sur un modèle américain. New-York en est l’archétype pour l’architecte Albert Constantin :Dans une dizaine d’années, Lyon sera une ville plus dense et plus haute… Il faut trouver le moyen de densifier en sortant de la logique des villes européennes qui s’imposent un gabarit unique… Densifier la ville c’est économiser le foncier. L’éparpillement des gens à la campagne est totalement anti-développement durable… La ville sera plus bétonnée, mais avec davantage de grands espaces publics, comme les berges du Rhône, qui sont un extraordinaire lieu de partage… Il nous faut des grands lieux de rencontre, dont l’exemple type est Central Park…. Los Angeles est le modèle de Michel Thomas, gouverneur du Rotary Club de Lyon-Région Los Angeles s’étire sur 200 kilomètres de longueur… sans véritable centre. Lyon devrait de la même façon développer son agglomération en réseau, de Chalon à Valence, en passant par Mâcon, Saint-Etienne… Los Angeles était déjà le modèle du maire Louis Pradel… lors d’un voyage aux Etats-Unis, en 1959, il avait été impressionné par l’enlacement des autoroutes urbaines autour de Los Angeles, il y avait vu la solution idéale pour la circulation automobile en site urbain qu’il se chargerait un beau jour d’appliquer à sa bonne ville de Lyon.( Louis Pradel, maire de Lyon, de Laurent Sauzay)… d’où le centre d’échanges de Perrache.
- Sur le thème de la densification urbaine, nouvel évangile urbanistique dont d’aucuns prétendent qu’il profite surtout aux promoteurs, voir ce qu’en dit Wikipedia ou Emmanuel Boutefeu du CERTU : la densification, remède contre la pollution de la ville par la voiture mais facteur aggravant en cas de canicule…

3 Mini-parcs et jardinets3

La pointe sud du quartier de la Confluence laisse deviner le confluent et le musée en construction. Le projet du Champ est destiné à révéler cette exception urbaine : un environnement naturel composé de parcelles privées, fortement végétalisées, et de chemins piétons accueillera des activités du domaine de la culture, de la créativité et des services innovants. Au total, il est prévu de planter plus de 3 000 arbres. A l’étude aujourd’hui, l’implantation de la nouvelle maison de la Danse et une résidence pour chercheurs internationaux.

Devant l’actuel Hôtel de région est prévue par ailleurs une place dont la superficie devrait être de deux fois la place des Terreaux, avec de grands arbres.


Nouvelles liaisons

- Le pont des Girondins, réservé aux automobiles et aux piétons, traversera le Rhône au niveau de la rue des Girondins, située dans le 7e arrondissement, à mi-distance entre le pont Galliéni qui rejoint Perrache et le pont Pasteur. Il relie le nord du quartier de Gerland au territoire du marché de gros, l’Ilot Confluence.
- Un nouveau pont, Raymond Barre, traversant le Rhône permettra au tramway de rejoindre le quartier de Gerland et la ligne B du métro à la station Debourg. Le tramway comptera ainsi quatre nouvelles stations : Musée des Confluences, Halle Tony Garnier, ENS et Debourg. Il passe en aval de l’actuel pont Pasteur. Le pont, dessiné par l’architecte Alain Spielmann, comportera deux arches de 150 m. La première pierre du pont a été posée fin novembre 2011 pour un achèvement fin 2013. Le nouveau pont fait irrésistiblement penser à l’ancien pont de la Boucle, remplacé en 1982 par le pont Winston Churchill. Une polémique sur les perturbations que devrait occasionner le nouveau pont pour les familles de castors habitant les rives, est lancée.
- Deux passerelles piétonnes seront enfin construites pour relier les quatre rives de la Saône (quai Jean-Jacques Rousseau) et du Rhône, créant une transversale à la frontière du Champ et de l’Ilot Confluence, où pourrait s’implanter la nouvelle maison de la Danse. (voir la [maquette du projet Herzog et De Meuronhttp://www.lyon-confluence.fr/galerie.php?id=433].


Le Musée des Confluences : (dé)construction en 2014, enfin !

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Le musée des Confluences
A. Meyer, 2011
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Le musée des Confluences
A. Meyer, 2011

Le permis de construire du futur musée des Confluences avait été déposé en 2003 et les travaux ont commencé le 10 octobre 2006 pour une livraison prévue alors en 2009.

Des différents opposent alors l’entreprise chargée de la construction du musée – Bec Frères (mandataire), Castel et Fromaget, Franki Fondation, Sefi-Intrafor et Smac, seul groupe candidat sur le projet à l’époque – et la maîtrise d’œuvre – les architectes et la Société d’Equipement du Rhône et de Lyon (SERL). Les désaccords portent sur les techniques de construction (la quantité de ferraille pour les longrines, par exemple) et sur le statut des nombreuses et coûteuses études nécessaires à la mise en œuvre du projet. (1)

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Le chantier du musée
© L.A. pour la BML (avril 2009)

Le chantier, suspendu pendant 7 mois en 2007, est arrêté en juillet 2008.

Une rupture à l’amiable intervient entre l’entrepreneur et les maîtres d’œuvre le 4 décembre 2008. Un article publié dans le Moniteur du 12 décembre 2008 relate les conditions de cette séparation…

[…] Jean-Pierre Martin, PDG de Bec Frères trouve dans la difficulté de mise en œuvre de la garantie décennale la source de « la remise en cause de l’économie générale du contrat, et en particulier le caractère forfaitaire du prix du marché passé avec [son] groupement ». Et d’ajouter : « Or, nous n’avons pas été en mesure de trouver avec le maître d’ouvrage des solutions aux problèmes rencontrés et à leurs conséquences financières qui soient autorisées par la réglementation en vigueur ». L’entrepreneur renonce à toute indemnité de résiliation, garantit les fondations qu’il avait réalisées, et restitue plus de 8 millions d’euros sur les 14 millions d’avance consentie ainsi que les dossiers, plans, etc. La différence (plus de 5 millions d’euros) l’indemnise de certaines études et d’une partie des moyens immobilisés depuis cet été. Elle sert aussi payer les mesures conservatoires et de sécurité que l’entreprise doit mettre en œuvre en attendant le redémarrage du chantier. (2)

La maîtrise d’œuvre sera réorganisée avec l’arrivée du cabinet Patriarche comme « correspondant local et opérationnel » de Coop Himmelb(l)au, qui rédige un nouveau cahier des charges.

On attendait avec impatience les résultats du nouvel appel restreint (européen) à candidatures – sur la base d’un cahier des charges rédigé par Patriarche – clos depuis le 9 avril 2009. Le chantier devait reprendre là où il avait été arrêté – le titulaire du précédent marché ayant réalisé les travaux de fondations qui seront éventuellement complétées par des adaptations limitées…, ainsi que quelques réseaux enterrés et quelques ouvrages du socle (3), avec achèvement en 2012 ou 2013.

Cependant, un seul candidat ayant répondu, l’appel d’offres a été déclaré infructueux et une nouvelle procédure a été lancée le 30 avril avec une date limite de dépôt des réponses le 16 juillet 2009. François Guttin-Lombard, dans un article du journal Le Progrès du 25 avril, rend compte de cette nouvelle péripétie qui devrait se solder par une augmentation du coût du Musée, désormais estimé à 200 millions d’euros… Le président centriste a par ailleurs annoncé que les entreprises non retenues à l’appel d’offres toucheraient « une indemnité de 300 000 euros pour une offre sérieuse, afin d’inciter encore plus les entreprises à répondre ». Car il perce comme un peu d’inquiétude autour d’un dossier que Michel Mercier qualifie lui-même de « très difficile. Il serait dommage pour Lyon qu’on n’y arrive pas ».

Et le président du Conseil général de reconnaître « qu’un certain nombre d’erreurs ont été faites. On a aussi minimisé plusieurs problèmes. Mais nous sommes malheureusement sur des délais habituels pour des équipements culturels. On verra bien le 24 juillet si on peut y aller ou pas ».

Mais la décision ne sera pas prise fin juillet mais fin août voire septembre. Sur les 16 ou 18 entreprises qui ont retiré un dossier, deux seulement restent en course et elles ont demandé un nouveau délai. Pour Patriarche & Co « ce petit retard a plutôt des allures de bonne nouvelle. Cela montre que les entreprises sont intéressées et cela peut nous laisser espérer que leurs propositions tarifaires seront acceptables ». En clair, l’architecte considère que l’actuelle crise économique, qui affecte durement la construction, incitera les entreprises à ne pas se montrer trop gourmandes pour arracher un marché évalué, à son origine, à 162 millions d’euros tout de même. (« Un nouveau délai pour le Musée des Confluences » in Le Progrès du 8 juillet 2009)

Le vendredi 4 septembre 2009, le conseil général a validé les offres des deux groupements menés par Vinci et Léon Grosse. Elles doivent être transmises pour examen aux services techniques puis à la commission d’appel d’offres ; le choix du groupement aurait lieu lors de la cession du conseil général de novembre. Le groupement piloté par Vinci, qui comprend GTM, Smac et les Italiens de Permasteelisa (qui travaillent sur la Tour Oxygène) a déposé une offre à 117,89 millions d’euros HT. Celui mené par l’entreprise d’Aix-Les-Bains Léon Grosse (qui a réalisé la gare de Saint-Exupéry) avec les Belges et les Allemands de Iemants, Seel France et Bemlo Systems France, propose 99,5 millions d’euros HT… Le socialiste Bernard Rivalta a par ailleurs regretté que « les entreprises ne soient pas solidaires dans l’opération »… Et il a fait part de ses vives inquiétudes quant à la question des assurances, qui a déjà plombé une fois le dossier dans le passé.. La construction du musée, dont le coût global devrait dépasser 200 millions d’euros, dont 61 millions d’euros TTC déjà investis, reprendrait à l’été 2010. Le surcoût serait financé par la vente d’une partie du patrimoine du conseil général. Quant au coût de fonctionnement annuel, il est estimé à 13 millions d’euros. (« Musée des Confluences : la note grimpe à 175 millions d’euros » de François Guttin-Lombard, in Le Progrès du 5 septembre 2009.

Recalé le 15 janvier 2010, Léon Grosse a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Lyon pour obtenir l’annulation du marché, reprochant au conseil général du Rhône d’avoir choisi Vinci selon des critères qui n’étaient pas dans le cahier des charges, des délais octroyés insuffisants, une mauvaise pondération des sous-critères au niveau de l’élément « valeur technique » par la commission d’appel d’offres. Le 12 février 2010, le tribunal administratif rejette la demande d’annulation de Léon Grosse. Le chantier peut enfin reprendre.

En octobre 2011, le socle en béton armé et les appuis – trois piles et quatorze poteaux – sont achevés. La construction du Nuage avec son ossature métallique reposant sur ces appuis et ses verrières démarre. Celle du Cristal est prévue pour 2012.

Le projet de Coop Himmelb(l)au est au cœur de plusieurs polémiques…

3Son implantation3

Cette polémique fait suite au choix par Lyon Confluence des architectes-urbanistes suisses Herzog et de Meuron pour la réalisation de la 2ème phase du projet Confluence. Les architectes suisses ont toujours préconisé qu’il fallait préserver le site fragile et précieux de la pointe du confluent et ne pas y installer un musée qui sera gigantesque… Le choix des architectes Herzog et de Meuron conforte donc certains dans l’idée que le musée ne se fera pas à cet endroit. Certains bruits indiquent même que le conseil général du Rhône étudierait un autre lieu pour édifier le musée. Ces rumeurs sont cependant démenties par les fonctionnaires chargés de suivre ce dossier au sein du département. (« Des questions sur le Musée des Confluences », in Lyon Capitale juillet-août 2009).

3Son coût3

Un dossier réalisé par Nadège Michaudet et Lionel Favrot, dans la revue Lyon Mag’du juin 2008, sur le Musée des Confluences. « Confluent : le musée fou de Michel Mercier » dénonce son augmentation : Après six mois de blocage, les travaux du musée de Michel Mercier viennent de reprendre au confluent. Mais ce « Cristal Nuage » va coûter presque deux fois plus cher que prévu, l’ouverture a déjà pris quatre ans de retard…. Les journalistes évoquent une dérive financière due à la complexité de l’architecture du bâtiment, avec un projet passant de 109 à 200 millions d’euros, un fonctionnement annuel de 8 à 20 millions d’euros.

Michel Mercier, sénateur président du conseil général, interrogé par Le Figaro le 27 mars 2009 sur le financement du Musée, estimait toujours alors que le coût n’atteindrait “que” 162 millions d’euros (et non 200 millions) et précisait qu’il serait payé par la vente des actions de la Compagnie nationale du Rhône et par le produit de certaines opérations immobilières.

Plus précisément, la vente des actions représenterait un apport de 63 millions d’euros, celle des biens immobiliers 18 millions. Le conseil général va également affecter au chantier les 48 millions d’euros qu’il a fait entrer dans ses caisses par les droits de mutation et mobilisera 19 millions d’euros issus des gains réalisés sur l’intérêt d’emprunts…(7).

Fin 2011, le coût est arrêté à 181 millions d’euros TTC.

3Son concept 3

Dès le choix du projet, le musée a suscité des engouements et des rejets qui s’exacerbent dans le contexte des retards accumulés et de la dérive des coûts. Dans un article déposé dans la rubrique « Point de vue » du site du Moniteur, intitulé « Les excès du star system : le Projet Triangle de Herzog et de Meuron », William J. R. Curtis (4) décrypte la « bénédiction ambiguë » qu’a constitué « l’effet Bilbao » pour l’architecture : la porte ouverte à une obsession pour l’imagerie vaine, pour une rhétorique visuelle débridée et pour une insipide recherche de la forme pour la forme.

Les élus locaux sont victimes de l’illusion naïve que leurs villes n’ont besoin que de grands projets construits par des stars de l’architecture pour attirer l’attention et le prestige. Aussi, plutôt que de réaliser des édifices rigoureux, pertinents et beaux, plusieurs membres du star system, parmi lesquels certains lauréats du prix Pritzker (considéré non sans raison comme le prix Nobel de l’architecture) ont créé des projets racoleurs et arbitraires, dénués de substance pérenne : une architecture de gestes vides et de formes inutilement compliquées qui ne signifie rien d’autre qu’elle-même… Avons-nous vraiment besoin de musées conçus comme des parcs à thème, de pharaoniques aéroports ne fonctionnant pas, d’équipements culturels déguisés en toiles d’araignée, de façades en laitue singeant quelque « responsabilité écologique » ou de gratte-ciel aux silhouettes plus ou moins phalliques ?… L’architecture doit poursuivre des objectifs lus sérieux : être au service de la société et de la culture dans la longue durée, apporter quelque chose de plus à la ville comme à la nature.

Certains architectes blogueurs du Moniteur ont réagi à cet article, considérant que le Musée des Confluences est une illustration des propos de William J.R. Curtis.

3Sa corrélation, réelle ou supposée, avec le nouvel article L243-9 du code des Assurances3

Il concerne la restriction de la garantie décennale de construction, et qui stipule… Les contrats d’assurance souscrits par les personnes assujetties à l’obligation d’assurance de responsabilité ou de dommages en vertu du présent titre peuvent, pour des travaux de construction destinés à un usage autre que l’habitation, comporter des plafonds de garantie.

Déposé le 18 décembre 2006, par Michel Mercier, le texte est promulgué le jour de la Saint-Sylvestre.

Michel Ousseuga (5) n’hésite pas à faire le lien entre cet article L243-9 et le refus des assureurs de couvrir le futur bâtiment [musée des Confluences] compte tenu de ses « particularités architecturales » […] en octobre dernier alors que démarraient les travaux, le sénateur Mercier s’inquiétait du risque majeur qui pesait sur la SERL, la société d’économie mixte mandatée par le département du Rhône pour la réalisation du musée. Et qui se trouve sans assureur. Il fallait donc agir et fissa fissa. D’où l’adoption en catastrophe en décembre – afin de régler le problème particulier posé au conseil général du Rhône – d’une nouvelle loi, de portée nationale. Aussi entreprenant soit-il, jamais notre sénateur-président du conseil général, ne serait parvenu à ce résultat, en trois jours, tout seul. Fort heureusement, Dominique Perben le ministre des Transports et de l’Équipement, autorité de tutelle de l’assurance construction, s’est souvenu qu’il était aussi candidat à la mairie de Lyon. Si la capitale des Gaules vaut bien un musée et une réforme au pas de charge, reste encore à Dominique Perben à préciser un point. Celui d’expliquer aux contribuables lyonnais, qu’en cas de problème, c’est à eux qu’il reviendra de régler la partie « hors plafond » d’un sinistre.

Cependant, en décembre 2008, malgré l’article L243-9, la question des assurances n’était toujours pas résolue et le chantier non couvert, carles assureurs -corporation qui se distingue par sa détestation du risque – renâclent à apporter leur garantie à l’entrepreneur en raison du caractère particulier du bâtiment prévu. Malgré les efforts du conseil général qui n’a pas hésité à s’engager aux côtés de Bec Frères.(6)

La responsabilité des entreprises serait plafonnée à 40 millions d’euros. Si le sinistre venait à être plus important, c’est le conseil général qui prendrait en charge directement la différence. Cette astuce devrait toutefois nécessite une délibération en bonne et due forme de l’assemblée départementale. Pour rassurer les assureurs inquiets des dérives du chantier, le maître d’ouvrage a également commandité une nouvelle série d’études techniques…(7)


(1) Un article de Céline Boff. « Lyon, le Musée des confluences trouve son assise », in Le Moniteur du 27 juin 2008

(2) Un article de Marie-Annick Depagneux. « Lyon : la panne de chantier du musée des Confluences s’éternise », in Les Echos du 18 décembre 2008

(3) Texte de l’appel d’offres du 02/03/2009 (http://boamp.journal-officiel.gouv.fr) n°09-19875

(4) William J.R. Curtis, critique d’architecture, est l’auteur entre autres de L’architecture moderne depuis 1900.

(5) 07 mars 2007. « En architecture, Perben assure » sur le site Bakchich-infos

(6) « Le Musée des Confluences : un chantier enlisé », un article de René Raffin, in Le Progrès du 2 décembre 2008.

(7) Dossier de la Tribune de Lyon du 9 juillet 2009, réalisé par François Sapy, Audrey Henrion et François Mailhes, intitulé « Le Musée des Confluences en eaux troubles ». Au sommaire : « Mais qui a choisi le site ? » « Qui est Coop (Himmelb(lau) ? » « Michel Mercier va-t-il partir ? » « Qui veut bien assurer le musée ? » « Quand le conseil général vend les bijoux de familles » « Que va devenir le musée Guimet ? » et une interview de Michel Côté.


Du Muséum au Musée des Confluences

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Le musée des Confluences
© Hermin Heiss pour Coop Himmelblau/SERL

Longtemps considéré comme le musée le plus populaire de la ville, le Muséum d’histoire naturelle de Lyon fait partie de la conscience collective des citoyens. Fondé en 1772, il possède de riches collections concernant les sciences de la terre, les sciences de la vie et l’ethnologie extra européenne, et témoigne d’une longue histoire.

Le conseil général du Rhône hérite en 1991 du vénérable Muséum d’histoire naturelle de Lyon. En juillet 1999, il lance le projet de construction d’un nouveau musée à la pointe du confluent – l’ancien ne répondant plus aux normes de sécurité – et c’est Coop Himmelb(l)au , fondé en 1968 par Wolfgang D.Prix et Helmut Swiczinsky, qui emporte en février 2001 le concours d’architecture. Himmelb(l)au (littéralement « bâtir le ciel »), adepte du déconstructivisme et/ou des formes fragmentées, courant né dans les années 70, écrit : L’architecture contemporaine sera honnête et vraie lorsque les rues , les espaces ouverts , les bâtiments et les infrastructures reflèteront la réalité urbaine , lorsque la dévastation de la ville sera transformée en fascinants symboles de désolation . La désolation résultant , non de la complaisance , mais de l’identification de la réalité urbaine, développera les désirs , la confiance en soi et le courage de prendre possession de la ville .(1)

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Le Musée
Façade Nord

3Les différents projets en concurrence pour le futur musée des Confluences3

- Musée des Confluences : exposition des maquettes du concours architectural, 2001.
- « 7 projets pour le Musée des Confluences », in Lyon-Capitale du 25 avril 2001
- « Musée des Confluences : le choix d’un geste fort », in Le Progrès du 7 mars 2001
- « Cristal-Nuage, un musée à fleur d’eau », in Lyon cité : le magazine de la Ville de Lyon, juin 2001, pp 12-13
- « Du Muséum au musée des Confluences à Lyon : esquisse du projet culturel et aperçu d’un travail de passage », in Musées et collections publiques de France, par Michel Côté. N°238, 2003
- Site du Musée

3Découverte du musée des Confluences3

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Le Musée
Façade Est

- Le site du Musée, présentation du projet

Le Musée, dont l’architecture inédite est le résultat de “mutations, déformations, interactions et ruptures”, selon l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au, qui a conçu le bâtiment, sera dédié aux sciences et à la société et sa conception hybride en fera non seulement un lieu de transmission du savoir mais un espace récréatif, où l’on pourra passer son temps libre ou s’y rencontrer.

Il s’inscrit dans la démarche des musées thématiques et pluridisciplinaires qui ne sont plus des “temples”, réservés exclusivement aux élites instruites mais deviennent plutôt des fournisseurs d’accès public au savoir contemporain en même temps que lieux de convivialité privilégiés. Son directeur, Michel Côté, interviewé par le journal La tribune de Lyon en juillet 2009 prévoit une fréquentation de 400 000 à 500 000 personnes chaque année. Son objectif est de fidéliser les publics : Le musée se doit de maintenir dans le temps une relation continue avec ses visiteurs, il ne faut plus que ceux-ci reviennent tous les cinq ans. Les tarifs devraient être attractifs avec un jeudi gratuit comme dans les autres établissements culturels dépendant du département.

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Le Musée
Coupe A-A

L’architecture du Cristal Nuage de Coop Himmelb(l)au, à l’image du site défini par la confluence des deux fleuves, est constituée de deux entités qui se rejoignent.

En bordure de la ville, une construction monumentale en verre s’élève, comme l’écho architectural des deux collines de Fourvière et de la Croix-Rousse, surplombant Lyon : c’est le cristal. Sous sa peau, se dessine le volume d’un nuage qui semble résister à l’attraction terrestre et flotter à 12 mètres au-dessus du sol. Le Cristal accueille les visiteurs en les mettant “en condition”. Avec ses contours précis et sa forme cristallisée mesurable, il est tourné vers notre monde vécu au quotidien.

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Le Musée
Coupe B-B

Le Nuage est un espace flou renfermant le savoir de l’avenir. C’est un immense vaisseau spatial, dont les profondeurs abritent les espaces d’exposition. Le présent et l’avenir se rejoignent dans le Cristal-Nuage afin de le transformer en un lieu de découverte. Placé dans la continuité du parc de la pointe sud de l’île, le grand espace libre situé sous l’édifice efface la frontière marquée entre intérieur et extérieur. Cette interface entre le musée et le public comprend en partie l’espace libre sous le Nuage ainsi que l’espace du Cristal situé au rez-de-chaussée. Un lien vertical transperce tous les niveaux de l’édifice, depuis le parking souterrain, d’où l’on peut accéder par une rampe en spirale : c’est le double cône, seul chemin pour la lumière du jour, dont le cône inférieur, en verre, constitue une salle d’exposition publique. Une Plazza oblique, partant du hall d’entrée, conduit à une succession alternée de salles d’exposition et de salles de “repos”. L’organisation spatiale des salles d’exposition est librement répartie dans le nuage, soit dans des boîtes noires fermées empilées sur 2 étages (Exposition de “déclinaison”) soit sur le reste de la surface d’exposition, bénéficiant de la double hauteur (Exposition de “référence”).

La SERL est le maître d’ouvrage choisi par le Département du Rhône, commanditaire du projet, pour la construction du bâtiment, la réalisation des abords, l’aménagement des expositions permanentes, la préparation de la mise en exploitation.

3Chiffres3
- Surface utile : 20 000 m2
- Longueur : 180 m. Largeur : 90 m. Hauteur : 37 m
- Superficie du jardin : 24 000 m2
- Montant prévisionnel : 153 000 000 euros HT
- Durée des travaux : ? ans
- Aménagement intérieur : 6 mois à un an
- 500 000 visiteurs attendus par an

3Planning prévisionnel3
- Juillet 1999 : lancement du projet
- Février 2001 : Coop Himmelb(l)au gagne le concours d’architecture
- Janvier 2003 : dépôt du permis de construire
- Mai 2005 : démolition du boulodrome, site du futur musée
- Octobre 2006 : début des travaux (initialement prévus pour septembre 2005)
- 2007-2008 : aménagement scénographique du Musée
- 2008 : ouverture du Musée (repoussée en 2014)

3En attendant le Musée des Confluences…3

A l’été 2009, 100 personnes travaillaient déjà au musée, préparant les futures expositions et continuant la collecte des objets. Le musée devrait proposer trois expositions permanentes (D’où venons-nous ? sur l’origine du monde jusqu’aux premiers hommes, Qui sommes-nous ? avec un éclairage sur le cerveau et la gestation, Que faisons-nous ? et six expositions temporaires. Le musée a acquis entre un dinosaure, un Spoutnik, un accélérateur de particules…

Le Musée organise des expositions hors les murs, et en octobre 2011, un festival intitulé « Mise en bouche ». A l’été 2010, Bruno Jacomy est devenu directeur exécutif du musée, en charge de l’administration d’un des plus importants fonds de sciences naturelles et d’ethnologie extra-européenne de province. Le conseil général du Rhône, dans un souci de mutualisation des moyens, a par ailleurs décidé de regrouper les musées départementaux ( musée des Confluences + musées gallo-romains de Lyon-Fourvière et de Saint-Romain-en-Gal/Vienne) en une seule direction confiée à Hélène Lafont-Couturier, jusqu’alors en charge du musée de Fourvière. Le conservatoire des musées départementaux deviendrait un établissement public.

Les collections sont désormais stockées au Centre de Conservation et d’Etudes des Collections dans le 7e arrondissement. Cette institution est strictement fermée au public, mais ouverte aux scientifiques qui entretiennent et étudient les pièces. En 2013, les collections devraient s’installer dans les nouvelles salles, avant l’ouverture au public en février 2014. Le musée attend 500 000 visiteurs par an, mais on table plutôt sur un million. En décembre 2011, Stéphane Crevat, orfèvre, s’employait à restaurer le fameux spectographe.

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- Du Muséum au Musée des Confluences, dir. Michel Côté, 2005. Présente le projet : La mission de ce musée sera de conserver, protéger, étudier, développer et présenter les riches collections du Museum… Par sa politique de mise en exposition (une exposition de synthèse et de référence de 3 000 m² et sept expositions de déclinaisons de 150 m² à 900 m²) et son catalogue de publications, le Musée des Confluences valorisera le patrimoine exceptionnel dont il a la responsabilité.
- Toutes les publications du Musée des Confluences : Du Muséum au Musée des Confluences est devenue le titre d’une collection qui compte cinq parutions, téléchargeables en ligne.

3Un peu d’histoire3

On fait remonter la création du muséum d’histoire naturelle de Lyon à 1772, lorsque Antoine-Joseph Pestazzoli fit don à la Ville de son cabinet d’histoire naturelle. Le public fut admis à visiter une ébauche de musée, les mercredis non fériés, entre 1777 et 1789, dans le pavillon de l’Hôtel de Ville de l’époque, près de la place des Jacobins. La période révolutionnaire mit fin à cette première expérience de musée, dont les collections quittèrent la mairie pour le couvent des Dames de Saint-Pierre, où elles restèrent à l’abandon et furent soumises aux pillages.

En 1796, le ministre de l’Instruction publique rattache les Musées à l’Ecole Centrale installée dans les bâtiments de Saint-Pierre. Pendant des décennies, les collections furent ballotées entre les Terreaux (Saint-Pierre) et la Croix-Rousse (le musée de l’ancien couvent de La Déserte), subissant plus de destructions que d’accroissements. Après 1830, le Conseil municipal se révélant très favorable aux sciences, on restaura le Palais des Arts pour organiser le musée, qui connut un développement considérable sous la direction de Claude Jourdan, puis Louis Lortet, jusqu’au début du 20e siècle. Les collections les plus prestigieuses, alors acquises, attiraient des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Mais le Musée étouffait dans des locaux devenus trop exigus. Un premier projet de transfert du Muséum au parc de la Tête d’Or avorta cependant.

3Le Musée Guimet3


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coll. BM Lyon” title=”Musée Guimet. déb. 20e s.
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Dans le même temps, en 1876, Emile Guimet, industriel lyonnais et fils de Jean-Baptiste Guimet – inventeur du bleu outremer -, fit établir à son retour d’une mission en Orient, les plans d’un “Musée des religions”, pour y installer ses acquisitions. Au tiers de sa construction, Jules Ferry inaugura les trois premières salles de ce bâtiment, dessiné par l’architecte Chatron, dans un style néoclassique, situé 28, boulevard des Belges, à Lyon (6e). La faible fréquentation du musée décida Guimet à mettre en vente l’édifice, dont il fit transporter les collections à Paris, dans le musée qu’il fit construire et qui prit son nom. Le musée lyonnais, inachevé, fut vendu et subit d’importantes transformations architecturales, devenant restaurant brasserie, salles de sport et de musique. On y adjoint un théâtre puis une grande patinoire, le Palais de Glace. La municipalité racheta l’ensemble du bâtiment et décida le transfert du Muséum, du bâtiment Saint-Pierre au bâtiment Guimet, en 1909. Dans le même temps, Emile Guimet obtint, du musée parisien, le dépôt d’une partie des collections pour réinstaller un musée oriental dans deux des salles créées en 1879.

C’est en 1913 que le musée retrouva sa fonction initiale en accueillant les collections d’objets de la préhistoire à nos jours, se rapportant à de nombreuses civilisations du monde, auxquelles s’ajouta l’univers des sciences naturelles autour des grands mammifères, des insectes, des minéraux et des animaux fossiles. Les activités se multiplièrent en 1991, lorsque le Département prit en charge l’exploitation du musée jusqu’en 2002, date de fermeture des salles abritant les collections permanentes.

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Musée Guimet. déb. 20e s.
coll BM Lyon
Le Mammouth trouvé à Lyon en 1859
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Musée Guimet. déb. du 20e s.
coll. BM Lyon
Momies égyptiennes

A l’été 2009, le devenir du bâtiment n’est pas encore arrêté.

3Quelques lectures3


Les origines du Muséum

- A la découverte du Musée Guimet d’histoire naturelle / Muséoguide, 1992
- « Histoire du Museum d’histoire naturelle de Lyon », in Rive gauche, numéros 69, juin 1979 et 70, septembre 1979
- Quand le Japon s’ouvrit au monde : sur les traces d’Emile Guimet / film réalisé par Jean-Claude Lubtchantsky
- Archives naturelles / photographies de Jacqueline Salmon, texte de Christine Bergé, 2002

Voir aussi

- « Musée des Confluences : les collections s’enrichissent », in Le Tout-Lyon en Rhône-Alpes du 10 juin 2006
- Muséum : Acquisition d’un dinosaure au département des Sciences de la terre
- « Lyon aura son dinosaure », in Le Progrès du 18 novembre 2006. Dans 3 ans, les visiteurs du Musée des Confluences pourront voir aux côtés du mammouth qu’ils risqueront de trouver un peu riquiqui, le seul dinosaure sauropode visible en Europe. Le Conseil général du Rhône a en effet adopté hier, l’acquisition d’un spécimen américain de Camarasaurus, pour la somme de 1,2 millions d’euros…

3Pour en savoir plus3

- « Le Confluent : du rêve à la réalité », in Lyon Citoyen, septembre-octobre 2002, pp 4-5
- « Lyon Confluence, ça démarre ! », dossier, in Le Progrès, supplément au numéro du 26 janvier 2005, pp 1-7
- « Lyon-Confluence, une structure légère centrée sur le management du projet », par Alix Hoang, in La maîtrise d’ouvrage urbaine, pp 112-115, 2006
- Coop Himmelblau : construire le ciel. Exposition, au Centre Georges Pompidou, Paris, 1992-1993
- Coop Himmelblau : beyound the blue. Exposition à Vienne, 12 décembre – 11 mai 2008
- Coop Himmelblau , DVD, réalisation Jérome Enrico.

3Musées et muséologie : une autre approche3

- Musée et muséologie par Dominique Poulot, 2005. Pour aborder de manière simple, des questions complexes : Qu’est-ce qu’un musée ?…Pour demeurer pertinents et actuels, les musées doivent se garder de l’oubli des généalogies et de l’évitement des débats, de l’amnésie des lieux, des hommes et des collections…Les études de publics révèlent, de la part des visiteurs, des appropriations multiples, comme plus largement une quête du sens et du bonheur…
- Les musées en mouvement : nouvelles conceptions, nouveaux publics (Belgique, Canada) par Serge Jaumain, 2000
- Nouveaux musées par Raul Barrenèche, 2005. 27 musées réalisés à travers le monde au cours des dernières années, remarquables par leur conception architecturale et leur fonction…
- Le musée Kunsthaus, à Graz (Autriche). Conçu par les architectes londoniens Peter Cook et Colin Fournier, ce “friendly alien” (ou “gentil extraterrestre”) comme l’ont surnommé ses concepteurs, est recouvert d’une “peau” faite de panneaux de verre acrylique teinté, illuminés par 925 tubes circulaires fluorescents le transformant en écran géant susceptible de diffuser messages et images…
- Le musée Guggenheim, à Bilbao (Espagne). Conçu par l’architecte nord-américain Frank O. Gehry, le musée est composé d’une série de volumes interconnectés, les uns de forme octogonale et recouverts de pierre calcaire, les autres courbés, tordus et revêtus d’une peau métallique en titane, volumes qui se combinent avec des murs en rideau de verre, dotant de transparence tout l’édifice…
- Le musée Oscar Neymeyer, à Curitiba (Brésil). Conçu en 2002 par le célèbre architecte qui lui donne son nom, il est constitué d’un espace de 2000 m2 en forme d’oeil posé sur une colonne de 21 m de hauteur.. Cet oeil, dont la surface extérieure est enduite de blanc et la lentille à trame diagonale permet le reflet des nuages et des bâtiments voisins, symbolise l’oeil de l’artiste…
- <a href="http://www.berlin-en-ligne.com

/histoire.php” class=’spip_out’ rel=’external’>Le Jüdisches Museum de Berlin. Conçu par l’achitecte américain Daniel Liebeskind, l’édifice, tout en brisures, zig-zags et arrêtes, est un pur produit du déconstructivisme. Avec sa façade aveugle, trouée de 280 fenêtres semblables à des meurtrières, il est un saisissant rappel de la Shoah, que renforcent les 49 colonnes érigées en monument dans le jardin, et dont l’agencement perturbe tout repère de verticalité…


(1) Source : un article de Mamoud Rached sur Fortunecity.com ; voir aussi l’article de Wikipedia sur le déconstructivisme

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