Les 25 ans de la MAPRA : être libre et le rester !

- temps de lecture approximatif de 12 minutes 12 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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La Maison des Arts Plastiques Rhône-Alpes a soufflé ses 25 bougies, le jeudi 26 juin 2008, dans les magnifiques jardins du musée des Beaux Arts de Lyon. Jean-Jacques Queyranne, président du Conseil Régional, Gérard Collomb, maire de Lyon, ainsi qu’ainsi Alain Lovato, président de l’association, ont rappelé l’histoire, les missions et les valeurs de la MAPRA. Structure originale en France, née dans un contexte de Décentralisation et de montée en puissance de l’Art contemporain, La MAPRA est avant tout un centre d’information.
25 ans de MAPRA, ça se fête !

Sommaire

1. La MAPRA, enfant de l’Union des Arts Plastiques, du “boom” de l’art contemporain et de la Décentralisation
1.1 Avant la MAPRA : la Maison des Artistes et l’UAP
1.2 1960-1985 : l’envolée de l’art contemporain
1.3 Effets de la Décentralisation : quelle place pour la création en province ?

2. La MAPRA, structure originale au service des artistes
2.1 Le manifeste de l’Association
2.2 Les missions de la MAPRA
2.3 Les outils au service des artistes-plasticiens

3. La MAPRA, de Max Schoendorff à Alain Lovato
3.1 De Max Schoendorff, premier président de la MAPRA (1983-1993)
3.2 A Alain Lovato, président en exercice (1993-…)

1. La MAPRA, émanation de l’Union des Arts Plastiques, du “boom” de l’Art contemporain et de la Décentralisation

1.1 Avant la MAPRA : la Maison des Artistes et l’Union des Arts Plastiques

La MAPRA est née en 1983 à Lyon. Mais des structures professionnelles existaient déjà pour défendre les intérêts professionnels des artistes. Citons, par exemple au niveau national, la Maison des Artistes (MDA) qui a été créée en 1952 par des artistes, dans un esprit de solidarité, sous la forme d’une association loi 1901. C’est aujourd’hui la plus importante association d’artistes en France.

La MDA « remplit des missions d’intérêt général pour les artistes plasticiens, la solidarité, l’aide à la création, le conseil et la convivialité, et des missions d’intérêt public, la participation à la gestion de la sécurité sociale ».

L’UAP ou Union des Arts Plastiques. Cette Association a succédé en 1944 au Front National des Arts crée en 1941 par des peintres résistants. Picasso, Fernand Léger, Miró, Picabia, Klee furent parmi les premiers présidents d’honneur de l’UAP.

Cette Union des Arts Plastiques avait pour mission de défendre et de promouvoir la libre expression de l’Art, de développer le goût de l’enseignement de l’Art, mais aussi de favoriser l’entraide et la solidarité entre les artistes. La MAPRA est une émanation régionale de l’Union des Arts Plastiques.

1.2 1960-1985 : l’Art contemporain foisonne

Entre 1960 et 1985, le contexte intellectuel et marchand est favorable à l’Art contemporain.

Lyon et la région Rhône-Alpes n’échappent évidemment pas à cette lame de fond. Pourtant, à Lyon, dans les années 1960, l’Art contemporain est marginal, mais on assiste bientôt à une envolée du nombre des expositions, à une augmentation du nombre de critiques publiées, et enfin à la création de nouvelles structures de vente -les galeries- et d’exposition -les musées.

En 1976, la création de l’ELAC (Espace Lyonnais d’Art Contemporain), dans un local resté vacant du centre d’échange de Perrache, marque un premier tournant d’importance dans cette courte histoire.

Quelques années plus tard, en 1981-1982, la mise en place de structures déconcentrées –DRAC, Direction régionale des affaires culturelles- et des FRAC -Fonds régionaux d’Art contemporain- vont permettre la création d’un marché de la création contemporaine, parfois de manière un peu arbitraire et artificielle.

André Mure, adjoint aux Affaires culturelles de la ville de Lyon, crée en 1982 une Biennale des Arts de la rue qui devient en 1983 l’Octobre des Arts, rendez-vous devenu annuel.

Le Musée Saint-Pierre Art Contemporain est ouvert en 1983 sous la direction de Thierry Raspail, venu de Grenoble. Le Nouveau Musée de Villeurbanne prend son envol. De même, dans la banlieue lyonnaise des créations voient le jour : en 1979, on inaugure le Centre de Saint-Priest, et en 1982, c’est au tour de La Maison des Expositions de Genas.

Ajoutons à cela un contexte financier favorable, puisque de nombreux crédits publics sont accordés !

Néanmoins, tout ne va pour le mieux dans cet engouement pour l’Art contemporain !

Bibliographie contexte intellectuel à Lyon et dans la région Rhône-Alpes

L’intelligence d’une ville (Bibliothèque municipale de Lyon). Les actes du colloque tenu à la BM Lyon en juin 2005 permettent de comprendre le contexte intellectuel et artistique précédant la mise en place de la MAPRA.

Un demi-siècle, ici, dans la culture, Bernard CHARDERE, (Aléas) Bernard Chardère, homme de photo et de cinéma, par ses témoignages et ses textes, offre une entrée sensible dans le monde de la culture à Lyon.

Histoire des Arts Plastiques à Lyon au XXè siècle, Alain VOLLERIN, (Mémoire des Arts) : cet ouvrage dresse un panorama historique des tendances de l’Art à Lyon. Quelques mots génériques sur la MAPRA.

1.3 Effets de la Décentralisation : quelle place pour la création en province ?

Paradoxalement, cette montée en puissance de la création s’accompagne d’une crise de légitimité des artistes régionaux.

Cette crise vient du changement de cap opéré aux alentours des années 1980-1990. Baisse d’achats par le FRAC d’œuvres d’artistes régionaux, expositions de plus en plus consacrées aux artistes dont la renommée est nationale voire internationale, mainmise des fonctionnaires de la culture sur la définition d’une esthétique légitime…La question centrale de la création en province est posée : elle va de pair avec les problèmes de reconnaissance des artistes et leur professionnalisation.

Tout cela conduit des artistes à se regrouper autour de Max Schoendorff, dès le début de l’année 1983, pour fonder, sur un mode associatif, la MAPRA ou Maison des Arts Plastiques Rhône-Alpes.

Pour approfondir le sujet, on pourra notamment consulter :

Les Fonds régionaux d’art contemporain, Philippe URFALINO, (L’Harmattan)

La Décentralisation culturelle, René RIZZARDO, (La Documentation française)

Politique culturelle et décentralisation,Pierre MOULINIER, (L’Harmattan)

Rhône-Alpes, une région dans la décentralisation culturelle, (Conseil régional Rhône-Alpes)

Voir également le site de l’Observatoire des politiques culturelles

2. La MAPRA, structure originale au service des artistes


MAPRA

2.1 Le manifeste de l’Association

Recherchant une reconnaissance de leur travail et défendant leur liberté de création, les artistes réunis au sein de l’association publient un manifeste qui se réfère clairement aux actions de décentralisation menées dans le domaine des arts vivants et notamment du théâtre.

Citons le début du manifeste : « Un tropisme centralisateur a caractérisé pendant des siècles la vie culturelle française. Dans le domaine des Beaux Arts en particulier, la notion de provincialisme a toujours signifié précarité et retard. Pourtant, après la réussite de la décentralisation théâtrale (…), on perçoit depuis peu qu’un mouvement de même sens se dessine dans les arts plastiques. Le besoin chez de nombreux créateurs de résister à l’attraction mono-centrique de la capitale rejoint une volonté politique déterminée de régionalisation ».

S’en suit une dénonciation de la mise à l’écart des artistes lors des prises de décision et la condamnation de la « fonctionnarisation » de la culture.

Le but de la création de l’Association est donc de : « […] créer une structure spécifique qui soit le lieu et l’outil améliorant la qualité de la vie professionnelle des créateur. » La MAPRA pouvait naître.

2.2 Les missions de la MAPRA

La MAPRA se définit d’abord comme une centrale d’information : c’est-à-dire qu’elle collecte, traite et diffuse de l’information relative aux Arts plastiques en Rhône-Alpes, voire au-delà. Elle possède, ainsi, des dossiers à jour sur les artistes de Rhône-Alpes que tout un chacun peut consulter.

La MAPRA exerce également des missions d’information juridique. En effet, les artistes peuvent être parfois déroutés devant les problèmes liés aux assurances-chômage, à la fiscalité ou aux droits d’auteur. A la différence de la Maison des Artistes, elle ne participe pas à la gestion de la sécurité sociale des artistes.

Enfin, la MAPRA informe les artistes sur les possibilités et dispositifs d’aide sociale existant.

2.3 Les outils au service des artistes-plasticiens

Afin de remplir au mieux ses missions d’information, d’aide et de conseil, l’association emploie 6 salariés permanents et met à disposition un studio/résidence pour des artistes venant du monde entier, et séjournant en Rhône-Alpes.

Elle possède un centre de documentation ouvert au public où l’on peut consulter des catalogues d’exposition et toute documentation relative aux Arts plastiques, notamment des dossiers d’artistes.

La MAPRA s’est dotée, dès les premiers jours de son existence, d’une publication mensuelle, le Bloc-Notes, qui permet aux artistes et à toute personne d’avoir accès à une information de qualité. Le Bloc-Notes contient des rubriques concernant les expositions en cours ou à venir, les appels à projets publiés par les collectivités locales, les annonces de concours dans le cadre du 1% culturel…

Même si ce n’est pas sa vocation première, la MAPRA organise également de brèves expositions qui permettent aux jeunes artistes d’avoir un lieu où montrer leur talent.

L’association publie également un Annuaire des artistes-plasticiens en Rhône-Alpes, dont le prochain numéro paraîtra à l’automne 2008.


Bloc Notes

Enfin, cette centrale d’informations ne pouvait pas ne pas se doter d’un site internet MAPRA

Bibliographie

L’histoire de la création de la MAPRA n’a pas encore été écrite. Néanmoins, le lecteur pourra suivre les moments importants de sa création et de son existence dans les dossiers de presse de la Documentation régionale sous le titre Arts plastiques, centres d’art, 1983-1993 , (Bibliothèque municipale de Lyon)

Le Bloc-Notes de La MAPRA

, (MAPRA)

Terminons ce bref historique de la MAPRA en évoquant la figure de deux présidents.

3. La MAPRA de Max Schoendorff à Alain Lovato

3.1 Max Schoendorff, premier président de la MAPRA de 1983 à 1993…

Max Schoendorff a été un des initiateurs de la MAPRA aux côtés de Madeleine Lambert, figure essentielle de la gestation et de la vie de l’association. On pourrait citer égéalement Jean-Marc Scanreigh, Jean-Claude Vincent et de tant d’autres.

De nombreuses galeries et lieux publics d’exposition s’étaient associés à la démarche : galerie Verrière, Nelly Colin (Artothèque de Lyon), Jean-Claude Guillaumon (Maison des Expositions de Genas)…

Le parcours de Max Schoendorff résume sa passion et son engagement pour l’art contemporain.

Né en 1934, Max Schoendorff a fait ses études au lycée du Parc à Lyon. Elève du philosophe Jean Lacroix, il fut le disciple d’André Breton. Ami de Roger Planchon, il devint administrateur du théâtre de la rue des Marronniers où celui-là officiait. Il fonde un peu plus tard avec Bernard Chardère la collection “Premier plan” consacrée au cinéma.

Max Schoendorff a donc été, à partir des années 1950, de tous les combats et de toutes les aventures artistiques lyonnaises et nationales. Il y a acquis une incontestable notoriété de peintre philosophe. A l’instar de beaucoup d’artistes de cette génération, préfigurant ainsi la Décentralisation, il ne souhaitait pas quitter Lyon pour Paris. On comprend alors son attachement à créer une structure régionale pour défendre les arts plastiques et ses créateurs.

Les écrits consacrés à Max Schoendorff sont immenses et ses oeuvres trop nombreuses pour pouvoir être citées de manière exhaustive dans ce dossier.

Néanmoins, l’on pourra consulter avec profit la VHS

Max Schoendorff, entretien avec Jean-Jacques Lerrant

, Alain VOLLERIN,(Déclic Lulu)

Voir aussi : Dépaysage de Max Schoendorff, Rajak OHANIAN,(L’Embarcadère)

Vous pouvez également vous connecter au site de URDLAdont Max Schoendorff est un des responsables les plus actifs.

Dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux XIXè et XXè siècles, Bernard GOUTTENOIRE,(La Taillanderie)

3.2 Alain Lovato, président en exercice depuis 1993

Alain Lovato est un sculpteur fougeux qui voit les choses en grand. Ces “Invastructures” sont célébrées dans le monde entier.

Né à Lyon en 1943, issu de 4 générations de ferronniers-ferrailleurs d’origine italienne, Alain Lovato travaille dans son atelier situé dans l’Ain. Il expose ses travaux en France autant qu’à l’étranger depuis 1971.

Alain Lovato a pris la direction de la MAPRA en 1993, succédant ainsi à Max Schoendorff. Il est également secrétaire général de la Maison des Artistes.

Sur Alain LOVATO, consulter l’excellent ouvrage : Lovato. Espace in, espace off,(Editions Catherine Bernard)


Espace in espace off

Voir aussi le site Internet, en cours de réalisation, d’Alain Lovato : Site d’Alain Lovato

Pour résumer, la MAPRA en quelques chiffres :

Située au 7-9, rue Chenavard, 69001, la MAPRA emploie 6 salariés, propose plus de 1 000 dossiers d’artistes, et rassemble, bon an mal an, entre 700 et 1 000 adhérents.

La MAPRA s’auto-finance à hauteur de 16% de son budget et reçoit des subventions du Conseil régional Rhône-Alpes -principal bailleur de fonds-, de la Ville de Lyon, du Conseil Général du Rhône. S’ajoutent les dispositifs d’aide à l’emploi du CNASEA.


plaquette MAPRA

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