Le Village Vertical, l'habitat coopératif prend ses quartiers à Villeurbanne
Publié le 17/12/2011 à 00:00 - 27 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux
SommaireLe Village Vertical, genèse d’une coopérative d’habitants
Il était une fois…
Renouveau aux Maisons-Neuves
Une naissance bien entourée
Mais au fait, c’est quoi une coopérative d’habitantsLes coopératives d’habitants, héritières du coopératisme
Naissance des coopératives
Les coopératives face à la crise du logement populaire
Une autre approche de la coopération : l’autoconstruction avec les castors
Les cottagistes de Georgia Knap
Les Castors se retroussent les manchesLes coopératives d’habitants, héritières du coopératisme
Un modèle qui réintègre le lien social au sein de l’habitat
Habitat groupé… et écologique
Exemples d’habitats groupés en Rhône-Alpes
2Le Village Vertical, genèse d’une coopérative d’habitants2
[actu] Il était une fois…[actu] quatre ménages de trentenaires, fort désemparés par les prix prohibitifs de l’immobilier et les listes d’attente pour le logement social. Ils cherchaient ensemble un lieu à réhabiliter afin de se créer chacun un petit nid écologique et douillet, ainsi que des espaces à partager pour favoriser la solidarité. Nous étions en 2005. Fort marris de ne trouver chaussure à leur pied, deux familles déclarent forfait, deux autres plus motivées que jamais montent une association et partent en quête de partenaires pour concrétiser leur beau projet.
C’est en 2006 que leur chemin croise celui d’Habicoop, une jeune association dédiée à la promotion de l’habitat coopératif. Cette dernière était née à Lyon en 2005 de la rencontre entre plusieurs personnes liées au secteur de l’économie sociale et solidaire. De cette alliance naquit le projet du Village Vertical : créer une coopérative d’habitants en vue de construire, habiter et gérer collectivement un immeuble, en partageant des valeurs communes : “disposer chacun d’un logement dans le même immeuble, mutualiser certains espaces et moyens, et créer de véritables solidarités de voisinage, dans un projet à taille humaine alliant convivialité, responsabilité, entraide, écologie et démocratie”.
Utopie ? Bientôt réalité, puisque de l’association, devenue société coopérative en 2010, a pu assister le 17 novembre 2011 à la pose de première pierre du Village Vertical dans la ZAC des Maisons-Neuves à Villeurbanne.
[actu] Renouveau aux Maisons Neuves[actu]En 1828, le quartier des Maisons-Neuves est le plus important de la cité, avec 1148 des 3454 habitants de la commune. Villeurbanne, jusqu’alors petite ville riche en terres agricoles, voit se développer sur son territoire usines et industries, ainsi que des logements pour les ouvriers. Le quartier des Maisons neuves, en raison de sa proximité avec la commune de la Guillotière, est l’un des premiers à profiter de l’urbanisation du territoire villeurbannais. C’est aujourd’hui un quartier à la densité modérée, où persiste encore de l’habitat ancien et des espaces à exploiter.
Le Village vertical s’inscrit au sein du projet d’urbanisation de la Zone d’aménagement concerté des Maisons neuves qui prévoit la construction de 400 logements au sein d’une friche de 2,6 hectares entre les rues Saint-Exupéry, Jean Jaurès et Frédéric Mistral, au nord de la place des Maisons Neuves. Cette opération, conduite par l’OPAC du Rhône, est inscrite à l’agenda 21 du Grand Lyon au titre d’opération exemplaire en matière d’aménagement durable.
Situer la ZAC sur un plan interactif
La ZAC des Maisons Neuvessur le site web de Villeurbanne
Villeurbanne, ZAC Maisons Neuves : exemplaire par nature, OPAC du Rhône
[actu]Une naissance bien entourée[actu]
Pour rendre ce projet viable, de nombreuses marraines se sont penchées sur son berceau. En premier lieu Habicoop, qui a fait du Village Vertical son projet pilote et accompagne le montage du projet en particulier sur le plan juridique. Deuxième partenaire essentiel, Rhône-Saône Habitat, société anonyme coopérative de construction, prend en charge la maîtrise d’ouvrage et le portage financier. L’immeuble ainsi construit associe deux programmes : 14 appartements sont dévoués au Village vertical, tandis que 24 sont proposés en accession sociale à la propriété par Rhône-Saône Habitat. Ce montage permet de sécuriser le programme, RSH pouvant prendre en charge l’ensemble en cas de défaillance de la coopérative d’habitants.
Partenariat Rhône-Saône Habitat / Village Vertical
La Ville de Villeurbanne a proposé le terrain au prix “bailleur social”. De plus en plus de municipalités s’intéressent à ce type de projet, comme Strasbourg qui propose 7 terrains à la construction pour des projets d’autopromotion ou d’habitat participatif. L’intérêt : des habitants impliqués dans la vie de leur immeuble et de leur territoire, qui peuvent être à l’origine de projets dynamisants pour le quartier.
On compte aussi parmi les soutiens du Village Vertical, le Grand Lyon, la Région Rhône-Alpes, l’URSCOP (Union Régionale des Sociétés Coopératives et Participatives], La Nef, société coopérative de finances solidaires, ou encore Autolib
Les architectes Arbor & Sens et Detry & Levy ont été retenus pour la conception de l’immeuble labellisé BBC.
[actu]Mais au fait, c’est quoi une coopérative d’habitants ?[actu]
En bref, dixit Habicoop : “Une société coopérative d’habitants regroupe des personnes qui veulent gérer et améliorer, ensemble, les logements qu’ils occupent dans un même immeuble ou sur un même terrain. Les valeurs fondamentales sont la propriété collective, la sortie du système spéculatif et la démocratie.”
La coopération est au cœur du projet d’habitat : dans la conception, le montage, la manière d’habiter et, à terme, dans la gestion du bien et de la vie du groupe.
Concrètement, la société coopérative montée par les habitants est propriétaire du bâtiment, tandis que les “habitants-coopérateurs” sont à la fois propriétaires de parts sociales de la coopérative et locataires de leur propre logement. Le loyer sert à couvrir l’emprunt collectif, les frais de fonctionnement et à constituer une réserve financière. Petit à petit, le coopérateur augmente le nombre de ses parts sociales, qu’il récupère en cas de sortie de la coopérative.
La coopérative se gère sur un mode démocratique : une personne = une voix
La coopérative n’a pas de but lucratif. Le bien immobilier sort du marché spéculatif car la valeur des parts sociales est dissociée de la valeur du bien immobilier et sa revalorisation est strictement encadrée.
Un récapitulatif ici : Une coopérative d’habitants, c’est…
Mais pourquoi font-ils ça ? Accéder à un habitat de qualité à un prix inférieur au marché, avoir la possibilité de choisir son logement et son mode de vie grâce à une implication dans toutes les phases du projet, développer la sociabilité et l’entraide dans l’habitat… pas convaincu(e) ? Un petit tour sur le site d’Habicoop s’impose.
Le bémol : le statut coopératif ne permet pas à l’acquéreur de part sociale ou au locataire de profiter des aides ou des différents dispositifs de défiscalisation d’un achat immobilier. De plus, le statut coopératif limite fortement la possibilité de plus-value, ce qui limite l’attractivité de ce type de modèle. Au sortir de la coopérative d’habitant, l’ancien coopérateur, s’il récupère son capital, doit faire face… au féroce marché de l’immobilier qui lui, n’aura probablement pas cessé sa croissance. Qu’à cela ne tienne, il ne reste plus qu’à lancer/trouver une autre coopérative d’habitants !
Actuellement, le Village Vertical est la première coopérative d’habitants à se concrétiser en France, où une cinquantaine de projets sont en cours. Le modèle proposé par Habicoop s’inspire de dispositifs déjà bien installés chez nos voisins allemands et italiens, ou encore en Norvège et au Québec.
Le retard français tient notamment à un manque de statut juridique adapté pour ce type de propriété collective. Habicoop et le Village vertical ont dû se livrer à quelques contorsions et subtilités juridiques afin de constituer la coopérative d’habitants, qui prend la forme d’une société coopérative par actions simplifiée à capital variable. Afin de permettre l’essaimage du concept, Habicoop et la Fondation l’Abbé Pierre ont d’ailleurs lancé un appel pour le soutien aux initiatives d’habitat coopératif. Une proposition de loi a été déposée le 23 juin 2011 au Sénat et sera discutée à l’Assemblée nationale… affaire à suivre !
Les difficultés juridiques posées par le Village Vertical sur le site de la Fédération nationale des Sociétés coopératives HLM
Pour aller plus loin :
Interview du président d’Habicoop, Olivier David
Là où j’habite, là où je vis | Habicoop par mjstv
Dossier de presse du Village Vertical
Site web du Village Vertical
Site web d’Habicoop
Les coopératives d’habitants : méthodes, pratiques et formes d’un autre habitat populaire, sous la direction de Yann Maury, Bruylant, 2009 – Cet ouvrage collectif se penche sur les formes de coopératives d’habitants qui se sont développées en Italie, mais aussi en Europe du Nord, s’interrogeant aussi bien sur les valeurs sociales portées par ce modèle coopératif que sur les modalités pratiques de réalisation et de fonctionnement de ces coopératives.
Si le Village Vertical se présente comme un projet pilote de l’habitat coopératif en France, il plonge cependant ses racines dans un mouvement coopératif bien antérieur.
2Les coopératives d’habitants, héritières du coopératisme2
Le modèle coopératif prend racine dans la première moitié du XIXe siècle. Les initiatives de coopération ne sont pas nécessairement la mise en pratique de doctrines utopistes comme celles de Robert Owen Charles Fourier ou Godin mais aussi l’expression d’un pragmatisme populaire, l’ouvrier cherchant à écouler le produit de son travail ou à faire face au problème de l’alimentation quotidienne. On parle dans le premier cas de coopérative de production et dans le second de coopérative de consommation. S’unir permet de se passer des intermédiaires, patrons ou commerçants. Le mouvement coopératif investit aussi le secteur du crédit.
Les initiatives de type coopératif se sont fortement développées à Lyon grâce au terreau ouvrier constitué par les canuts. Lyon constitue le berceau principal de la coopération de consommation. Michel-Marie Derrion fut l’un des premiers à mettre en place une coopérative de consommation : en 1835, il crée une épicerie coopérative à la Croix-Rousse, dans laquelle il instaure l’idée de la ristourne coopérative [1]. Cette coopérative eut cependant une existence éphémère.
Le mouvement ouvrier d’association et de coopération à Lyon, Jean Gaumont, L’Avenir régional, 192 ?
Les coopérateurs : deux siècles de pratiques coopératives
[actu]Les coopératives face à la crise du logement populaire[actu]
La naissance d’un mouvement coopératif d’habitation est, par comparaison, plus tardive. Au XIXe siècle, avec l’industrialisation massive des villes et les mouvements de population causés par l’exode rural, les familles ouvrières éprouvent de grandes difficultés à se loger. La construction d’habitations à bas coût résulte essentiellement d’initiatives privées, (propriétaires fonciers qui construisent des immeubles de rapport, initiatives patronales).
La loi sur les Habitations à Bon Marché (HBM) dite loi Siegried, votée par le parlement en 1894, encourage la création de sociétés de construction de logements à profits limités bénéficiant d’exonérations fiscales, tandis qu’en 1906 la loi Strauss autorise les collectivités locales à soutenir financièrement les sociétés HBM et permet aux coopératives d’emprunter à des taux très avantageux. Le mouvement coopératif se saisit de cette opportunité en créant des coopératives de construction et d’habitation.
La formule coopérative permet de réduire sensiblement les coûts de construction. Les coopératives développent des modes de fonctionnement originaux : la location-attribution et la location coopérative. Elles endossent aussi un rôle de prêteur financier, un élément essentiel de la solidarité entre la coopérative et ses coopérateurs.
La location-attribution est une formule d’accession progressive à la propriété. Le coopérateur souscrit au capital de la coopérative qui lui procure un logement en location édifié à son intention, avec la promesse de l’attribuer en pleine propriété lorsque ses loyers auront permis le remboursement du logement. Bien souvent, la conception des logements et des opérations est établie en concertation avec les coopérateurs.
La location coopérative se caractérise par l’octroi au locataire d’un droit d’usage cessible et transmissible en contrepartie d’une contribution au financement de la construction. Elle crée un statut d’occupation intermédiaire entre la location simple et l’accession à la propriété. Le locataire est actionnaire de la coopérative et à ce titre est convié aux assemblées
générales. Il dispose d’une voix délibérative et peut faire partie du conseil d’administration.
Après la Seconde Guerre mondiale, les HLM (Habitations à loyer modéré) remplacent les HBM. La forme coopérative perdure mais fait l’objet d’une utilisation abusive par certains promoteurs peu scrupuleux, qui transféraient le risque de l’opération immobilière sur les épaules des coopérateurs, donnant lieu à quelques scandales immobiliers dans les années soixante et soixante-dix. En 1971, la loi Chalandon signe l’arrêt de la location coopérative et de la location attribution.
Les sociétés coopératives aujourd’huiSi elles ont évolué dans leur mode de fonctionnement, les coopératives d’HLM existent toujours aujourd’hui, proposant à leurs adhérents des logements en location ou en accession à la propriété. Rhône-Saône Habitat fait partie de ces coopératives.
Habitat.coop, le site des coopératives d’HLM
Fédération nationale des coopératives d’HLMLes sociétés coopératives font partie de l’économie sociale et solidaire, qui regroupe :
les coopératives
les associations
les fondations
les mutuelles
L’Economie Sociale et Solidaire représente 11 % de l’emploi et 10% du PIB en France. En Rhône-Alpes, elle représente :
23 000 associations, coopératives et mutuelles
soit 13.5% des entreprises de la région.
220 000 emplois salariés soit 10,16% de l’emploi salarié en Rhône-alpes.
Pour en savoir plus :
Union régionale des Sociétés coopératives et participatives
Rhône-Alpes solidaires, site des initiatives sociales et solidaires de la région Rhône-Alpes
Pour aller plus loin :
Histoire de l’habitat coopératif en France, synthèse de S. Trudelle pour Habicoop
D’autres contributions sur le site web d’Habicoop
La place de la forme coopérative dans le secteur de l’habitat en France, Michèle Attar, Vincent Lourier, Jean-Michel Vercollier, PUCAR, 1998, 183 p. (ouvrage consultable en ligne)
Le logement populaire et social en Lyonnais, 1848-2000, Christian Legrand, Ed. Aux Arts, 2002
Cette étude historique aborde à la fois les dimensions sociales, urbanistiques, architecturales, économiques du logement populaire à travers les grandes tendances et des réalisations par quartier.
2Une autre approche de la coopération : l’autoconstruction avec les castors 2
En parallèle au mouvement HBM, une autre démarche originale s’est développée pour faire face à la crise du logement amplifiée au début du XXe siècle par les deux guerres mondiales : un mouvement coopératif d’auto construction, qui prit le nom de “Castor” (en hommage à l’animal bâtisseur) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
[actu]Les cottagistes de Georgia Knap[actu]
Le premier mouvement collectif d’auto construction s’est développé en France en 1921 sous la houlette de l’ingénieur Georgia Knap. Constatant les difficultés d’accès à un logement décent et bon marché au sortir de la Première Guerre mondiale, il conçoit un modèle de construction de maisons individuelles par des panneaux en béton faciles à assembler et à monter, et lance des groupes organisés de cottagistes qui réalisent collectivement ces maisons en autoconstruction. L’organisation du chantier et la quasi-totalité des travaux étaient effectués par les membres de ces groupes pendant leur temps de loisir, substituant une partie de l’apport financier difficile à fournir pour les ménages modestes par un apport sous forme de travail. 22 groupes de cottagistes se créent dans les années d’entre-deux guerres. Près de 1 000 logements sont ainsi construits en France pendant cette période, notamment à Villeurbanne et Saint-Etienne.
A Villeurbanne, Alors que les logements insalubres prolifèrent dans la commune, c’est le maire Lazare Goujon (celui qui sera à l’origine du quartier des Gratte-Ciel) qui invite Gorgia Knap à venir présenter le modèle du cottage social à ses administrés en 1929. Un groupe de cottagistes se constitue et construit les Cottages de Bel Air dans le quartier des Brosses avec le soutien de la Ville. Outre le temps de présence sur les chantiers, les cottagistes versent à la municipalité 11% de leur salaire pour rembourser le prêt qu’elle leur a consenti.
[actu]Les Castors se retroussent les manches[actu]
Suite à la Seconde Guerre mondiale, les coopératives “Castors” font leur apparition simultanément dans plusieurs régions de France, reprenant le concept de Georgia Knap.
Le castorat repose sur le principe de la participation de tous à l’ensemble des réalisations du groupe, selon le système coopératif et sans distinction d’appartenance des maisons, l’appropriation de celles-ci étant généralement effectuées à la fin des travaux, parfois par tirage au sort. Une production d’heures de travail accomplies sur les temps de loisirs (soirs et fins de semaine) est généralement comprise entre 20 et 40h par mois.
L’autoconstruction par les castors se consacrait essentiellement à des lotissements de maisons individuelles. Quelques immeubles collectifs furent cependant bâtis par les castors, comme un immeuble place de la Paix à Villeurbanne, dont la construction débute en mars 1953.
Ce concept de l’Apport-travail qui permet de pallier aux difficultés de financement est intégré dans une décision interministérielle du 5 mai 1949, avant la reconnaissance officielle du mouvement “Castors” par une circulaire du 12 août 1952, intégrant le mouvement dans la législation HBM/HLM.
La majorité des réalisations “castors” a été construite dans les années 50, le mouvement s’épuisant par la suite. Il existe toujours des associations Castors, cependant, qui ne fonctionnent plus sur le système strict de la castorisation mais s’adressent à des auto constructeurs individuels en leur proposant une mise en réseau, des visites de chantier, des conseils pour l’autoconstruction, des assurances, facilitent les rapports avec les banques, proposent des achats groupés de matériaux… Le mouvement castor s’oriente de plus en plus vers l’autoconstruction écologique, reflet des préoccupations actuelles des autoconstructeurs.
Pour en savoir plus :
Castors AutoConstructeurs Rhône-Alpes
De l’auto construction à l’auto-éco construction ou l’épopée des castors bâtisseurs, Christian Legrand, Association Castors Rhône-Alpes, 2011
L’auteur met en contexte la naissance et le développement du mouvement Castor avant de présenter des réalisations construites en région Rhône-Alpes par le biais du castorat.
Résistants et bâtisseurs, La Fontanière (Sainte-Foy-lès-Lyon) n°12, novembre 2007
Les Castors à Francheville, L’Araire ; n°158, septembre 2009, p. 71-78
De l’épopée industrielle de l’Est lyonnais au projet urbain du « Carré de Soie », ou l’invention d’un territoire d’agglomération, Note de synthèse pour le Grand Lyon, Catherine Foret, 2009
Ce document synthétise le développement de l’Est lyonnais (Villeurbanne, Vaulx-en-Velin…) du XIXe siècle à 2009, en mentionnant les différentes démarches d’urbanisation dont les HBM et le Castorat.
L’autoconstruction en France : en quoi les mouvements collectifs d’autoconstruction relèvent-ils de l’utopie ?, mémoire d’étude de Ratia RABEMANANORO, Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette, 2007
Sur Villeurbanne :
Villeurbanne autrefois, Danielle Devinaz, Bernard Jadot…, Horvath,1988
Le socialisme municipal : Villeurbanne, 1880-1982, histoire d’une différenciation, Bernard Meuret, 1982
Villeurbanne : naissance et métamorphose d’une banlieue ouvrière, processus et formes d’urbanisation , Marc Bonneville, PUL, 1978
2L’habitat groupé : partager des valeurs communes2
Le modèle de la coopérative d’habitants proposé par Habicoop et Le Village Vertical de Villeurbanne apparaît comme un projet pilote en France, il n’est cependant pas le seul modèle qui propose des solutions collectives aux problèmes d’habitat. La coopérative d’habitants partage les valeurs prônées par les mouvements d’habitat groupé tout en s’inscrivant dans la dynamique des éco-quartiers.
L’habitat groupé peut prendre plusieurs formes, notamment dans leur rapport à la propriété (copropriété, système locatif…). Il repose cependant sur des valeurs communes : la mutualisation d’espaces et de services, la participation à un projet de voisinage solidaire et la responsabilisation des habitants dans la gestion de leur lieu de vie. Un modèle qui réintègre le lien social au sein de l’habitat et s’exprime à plusieurs niveaux :
Sur le plan spatial par le partage d’espaces communs définis par l’ensemble du groupe. Le village vertical prévoit l’installation d’une salle commune, l’utilisation partagée de chambres d’amis, d’une buanderie, des terrasses et d’un potager.
Sur le plan social elle passe par l’usage des espaces communs, mais aussi par le développement de projets comme la garde d’enfants ou encore la mise en place d’une centrale d’achat pour les courses.
Mixité. Au Village Vertical, l’innovation sociale passe aussi par l’intégration de quatre logements sociaux à destination de jeunes sans solution d’hébergement, logements qui seront gérés par l’association AILOJ, une structure de l’URHAJ (Union Régionale pour l’Habitat Autonome des Jeunes).
La mixité (sociale, mais aussi générationnelle) est devenue une préoccupation des bailleurs publics qui cherchent à mélanger les publics au sein des nouveaux programmes d’habitation. L’association Habitat et Humanisme s’implique depuis des années dans cette problématique, avec la création de ses « pensions de famille », dont la dernière, « La Maison des deux rives » a été inaugurée en septembre 2011 dans l’immeuble Le Monolithe à la Confluence. Elle comprend des appartements autonomes, des logements sociaux avec des parties communes animées par le responsable de la pension. Il permet d’accueillir des publics diversifiés, aux revenus modestes ou isolés socialement, pouvant s’appuyer sur des lieux de rencontres et de convivialité facilitant la réinsertion.
Dans le 6e arrondissement, la Maison d’assise, inaugurée le 19 décembre 2011, est un ensemble de 80 logements dont 30 sont réservés à des étudiants issus de quartiers défavorisés qui sont inscrits en classe préparatoire au Lycée du Parc, tandis que d’autres appartement devraient accueillir des personnes âgées.
Habitat et Humanisme s’ancre à la Confluence sur Le Progrès du 6 septembre 2011 et sur Habitat et Humanisme
Logement, la mixité à tous les étages, un article de Julie Druguet paru dans Acteurs de l’économie Rhône-Alpes de janvier 2011 (p. 24-26)
[actu]Habitat groupé… et écologique[actu]
La recherche d’un nouveau « vivre ensemble » passe aussi bien souvent par des préoccupations écologiques. Ainsi Le Village Vertical et Rhône-Saône Habitat ont-ils commandé aux architectes Arbor & Sens et Detry & Levy de concevoir un bâtiment économe en énergie, labellisé BBC (bâtiment basse consommation) : « Le Village Vertical constituera un laboratoire d’écologie urbaine… d’abord dans sa conception : isolation, chauffage, matériaux sains, panneaux solaires par exemple ; mais aussi dans nos modes de vie (gestion des déchets, limitation de la voiture en ville, achats groupés, échanges de services entre voisins). ».
En collaboration avec les architectes du projet, la firme SOLIRA est chargée de concevoir une véritable centrale photovoltaïque sur les toits de l’îlot des Maisons neuves, sur une surface d’environ 600 m², avec la possibilité pour la coopérative d’habitants et de la copropriété jointe de actionnaires de la société exploitant la centrale qui leur sert de toit.
Question mobilité, un partenariat a été conclu avec Autolib qui s’est engagé à construire une station d’autopartage dans le quartier.
Ce n’est pas un hasard si les projets de ce type se positionnent dans des quartiers en cours de rénovation, de plus en plus perçus par les collectivités comme des laboratoires d’écologie urbaine. Habicoop soutient ainsi deux projets de coopérative d’habitants à la Confluence et à la Duchère. Mais l’investissement énorme que demande ce type de projet (construire un projet commun, s’accorder sur ses orientations, trouver les financements, les partenaires) en rend difficile la concrétisation.
Eco-quartiers dans le Grand LyonPlusieurs quartiers situés dans le Grand Lyon font l’objet de démarches de construction en accord avec le développement durable, dont certains se présentent comme de véritables éco-quartiers comme à la Confluence, ou au sein du http://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/territoire/Grands_Projets/Carre_de_Soie/Concertation/20090310_gl_cds_panorama_ecoquartier.pdf” class=’spip_out’>Carré de Soie. La Duchère a quant à elle été primée au Palmarès des écoquartiers 2011. Dans le domaine du bâti ancien, le quartier Sainte-Blandine situé dans le 2e arrondissement au nord de la Confluence, fait l’objet d’un projet d’écorénovation.
Grand Lyon, territoire durable : les projets exemplaires en matière de bâti durable
Le piège des écoquartiers, un article de Lyon Capitale, 4/11/2009
Point d’actu sur le quartier de la Confluence à Lyon
Quelques ouvrages consacrés aux écoquartiers
[actu]Exemples d’habitat groupé en Rhône-Alpes[actu]
Au cours des années 1970, on a observé en France l’apparition d’habitats groupés constitués
à l’initiative des habitants. Ils se sont fédérés à partir de 1977 dans le cadre du M.H.G.A. : Mouvement de l’Habitat Groupé Autogéré. Les groupements d’habitants ainsi créés n’ont pas tous survécu, mais la région grenobloise en compte plusieurs exemples toujours fonctionnels, comme les Naïfs à Meylan ou La Viorne à Villefontaine. Le site de l’association Eco habitat groupé, (qui succède au M.H.G.A.) en fournit quelques exemples.
Enquêtes de régions sur France 3 : La Viorne, Dullins…
Habitat Groupé en Rhône-Alpes from PHILHAAS on Vimeo.
D’autres vidéos sur Eco habitat groupé
L’intérêt pour l’habitat groupé, qui avait disparu dans les années 90, émerge à nouveau et se manifeste par de récentes créations, comme la Salière à Grenoble, dont l’immeuble a été livré en 2010.
on trouve aussi des projets d’habitat groupé dans un contexte périurbain ou rural, comme par exemple le projet de la Chabeaudière, hameau écologique partiellement réalisé en autoconstruction.
Habicoop référence sur son site différents projets de coopératives d’habitants en Rhône-Alpes et en dehors, comme Haconovi dans le quartier des Gratte-Ciels à Villeurbanne, ou à Ferney-Voltaire (Ain)
Pour aller plus loin :
Des contacts en région :
Habitatgroupe.org, réseau inter-régional de l’habitat groupé
Lesechohabitants
Un peu de lecture :
L’habitat groupé ou comment vivre ensemble chacun chez soi, article paru dans Le Monde le 28 décembre 2009
Guide pratique habitat groupé, Habitat et participation, 2007
Guide édité par une association belge sous forme de fiches récapitulatives, qui permettent d’appréhender les différents aspects de l’habitat groupé.
Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux : comment construire collectivement un immeuble en ville ?, Bruno Parasote, Y. Michel, 2011
Un ouvrage très pratique qui s’intéresse à la fois aux enjeux de l’habitat groupé en autopromotion, ainsi qu’à sa mise en oeuvre : montage du projet, arbitrages, chantier, jusqu’à la vie de voisinage, à travers l’exemple de plusieurs expérimentations en France et à l’étranger, notamment dans la région Grenobloise.
Vivre ensemble autrement : écovillages, écoquartiers, habitat groupé… , Pascale d’Erm, Ulmer, 2009
<a href="http://sbibbh.si.bm-lyon.fr/cgi-bin/bestn?id=&act=8&form=F&auto=0&nov=1&v0=0&t0=seq(0001749208)
&i0=0&s0=5&v1=0&v2=0&v3=0&sy=&ey=&scr=1&x=0&y=0″ class=’spip_out’ rel=’external’>Habitat groupé : écologie, partage, convivialité, Christian Lagrange, Terre vivante, 2008
L’habitat coopératif en France : retour d’expériences, CNFPT Rhône-Alpes Grenoble, étude réalisée par Laure Soutenet
Fiches décrivant des projets d’habitat coopératif réalisés ou en cours en Rhône-Alpes et en France, accompagnées d’une synthèse.
[1] si l’exercice est bénéficiaire, la coopérative reverse ce bénéfice aux adhérents au prorata de leurs achats annuels
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