Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri fête ses 60 ans !

- temps de lecture approximatif de 28 minutes 28 min - Modifié le 12/09/2023 par Admin linflux

Voici soixante ans que s'ouvrait le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, le 23 décembre 1950 ! Assurément, parmi les nombreuses œuvres sociales lyonnaises, il s'agit de l'une des plus connues. Née sur la rive Gauche, elle y a toujours son siège et son principal fleuron, « le Foyer », toutefois son action s'étend sur toute l'agglomération et bien au-delà ! Située à Lyon, cette association reconnue d'utilité publique intervient en effet auprès de l'ensemble des sans-logis du département du Rhône. Aventure vécue par quelques hommes animés par une foi qui a marqué le catholicisme social particulièrement vivant à Lyon, depuis plus d'un demi-siècle à présent, le Foyer s'efforce d'adapter son projet à la demande qui a considérablement évolué au cours des dernières années. Ces soixante années d'histoire sont assurément bien trop remplies pour qu'on puisse en rendre compte en quelques pages : on essaiera donc d'en présenter les principales étapes : Quelles sont les origines du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri ? Où en est l'association aujourd'hui ? Comment organise-t-elle la célébration de son soixantième anniversaire ?

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Sommaire

1. Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri entre dans sa 60ème année, retour sur son histoire

- Les origines et débuts d’une grande aventure
- Gabriel Rosset (1904-1974), le « vrai fondateur »
- Un extraordinaire développement

2. L’Association aujourd’hui

- Activités et missions
- Bénévoles et salariés
- Appuis et ressources

3. Une année de manifestations !

- Mobilisation des membres et proches de l’association
- Pour chaque mois de l’année… un thème retenu
- Un colloque consacré à Gabriel Rosset

 


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Les origines et débuts d’une grande aventure

Aux origines de la création du Foyer Notre-Dame est la crise du logement qui sévit en France dans les années 1945-1950, et à plus forte raison à Lyon, non seulement sur le territoire communal mais dans toute la nébuleuse urbaine qui l’entoure. Celle-ci a plusieurs causes. Le malthusianisme démographique et social qui a régné pendant l’entre-deux-guerres, avait eu cette conséquence qu’on avait presque rien construit et que le parc immobilier était dans un état déplorable. De plus une politique insensée des loyers avait entravée toutes les initiatives individuelles ou publiques. À cela, s’ajoutait évidemment les destructions de guerre. Puis ce fut l’exode rural, entassant les mal-logés en ville, l’augmentation des naissances (Baby-boom) et l’afflux des travailleurs migrants. Ainsi, dès 1940, il n’y a plus de logements à louer. Enfin, les promoteurs ont préféré les logements de luxe aux logements sociaux, les bénéfices n’étant bien sûr pas comparables. À Lyon, ville en pleine croissance après 1945 et donc très attractive pour les travailleurs, on n’échappe pas à la pénurie de l’habitat malgré la création en 1920 par Édouard Herriot, d’un des premiers offices publics d’Habitation à Bon Marché. C’est ainsi que dans la périphérie lyonnaise se développent d’immondes bidonvilles faits de cabanes de bois et de tôles, de vieux tramways où des familles passent leur nuit. De nombreux individus, quant à eux, dorment sous les ponts.

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Bidonville de tramways
© FNDSA

Jusque dans l’hiver 1954, il y aura à Lyon des cas de morts par le froid. Cette situation navrante n’était pas sans émouvoir les hommes qui en avaient conscience. L’attention des pouvoirs publics allait fort naturellement aux mesures nécessaires pour permettre la reprise de l’activité constructrice de l’Office dit maintenant d’Habitations à Loyer Modéré. Mais des initiatives privées, il n’y en avait guère suffisamment : l’Asile de nuit de l’Armée du Salut, déjà ancien ; un centre d’Accueil des religieuses franciscaines pour les femmes ; et le geste des gens assez charitables pour abriter une nuit quelque individu ramassé au hasard de la rue. Ainsi l’idée prenait corps de rassembler un nombre suffisant de personnes pour organiser et faire fonctionner un Abri, fût-il rudimentaire. Celle-ci fut assurément prônée avec force par un groupe qui se réunissait au siège des conférences de Saint Vincent de Paul, et comprenait trois professeurs catholiques de l’enseignement public représentant ce qu’on appelait la Paroisse Universitaire. Après deux ans de vaines démarches auprès des pouvoirs locaux, ils constituèrent une association type loi 1901 : l’Association des Sans-abri qui vit le jour le 24 mai 1950.

Au début du mois de décembre de la même année, Jean-Marie Arnion, Directeur de la Santé et de la Population qui suivait les efforts de l’association, l’informa qu’un local, ancien « Café du nouveau monde » situé au 3 rue Dumoulin (l’actuelle rue Père Chevrier) allait devenir vacant ; son propriétaire, M. Boccard acceptait de le mettre à la disposition de l’association en attendant de le vendre. C’est ainsi que le 23 décembre 1950, avant-veille de Noël, le local ouvre pour la première fois ses portes. Une quinzaine de malheureux y sont reçus par les premiers serviteurs du Foyer.

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Le comptoir du nouveau monde
© FNDSA

Parmi ces « serviteurs » (c’est le seul titre qu’il acceptera jamais), il en est un qui, très rapidement, prendra la direction effective de l’entreprise. C’est un modeste professeur de collège, qui n’est à Lyon que depuis 1934, qui y a peu de relations et n’est guère connu que de ses collègues de la Paroisse Universitaire, Gabriel Rosset. « Grâce à la continuité de sa présence, à l’audace de ses initiatives, à sa force de persuasion […], il va d’emblée devenir l’animateur et l’incarnation du Foyer, le vrai Fondateur »
[1].

Gabriel Rosset (1904-1974), le « vrai fondateur »

Né le 28 novembre 1904 à Champier (Isère) dans une famille modeste, il reçoit dans son enfance, dit-il, « la grâce exceptionnelle » d’une foi fervente et de la plus réelle pauvreté, qui lui a inspiré une constante attention aux malheureux, à ceux qui ont faim et n’ont pas de toit. Il termine ses études à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, où il se lie d’amitié admirative avec les aînés du « groupe Tala » qui sont devenus ses maîtres à penser et ses modèles, notamment Marcel Légaut et Antoine Martel, véritables héros de la charité du Christ. Devenu professeur de Lettres en 1928, il est nommé à Lyon en 1934. Dans son enseignement, qu’il assure jusqu’à la retraite, il montre des qualités de pédagogue et de moraliste qui marquèrent ses élèves, ses collègues et jusqu’aux Inspecteurs généraux de l’Éducation Nationale qui lui rendirent hommage de façon significative par l’octroi de la légion d’honneur en fin de carrière.

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Gabriel Rosset
© FNDSA

Cet intellectuel, professeur de l’École publique laïque, était un mystique et un homme d’action. Un mystique dans la tradition des grands spirituels. Un homme d’action parce qu’il avait, une fois pour toutes, entendu la parole qui enjoint au chrétien de se porter au secours de ses frères malheureux. Il devient le serviteur des sans-abri, vit au Foyer, partage leurs conditions de vie, leurs loisirs, il y a entre eux et lui, dit-on, un rapport d’égalité réelle. Il prend la direction de l’association qu’il tient à mettre sous la protection de Marie, mère du Christ.

Le 7 décembre 1951, l’association est en effet placée sous la protection de Marie et se nomme désormais « le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri ». Tout le monde n’est bien sûr pas d’accord avec cette appellation. Quelques-uns pensent que de ce fait, les pouvoirs publics, des entrepreneurs, ne vont pas soutenir l’œuvre. Seulement, d’une part, Gabriel Rosset ne tient pas à cacher que l’œuvre est d’inspiration chrétienne, d’autre part, étant un homme de grande piété mariale, il désire cette protection. Rien ne le fait d’ailleurs revenir sur sa décision ; le patronage de la Sainte-Vierge ne devant ni empêcher d’admettre, comme membres et comme hôtes, des hommes de toute appartenance confessionnelle, raciale ou idéologique, ni détourner de travailler avec tous les mouvements qui avaient le même but et avec les services publics bien disposés. Toujours est-il qu’en prenant la direction de l’association, la responsabilité de sa marche, il lui imprima son caractère et en assura l’incontestable développement.

Un extraordinaire développement

À ses débuts, le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri parvenait à peine à recevoir une centaine d’hommes dans des conditions d’entassement où ni l’hygiène ni la sécurité n’étaient assurés. Il fallait d’urgence agrandir et améliorer le centre d’accueil. Le premier miracle fut fait avant la fin de l’année 1952. Le propriétaire du café-comptoir ayant cédé ses droits, M. Rosset le fit remplacer par un nouveau bâtiment qui était un vrai foyer, l’amorce d’une construction appelée à s’agrandir selon les besoins. On put élever deux étages comportant deux dortoirs de 75 lits chacun, des douches, un grand réfectoire et une cuisine. En l’inaugurant en 1953, jour de Noël, on n’imaginait pas encore que l’immeuble serait par la suite porté à six étages, avec des chambres pour des « passagers » ou des membres d’un personnel de service recruté parmi eux, un vestiaire de plus en plus fourni, quelques bureaux.

Ainsi atteignit-t-on l’année 1954, année cruciale où l’œuvre de Mr. Rosset devait prendre une orientation et une ampleur nouvelles. Cette année-là, où le mois de février avait soudain été d’une rigueur implacable, un événement vint bouleverser l’opinion déjà alertée : ce fut la venue à Lyon de l’Abbé Pierre, prêtre d’origine lyonnaise, fondateur de la Communauté d’Emmaüs, qui poursuivait dans la région parisienne, à une tout autre échelle, une action de relogement des familles sans toit, connue de tous. Sa parole avait alors un fort retentissement dans l’opinion publique. On pu s’en rendre compte à l’occasion de sa conférence donnée à la Bourse du Travail, le 13 mars, qui fit salle comble et où la quête apporta plus d’un million de francs. Il vint ensuite visiter le Foyer et, à en croire Rosset, cette visite fut « une prise de conscience de ce que nous devions faire pour remplir notre mission ».

Ce qu’il fallait faire, ce n’était rien moins que de passer d’un foyer « asile de nuit » pour passagers isolés, à un foyer capable d’assurer le relogement de familles entières, femmes et enfants compris, en les sortant de ces affreux bidonvilles. L’Abbé Pierre suscita ainsi la fondation d’un Comité Lyonnais de Secours d’Urgence aux sans-abri (CLSU), dit comité Abbé Pierre, parallèle à l’association du Foyer, avec un programme de construction de logements de dépannage et de rénovation de locaux vacants.

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Gabriel Rosset “bâtisseur”
© FNDSA

Puisqu’il fallait construire, Gabriel Rosset se fit « bâtisseur ». Grâce à quelques professionnels généreux de leur temps, aux sans-abris offrant leurs bras en attendant de trouver un travail rémunéré, aux étudiants en vacances ou encore au Service Civil International (SCI), virent le jour petites bicoques individuelles ou « chalets de dépannage », groupes de maisons ou « cités de transit », immeubles et locaux anciens remis à neuf, et pour finir, en 1972, la Société Anonyme H.L.M. du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri qui prendra le nom de S.A. d’H.L.M Gabriel Rosset en 1993. À la mort de ce dernier, le bilan est impressionnant et tient en une phrase prononcée par le fondateur lui-même peu de temps avant sa mort : « si quelqu’un nous avait dit (en 1954) que nous allions construire 1 500 logements pour 3 000 adultes et pour plus de 5 000 enfants dans nos cités de transit, – ce qui représente la construction d’une ville de 8 à 10 000 habitants, nous l’aurions pris pour un fou. Et c’est cela qui est arrivé ». En treize années d’un prodigieux travail, Lyon se trouva en effet être la première grande agglomération urbaine en France à être débarrassée de ses bidonvilles. Bien entendu, les responsables du Foyer n’ont jamais prétendu s’attribuer le mérite de ce résultat qui avait été obtenu essentiellement par la prodigieuse activité de Louis Pradel et de toute une pléiade d’hommes publics et de hauts fonctionnaires. Pourtant n’a-t-on pas souvent entendu dire par M. Pradel lui-même : « grâce à M. Rosset, il n’y a plus de bidonville à Lyon ». Ce qui est certain, c’est que cet homme de foi avait donné la première impulsion et avait assuré dans une large mesure la partie la plus difficile sur le plan humain de l’opération ; le relogement ou le transit de la plus humble partie de la population touchée par des plans d’urbanisme d’une large envergure.

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Les maisons coupoles
© FNDSA

L’Association aujourd’hui 

Activités et missions

Historiquement, l’Hébergement d’Urgence fut la première mission de l’association. Aujourd’hui comme à son origine, le Foyer est chargé d’apporter une réponse immédiate aux besoins vitaux de toute personne qui en fait la demande. Créé en 1950, l’asile de nuit qui allait devenir plus tard le Centre d’Hébergement et d’Orientation (CHO) a été conçu pour assurer la prise en compte immédiate des besoins fondamentaux de toute personne à la recherche d’un abri pour la nuit. Cette démarche, qui relève d’une logique de solidarité envers les plus démunis, se fonde aussi sur le principe éthique selon lequel tout être humain dispose de droits inaliénables (pouvoir dormir à l’abri, pouvoir se restaurer, se vêtir…) et qu’il lui faut donc être secouru en cas de danger. Ainsi, de nos jours, le Foyer participe activement à l’Hébergement d’Urgence sur le Rhône et est le pourvoyeur principal de places d’accueil d’urgence au « 115 ».

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Foyer Gabriel Rosset 3, Rue Père Chevrier
photo Florence Vidal
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Si le type d’hébergement précité vise à répondre à des situations de grande urgence, ce type d’accueil, pour nécessaire qu’il soit, ne saurait être considéré comme suffisant. Très tôt en effet, s’est imposé au Foyer le souci d’assurer la réintégration de ses hôtes dans la société. Pour se faire, la mise en place d’un Hébergement dit d’Insertion devait permettre aux personnes de « se poser » et de sortir véritablement de leur situation de détresse sociale. Par l’établissement d’un ensemble de structures dans l’agglomération lyonnaise pour permettre la réinsertion des sans abri, le Foyer Notre-Dame poursuit l’œuvre de son fondateur en associant obligatoirement à ses actions d’hébergement de moyen et de long séjours, des actions d’insertion très variées…

En exemple, les Ateliers d’Insertion du Foyer proposent 80 postes de travail qui ne requièrent que peu d’expérience, voire de qualification. Ouverts au plus grand nombre, ils sont basés autant sur les métiers traditionnels du secteur de l’insertion par l’activité économique que sur ceux, nous y reviendrons, originellement occupés par le Foyer (collecte et tri des vêtements et d’objets en tous genres, maintenance des locaux, production des repas pour les usagers des structures de l’association et de certains partenaires…). Ces ateliers, qu’ils lavent les draps, repeignent les murs ou restaurent les équipements, représentent ainsi les premiers postes de travail occupés par certains, une nouvelle orientation professionnelle pour d’autres, un redémarrage pour d’anciens ouvriers spécialisés.

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Centre de tri – photo Florence Vidal

L’un des soucis majeur de Gabriel Rosset semble aussi avoir été de promouvoir, auprès des familles relogées, une action socio-éducative selon l’exemple d’Antoine Martel et des équipes Sociales de Robert Garric rencontré à Paris lors de ses études à l’ENS de St-Cloud. Aujourd’hui, assurément, cette action socio-éducative se trouve être comprise dans la mission du Foyer dite d’Accompagnement : « une mission transversale et une activité présente au cœur de toutes les autres » [2] Pour les « passagers », cet accompagnement peut évidemment porter sur l’ouverture des droits, l’accès à un logement autonome ou encore au retour aux soins. L’accompagnement des familles quant à lui, passe par un travail classique d’accès et de maintien dans les droits administratifs et sociaux, l’obtention d’allocations, l’affiliation à des systèmes de santé, la recherche d’emploi ou encore la scolarisation des enfants. Auprès des plus jeunes, la scolarisation et le soutien scolaire constituent en effet une priorité, considérant l’éducation comme le meilleur moyen de sortir durablement de la précarité. Pour améliorer encore leur ordinaire, et lorsque les équipements de quartier ne disposent pas d’offres adaptées, le Foyer propose, selon les années, une palette d’activités culturelles et de loisirs : centres aérés en partenariat avec les communes, séjours de vacances pour enfants ou ados, camps organisés avec les scouts de France…

Quant à la mission Santé du Foyer, celle-ci permet non seulement d’assurer les activités pérennes comme celles du Point Santé, des Lits de Repos et du Lieux d’hygiène, mais coordonne aussi les prestations proposées sur l’ensemble des services.

Bénévoles et salariés

Depuis le premier soir, le Foyer a connu un développement extraordinaire afin de mieux répondre aux besoins et attentes toujours grandissants des personnes isolées, des couples et des familles sans abri. Assurément, ce développement a été rendu possible grâce aux dévouements des premiers « serviteurs » puis des salariés, œuvrant dans la complémentarité avec les bénévoles.

Mobiliser les énergies, telle fut en effet, dés la création du Foyer, la première nécessité afin de répondre au mieux à la détresse. Restait à régler un problème majeur, celui du personnel. Gabriel Rosset et ses compagnons avaient visité l’Asile municipal et apprécié les qualités de son directeur, mais ils préféraient l’exemple de l’Armée du Salut qui marchait à l’aide de volontaires. Ce devait alors devenir une originalité de l’œuvre que de trouver sans cesse plus de concours bénévoles en argent et surtout en présences actives pour les besognes de veille de nuit, de nettoyage, de vestiaire ou encore de secrétariat, les bénévoles intervenant à tous les niveaux. Cependant, alors que le travail à faire paraissait de plus en plus considérable, l’idée d’un appui de professionnels émergea. C’est donc avec l’extension du domaine et celle des tâches de l’association que le recours à des professionnels s’imposa, lançant de fait le principe de cette complémentarité « bénévoles-salariés ».

À l’heure actuelle, le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri est une association composée de plus de 1 224 bénévoles, 92 salariés et 90 personnes en insertion. Chaque jour, les uns et les autres se relaient au fonctionnement du Foyer, pour la prise en charge des 3 500 personnes reçues chaque année dans les différents services de l’association, répartis en 36 sites distincts. Récemment, un responsable des ressources humaines a été recruté pour assurer l’adaptation à l’augmentation des besoins, à la création et au développement des activités, tout en donnant à chacun la possibilité d’évoluer dans sa carrière ou son engagement.

Appuis et ressources

Depuis ses premières heures, le Foyer vit en grande partie de la générosité des lyonnais. On notera cependant que si les dons eurent de suite la plus grande part à l’œuvre entreprise par Gabriel Rosset et ses amis, elle bénéficia aussi grandement du concours des pouvoirs publics qui avaient pris conscience de l’importance des besoins : l’État, le Conseil général et la ville de Lyon, surtout depuis 1957 où Louis Pradel en devient le Maire. La réputation de l’œuvre semblait en outre avoir atteint les sommets : en 1963, c’est le Général de Gaulle en personne qui y apporta son obole. Ainsi, à côté de la générosité individuelle, la puissance publique s’était elle aussi très rapidement mobilisée, pour consolider le développement d’une œuvre que les élus locaux considérèrent de suite comme relevant de l’intérêt général.

Le Foyer s’attache encore parfois à expliquer en quoi ces financements de l’association sont non seulement les moyens de mener à bien son projet, mais aussi constitutifs de son identité : à l’instar de la complémentarité « salariés-bénévoles » étudiée plus haut, la complémentarité « dons-subventions » participe à la perpétuation de ce qu’avait voulu Gabriel Rosset : « un foyer soutenu par les pouvoirs publics parce qu’il agit là où l’État et les collectivités ne savent agir ; un foyer qui fait appel au soutien financier des particuliers parce que lorsqu’un passager demande de l’aide, c’est la responsabilité de chacun qui est engagée » [3]. En 2010, le Foyer conserve sa capacité d’innovation, financée le plus souvent par la charité, et agit dans la durée et la sérénité grâce aux contributions des pouvoirs publics. En cela, il demeure tel que l’a voulu son fondateur.

Voyons à présent que pour financer les actions de son association, le Foyer dut également créer des services caritatifs annexes. Se devant sans cesse d’être en mouvement, d’œuvrer pour accroître le nombre des bénévoles et celui des donateurs, de nombreuses manifestations et opérations sont effectivement programmées au fil de l’année : Bric à Brac, journées d’entraide, ou encore quête annuelle…

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Bric à Brac – photo Florence Vidal

À l’instar de ses activités sociales, les Bric à Brac sont constitutifs de l’identité du Foyer Notre-Dame des Sans-abri. En effet, depuis ses origines, l’association a eu à cœur de collecter tous les objets utiles et plus particulièrement les vêtements auprès de ses donateurs lyonnais, pour les redistribuer aux passagers et aux familles démunies. C’est aussi dans les premières années qu’un groupe de dames bénévoles organisa la première « vente de charité », appelée aujourd’hui « Journées d’Entraide », grande brocante solidaire courue annuellement par de nombreux citadins. Occasion de mettre en vente les plus beaux dons récoltés et les ouvrages réalisés ou réparés par l’Espace Couture, elle accueille précisément plus de 10 000 visiteurs le temps d’un week-end. Sur l’ensemble d’une année, sont estimés à 100 000 celles et ceux qui rendent visite aux Bric à Brac dont les recettes représentent presque 20% du budget global du Foyer.

La première grande quête du Foyer est elle organisée en 1951. Depuis cette époque et le temps d’un week-end, bénévoles et salariés de l’association se postent annuellement à la sortie des églises, des marchés, des grandes surfaces ou sur la voie publique, pour faire la quête au profit des sans-abri. En moyenne, celle-ci permet de récolter plus de 70 000 euros.

Consciente de ne pouvoir régler tous les problèmes des sans-abri, l’association, parallèlement à l’aide d’urgence, s’est toujours efforcée d’alerter l’opinion. Dans cette optique, elle devait lancer le 15 avril 1954, le premier numéro d’un bulletin qui assurerait la liaison entre les donateurs, partenaires, et amis de l’Association : l’Arche. Gabriel Rosset en fut le directeur et la marqua de sa personnalité jusqu’à sa mort en 1974. Revue militante au sens où elle entendait montrer les besoins criants de certaines détresses, décrivant au cas par cas les failles existantes dans le système locatif, elle est « militante » aussi par la place qu’elle donne à la réflexion religieuse et sociale dans la partie Spiritualité et Culture qui continue à y figurer. C’est en outre nous l’aurons compris, un appel constant aux dons qui y est lancé. Bulletin trimestriel vendu sur abonnement, ce journal est à ce jour le seul émanant de l’association. Il est tiré à 18 000 exemplaires et est envoyé sur l’ensemble des continents.

Une année de manifestations ! 

Mobilisation des membres et proches de l’association

Le Foyer Notre-Dame fête cette année ses soixante ans d’accompagnement des personnes sans abri. À cette occasion, une série d’événements sera organisée par des « passagers », bénévoles, salariés, amis ou encore « anciens » de l’association… Ceci devant permettre la mise en perspective et en lumière des actions menées par cette dernière au niveau de l’hébergement, de l’insertion, du logement ou encore de la santé des plus démunis. Ce devrait aussi être un moment privilégié pour interpeller de nouveau la société, l’État, les collectivités, le monde économique, pour leur montrer certes le chemin déjà parcouru, mais surtout ce qu’il reste à faire devant tout ce qui conduit à l’exclusion de nos jours : solitudes, fragilités psychiques, manque de logements, chômage, difficultés familiales, situations irrégulières etc.

2010 a en outre été proclamée par le parlement Européen et les vingt-sept : « année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ». Cette actualité justifie absolument l’attention des pouvoirs publics dont le Foyer espère bénéficier. La reconnaissance des actions du Foyer est une des préoccupations majeures de cette association qui fut reconnue d’utilité publique dès le 5 mars 1957. Ses soixante ans d’expérience l’autorise qui plus est, à faire partager, voire faire reconnaître, son travail d’urgentiste du social et ses propositions pour améliorer les conditions de vie des personnes à la rue.

Pour chaque mois de l’année… un thème retenu

Pour se remémorer tout au long de cette année 2010, ses 60 années d’actions et d’accompagnement, il a en effet été décidé que chaque mois de l’année serait porteur d’un thème pouvant symboliser cette déjà riche histoire. Autour de ses missions fondatrices et de ses sept métiers, des temps d’échanges, des colloques, des animations, des expositions, sont et seront organisés.

Le mois de janvier fut consacré à « l’Hébergement d’Urgence », une exposition sur ce thème étant encore visible au Centre Gabriel Rosset. Le mois de février lui fut associé à « l’Hébergement d’Insertion », une grande fête ayant été organisée à la Chardonnière (au programme : visite de la résidence, buffet, animations, goûté, concert, ou encore lecture de contes en présence du crieur public de la Croix-Rousse). Ensuite, la quête du Foyer étant organisée chaque année au mois de mars, ce dernier est pour sa part associé au thème « Charité et Ressources ». La 60ème quête annuelle sur la voie publique dans le département du Rhône eu en effet lieu les 6 et 7 mars derniers. À l’image de Gabriel Rosset, qui quêtait tous les ans à l’entrée de la Brasserie Georges, l’association lança donc un appel à tous les volontaires, jeunes et moins jeunes, qui voudraient, durant un week-end, donner un peu de leur temps, pour quêter dans leur quartier, leur paroisse et ainsi, sensibiliser les concitoyens à l’action menée par le Foyer auprès des plus démunis de la région. Aux dernières nouvelles cette opération rencontra un honorable succès.

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La quête
© FNDSA

Le mois de mai sera associé au thème des « Accueils de jour », le mois de juin au thème du « Bénévolat » ; le thème du mois de juillet sera « Ateliers d’Insertion », celui du mois de septembre : « Santé » ; « Accompagnement » pour le mois d’octobre et enfin « Bric à Brac » pour le mois de novembre 2010. Sont entre autre prévus pour animer les journées correspondantes la plantation du 2 000ème « Arbre de la solidarité » Place Bellecour, une fresque sur le mur du centre au 3 rue Père Chevrier, un colloque sur l’accompagnement devrait se dérouler en octobre, une rue devrait porter le nom du fondateur, tandis qu’un voyage pour les employés en insertion devrait être organisé. Pour sa part, L’Arche sous l’arc en ciel témoignera au fil des pages de l’action menée depuis 60 ans par l’association, détaillera par des articles les missions qui l’animent, mettant en valeur, acteurs, amis et bénéficiaires de ces différentes structures.

Un colloque consacré à Gabriel Rosset

Nous nous proposons à présent de terminer notre Point d’Actu en annonçant ce colloque programmé pour le 26 mai 2010, sur une demi-journée (après-midi), à la Bibliothèque municipale de Lyon. Organisé par les « Amis de G. Rosset » et le Foyer Notre-Dame des Sans Abri dont il est le fondateur, ce colloque ne pouvait mieux tomber dans le cadre de l’anniversaire des soixante ans de cette association, laquelle dure et durera dans le souvenir de la vie de cet humble et fidèle ami des pauvres.

Les intervenants pressentis, outre les présidents des deux associations « Amis de G. Rosset » (François Asensio) et le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri (Benoît Viannay) sont : MM Guy Avanzini, professeur émérite à la Faculté de Lyon II, Jean-Dominique Durand, professeur à l’Université de Lyon III, Max Bobichon, doyen du chapitre à la Primatiale St Jean et ancien aumônier de la Paroisse Universitaire. En fin d’après-midi, est prévue la présence du Cardinal Philippe Barbarin ; celle du maire de Lyon ou de son représentant, de même que celle d’un représentant du Conseil général du Rhône.

Quant au choix de la Bibliothèque Municipale de la Part-Dieu comme lieu de rencontre, recevant un public diversifié, il paraît tout à fait opportun pour ce colloque autour de Gabriel Rosset, à la fois enseignant et éducateur social pour les sans-abri de Lyon. Rappelons que ce dernier est mort le 30 décembre 1974, soit presque vingt-quatre ans jour pour jour après le démarrage du Foyer, foudroyé par une attaque dans son cher asile de Notre-Dame des Dombes, où il se recueillait. Son corps repose au cimetière de la Côte-Saint-André (Isère).

Interview de Monsieur Benoît Viannay, président du FNDSA

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Benoit Viannay
© FNDSA

Je me permettrai tout d’abord de vous demander de quand date votre engagement au Foyer Notre-Dame des Sans-Abri et ce qui l’a motivé ?

Ma première rencontre avec le Foyer remonte à l’année 1986 où je quêtais dans la rue pour le compte de l’association. Par la suite, je devais passer huit ans à la Fondation de France où j’allai être amené à étudier certaines demandes du Foyer, au niveau notamment des repas de Noël ou du parrainage des gens vers l’emploi. Et puis en 2007, alors que je me promenais dans les couloirs du Foyer et que dans ce bureau ils cherchaient un président, on m’a laissé croire que j’étais l’homme de la situation, que c’était un boulot facile et que ça me laisserait beaucoup de temps libre. Je les ai cru… mais il faut l’avouer, cela ne laisse pas beaucoup de temps libre et cela donne même beaucoup de boulot. En tout cas en l’espace de 24 h je suis devenu le président du Foyer, et ce sans avoir eu auparavant de véritables engagements auprès de lui.

Pouvez-vous nous décrire le déroulement type de votre activité au sein de l’association ?

Le président du Foyer travaille avec les bénévoles et les salariés. Vis-à-vis des bénévoles, je préside un bureau, lui-même élu par le Conseil d’Administration, les administrateurs étant élus par l’Assemblée générale. Les gens avec lesquels je travaille au quotidien sont donc des personnes issues de ce bureau où elles ont des responsabilités sur les bénévoles, sur le patrimoine, ou sur des aspects plus administratifs ou économiques des choses. Mais je travaille également avec les salariés et plus précisément avec leur directeur. Le directeur est choisi par le président qui lui confie la réalisation d’objectifs définis par le Conseil d’Administration. Il doit pour sa part chercher les moyens permettant de mettre en œuvre ces objectifs. Mais globalement je dirais que l’on on travaille l’un et l’autre dans la complémentarité. Le directeur est orienté « salariés », et moi, « bénévoles », or dans chaque activité du Foyer, salariés et bénévoles travaillent dans la complémentarité. Assurément, le salarié ne fait pas le boulot du bénévole et le bénévole ne fait pas celui du salarié, mais si on veut schématiser les choses, je dirais que le salarié a la responsabilité des aspects techniques – quand je dis « aspects techniques » ça veut dire tout ce qui peut toucher aux droits des gens que l’on accueille, tout ce qui peut concerner leurs revenus, leur santé – tandis que le bénévole lui va apporter sa présence, de l’écoute. Donc ils s’associent de façon très complémentaire. Et ça c’est quelque chose qui a été souhaité dès les premiers temps de l’association. Au début le Foyer ne fonctionnait qu’avec des bénévoles, mais le fondateur du Foyer, Gabriel Rosset, a souhaité que toujours, salariés et bénévoles travaillent ensemble.

Quelle est selon vous la qualité première du bénévole ?

Le bénévole est là, comme je l’ai dit, pour apporter sa présence. L’attention qu’il porte aux autres, et plus particulièrement au public défavorisé, est essentielle. Mais il peut aussi apporter ses compétences. Il n’est peut-être pas nécessaire en effet pour le Foyer d’avoir parmi son personnel salarié, toutes les compétences réunies : nous avons par exemple avec nous dix ou douze médecins bénévoles, mais aucun médecin attitré. Sinon, comme beaucoup le savent déjà, une partie de notre financement est assuré par ce qu’on appelle les activités marchandes, par les ventes, dans nos Bric à Brac, des objets et habits qui nous ont été donnés. Et bien, à ce niveau, tout ce qui concerne la collecte, le tri ou la remise en état, est assuré par des salariés alors que tout ce qui concerne la vente est fait par les bénévoles. Il y a en définitive chez nous 1 300 bénévoles que l’on va trouver dans absolument tous les métiers exercés au Foyer.

Une collaboration existe-t-elle entre le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri et les autres missions sociales lyonnaises ? Si oui, à quel niveau ?

Cette collaboration existe et est multiple. D’abord le Foyer est gestionnaire du 115, le numéro gratuit. Les gens du 115 sont ici, ils sont employés par le Foyer et ce sont eux qui vont orienter les appelants vers les différentes structures d’hébergement. Il peut aussi y avoir des échanges de services entre associations. Par exemple quand l’une d’elle a besoin de vêtements, dans la mesure où on en collecte beaucoup pour notre part, on va fournir un certain nombre d’associations lyonnaises en habits. Mais on peut également fournir des meubles, gérer des quantités de choses. Et puis on fait parti, au même titre qu’un certain nombre d’associations, de ce qui s’appelle la Veille Sociale, dans le cadre de laquelle on apporte des heures de présence.

Le Foyer fêtera tout au long de cette année 2010 son soixantième anniversaire…y voyez-vous pour l’association l’occasion de réaffirmer son engagement ?

Depuis soixante ans, le Foyer s’intéresse aux plus démunis, à ceux qui se retrouvent à la rue, que ce soit des hommes isolés, des couples, ou des familles. Depuis le début, ils viennent au Foyer et se voient proposé un parcours adapté à leurs besoins et à leurs attentes. Or en soixante ans, ces besoins et ces attentes ont évolué, il s’agit donc de s’adapter en permanence. D’ailleurs vous comprendrez qu’on ne traite pas de la même façon des hommes isolés, et des familles, des personnes jeunes ou âgées, des biens portants ou des personnes malades. Ainsi on va s’efforcer, en fonction des attentes exprimées, de proposer des parcours adaptés, sachant que l’objectif est de les emmener le plus loin possible.

Jusqu’à la réinsertion ?

S’ils le souhaitent… Alors pour certains « le plus loin possible » ca ne va pas très loin. Parfois on ne peut leur apporter que du « mieux-être ». Mais effectivement ca peut aller jusqu’à l’insertion, c’est-à-dire, un emploi et un logement pérennes. A ce niveau aussi, il est certain qu’en soixante ans les choses ont évoluées. Au début on hébergeait les gens dans des dortoirs de plusieurs dizaines de personnes, aujourd’hui les gens que l’on héberge, c’est dans une chambre ou en tout cas dans un espace privatif tel une cabine individuelle. L’hébergement collectif, le « tout le monde ensemble » cela a beaucoup changé !

Dans le contexte actuel, la détresse sociale tend à augmenter… comment l’association vit avec cet état de fait ?

L’association vit tout ça de plusieurs façons. Bien sûr, dans l’action, mais aussi dans l’interpellation. L’une des missions du Foyer, voulue par son fondateur, c’était de pouvoir interpeller la société civile, l’Etat, les collectivités sur les difficultés des gens en très grande précarité. À son image, on se manifeste encore et toujours.
Pour nos 1 300 bénévoles, le Foyer est une école de la vie, ils y voient ce qu’est la « vraie vie », et évidemment, quand ils rentrent chez eux, quand ils rencontrent d’autres individus, leur mission, c’est aussi de faire partager ce qu’ils ont vu ou entendu dans la rue. Voilà ce que l’on veut rappeler tout au long de cette année, à l’occasion de ce soixantième anniversaire.

Le 26 mai 2010, va être organisé à la Bibliothèque de la Part-Dieu, un colloque autour de Gabriel Rosset… votre présence est annoncée, qu’attendez-vous de ce colloque ?

Alors, Gabriel Rosset, rappelons-le, a été le fondateur du Foyer avec deux amis, Georges Belleville et Henri Tournissou, tous trois professeurs, Gabriel Rosset étant professeur la journée et présent au Foyer le soir. Ce que l’on veut dire à l’occasion de cette manifestation qui se place là dans le cadre des soixante ans du Foyer, c’est que ce qu’avait voulu Gabriel Rosset était un peu prophétique. En effet, ce qu’il a voulu il y a soixante ans, est toujours d’actualité, et sur ce point, il nous faut insister. Les besoins des gens évoluent et se transforment, augmentent tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, mais nos missions, nos objectifs, sont toujours les mêmes. Assurément nous voulons, à travers cette manifestation, montrer que ce que disait et écrivait Gabriel Rosset, est toujours d’actualité. Son message est toujours d’actualité !

Nous en arrivons justement au terme de cette interview, avez-vous pour votre part un dernier message à faire passer ?

Moi mon message, qui s’adresse un peu à tout le monde, c’est qu’il faut changer notre regard sur les plus démunis. On aime bien les gens qui nous ressemblent, mais les gens qui ne nous ressemblent pas, on a tendance à être désarmés face à eux, désarmés devant la maladie, devant les gens de la rue, on ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. Mais les gens de la rue aussi ont peur de notre regard parce qu’ils sentent bien qu’on les regarde. Donc changer notre regard c’est se dire que ce sont des hommes, des êtres humains comme tout le monde, qu’ils ont le droit au respect, à la considération, ils ont droit à se voir leurs droits garantis, ils ont droit au beau, au bien ou au bon. Donc changeons notre regard sur l’autre car je pense que si nous y parvenons, nous irons vers un monde peut-être plus juste, plus humain.

Pour en savoir plus


[1] André Latreille, Une réalisation moderne de la charité lyonnaise : le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, dans Lyon et l’Europe, T. 2, p. 35.

[2] Rapport d’activité 2008 du FNDSA, p. 18.

[3] L’arche sous l’Arc en ciel n° 226, février 2010, p. 18

Existe-t-il un répertoire qui recense les associations lyonnaises ?Voir

Quelles associations emploient des chômeurs ou personnes en réinsertion ? Voir

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