La grotte Chauvet-Pont-d'Arc

La Caverne du Pont-d’Arc réplique de la grotte Chauvet

- temps de lecture approximatif de 9 minutes 9 min - Modifié le 30/06/2016 par ameyer

Depuis le 25 avril 2015, les visiteurs peuvent prendre possession de la grotte Chauvet magnifiquement reconstituée. Il s'agit d'un véritable voyage dans le temps, une immersion totale, accessible pour chacun, avec la possibilité de découvrir enfin la reproduction des extraordinaires fresques de cette cavité, témoin spectaculaire de l'expression symbolique de nos ancêtres aurignaciens. L'inauguration a eu lieu le 10 avril 2015, en présence de François Hollande.

La façade de la Caverne du Pont d
La façade de la Caverne du Pont d'Arc Conception Fabre-Speller Architectes - Atelier 3A Ollier -® - Sycpa - S. Gayet

Sommaire

1. La réplique de la grotte ornée, un pari très ambitieux
2. La reconstitution de la grotte
3. La galerie de l’Aurignacien second pôle du site
4. Un enjeu pour la région
5. Bibliographie

1. La réplique de la grotte ornée, un pari très ambitieux

Nous possédons en France 60 % des grottes ornées d’Europe, plus précisément 150 sur 250. Par exemple, la grotte de Niaux à Tarascon (Ariège) est l’une des plus célèbres grottes paléolithiques d’Europe et l’une des rares grottes ornées encore ouverte au public, ou encore celle de Marsoulas (Haute-Garonne). Mais, la France est, de plus, pionnière dans le domaine de la fabrication des répliques.

Lascaux II, fac-similé de Lascaux, ouvert en 1983 a atteint ses limites. En mai 2016 c’est Lascaux IV qui offrira au public une réplique intégrale des 575 m2 de fresques pariétales de la grotte originale. Le chantier a été inauguré en avril 2014.

La caverne du Pont d’Arc (nom de la réplique) a, quant à elle, une dimension beaucoup plus importante que Lascaux IV. Avec ses 3000 m2 au sol et 8180 m2 de décor créé au total (sols, parois, plafonds) c’est le fac-similé de grotte ornée le plus important au monde et le résultat d’un extraordinaire chantier.

logo Caverne du Pont d'Arc

Classée au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco depuis juin 2014, la grotte Chauvet, considérée comme recélant les plus anciennes peintures d’Europe datées de 36.000 ans, est interdite d’accès depuis sa découverte en 1994.

C’est donc animés de la volonté commune de faire partager au plus grand nombre ce sanctuaire pariétal préhistorique que le Conseil général de l’Ardèche et le Conseil régional de Rhône-Alpes ont créé en 2007, le Syndicat mixte de l’Espace de restitution de la Grotte ornée du Pont-d’Arc dite Grotte Chauvet. Un important travail d’investigations a été réalisé et une charte de coopération entre l’Etat, la Région Rhône-Alpes et le Département de l’Ardèche a été signée.

Le comité scientifique est présidé depuis 1998 par Jean Clottes préhistorien et spécialiste de l’art des cavernes et Jean-Michel Geneste également préhistorien dirige l’importante équipe de recherche.

L’emplacement choisi pour installer la copie est le beau plateau boisé du lieu-dit le Razal avec sa végétation de garrigue, sur la commune de Vallon Pont d’Arc, à 2 km à vol d’oiseau de la vraie grotte.

L’intégration paysagère est une priorité des architectes Fabre-Speller. -® C. Tran-SYCPA

Le projet pour lequel 51 millions d’euros ont été investis est unique d’un point de vue culturel, artistique et technologique. L’équipe responsable du projet a fait appel à des techniques scénographiques jamais mises en oeuvre à une telle échelle.

C’est le cabinet d’architectes Xavier Fabre/Vincent Speller associé à l’Atelier ardéchois 3A qui a conçu le projet comme une empreinte dans le paysage. Le site comprend cinq bâtiments : la réplique, la galerie de l’Aurignacien, le pôle pédagogique, l’espace événementiel, le pôle restauration, répartis sur une dizaine d’hectares.


Implantés au ras du sol et le plus discrètement possible, les différentes entités qui forment la Caverne du Pont-d’Arc donnent l’impression de murs qui surgissent de terre. L’intégration paysagère constitue d’ailleurs une attention prioritaire de ce projet, les bâtiments sont des prolongations de la topographie et ne dépassent pas la cime des arbres.

Les 3000 m2 au sol de la caverne du Pont-d’Arc offrent une version compactée des 8500 m2 de l’originale ; les éléments fondamentaux de la cavité originale sont tous reproduits à l’identique. 400 salariés ont travaillé sur le chantier.

 

2. La reconstitution de la grotte

Pour conserver l’apparence des volumes complexes et tourmentés de la grotte d’origine, les spécialistes ont utilisé un modèle 3 D et la technique de l’anamorphose.

Dès 2010, des géomètres sous la direction de Guy Perazio se relayent dans la grotte armés de scanners haute définition. Un modèle numérique en trois dimensions de la cavité est conçu.

Pour cela, il a fallu :

  • Réaliser un nuage de 16 milliards de points correspondant à la volumétrie originelle et créer ainsi une peau informatique.
  • Prendre 6000 photos numériques en haute définition (c’est ce qu’a réalisé Lionel Guichard)
  • Et enfin, superposer au dixième de millimètre près les photos sur les volumes des parois informatiques correspondantes afin d’obtenir ainsi un clone informatique conforme à l’original.

Le coup d’envoi du chantier est donné en octobre 2012.

Les ouvriers de Freyssinet réalisent le squelette de la grotte restituée

A l’intérieur du bâtiment en béton, la première étape est la pose du treillis métallique qui reproduit les volumes de la grotte scannée en 3 D. Les ouvriers projettent ensuite 2 couches de mortier paysage réalisé à partir de matières minérales et liants naturels. Les sculpteurs interviennent alors sur le mortier pour reconstituer les formes, les reliefs, les failles, la texture des parois afin d’être au plus proche de la réalité. Viennent ensuite les peintres qui ajoutent la couleur à l’aide de jus d’ocres, de terres et de manganèses.

L’étape suivante est l’installation des 27 panneaux pariétaux réalisés en résine et matières naturelles, notamment par Arc&Os, à Montignac (Dordogne).

Pour la réalisation des dessins somptueux que renferment la caverne, les habitants de la grotte ont utilisé des techniques que l’on croyait acquise bien des siècles plus tard, exploitation des reliefs de la roche pour figurer les animaux, usage de l’estompe pour accentuer les volumes des corps, représentation du mouvement, ébauche de la perspective, un art abouti, étonnement maîtrisé.

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Les Aurochs. Photographie d’Antoine Cusin, 2015.

La visite du clone se termine par la fresque des lions, une scène de chasse, réplique exacte, au millimètre près, de l’époustouflante fresque d’origine. Elément phare de la visite, panneau monumental de 12 mètres de long d’où surgissent 92 animaux en mouvement dont 36 félins lancées à la poursuite de mammouths, bisons et rhinocéros. Ce panneau avait été dévoilé en avant première à la presse en décembre 2014. Avec celui des chevaux, il illustre particulièrement la maitrise des artistes de la grotte Chauvet, la complexité de leur projet artistique. Lions, bisons, chevaux semblent bondir et galoper sur la roche. C’est à Toulouse qu’a été réalisée la réplique de ces deux panneaux. Gilles Tosello, artiste et membre de l’équipe scientifique a reproduit les gestes et utilisé les mêmes couleurs et matériaux que les artistes aurignaciens, il a, notamment, fabriqué des fusains de charbon de bois à partir de pin sylvestre brûlé.

 

 

Le panneau des chevaux intégré au décor de la Caverne par Déco-Diffusion

La copie de nombreuses concrétions de calcite “les spéléothèmes” contribue, quant à elle, à la restitution de la magie scintillante de la grotte Chauvet. Ceci a nécessité une activité minutieuse rendue plus précise grâce aux observations fournies par les géomorphologues du laboratoire Edytem de l’université de Savoie.
Les nombreux ossements et crânes d’ours des cavernes qui jonchent le sol de la grotte d’origine ont été également reproduits.

Pour recréer parfaitement l’atmosphère du milieu souterrain, les cinq sens sont stimulés. Fraîcheur, humidité, silence, obscurité, sensations olfactives contribuent à immerger les visiteurs dans cet univers si particulier, qui semble encore habité par la présence des hommes.

Grâce à cette restitution magistrale, les visiteurs pourront revivre l’émotion qui a frappé les découvreurs des chefs-d’oeuvre de la grotte il y a vingt ans.

 

3. La galerie de l’Aurignacien second pôle du site

 

La Caverne du Pont-d’Arc –SYCPA – S. Gayet

Après l’émotion, les explications. La galerie de l’Aurignacien est un centre d’interprétation qui présente au sein d’une exposition permanente l’environnement dans lequel évoluait l’homme de l’époque aurignacienne. Cette galerie offre aux visiteurs sur 650 m2 d’exposition permanente une plongée dans le quotidien des sociétés de chasseurs-collecteurs qui vivaient il y a 36 000 ans en symbiose avec la nature au milieu d’une mégafaune : mammouths, lions des cavernes, ours, rhinocéros laineux, bisons des steppes.

Les fac similés d’animaux et d’hommes mis en scène de façon spectaculaire ont été fabriqués par la société Adess située en Aveyron, un travail minutieux pour les naturalistes. Les plantes sont également reconstituées.

Dans la salle de projection un film offre une immersion dans cet univers fascinant.

Une partie de l’exposition est bien évidemment consacré à l’art pariétal, clef de voûte de la visite. La Caverne du Pont-d’Arc est le seul lieu en France, et un des rares au monde, qui traite de l’art pratiqué par nos ancêtres aurignaciens. Sont abordées les conditions de réalisation des fresques (moyens, techniques picturales, thèmes traités, …) mais également la question fondamentale du sens.

La Caverne propose, de plus, au public scolaire, de la maternelle au lycée, une dizaine d’ateliers adaptés à tous les niveaux, et plusieurs formules à la journée. Pour enfants et familles une grotte-atelier a été conçue.
Les visiteurs, alors expérimentateurs d’un jour, peuvent s’essayer aux techniques du dessin, de la peinture et de la gravure avec un burin de silex sur paroi rocheuse et employer les colorants utilisés par les hommes préhistoriques.

En préfiguration de l’ouverture de la caverne l’exposition “Chasses magiques” organisée par le musée du Quai Branly, s’est tenue à proximité, au château de Vogüé (Ardèche), du 2 juillet au 3 novembre 2013. Un partenariat noué avec le musée parisien qui a accordé le prêt de 55 pièces de ses collections, choisies par Yves Le Fur, commissaire de l’exposition et directeur des collections du Quai Branly, comme un écho de la pensée magique des chasseurs cueilleurs à travers les âges.

Et du 17 juin au 6 octobre 2014, c’est au château-musée de Tournon qu’a eu lieu “Image’n Magie”, de nouveau, les arts premiers dialoguent avec la grotte Chauvet.

 

4. Un enjeu pour la région

 

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La falaise de la grotte recréée de la Caverne du Pont d’Arc

L’Ardèche méridionale devient un centre majeur pour l’étude et la compréhension de l’expression symbolique des premiers Hommes modernes. C’est une chance pour le territoire.

Conjuguer une offre touristique estivale déjà bien ancrée et cette nouvelle offre culturelle exceptionnelle qui devrait attirer le public tout au long de l’année, c’est tout l’enjeu des prochaines années pour la région, l’objectif étant de favoriser le rayonnement national et international de l’Ardèche. La Grotte Chauvet complète l’offre du sillon rhodanien, déjà riche de quelques-uns des plus beaux sites de France, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO : le Pont du Gard, les vestiges romains d’Arles et le palais des Papes d’Avignon au sud, le coeur historique du Vieux-Lyon au Nord.

 

Un parcours pour les visiteurs :

Trois grandes réalisations sont aujourd’hui consacrées au patrimoine archéologique de l’Ardèche :

 

5. Bibliographie

Revues

Livres

Sites

Vidéos

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