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Le Glob, salle rock des nuits lyonnaises

Photographe : Marcos Quinones, 30 mai 1990.

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - Modifié le 20/11/2019 par prassaert

Lyon, 1er octobre 1988. Le Glob ouvre ses portes avec un concert inaugural des Snappin’Boys et de Ganafoul. En l'espace de huit années, ce lieu emblématique va devenir l'une des références des salles rock lyonnaises...

Le Glob, 61-63 quai Joseph-Gillet, Lyon 4e.
Le Glob, 61-63 quai Joseph-Gillet, Lyon 4e.

Au milieu des années 1980, si Lyon se dispute encore le titre de deuxième ville de France avec Marseille, elle est par contre à la traîne sur son aptitude à proposer des salles pour les concerts de rock et de variétés. Après les fermetures orageuses du Palais d’Hiver et de l’Espace Tony-Garnier, à proximité de la Halle, ou celle de la bulle de Miribel avant même son ouverture, on ne peut compter à cette époque que sur six lieux d’accueil. Et encore faut-il en soustraire certains compte tenu que la salle Rameau est fermée pour cause de restauration et que la salle Molière, avec ses 600 places, est inutilisable pour ce type de manifestation. La soustraction continue avec l’auditorium, peu enclin à attirer des groupes rock, et avec la Cigale, une salle si minuscule qu’elle convient à peine pour les formations régionales. Le tour du propriétaire se limite donc à deux lieux : le Palais des Sports (9000 places) et la Bourse du travail (2373 places), auxquels on peut éventuellement ajouter l’auditorium de l’E.N.T.P.E. et plus exceptionnellement le Stade de Gerland… où David Bowie se produit d’ailleurs en juin 1987. En somme, des lieux pas vraiment dédiés à la musique.

Pourtant, les initiatives et les propositions, tant publiques que privées, ne manquent pas… Parmi les projets aboutis ou avortés, sont notamment évoqués au cours de la décennie : l’occupation du Hall 29 des anciens bâtiments de la Foire de Lyon, le Truck(s) à Vénissieux, un Zénith à Chassieu ou la transformation de l’ancienne usine des eaux de Villeurbanne.

Propriétaires-gérants du Taboo Pub puis du Glob, ca 1987.

En attendant, le salut viendra dans un premier temps des espaces à petite capacité – à l’exemple de l’Espace Gerson -, à mi-chemin entre l’espace culturel polyvalent, le café-concert et la salle de spectacles proprement dite. Parmi ceux-ci, l’initiative d’un infernal trio : Frédéric Brès, licencié en sciences juridiques, Abdessamad Chakib, diplômé en droit, marketing et psychologie, et Jean-Marc Boudry, licencié en lettres et civilisations anglophones et enseignant au Woodmill High School. Depuis janvier 1987, ces trois amis de fac assurent en effet la direction d’un bar de nuit à l’enseigne du Taboo Pub, situé au numéro 56 de la rue Saint-Georges, dont la vocation artistique et musicale en a fait l’une des antres incontournables de tous les noctambules du Vieux-Lyon. Plus de soixante-dix personnes s’y pressent ainsi chaque dimanche soir pour assister à la prestation du groupe programmé – souvent trié sur le volet – qui se produit sur une petite scène de fortune. Suite à des problèmes posés au niveau sonore et à certaines restrictions administratives – comme l’obligation de couper le son après 22 heures ! -, le trio se lance rapidement dans une nouvelle aventure en organisant un concert test de plus grande ampleur, au Rail Théâtre cette fois-ci. Deux cent cinquante personnes s’y déplacent le 17 avril 1988 pour le groupe britannique Eddy and The Hot Rods. Un succès ! Et une expérience qui les poussent à voir plus grand et à rechercher leur propre local. Jusqu’au coup de foudre pour un vieil entrepôt à l’architecture XIXe siècle, avec poutrelles et voûtes de pierres, et surtout sans voisinage immédiat, car situé sur la rive gauche de la Saône.

 

Le Glob – Concert inaugural de Ganafoul, 1er octobre 1988.

Ainsi, Le Glob s’installe aux numéros 61-63 du quai Joseph-Gillet (Lyon 4e), dans les ateliers réaménagés de La Pierre d’Alun, une ancienne usine lyonnaise de produits hémostatiques. Six cent quatre-vingts mètres carrés y sont investis sur deux niveaux avec un objectif : accueillir des expositions, des concerts, des performances, des groupes en répétitions… En somme, faire de l’endroit un lieu de rencontres pour les musiciens, les théâtreux, les danseurs et autres branchés rock. La salle et le premier étage de l’établissement sont aménagés pour répondre à des fonctions spécifiques : au rez-de-chaussée, une scène de vingt-cinq mètres carrés, extensible à quarante mètres carrés, avec un matériel son et lumière fixe et performant, sur laquelle communique une salle avec un bar de huit mètres de long et cinq alcôves voûtées, le tout sur trois cents mètres carrés ; à l’étage, des bureaux mais également des locaux de répétitions à destination des formations musicales. Conçu selon la formule d’un club associatif, avec carte d’adhérent fixée au prix de 50 francs par an, Le Glob y accueille deux concerts par semaine pour un prix d’entrée compris entre 30 et 70 francs. Le reste du temps, il se veut polyvalent, se partageant ainsi entre une activité boite de nuit et l’organisation de fêtes ou de spectacles à thème, avec prestations de services techniques.

Le Glob – The Ramblers lors du concert privé de réouverture, 30 novembre 1990.

En quelques années, Le Glob va se faire une place de choix sur la scène musicale lyonnaise en accueillant quelques “stars” du rock local. Le nouveau lieu s’impose rapidement comme l’une des références des nuits lyonnaises sans connaître quelques désagréments comme celui – récurrent – du stationnement ou de la sécurité. Avec ses 7900 adhérents et ses 9 salariés, Le Glob est donc devenu une institution stable dans le monde précaire du rock à Lyon lorsque le 9 mai 1990, après quelques deux cents concerts, il est frappé de fermeture administrative pour une durée de six mois par arrêté préfectoral. En cause : la présence sur les lieux de clients non adhérents au Club et un “cafouillage” dans la vérification des caisses – celle du bar et celle de l’association – conduisant à l’accusation de “double billetterie”. Une peine bien lourde au regard de l’infraction…

Sans soutiens politiques, Le Glob rouvre ses portes en 30 novembre 1990. Mais l’enthousiasme des débuts n’y est plus. En octobre 1996, huit ans presque jour pour jour après son inauguration, Le Glob, seul club-rock de l’agglomération lyonnaise, ferme définitivement ses portes. La salle sera reprise par L’Ambassade, une discothèque anciennement installée rue Stella, avant qu’elle ne disparaisse elle-même dans les flammes en 1997.

 

Photographie(s)

 

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3 thoughts on “Le Glob, salle rock des nuits lyonnaises”

  1. CM dit :

    Un magnifique souvenir du premier concert de Radiohead à Lyon le 16 juin 1993 !

  2. hervé dit :

    J’ai eu la chance d’y voir The Roots en After Show.
    Mais aussi Ashley Slater et Norman Cook
    Un sacré souvenir !

  3. Patrice dit :

    1987/88(?).Concert des Wampas au Glob. Avec ma pote Karine,pseudo-manageuse des Rats on commence à pogoter. Me suis retrouvé entouré par des connards de Teddy boys qui avaient décidé de s’amuser avec moi et de bien me la mettre. C’est le bras de Karine qui m’a extirpé de ce merdier devant la scène et m’a sauvé la mise ce soir-là. Pour l’anecdote, Didier Wampas, voyant ça arrête tout et clame au micro qu’ils ne jouent pas devant une telle mentalité ‘de merde’. Ils joueront le lendemain gratos en compagnie des Satellites(et des Ludwig?me rappelle plus qui) 100 bornes plus bas.Super pogo ce soir là,merci Didier.

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