Femmes qui décident en Rhône-Alpes

- temps de lecture approximatif de 43 minutes 43 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Affiche.jpg
Affiche.jpg
Une première Journée de la femme a été instaurée en 1910 sur un principe international mais elle ne sera officialisée qu’en 1977 par l’Organisation des Nations Unies et en 1982 par la France. Cette journée s’inscrit dans un héritage militant et féministe : elle peut être un moment de réflexion, elle peut être l’occasion aussi de faire un état des lieux de leurs droits et de mettre en valeur l’action d’associations. Ainsi, les manifestations lyonnaises, qui se sont tenues du 4 au 10 mars, ont été inaugurées par la représentation théâtrale d’une pièce satirique italienne de Dario Fo et Franca Rame sur la maltraitance de la femme. Le dimanche 8 mars, Filactions, une association de prévention contre les violences faites aux femmes organisait une visite guidée dans la ville, sillonnant des lieux de mémoire de femmes lyonnaises remarquables.

Un autre événement, éditorial et plus discret celui-là, les a mis en avant il y a quelques mois : il s’agit de la parution du supplément Rhône-Alpes 2008 au journal Le Tout Lyon, présentant, pour la cinquième fois, les parcours professionnels exemplaires de « femmes décideurs » dans notre région. Or les questions du travail féminin et de leur accession aux responsabilités, dont des femmes parvenues à la direction d’une entreprise constitue un exemple à la fois adéquat et ultime, sont aussi au cœur du 8 mars. Ce point d’actu est à la rencontre de ces deux événements.

[actu]Sommaire :[actu]
1) Rhône-Alpes : une région particulièrement dynamique ?
2) Figures d’hier et d’aujourd’hui
3) Bibliographie remarquable sur le travail des lyonnaises au XXe siècle




C’est au cours du siècle dernier que les femmes ont progressivement investi le travail salarié, la transformation de la maternité et du travail ménager leur permettant une plus grande participation à la vie sociale, au côté des hommes. Cette évolution s’est traduite dans la législation par l’adoption du principe de l’égalité de rémunération pour les travaux de valeur égale en 1972, par la loi Roudy favorisant l’égalité professionnelle dans les entreprises en 1983, par la loi contre le harcèlement sexuel en 1992 et la loi Génisson de 2001 ou l’obligation de négocier tous les trois ans l’égalité professionnelle dans chaque entreprise. Mais si en 2005 on compte en France 45% de femmes salariées dans la population active, la plupart d’entre elles le sont à des emplois subalternes (27,5% des cadres et ingénieurs, 7% dans l’état-major des grandes entreprises). On s’interrogera ici à la fois sur la mémoire et la place de ces femmes qui parviennent à des postes à responsabilité en Rhône-Alpes, et particulièrement à la tête de leur propre entreprise.

Sources :

- Les dirigeants de PME. Enquête, chiffres, analyses : pour mieux les connaître (1996), par Bertrand Duchéneaut, p. 195-208.

- L’Organisation des Nations Unies détaille l’histoire de cette journée.

- Le Progrès du 06/03/2009 : « Découvrez la ville sur les pas des Lyonnaises qui ont compté »

[actu]1) Rhône-Alpes : une région particulièrement dynamique ?[actu]

2Les femmes entreprennent plus en Rhône-Alpes2

Une enquête de l’INSEE a établi que 27% des créateurs d’entreprise de la région, en 2006, étaient des femmes, alors qu’en 2002, elle en comptait encore relativement moins qu’à l’échelle nationale. Ces femmes créent surtout dans les activités tertiaires (le commerce, les services aux entreprises et aux particuliers, l’éducation, la santé et l’action sociale), moins dans l’immobilier, la construction, le transport et l’industrie. Une enquête effectuée par Pouey International révèle par ailleurs que les femmes du département du Rhône dirigent plus et occupent plus de postes à responsabilités, quels que soient les services, qu’au national. Dans ses 1000 sociétés, le département compte 886 femmes chefs d’entreprise dont 12 seulement à la tête de plus de 100 salariés pouvait-on lire dans le supplément exceptionnel du Progrès du 11 mars 2009 (« Distinguer des battantes au quotidien »).
Lyon n’est pas en reste dans un mouvement qui concerne autant les hommes que les femmes. Ainsi Gérard Collomb pouvait déclarer dans le supplément au Tout Lyon en question : « en créant […] en 2004 le dispositif “Lyon, Ville de l’Entrepreneuriat”, nous avons réussi à faire de Lyon, la métropole française la plus performante pour la création et l’accompagnement d’entreprises. L’année dernière, leur nombre a ainsi augmenté de 18,6% dans notre agglomération, soit 6% de plus que la moyenne nationale, et Lyon se classe aujourd’hui à la 1re place française et à la 10e place européenne pour le soutien à l’entrepreneuriat » (p. 5).
Le même journal interprète les évolutions en cours dans la région comme un révélateur du dynamisme économique de ses entreprises, qui seraient particulièrement en adéquation avec les évolutions de la société.

Sources :

- « Travail des femmes : une irrésistible ascension » (n° 37, 1999), article en ligne sur le site du Ministère des Affaires étrangères.

- « Les femmes chefs d’entreprise : le cas français » (Travail, genre et sociétés, 2005), par Annie Fouquet.
Cet article se présente comme une actualisation d’un ouvrage paru en 2000 ainsi que la présentation des résultats d’une enquête parue en 2007 traitant de l’accès à la responsabilité des chefs d’entreprise. La question initiale était de savoir si les femmes à leur compte le sont du fait des difficultés à accéder autrement à un poste à responsabilité. On peut renvoyer à sa bibliographie sur le sujet.
Notez que les articles du Cairn, référencé dans la base de données de la Bibliothèque municipale de Lyon, sont disponibles en ligne.

JPEG - 577.3 ko
Femmes decideurs

- Le Tout Lyon en Rhône-Alpes, supplément du 6/12/2008 : « Femmes décideurs Rhône-Alpes ».
Ce gratuit est disponible en Kiosque emploi formation de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes (en entrant dans la salle, à gauche). On y trouvera des portraits qui permettent de préciser concrètement le titre.

- Créateurs d’entreprise rhônalpins en 2006 : enquête de l’INSEE

Dans la mesure où le sujet, dans sa perspective économique, n’est pas très médiatique, on signalera également le magazine suivant, même si son traitement n’y est pas régional :


Histoires d'entreprises

- dans son sixième numéro, Histoire d’entreprises consacre un dossier aux femmes chefs d’entreprises que l’on peut consulter dans sa version en ligne.
Ce magazine, lancé en 2006 par Jean Vasseur, un patron d’agence de publicité lyonnaise, s’inscrit dans une perspective nationale et une logique de valorisation du « patrimoine des entreprises, organisations et institutions ». Cette logique est aussi celle d’une entreprise créée en 1999, à Lyon, et dont il a pris le nom : « Histoire d’entreprises édite des ouvrages, réalise des documentaires audiovisuels, organise des expositions et produit des événements pour des entreprises désireuses de mettre en valeur leur patrimoine historique » (toutes choses que l’on peut lire sur le site qui lui est consacré).

2L’aide à la création d’entreprises au féminin2

Une revue de quelques articles de la presse régionale sélectionnés dans les Dossiers de presse Rhône-Alpes et sur Europresse rend compte d’un discours des pouvoirs publics dans le sens de l’incitation à la création d’entreprise par les femmes et le développement d’aides spécifiques, notamment la mise en place de dispositifs financiers.

- FGIF (fonds de garantie pour la création, la reprise et le développement d’entreprise à l’initiative des femmes). Spécialement destiné aux femmes, ce fonds doit leur faciliter l’accès au crédit bancaire. Il fait parti des outils à la disposition de la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité, dans le cadre de sa mission visant à assurer l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Voir également « L’Etat encourage les femmes à créer leur entreprise », article paru dans Le Progrès du 17/02/2004.

- CIF du Rhône (Centre d’information et de documentation pour les femmes et la famille)

Il mène des actions spécifiques aux femmes depuis 1987. Voir « Les femmes passent à l’action », un article un peu ancien de Fabien Farge paru dans le Figaro Lyon du 20/08/1999 : il y renseigne le fonctionnement du CIF à cet égard. En créant le premier CIF, celui de Grenoble puis le centre de Lyon en 1974, la région Rhône-Alpes a ouvert la voie. « L’histoire de ce réseau commence par la création, en janvier 1972, d’un Centre d’Information Féminin (C.I.F.), à Paris, placé sous l’autorité du Premier ministre, à la suite des États Généraux des Femmes (Versailles 1970) qui avaient conclu à l’urgence du développement d’une politique publique d’accès aux droits pour les femmes. […] C’est à la demande de collectivités territoriales et d’associations féminines, en 1973 et 1974, que l’ouverture d’une dizaine de C.I.F. se fait en province. En effet, Françoise Giroud, première secrétaire d’État à la condition féminine, devient présidente du C.I.F. de Paris, qui a vocation nationale. Elle souhaite qu’aux côtés des déléguées régionales nouvellement nommées, les C.I.F. locaux appuient, par l’information, des mesures qu’elle propose afin de faire évoluer la condition des femmes » (article de l’encyclopédie en ligne Wikipedia : « Centre national d’information des droits des femmes et de la famille »).

- L’APCE (Agence Pour la Création d’Entreprises) présente quelques aides qui leur sont destinées, détaillant selon les cas leur objet, leurs bénéficiaires, les modalités et la procédure à suivre.

- Racine (Réseau d’Accompagnement des Créations et Initiatives avec une Nouvelle Epargne de Solidarité) a été fondé en 1989, afin d’aider les femmes à créer et à développer leur entreprise. Sur cette page figurent quelques chiffres et quelques spécificités les concernant.

- Action’Elles : créée officiellement le 8 mars 1994, lors de la Journée internationale de la femme, cette association est née au Centre d’information féminin. Au départ composée d’une trentaine de femmes créatrices, elle regroupe à présent 150 entreprises, des métiers divers et s’est ouverte aux autres régions françaises. Elle se qualifie « d’organisme de formation professionnelle continue », pratiquant « l’échange de services et de conseils » et organisant des journées de formation. Elle s’est vue confier par le Grand Lyon la mission « de développer des actions de soutien, d’accompagnement et de formation pour les jeunes créatrices d’entreprise et, d’autre part, une participation active au Conseil National de la Création d’Entreprise, aux côtés de l’APCE et des principaux acteurs de l’économie de l’entreprise ». Voir « L’entreprise au féminin », article d’Agnès Benoist paru dans le Figaro Lyon du 03/03/1994, à l’occasion du lancement de l’association.

- On peut également signaler l’initiative de Business Woman Rhône-Alpes, une association régionale créée en 2007, présidée par Carine Véra et dont la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) du Rhône est partenaire. Par l’organisation mensuelle de soirées à thème tel que la propriété intellectuelle, elle « met en contact des femmes et crée une plateforme d’échanges professionnels ». Voir les articles « Business Woman, un réseau fort », « Un réseau de femmes audacieuses » et « La CGPME coéquipière de choc » dans Le Progrès, supplément exceptionnel du 11/03/2009.

2L’entrepreneuriat au féminin en question2

Les créations d’entreprises peuvent être présentées, dans la presse régionale, comme une alternative au chômage, à la discrimination et aux promotions différées. La question de la maternité se pose au moment de choisir si l’on crée ou non, d’après un témoignage de Nathalie Grasset, créatrice d’Informactis, en 1995, une société positionnée sur internet pour l’industrie manufacturière. D’après le supplément au journal Le Tout Lyon en Rhône-Alpes 2008, La plus grande crainte des candidates à ces créations concernerait bien « la nécessité de concilier vie de famille et vie professionnelle » (p. 12).
Nathalie Grasset ne conteste pas non plus l’existence d’une différence en termes de management mais il serait efficace et accepté dans sa différence.

Sources :

- Le Progrès du 02/10/1999 : « Créations d’entreprise : encourager les femmes »

- Petites affiches lyonnaises du 26/03/1998 : « La création d’entreprise se décline de plus en plus fréquemment au féminin »

Pour aller plus loin :

- Dans son espace Femmes/Égalité, le Ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville consacre un dossier à « L’entrepreneuriat des femmes »

- La Femme dans le monde du travail : égalité et protection dans la Charte sociale européenne (Strasbourg : Conseil de l’Europe, 1995).

- Le Progrès, supplément exceptionnel du 11/03/2009 : “Ces femmes en action” (vingt-quatre articles).

- Femmes en tête (1997), par F. Barret-Ducrocq et E. Pisier.

- Le mérite et la nature : une controverse républicaine : l’accès des femmes aux professions de prestige (1880-1940) (2007), par Juliette Rennes.

- Visibilité et lisibilité du travail féminin (Innovations, 2004/2), par G. Caire.

- Le Point d’actu suivant indiquera aussi des outils utiles à une compréhension de l’histoire des femmes : La France, les femmes et le pouvoir. Une histoire paradoxale

À écouter :

- Femmes et pouvoir. Une histoire paradoxale : conférence en ligne

[actu]2) Figures d’hier et d’aujourd’hui[actu]

2Ces femmes qui s’associent2

En 1945, Yvonne Foinant, maître de forge dans la région parisienne, fonde une association pionnière, les Femmes chefs d’entreprises mondiales (FCEM), afin de soutenir les femmes devant palier l’absence des hommes chefs d’entreprises partis à la guerre. La présidente des FCEM en Rhône-Alpes en 2004, Danielle Pradel, interrogée sur la Journée internationale de la femme, estimait que le 8 mars n’avait de sens pour elle que s’il était commémoratif plus que revendicatif.
Cette association est présente dans quarante pays, membre associé du Medef et milite pour une plus juste représentation des femmes dans les instances patronales, sociales et économiques. Elle compte un millier d’adhérentes en Rhône-Alpes : des patrons financièrement responsables de leur entreprise (à distinguer des femmes dirigeantes), des héritières surtout au milieu du siècle dernier, des femmes créatrices d’entreprises aussi ensuite. Danielle Pradel croie alors peu à des possibilités de carrière pour une femme autodidacte, une formation solide ne suffisant pas par ailleurs. D’après l’article d’Annie Fouquet, en 2005, on compte effectivement moins d’autodidactes qu’auparavant chez les femmes dirigeantes (24% contre 38% au milieu de la décennie 1990), les employeuses françaises étant de plus en plus célibataires, jeunes et diplômées.

Source :

- Figaro Lyon du 08/03/2004 : « “Les femmes auront de plus en plus leur place dans des postes à responsabilité” : Danielle Pradel, présidente des Femmes chefs d’entreprises mondiales. »

En 2003, Michel Moutot évoquait la formation du groupe dit des Nouvelles mères cuisinières par trois filles de chefs français réputés (comme l’agriculture, ce milieu semble rester encore lié à la reproduction familiale) et qui en revendiquent l’héritage. L’article paraît à l’occasion d’un dîner donné au Bernardin, à Manhattan : une réunion afin de se divertir, d’échanger et de se soutenir dans « un monde dur » (Caroline Rostang) parce que physique, aux horaires contraignants, parce que très masculin et misogyne aussi. Le sentiment partagé est qu’elles doivent faire état plus qu’un autre de leurs compétences dans un secteur essentiellement masculin. « Le mouvement des mères lyonnaises, qui comptait quelques patronnes de maison comme la Brazier était un accident de l’histoire consécutif au grand massacre des hommes en 14-18. Sinon, tout au long du siècle, les grandes cuisines voguaient comme les bateaux : pas de femme à bord », pouvait-on lire sur Libération.fr, le 21/02/2007 (« Etoile de mer », par Vincent Noce). Dans la catégorie Gastronomie du VIP 2005-2006, elles sont seulement 6 sur 71 professionnels mentionnés, dont Sophie Bise, cogérante de l’Auberge du Père Bise et chef de cuisine (elle a repris les cuisines du restaurant familial au décès de son père en 1983), Suzanne Chapel (Pdg du restaurant Alain Chapel depuis 1990 après une formation initiale d’infirmière, au décès de son mari) ou encore Anne Sophie Pic (née en 1969), chef de cuisine (depuis 1997) et pdg de l’Hôtel Restaurant Pic. Formée en management et en gestion, elle retourne, à la mort de son père (1992), dans son établissement à Valence. En février 2007, la maison Pic retrouve sa troisième étoile au Michelin : Anne-Sophie Pic rejoint alors la mère Brazier.

Sources :

- Figaro Lyon du 11/02/2003 : « Gastronomie. Des mères, sauce américaine », article de Michel Moutot.

- VIP Rhône-Alpes : le guide illustré des personnalités de la région (Lyon mag éd., 2003-2005)

La région Rhône-Alpes est aussi la première région de France à avoir une présidente régionale des Groupe femmes du bâtiment Rhône-Alpes (depuis 2002), siégeant au sein de son conseil administratif. La Fédération française du bâtiment de la région Rhône-Alpes a lancé l’opération « 40 femmes dans le bâtiment » afin d’en féminiser le recrutement et ainsi palier son besoin de main-d’œuvre. C’est qu’en 2003 les femmes ne représentaient en effet que 8 à 10 % des salariés du BTP et étaient confinées pour l’essentiel à des tâches administratives.

Sources :

- Supplément au journal Le Tout Lyon en Rhône-Alpes : « Femmes décideurs Rhône-Alpes », p. 6.

- Le Progrès Emploi du 08/02/2003 : « Les femmes bâtiront l’avenir de Rhône-Alpes », article de Stéphane Perraud.

2Le Groupe Progrès récompense huit « femmes en action »2

Le 16 mars 2009, au Palais des Congrès de Lyon, les Trophées « Femmes en action » ont récompensé pour la troisième fois celles qui se sont distinguées dans leur secteur au cours de l’année 2008. Cette manifestation « créée et produite par le Groupe Progrès » était précédée par un colloque sur les réseaux féminins dont on a déjà pu mesurer l’importance dans leur parcours. Elle a récompensé Françoise Pfister (directrice générale de la société Siam-Ringspann SA depuis 2005) du Trophée de la Femme d’entreprise, Corinne Poirieux (fondatrice et directrice des Editions lyonnaises d’Art et d’Histoire) du Trophée Culture, Ginette Drevet (bénévole responsable du Pôle d’accompagnement renforcé au Foyer Notre-Dame des Sans-Abri) du Trophée de la solidarité, Lyon Basket Féminin du Trophée Sport, Sylvie Frenilleau (féministe et présidente de l’association départementale du Rhône du Planning familial) du Trophée Vie associative, Brigitte Guillot (gérante de la société At’Home Services) du Trophée « Coup de cœur » du jury, Sylvie Négrier (professeur oncologue médical et directeur général adjoint du centre Léon-Bérard) du Trophée Santé recherche et Claire Harpet (anthropologue, chercheur au CNRS et coordinatrice pédagogique du master 2 « Ethique et développement durable » à la faculté de philosophie Lyon 3) du Trophée Développement durable.

Sources :

- Le Progrès, supplément exceptionnel du 11/03/2009 : « Des trophées en toute féminité »

- Le Progrès du 17/03/2009 : « Huit femmes de combat honorées » (p. 8-9)

2Des mères lyonnaises aux chefs féminins : de fortes femmes2

On ne peut pas parler de l’histoire des femmes entreprenantes à Lyon sans évoquer les mères lyonnaises, qui tenaient beaucoup de ses restaurants au XIXe et au début du XXe siècle : de la mère Guy, à la Mulatière, de la mère Fillioux au 73, rue Duquesne, dans le quartier des Brotteaux, à la dernière de ces mères, Eugénie Brazier (1895-1977).

JPEG - 78 ko
Le restaurant de la mère Guy, sur le quai Jean-Jacques Rousseau, alors en bord de Rhône
Fonds Sylvestre © BML

La mère Brazier a mené son affaire tambour battant pendant plus de cinquante ans, à tel point qu’elle reste « encore aujourd’hui l’un des piliers de la gastronomie mondiale », d’après Paul Bocuse, entré à son service en 1946. Il la décrit comme une « femme rude mais pudique », sévère, comme une travailleuse acharnée, soucieuse de la qualité maison de ses produits et de son environnement. Cette « réputation de dragon » (Catherine Simon) a la mémoire longue, quelque chose de l’évocation mythique. Mais qu’en est-il de la transmission de la cuisine de ces mères ? D’après le même Paul Bocuse, les cuisinières lyonnaises se rejoignent au moins à « la haute école des bons produits ». Mais ce qui nous intéresse ici ce n’est pas tant le fond de leurs marmites (une cuisine simple et généreuse) que leur biographie professionnelle et la gestion de ces établissements.

JPEG - 411.4 ko
Enseigne de la façade du restaurant « La mère Brazier » au 12, rue Royale (2009)
© A. Delaigue

La mère Brazier s’est formée sur le tas. « La cuisine, dira-t-elle, ce n’est pas compliqué, il faut savoir s’organiser, avoir de la mémoire, et un peu de goût. Moi, j’ai appris à faire la cuisine en la faisant, tout simplement ». Orpheline de mère à 10 ans, elle est placée dans les fermes jusqu’à l’âge de vingt ans et quitte la Bresse pour Lyon à la naissance hors mariage de son fils Gaston. A Lyon, elle trouve un emploi chez Joseph Milliat, d’une famille de fabricants de pâtes alimentaires, avenue Berthelot. Puis elle entre chez la mère Filloux où elle restera deux ans mais elles ne s’entendront pas. « Le Père Filloux épluchait des champignons à longueur de journée tandis que sa femme dirigeait la maison ».
Dans un article du Monde, Jacotte Brazier définit sa grand-mère comme « une cuisinière qui est son propre patron ». Elle devient effectivement le chef d’une petite entreprise lorsqu’elle se met à son compte, le 10 avril 1921 : elle achète alors une épicerie comptoir d’une quinzaine de places au 12, rue Royale, près des quais du Rhône, avec 12000 francs et l’aide du patron du Dragon. Elle raconte : « en ce temps-là mes journées étaient bien remplies. Levée à 7 h, je repassais les serviettes encore humides que j’avais lavées la veille, après le dîner. […] Pendant mon repassage, les deux filles de salle, que j’avais engagées assez vite, arrivaient et préparaient les tables. Le Père, ces deux filles, une vieille dame et moi, voilà le personnel au complet. […] Pour les achats je n’ai jamais eu le temps de courir. Je téléphonais à mes fournisseurs, qui me signalaient ce qu’il y avait de mieux dans les arrivages et qui me livraient. Je variais un peu mes menus, selon les saisons ; c’était un jour des brochetons, un autre jour des perches, ou du boudin, avec des pommes-fruits. Le gratin de macaroni était réservé aux jours pauvres en légumes ». Elle paie au comptant et sans discuter le prix de ces livraisons. On est loin d’une Léa Bidaut faisant les marchés, une pancarte accrochée à sa carriole avec l’inscription « Attention faible femme », seule en cuisine, au restaurant la Voûte, près du pont Bonaparte. On pourrait peut-être ajouter à ce qui rapproche les mères lyonnaises des chefs au féminin, cette image de forte tête, la volonté chevillée aux fourneaux.
En 1933, c’est la consécration : la mère Brazier obtient ses six étoiles au Michelin, trois pour chacun de ses restaurants puisqu’elle en a ouvert un second dans un chalet au col de la Luère.

Sources :

- Le Monde du 12/01/2003 : « Lyonnaises, de mères en filles », article de Catherine Simon.

- Le Progrès du 26/11/2000 : « Hommage à la mère Brazier »

- Un Point d’actu : Lyon, capitale de la gastronomie ?

Clotilde Bizolon (1871-1940), dite la mère Bizolon, est un exemple à la limite de ces cuisinières. En 1914, elle installe un étal dans la gare de Perrache et y sert des repas gratuits aux permissionnaires de passage, son fils étant mort au front en 1915. C’est le “Déjeuner du soldat”. Elle renouvellera l’expérience en 1939, avec l’aide de la mairie et des Lyonnais mais sera assassinée, le 3 mars 1940. Édouard Herriot, maire de Lyon, l’a décorée de la Légion d’Honneur pour services rendus à la nation, en 1925.

JPEG - 73.1 ko
La Mère Bizolon à la gare de Perrache en 1914
Fonds Sylvestre © BML
JPEG - 48 ko
Le Déjeuner gratuit du soldat, chez Clotilde Bizolon, à Perrache (1939)
Fonds Sylvestre © BML

Source :

- Clotilde Bizolon : biographie du site des Éditions ANOVI consacré à l’histoire de la Grande Guerre (1902-1932)

Itinéraire féminin pour les papilles :

- Dans son guide Lyon Restaurants, Jean-François Mesplède a introduit une image symbole (« Cuisine de femme ») distinguant les restaurants dont les chefs sont des femmes (12 dans l’édition de 2005).


Carnet des mères lyonnaises

- Dans Nouvelles cuisines de Lyon (2003), il fait une place à 12 jeunes chefs dont une femme, Sonia Ezgulian, de l’Oxalis, dans le premier arrondissement, qui a réuni les recettes traditionnelles du Carnet des mères lyonnaises des éditions Stéphane Bachès (2007).

À lire et écouter :

- « Les femmes lyonnaises : un modèle de gastronomie »

2Où sont les femmes dans la culture ?2

On pouvait lire sur LibéLyon, dans un article en date du 6 mars, que l’accès aux postes à responsabilité et l’attribution des subventions se font de manière très inégale dans le domaine du spectacle vivant rhônalpin. Sylvie Mongin, metteuse en scène de la compagnie Les Trois-Huit, y rappelle que « 95% du budget alloué en 2008 par l’Etat à la culture en Rhône-Alpes est géré par des hommes » et « qu’aucune scène nationale en Rhône-Alpes n’est dirigée par une femme. Une exception remarquable cependant : la Ville de Lyon compte de nombreuses femmes à la tête de ses institutions culturelles, dont Claudia Stavisky au Théâtre des Célestins, et Sylvie Ramond au Musée des Beaux-arts ».
Lorsque l’on se déplace du côté des exploitants de cinéma, à Villeurbanne, au début du siècle dernier, on n’est pas étonné de constater qu’elles sont peu nombreuses et leur passage de courte durée. Ainsi, Marie Brisseau ne succède à Claude Allardon à l’Iris-Ciné, en septembre 1934, que pour moins de deux ans. Madame Laurent, du Comédia, rue de Courteline, ne restera que quelques mois, au Cinéma « Étoile ». Enfin, il y a une demoiselle Brunel au Printania du quartier de la Poudrette. L’histoire génère de telles exceptions.

Source :

- « Culture : où sont les femmes ? De l’écrasante domination masculine dans la culture aussi, article d’Anne-Caroline Jambaud en ligne sur LibéLyon, le 06/03/2009.

- Cinépolis (2003), par Philippe Videlier, p. 24.

2Itinéraire bibliographique d’hier et d’aujourd’hui2

À écouter :

- « Lyonnaises d’hier et d’aujourd’hui » : conférence en ligne avec Bernadette Angleraud, Jean Etèvenaux, Guetty Long et Marie-Christine Bôle du Chaumont

Des biographies lyonnaises renseignent ces femmes célèbres qui participent de l’histoire et de l’imaginaire de la cité. En voici quelques-unes :

À lire :


Lyonnaises d'hier et d'aujourd'hui

- Dans Lyonnaises d’hier et d’aujourd’hui (2005), Bernadette Angleraud, Marie-Christine Bôle du Chaumont, Jean Etèvenaux et Catherine Pellissier présentent des biographies spécifiquement féminines de quelques pages (et des listes de personnalités), illustrées par l’artiste Guetty Long : des femmes que leur exercice a distingué, dans les arts, la gastronomie, l’économie, la littérature, la religion, en politique et dans l’administration, par leur Résistance ou leur philanthropie. Femmes de l’histoire moderne ou contemporaine ainsi mises côte à côte : ainsi de Lucie Aubrac, Louise Labé, Suzanne Michet ou encore Juliette Récamier. Voir les références bibliographiques à la fin de chaque article.

- Ces Lyonnaises qui ont marqué leur temps : passionnées, fascinantes, légendaires (2004), par Jean Butin.

- Les Lyonnais dans l’histoire (1985), sous la direction de Jean-Pierre Gutton : un dictionnaire biographique précédé de ses utiles « instantanés de l’histoire de Lyon ».

Quelques articles à caractère biographique renseignent des figures féminines de luttes en Rhône-Alpes :

- La nouvelle vie ouvrière (2007) : « Des luttes et des femmes en Rhône-Alpes » ou six biographies prises entre le dernier tiers du XIXe siècle et le début du XXIe siècle.

- « Des luttes et des femmes : visages rhônalpins » (Cahiers d’histoire sociale, n° 79, mars 2007).

- « Un rôle méconnu : les Lyonnaises dans la Résistance », (Cahiers de Rhône 89, n° 16, 1994), par Raymond Curtet, p. 47-60.
L’auteur y dresse le profil statistique de 202 femmes (jeunes pour la plupart, mariées pour près d’un tiers d’entre elles et de professions très diverses) et particulièrement de leurs activités dans la Résistance, la fonction la plus importante étant agent de liaison. Il achève son article sur les biographies de Berty Albrecht (1893-1943), Hélène Roederer (1921-1945), Élise Rivet (1890-1945) et Virginia Hall (1906-1982).

Quelques témoignages autobiographiques.

Elles sont célèbrent et parlent d’elles-mêmes :

- Souvenirs de famille. Yemeniz, Rubichon, Bruyset (1967), par Henri Hours.

- “Ils partiront dans l’ivresse” : Lyon, mai 43-Londres, février 44 (1997), par Lucie Aubrac.


Doc

- Les secrets de la mère Brazier, avec la collaboration de Roger Moreau, Roger Garnier et Jacotte Brazier (2001), p. 19-45 (5 et 6, 32, 38 pour les citations) ou une histoire de la formation de sa personnalité culinaire, le texte autobiographique étant construit à partir de propos rapportés. On peut regretter, dans la suite de l’ouvrage, l’absence d’illustrations de ses quelques quatre cent recettes rédigées avec le concours de son neveu et chef de cuisine, Roger Garnier.

- Au nom du père (2004), par Anne-Sophie Pic.

Elles ne sont ni renommées ni silencieuses :

- Visages d’une usine textile à Lyon de 1924 à 1987 (1992) comprend quelques témoignages de femmes sur l’usine de la Rhodiacéta, dans le quartier de Vaise, recueillis par Valérie Jacquet et Gilles Lizanet, particulièrement aux pages 50 à 72. Pour en savoir plus : consulter son « approche bibliographique commentée ».

[actu] 3) Bibliographie remarquable sur les lyonnaises au travail au XXe siècle[actu]


Les femmes ou les silences de l'histoire


« Les femmes ont toujours travaillé. Elles n’ont pas toujours exercé des métiers » (p. 201). Ainsi s’exprime Michelle Perrot dans une partie consacrée aux Femmes au travail de l’inaugural Les femmes ou les silences de l’histoire (p. 115-207). Car il s’agit justement d’un « front pionnier de la recherche sur les femmes » (p. 117) et très tôt investi par les historiennes du monde ouvrier. Dans cette bibliographie, on a privilégié les ouvrages qui consacraient tout ou partie de leur contenu au travail des femmes, le terme travail étant utilisé dans son acception large.

À lire :

- « Les femmes et l’emploi au fil du temps », dans Les femmes entrepreneurs en France (2000), par Bertrand Duchéneaut et Muriel Orhan, p. 19-27.

Ce chapitre présente de manière claire « l’évolution historique des femmes dans l’activité économique française » (voir le tableau récapitulatif en page 26). Il y distingue quatre périodes (préindustrielle, au cours de laquelle les femmes sont au foyer ou au côté de leur époux, d’industrialisation au XIXe siècle ou leur entrée en usine, de tertiarisation entre 1920 et 1965, et enfin, de tertiarisation accrue, depuis 1965). Paradoxalement, la tertiarisation de l’économie ne s’accompagnera pas d’une progression du taux d’activité féminin : c’était sans compter sur le « culte de la femme au foyer » (p. 26). C’est seulement à partir de 1965 que le marché du travail salarié se féminise fortement.

- Histoire du travail des femmes (2004), par Françoise Battagliola.

- Les femmes ont toujours travaillé : une histoire de leurs métiers, XIXe et XXe siècle (2002), par Sylvie Schweitzer.

Ressources :

- « Ressources sur l’histoire des femmes » par Emmanuel Véziat et François Sirel : elles sont pour la plupart accessibles sur Internet.

- Fonds Aspasie : fonds documentaire de l’IUFM de Lyon sur l’histoire des femmes et du genre en éducation

2Guerre et femmes au travail2

Il est intéressant de considérer le rôle de la guerre dans leur mise au travail qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, du fait de l’absence des hommes, n’a pas été favorable à leur mise au pouvoir (Les dirigeants de PME. Enquête, chiffres, analyses : pour mieux les connaître, par Bertrand Duchéneaut).

JPEG - 79.3 ko
Ouvrières travaillant à la fabrication d’obus, dans les abattoirs de la Mouche, à Gerland (1914)
Fonds Sylvestre © BML

- « Veuves et veuvage de la première guerre mondiale. Lyon (1914-1924) », Vingtième siècle, 2008/2, n° 98, par Peggy Bette : cet article évoque les veuves de guerre lyonnaises, des épouses de soldats mobilisés dans des régiments d’infanterie surtout, des ouvrières, des boutiquières, des employées et des domestiques.

- Les Communautés religieuses féminines lyonnaises pendant la Seconde Guerre mondiale (1994), par Pascale Jullien

- Les formes de la Résistance féminine à Lyon (Mémoire de Maitrise : Université Lyon II, 1995), par Patricia Boyer

2Le travail des lyonnaises dans l’industrie2


Cheminots en usine

- Cheminots en usine : les ouvriers des ateliers d’Oullins au temps de la vapeur (1993), par Christian Chevandier (particulièrement les pages 111 à 116).
Des ouvrières entrent dans les Ateliers de réparations ferroviaires d’Oullins, sur la rive droite du Rhône, avec la première guerre mondiale : à peine 111 à la fin du printemps 1917, elles sont beaucoup moins nombreuses que chez Berliet (un quart d’un effectif qui a par ailleurs triplé), « à statut précaire et moins payées » que les hommes. En 1919, on les trouve à l’Ajustage, la Chaudronnerie de cuivre, la Peinture, le Garnissage, l’Ébénisterie-menuiserie, les Fonderies et la Chaudronnerie de fer. Très peu restent après la guerre. Mais la cheminote est née (55 dans le premier recensement de l’après-guerre), surtout employée « à des travaux de bureau ou de peu de qualification ». Dans l’entre-deux-guerres, elles ont des carrières brèves et les plus jeunes d’entre elles acquièrent, dans les années 1920, une qualification dans des emplois considérés comme féminins. En 1919, « des représentantes sont admises en tant que camarades féminines, avec une déléguée et une suppléante, au conseil d’administration du syndicat. La revendication de l’égalité salariale ne se fait qu’au milieu des années 1930 ». Il est assez significatif qu’elles ne précisent toujours pas leur profession à l’agent du recensement.

JPEG - 94.2 ko
Les Ateliers P.L.M. à Oullins, à la fin du XIXe siècle : vue d’intérieur
Fonds Sylvestre © BML
JPEG - 64.5 ko
Les Ateliers P.L.M. à Oullins, à la fin du XIXe siècle : vue d’architecture
Fonds Sylvestre © BML

- « Travail des femmes et politique sociale : Berliet, années 1950-1960 » (1996 p. 59-77), par Perrine Gallice.
Cet article « s’inscrit dans le cadre des gender studies qui tentent de dresser une image complète du monde du travail et des salariés en prenant en compte l’existence d’espaces, de travaux ou de métiers sexués » (p. 60). Au début des années 1960, l’éclatement de l’usine de Vénissieux (fabrication camions et d’autocars) et sa décentralisation progressive permettent à l’auteur « de donner une image plurielle des femmes au travail », dans une industrie métallurgique à l’identité très masculine. Berliet « conçoit très tôt le travail des femmes comme une nécessité et non comme une activité annexe ». Le personnel féminin, pour la plupart des femmes mariées et des mères de famille, y est dispersé dans « de nombreux secteurs à l’atelier comme dans les bureaux », qu’ils leur soient ou non exclusivement destinés. « L’entreprise s’applique alors à reconvertir les ouvrières en employées de bureau, afin de ne pas licencier de personnel » (p. 62-63). Cet article donne une nomenclature précieuse des métiers exercés et, pour certains d’entre eux, la déclinaison de ce qu’ils signifient. « Elles exécutent très souvent des tâches répétitives qui requièrent rapidité, dextérité et précision » (p. 77).

Les représentations de la femme au travail dans le fonds Sylvestre sont peu nombreuses : on les voit dans des tâches considérées comme féminines ou peu qualifiées.

JPEG - 45.4 ko
Ouvrière au travail sur un métier à tisser L.Béridot (sans date)
Fonds Sylvestre © BML
JPEG - 62.4 ko
Ouvrières dans un atelier
Fonds Sylvestre © BML
JPEG - 62.6 ko
Entrepôts frigorifiques Lyonnais, rue Seguin à Perrache : conditionnement de produits (1930)
Fonds Sylvestre © BML
JPEG - 74.5 ko
Etablissements Ormancey spécialisés dans la rouennerie (tissus, lainages, toiles) : ouvrières dans l’atelier de couture (1950)
Fonds Sylvestre © BML


Dynasties lyonnaises

- Les dynasties lyonnaises : des Morin-Pons aux Mérieux : du XIXe siècle à nos jours (2003), par Bernadette Anglereau et Catherine Pellissier : sur ces entreprises familiales lyonnaises qui, pour la plupart, se caractérisent par leur soucis d’indépendance par rapport à Paris, une ouverture à l’internationale et leur hésitation à s’engager dans la vie politique locale.
Louise Saunière (1881-1973), fille d’un chef d’entreprise de plomberie, parisienne et catholique, s’est mariée en 1907 avec un certain Marius Berliet, constructeur d’automobiles lyonnais et membre de la Petite Église. Cette femme d’industriel a su dépasser le rôle traditionnel de maîtresse de maison et de dame d’œuvre qui lui était imparti, en devenant une militante de la protection de l’enfance. C’est pendant la guerre, en se consacrant à l’accueil des enfants de Reims dans l’hôpital du Vinatier, que lui est venue cette vocation (voir Lyonnaises d’hier et d’aujourd’hui, p. 37-39).

On pourra également consulter, à titre d’exemple, le mémoire d’étude de Caroline Rogier, Élaboration d’un plan de valorisation d’un fonds musical : le fonds Orgeret de la Bibliothèque municipale de Lyon (2006), accessible depuis la page de présentation de ce fonds qui porte le nom d’un libraire et éditeur musical du début du XXe siècle. Il donne un de ces exemples de femmes qui ont participé à une entreprise familiale, le magasin d’instruments de musique fondé par André Gonet (1839-1910) ayant été transmis de fille en fille.
On pensera en général au monde de l’imprimerie lyonnaise : les femmes d’imprimeurs de l’époque moderne pouvaient ainsi continuer l’activité de leur mari défunt en tant que veuve. Il suffit pour s’en rendre compte de consulter le sixième volume de la Somme typographique en ligne (sur le site du Musée de l’Imprimerie) de Marius Audin, concernant des imprimeries existant à Lyon dès le début du XVIIIe siècle.

2Pistes sur le travail des lyonnaises au XIXe siècle2

C’est au XIXe siècle que l’on peut vraiment commencer à parler de métier féminin, « dans une conjoncture générale de professionnalisation, et dans un équilibre démographique favorable, en France, à l’appel aux femmes » (Les femmes ou les silences de l’histoire, p. 203).

JPEG - 219.4 ko
Petites ouvrières du pont de la Guillotière
Le Progrès illustré © BML
JPEG - 150.8 ko
La sortie de la fabrique à midi
Le Progrès illustré © BML

- Les ouvrières lyonnaises travaillant à domicile : misères et remèdes (1896), par Laurent Bonnevay (1870-1957)

- Le travail à domicile à Lyon (1897), par Laurent Bonnevay et J. Godart

- La Vie quotidienne des canuts, passementiers et moulinières au XIXe siècle (1987), par Bernard Plessy et Louis Challet

JPEG - 19.4 ko
Ourdissoir rond en mouvement, cantre droite avec laquelle on ourdit à quarante rochets dans Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par messieurs de l’Académie royale des sciences de Paris. 09 : Art du fabricant d’étoffes de soie (1779)
Fonds Ecole de tissage © BML

2Pistes sur le travail des lyonnaises à l’époque moderne2

- « Women in the Arts Mécaniques in 16th century Lyon » (Mélanges Gascon, PUL, 1980), par Nathalie Zemon Davis : Michelle Perrot dit de cet article qu’il souligne « la très faible spécialisation des femmes dans les arts mécaniques lyonnais au XVIe siècle, employées comme bouche-trou ou auxiliaires, très proches des ouvriers casuels d’aujourd’hui, elles accomplissent des opérations variées, discontinues, complémentaires, apprises sur le tas, sans l’apprentissage formel qui, seul, confère un statut. Mariées, elles œuvrent dans l’atelier sans rémunération. Véritablement sans qualité, elles n’ont aucune identité professionnelle » (p. 202).

- La condition juridique de la femme lyonnaise à la fin du XVIe siècle (Bulletin de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon, t. 26, 1996), par Tatiana Porcu-Richerd

- Le travail féminin à Lyon au XVIIe siècle, (Université Lumière Lyon 2), par Jean-François Budin : cette thèse était encore en cours en 2006

Voir Sites Internet sur le travail des femmes
Voir La Journée internationale de la femme
Voir Le droit des femmes au travail

Partager cet article