Tiens voilà du polar !

- temps de lecture approximatif de 17 minutes 17 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

A l'occasion du festival Quais du Polar les bibliothécaires ont souhaité partager leurs lectures policières, sélectionnées parmi les 1200 titres parus en 2011. Auteurs américains mais aussi japonais, mexicains, espagnols, allemands, chiliens, coréens, entre autres, sont traduits en français et jamais la littérature policière n'a été aussi polyphonique. Pour le lecteur curieux ces romans mis bout à bout représentent une formidable cartographie de notre monde.

© Pixabay
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Il apparaît de manière flagrante au gré des lectures que la fiction policière a plus que jamais acquis ses lettres de noblesse et n’a pas à rougir de sa capacité d’analyse du monde actuel. En effet au fil des textes lus, il ressort que les grands thèmes marquants des 20è et 21è siècles sont abondemment explorés et font ressortir la noirceur de nos sociétés contemporaines.

Amer constat

Dans certains romans policiers le principal suspect c’est l’homme. L’enquête est prétexte à scanner notre société, pointant du doigt les travers, les excès et les dérives du monde du travail, de celui de la politique, de la recherche médicale. Sondant de manière implacable l’âme humaine c’est toute la grandeur et la misère de notre espèce qui défilent : le constat est amer ; la fiction soumise à l’épreuve de la réalité est tellement crédible qu’on en a froid dans le dos.


Mélanges de sangs, Roger SMITH, Calmann Lévy

Un roman noir qui se passe aujourd’hui dans la ville du Cap en Afrique du Sud. L’apartheid est fini, la misère et la violence sont toujours là. C’est oppressant et violent mais le rythme et le suspens est soutenu et les personnages bien dessinés. Dans les townships, les membres de différents gangs s’affrontent autour du commerce de la drogue et des armes. Une peinture sans concession des flats et des gangs mais aussi des restes de l’apartheid.


Le poète de Gaza, Yishaï SARID, Actes sud

Le narrateur, un agent des services secrets israéliens, spécialisé dans la mise en échec des attentats suicides se voit confier une mission particulière. Il doit entrer en contact avec Dafna, romancière israélienne, en se présentant comme un écrivain en quête de conseils. Ayant gagné sa confiance, il lui proposera d’exfiltrer de Gaza son ami le poète Hani, atteint d’un cancer, afin de le faire soigner. Le narrateur espère alors atteindre sa cible ultime : le fils d’Hani, chef d’un réseau terroriste. C’est avant tout le portrait d’un homme qui perd pied, gagné par le dégoût de ce qu’il croyait être son devoir, noyé sous ses contradictions, et offrant une vision aiguë de la société israélienne.


De bons voisins, David Jahn RYAN, Actes sud

Il fait nuit, Kat est sur le point de rentrer chez elle et rêve d’un bain chaud.Mais un homme est là qui l’approche et la poignarde, devant son immeuble. Elle gît seule et pense qu’un voisin va bien la voir, appeler les secours. Dans les appartements ils ont entendu mais chacun a une bonne raison de ne pas intervenir. Comment une jeune femme peut agoniser sous leurs fenêtres dans l’indifférence générale ? Un polar construit autour des portraits de voisins qui chacun pris dans son histoire va laisser le pire se produire.

Les visages écrasés, Marin LEDUN, Seuil

Voici un vrai roman noir qui colle à la réalité sociale du monde du travail en ce début de 21e siècle. La narratrice est Carole Matthieu, médecin du travail dans une entreprise de téléphonie à Valence. Elle voit défiler dans son bureau tous les employés meurtris par les conditions inhumaines de management de l’entreprise. Elle est celle qui connaît toutes les souffrances. Lorsqu’ un soir, elle reçoit de nouveau Vincent Fournier, un ancien cadre déclassé suicidaire, elle décide de lui épargner une nouvelle tentative de suicide en employant une méthode radicale. Une dénonciation magistrale, un cri de colère, portés par un style efficace et une narration sous tension.


L’année du rat, Régis DESCOTT, Lattès

Le Troisième Conflit a ravagé la terre, ceux qui en ont les moyens profitent des recherches de la génétique pour s’assurer une jeunesse (presque) éternelle. A Paris, Beaubourg est devenu un hôpital pour ceux qui ne parviennent plus à vivre au dehors. Le lieutenant Chim’ est envoyé sur une scène de crimes multiples, particulièrement violents, dans un haras normand. Les analyses pratiquées à partir des blessures des victimes vont révéler des anomalies génétiques : qui sont ces agresseurs d’un type nouveau ? Chim’, à qui une voyante chinoise a prédit la mort avant de renaître, va se lancer dans une enquête au coeur de la recherche génétique et glisser dans un monde souterrain effrayant, hallucinant, et finalement assez probable.


Sorry, Zoran DRVENKAR, Sonatine

Un groupe d’amis de lycée décide une fois adultes de créér ensemble une entreprise originale (Sorry) dont le but serait de proposer à ses clients de s’excuser à leur place auprès de personnes qu’ils auraient blessées. Leur société florissante connaîtra le succès jusqu’à ce fameux client qui leur demandera d’aller nettoyer sa scène de crime et de présenter dses excuses au cadavre…Dès lors le groupe ne connaît plus de répit, enchainant les évènements tragiques, leur existence va se retrouver liée à celle d’un détraqué qui les utilise afin d’assouvir son besoin de vengeance personelle face aux bourreaux de son enfance. Un thriller haletant mettant en scène des personnages complexes et attachants.

Liaisons dangereuses

C’est bien connu : la politique et la drogue font parfois très bon ménage. A partir de ce cocktail explosif, le roman policier va dénoncer la corruption du pouvoir politique, vassal du monde des affaires, lui-même soumis à la colossale richesse, et donc colossal pouvoir, du monde de la drogue. Et l’homme qui relève le défi, héroïque dans son désir de justice, se bat seul contre plus fort que lui, espérant changer ce monde qui bien souvent le vaincra ou du moins étouffera son cri.


La nuit la plus longue, James Lee BURKE, Payot & Rivages

La veille de l’ouragan Katrina,les heures qui précèdent le déferlement, certains habitants fuient la Nouvelle-Orléans, d’autres préfèrent rester pour protéger leur maison des pillards. Puis c’est la tourmente et la montée irrémédiable de l’eau. Profitant de la panique, une bande de petits malfrats pénètre dans les maisons vides et s’empare de tout ce qu’il est possible de charger sur un bateau pneumatique. Mais l’ouragan a bouleversé les rapports humains, les voleurs seront victimes de la violence et de la peur incontrôlées qui s’emparent alors des gens « ordinaires ». Dave Robicheaux enquête sur la mort de deux jeunes Noirs : crimes racistes ou règlement de comptes ? Dans ce roman, tragique et enragé, James Lee Burke nous plonge dans un désastre écologique et humain


Tijuana straits, Kem NUNN, Sonatine

Tijuana straits : le détroit qui marque la frontière sur la côte ouest entre les Etats-Unis et le Mexique. C’est à la fois le paradis des surfers et l’enfer des candidats mexicains à l’émigration qui se noient parfois dans les courants sauvages de l’océan. Côté américain, Sam Fahey, ex surfeur revenu du monde de la drogue, entretient sa solitude et pratique l’élevage de vers de terre. Sur la plage il sauve un jour une jeune femme des griffes de chiens sauvages, persuadé qu’elle est une des nombreuses candidates à l’immigration. Magdalena est en fait une juriste qui se bat contre les propriétaires des maquiladoras : ces ateliers mexicains d’assemblage en sous-traitance pour les Etats-Unis. Les ouvriers y respirent des produits toxiques à longueur de journée jusqu’à en devenir dépendants ; les rejets toxiques polluent la vallée et les eaux fluviales. Un roman âpre et noir qui décortique toute l’ampleur de la pourriture des relations entre le Mexique et les Etats-Unis.


Marée noire, Attica LOCKE, Gallimard

Un soir de 1981, un dîner romantique sur le bayou qui serpente dans Houston, va faire basculer le destin de Jay Porter. Jeune avocat noir, aux affaires peu florissantes, il offre à sa femme, enceinte de huit mois, une petite croisière pour son anniversaire. Des coups de feu et des cris retentissent, Jay va alors ramener à bord une jeune femme blanche : apeurée, en état de choc, elle présente des traces de violences mais ne dit pas un mot. C’est le début d’une aventure qui fera remonter à la surface le passé de Jay : un père lynché à mort, un engagement pour la défense des droits civiques au sein du Black Power. Jay croisera la route des ouvriers et des dockers en grève et découvrira l’ampleur des magouilles et la toute puissance de l’industrie du pétrole.


Il pleut sur Managua, Sergio RAMIREZ, Métailié

Le Nicaragua d’aujourd’hui garde encore les traces de la guerilla, du tremblement de terre de 1972, et des bouleversements politiques. L’inspecteur Morales est un ex guérillero sandiniste devenu flic anti drogue de Managua. Avec l’aide de son vieux compagnon d’armes Lord Dixon, et d’une femme de ménage qu’il a également connue dans le maquis, il va traquer ceux qui ont abandonné un yacht à Laguna de Perlas. Des traces de sang ont été trouvées sur ce yacht qui ressemble beaucoup à ceux dans lesquels se pavanent les caïds des cartels de la drogue mexicains et colombiens quand ils viennent se reposer au Nicaragua. Le chaos social et politique ainsi que le climat poisseux de la corruption donnent à ce roman un ton à la fois cocasse et désespéré.

L’indien blanc, Craig JOHNSON, Gallmeister

Le shérif Walt Longmire quitte ses terres du Wyoming pour accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie où ce dernier organise une exposition sur la nation Cheyenne. Très vite l’action démarre par l’agression de Cady, la fille du shérif, qui se retrouve dans le coma. Et c’est alors une course poursuite, digne des meilleurs films du genre, qui s’engage entre les policiers de Philadelphie, le policier du Wyoming et les trafiquants de drogue. Mais quel est le lien entre Cady, avocate, et ces bandits tueurs ? Qui sème des billets destinés à Longmire et le mettant sur la piste de l’Indien blanc ? Une façon originale et pleine d’humour de dénoncer les liaisons dangereuses entre les trafiquants de drogue et le milieu de la justice sans oublier de redonner ses lettres de noblesse à la culture indienne.

Balles d’argent, Elmer MENDOZA, Gallimard

Dans la ville de Culiacan, au Nord-Ouest du Mexique, l’inspecteur Edgar Mendieta, dit Zurdo, le Gaucher, essaye d’oublier une femme, et une enfance traumatisée, sur le divan de son psychanalyste. L’avocat Bruno Canizales à la vie ouvertement dissolue, fils d’un homme politique candidat aux élections présidentielles, est retrouvé mort, assassiné d’une balle en argent. D’autres cadavres ne vont pas tarder à jalonner la route de Mendieta. Ces crimes sont-ils liés ? Sont-ils commandités par les narcotrafiquants, les politiciens ? Le meurtre de Canizales n’est-il qu’une vengeance amoureuse ? C’est toute la société mexicaine dans sa complexité et son fonctionnement corrompu qui défile au cours de l’enquête de cet inspecteur pas si gauche que ça.

Héritage du passé

L’auteur choisit parfois de situer son histoire dans notre présent, mais le déroulement de l’enquête va faire ressurgir les actes d’un passé trop vite enterré. Le roman policier refuse alors d’absoudre les crimes anciens, ranimant le souvenir des hommes qui en furent les victimes, il s’écrit en défenseur du devoir de mémoire.


Les enfants de la peur, Frank DELANEY, Le Cherche Midi

Si Nicholas Newman avait su ce qui l’attendait lorsqu’il a accepté d’être l’exécuteur testamentaire de son ami Antony Safft, il aurait fui. Qui donc était réellement cet ami assassiné dans d’atroces conditions, qu’avait-il découvert dans sa traque d’anciens nazi impliqués dans le massacre d’Oradour-sur-Glane ? Un thriller intelligement mené qui interroge les heures les plus noires de l’histoire européenne et pointe la fragilité de nos démocraties lorsque certains groupuscules se font encore l’écho d’une idéologie abjecte.


L’obscure mémoire des armes, Ramon DIAZ-ETEROVIC, Métailié

Dans le Chili de l’après dicature Pinochet, le détective Heredia enquête sur la mort d’un homme ; ce pourrait bien être un assassinat. Une enquête qui remonte dans le temps, jusqu’aux périodes les plus noires de la dictature, au moment des séances de torture à la villa Grimaldi. Heredia n’hésite pas à échanger ses idées avec son chat Simenon au moment du bifteck, une pointe de légèreté dans ce roman nostalgique qui refuse d’enterrer le passé.


Les péchés de nos pères, Lewis SHINER, Sonatine

Nous sommes en 2004, Michael dessinateur de BD traine un profond malaise qu’il ne s’explique pas mais dont il aimerait connaître les raisons. Son père, peu avant de mourir, lui donnera une des clés : Michael n’est pas le fils de la femme de son père mais d’une métisse noire. Le père de Michael, ingénieur constructeur d’autoroutes a pris part à la destruction du quartier noir de Durham. Il a participé de loin à un assassinat. Le roman se présente sous forme de trois récits : la quête de Michael et son besoin de réparer ce qui a été fait par son père, le récit du père amoureux du jazz et de Mercy l’ex compagne d’un activiste noir puis le récit de Ruth (la femme du père) qui a élevé Michael sans jamais lui révéler son origine. Ruth est la fille d’un gros fermier de Caroline, meneur d’un groupe raciste type Ku Klux Klan. Un roman noir qui dépeint les luttes raciales existant dans les Etats unis des années 60.


En mémoire de la forêt, Charles T.POWERS, Sonatine

Dans la Pologne des années 90, juste après la chute du Mur, un jeune homme est retrouvé assassiné dans la forêt, pas loin de son village, Jadowia,(notons qu’en polonais “jad” signifie “le venin”). Les démarches entreprises par son ami Leszek et le père de la victime pour trouver le ou les coupables vont vite se heurter au silence obstiné des villageois. Il y a beaucoup de secrets enfouis et souvent partagés par les habitants du bourg, qu’ils datent de l’époque du communisme ou, plus loin encore, de l’époque plus que trouble de la deuxième guerre mondiale.On apprécie la solide connaissance de la Pologne, de sa mémoire, de ses blessures et de ses hontes. C’est efficace, intelligent et passionnant.

Tableau d’une époque

Lorsque l’Histoire se mêle à l’histoire, le roman policier se tricote entre fiction et réalité et devient le tableau d’une époque. L’enquête évolue en mêlant généralement des événements et des personnages réels et fictifs ; la précision est de mise dans les dates et la topographie. Comme dans les meilleures scènes de reconstitution, la vérité jaillira de cette recréation.


L’origine du silence, Jed RUBENFELD,Fleuve noir

Le 16 septembre 1920, une bombe dissimulée dans un chariot explose devant une banque de Wall Street ; plusieurs dizaines de personnes sont tuées. Au fil d’une enquête qui ne trouvera jamais les vrais coupables mais tentera d’accuser les anarchistes, se révèlent les différents personnages, au coeur d’une histoire habilement tricotée entre fiction et réalité. James Littlemore flic new-yorkais, découvre la corruption des hommes politiques américains. Stratham Younger disciple dissident de Sigmund Freud s’éprend de Colette Rousseau, jeune scientifique française accompagnée de son frère rendu muet par les atrocités de la guerre de 14-18. Ensemble ils recontreront Sigmund Freud qui élucidera l’origine du silence du jeune garçon. Du cabinet de Sigmund Freud à l’antichambre du pouvoir à Washington, les pièces du puzzle se mettent progressivement en place.


Budapest la noire, Vilmos KONDOR, Rivages thriller

A Budapest, en octobre 1936, le Premier ministre vient de mourir. Alors que se déroulent les funérailles officielles, le corps d’une jeune fille est retrouvé dans un quartier mal famé de la ville, avec dans son sac un Miriam, livre de prières juives pour les femmes. Prévenu par son informateur, le journaliste judiciaire Zsigmond Gordon se rend sur les lieux, il a déjà vu des photos de cette prostituée dans le tiroir du bureau d’un inspecteur de la brigade criminelle . Gordon sillonne alors tout Budapest : à pied, en taxi, en autobus, en tram, pour tenter de découvrir l’histoire de cette jeune fille. Le grondement menaçant de l’histoire se fait entendre lorsque Gordon se retrouve sur cette place de la ville qu’il refuse de nommer par son nom : place Adolf Hitler. Le roman offre une véritable radiographie sociale et politique de l’époque.


Fin du monde à Breslau, Marek KRAJEWSKI, Gallimard

A la fin des années 1920, Breslau ne s’appelle pas encore Wroclaw et fait partie de l’empire allemand. Un illuminé russe, chef d’une secte, annonce lors de ses conférences l’imminence de la fin du monde. L’inspecteur Mock, colosse érudit aux gueules de bois mémorables, enquête sur des crimes dont les mises en scène sordides semblent se référer à des meurtres perpétrés plusieurs siècles auparavant et relatés dans un ouvrage médiéval ; la solution semble se trouver dans le passé de la ville. Dans une ambiance à la fois oppressante et fascinante, voici une plongée dans une époque de transgressions, de montée de haines et d’obscurantismes, une époque parfaitement dépeinte par ses atmosphères nocturnes, avec des tavernes enfumées, des zones de brouillard … tout en clair obscur, comme Mock.


Un monde à part

Parfois le roman policier prend des chemins détournés pour nous entraîner dans une histoire de pure fiction, loin des balises du genre, même si quelques cadavres jalonnent toujours la route. Par l’humour et l’imagination, l’auteur crée alors un univers intrinsèque au roman qui se déroule comme en circuit fermé.


Je reste roi d’Espagne, Carlos SALEM, Actes sud

Un road movie dans lequel un ex flic est commandité par les services secrets pour retrouver le roi d’Espagne qui a disparu. Lequel flic est lui-même poursuivi par son mal-être (qu’il réconforte dans des sex-shops) et les tueurs d’un certain “chasseur”. Cette chasse à l’homme va basculer dans l’étrange lorsqu’au hasard des rencontres avec des êtres complètements farfelus il va se perdre dans un village reculé qui semble hors du temps et dont la seule échappatoire est une rivière dont tout le monde a oublié le nom. Un roman improbable et passionnant dans le quel l’auteur invoque Paco Ignacio Taîbo II et sa passion de la bière et met en scène de savoureuses discussions entre des personnages qui ne cessent de se déguiser pour échapper à leurs poursuivants.


Mélancolie des corbeaux, Sébastien RUTES, Actes sud

Karka est un corbeau freux, vieillissant et solitaire il contemple le passage des nuages, ressassant amèrement sur sa condition et son destin. Mais une rumeur commence à circuler : des lions se promènent dans les bois de Paris ! Le Grand Corbeau du Conseil des animaux convoque Karka et le charge d’enquêter : d’où viennent ces lions et qui a intérêt à mettre les Humains en danger ? Sous la forme d’une fable philosophique et animalière, Sébastien Rutés renouvelle audacieusement le roman d’investigation.


220volts Joseph INCARDONA, Fayard

Ecrivain à succès en manque d’inspiration, Ramon Hill accepte à contrecoeur de suivre sa femme Margot pour un séjour dans le chalet familial. Leur couple bat de l’aile ; Margot pense que les paysages de montagne, l’air pur et l’isolement redonneront l’inspiration à Ramon et du dynamisme à leur relation. Ramon, lui, doute un peu. Commencée comme un roman classique sur la vie familiale qui use à la longue les liens entre une homme et une femme, l’histoire va irrésistiblement glisser vers l’horreur et le sordide sans ménager le lecteur. Est-ce l’électrocution de Ramon qui fait disjoncter le récit ? L’intensité croissante permet tout de même à l’auteur quelques répliques d’un humour drôlement noir.


Le dévouement du suspect X, Keigo HIGASHINO, Actes sud

Yasuko Hanaoka est une jeune femme divorcée qui élève seule sa fille. Un soir son ex-mari lui rend une visite inopinée et le ton monte, les deux femmes se défendent en étranglant l’homme. Sur ce le voisin de palier, un mathématicien solitaire secrètement amoureux de Yasuko, vient leur proposer de les aider à faire disparaître le corps. D’un événement dont on semble tout connaître l’auteur nous emmène dans une enquête pleine de surprises où les enquêteurs ont sous-estimé l’intelligence supérieure d’un cerveau qui élabore ses plans comme il résoud des énigmes mathématiques.


Nous terminerons sur cette citation de Ramon Diaz-Eterovic :

« Grâce au roman noir, j’ai trouvé les codes qui permettent d’explorer la relation crime-politique-violence si brutale et tristement commune aux pays latino-américains. Il s’agit en définitive d’aborder une littérature aux accents réalistes, au travers d’un genre qui, comme disait Chandler, permet de fouiller dans la crasse que l’on cache habituellement sous les tapis ».

….et vous invitons à poursuivre cette balade dans le noir, sur les Quais du 30 mars au 1er avril…

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