Les héros sont éternels

- temps de lecture approximatif de 35 minutes 35 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Le grand Robert de la langue française définit ainsi le mot héros : « Demi-dieu ; homme célèbre divinisé (dans l'Antiquité) ». Par analogie « Personnage légendaire auquel on prête un courage et des exploits remarquables ».

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Par extension, le terme “héros” désigne le personnage principal d’une œuvre de fiction, quelles que soient les qualités dont il fait preuve. Si sa conduite ne correspond pas à un idéal (par exemple, s’il est lâche ou cupide), ce héros peut être qualifié d’antihéros. Les plus marquants d’entre eux ont à leur tour inspiré d’autres créations et jouissent d’une postérité tout à fait exceptionnelle, voyant leurs aventures et autres avatars se perpétuer selon d’infinies variations (poésie, théâtre, roman, essai, bande dessinée, sans parler du 7e Art). Suivons donc ici la fortune de cinq héro(ïne)s mythiques, choisis parmi tant d’autres…

Tout d’abord, citons un ouvrage permettant d’aller à la rencontre de ces êtres atemporels et familiers :
Dictionnaire des personnages populaires de la littérature : XIXe et XXe siècles, dirigé par Stéphanie DELESTRE et Hagar DESANTI, Seuil.


Tout comme le classique Dictionnaire des mythes littéraires qui évoque Antigone, Faust, en passant par le Golem et Ondine, cet ouvrage récent répertoriant d’autres héros et héroïnes ayant marqué la mémoire collective (Cosette, Fantômas, Gatsby ou Emmanuelle) peut servir de tremplin à notre épopée.

Ulysse

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A tout seigneur tout honneur, commençons par l’un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque et de la tradition occidentale. Roi d’Ithaque, fils de Laërte et d’Anticlée, Ulysse est l’époux de Pénélope et le père de Télémaque. Il est célèbre pour sa métis (« intelligence rusée »), qui rend son conseil très apprécié dans la guerre de Troie où il joua un rôle déterminant. C’est encore par la métis qu’il se distingue dans le long périple erratique qui le ramène de Troie, chanté par Homère dès le 8e siècle avant Jésus-Christ…

L’Odyssée, par Homère

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C’est le texte fondateur du mythe. Suite de L’Iliade, qui relate la guerre de Troie, L’Odyssée (du nom de son héros) relate, au fil d’un long poème, le retour d’Ulysse. Il mettra dix ans à rejoindre son île d’Ithaque, pour y retrouver son épouse Pénélope, qu’il délivre des prétendants, et son fils Télémaque. Au cours de son voyage sur mer, rendu périlleux par le courroux du dieu Poséidon, Ulysse rencontre de nombreux personnages mythologiques, comme la nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, les Cyclopes, la magicienne Circé ou les Sirènes.

La pensée chatoyante : Ulysse et l’Odyssée, par Pietro CITATI, Gallimard

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L’essayiste littéraire italien propose ici une redécouverte du personnage d’Ulysse, « l’homme à la pensée chatoyante », ses multiples facettes, ses métamorphoses, ses voyages, ses aventures, ses ruses, la fascination qu’exercent ses paroles, etc. C’est le héros le plus mobile et aussi le plus proche de nous. Celui qui, malgré les épreuves qu’elle lui inflige, ne refuse rien de la vie et accueille ce qu’elle lui offre avec une insatiable curiosité.

Seconde Odyssée : Ulysse, de Tennyson à Borges, textes réunis et commentés par Evanghélia STEAD, Millon

Dès la Renaissance et jusqu’à nos jours, l’histoire d’Ulysse a démangé la plume de nombreux écrivains. Ce recueil bilingue propose, dans le sillage de la prophétie de Tirésias rapportée par Homère dans son épopée, et du récit que fait Ulysse à Dante dans L’Enfer, quinze textes d’auteurs, d’époques et de nationalités diverses, qui ont imaginé un autre voyage du héros grec après son retour à Ithaque, une « Seconde Odyssée ». Aux côtés des auteurs figurant dans le titre, on trouvera ici George Preston, Jules Lemaître ou Constantin Cavafis.

Les chants perdus de l’Odyssée, par Zachary MASON, Jacqueline Chambon

Plus audacieux encore que ses prédecesseurs, l’auteur de ce roman, publié en 2008, propose la traduction supposée d’un papyrus homérique trouvé dans la région d’Oxyrhynque, et propose quarante-quatre variations (fantasmées) de l’histoire d’Ulysse… Un bel exercice d’imagination et de poésie.

Ulysse, par James JOYCE, Gallimard

C’est la plus célèbre transposition du mythe d’Ulysse. C’est aussi l’une de créations littéraires les plus marquantes du 20e siècle. L’action de cette savante parodie de l’Odyssée se déroule en un jour, à Dublin, en 1904. Léopold Bloom (Ulysse) est un petit employé juif ; Stephen Dedalus (Télémaque) est un jeune poète irlandais et Marion, la femme de Bloom, incarne Pénélope. Chaque épisode de la journée correspond à un passage de l’oeuvre d’Homère où Joyce remet en cause le monde moderne. Une nouvelle traduction française, sous la direction de Jacques Aubert, est parue en 2004.

Ulysse from Bagdad, par Eric-Emmanuel SCHMITT, Albin Michel

Dans un style bien différent, ce roman met en scène Saad Saad, Espoir Espoir en arabe, qui, fuyant Bagdad, cherche à regagner l’Europe malgré les multiples obstacles qui se dressent sur sa route. L’auteur souhaite évoquer à sa façon le problème de la frontière et de l’identité tout en rendant hommage à son illustre modèle.

Odyssée, par Michel HONAKER, Flammarion

Quête, ruses, batailles, magiciens et êtres surnaturels, l’épopée d’Ulysse n’est-elle pas un modèle pour tous les romans de « Fantasy » ? Il n’est donc pas surprenant de la voir reprise ici tout au long des quatre volumes bourrés de péripéties de ce roman destiné aux adolescents petits et grands.

Homériade (Ulysse, Ithaque, Homère), par Dimitris DIMITRIADIS, Les Solitaires intempestifs

Traduit du grec moderne, ce texte dramatique se compose de trois monologues poétiques : celui d’Ulysse de retour dans son île, celui d’Ithaque, cette même île, qui repousse Ulysse, son ferment perdu, et enfin celui d’Homère qui s’interroge sur sa fonction de poète. Cette fascinante litanie évoque une quête sans but, tiraillée entre attraction et répulsion, et fait un sort à la nostalgie, moteur traditionnel de l’Odyssée.

Ulysse, par LOB et PICHARD, Dargaud

Cette bande dessinée en noir et blanc date de 1974, époque où le 9e art s’émancipait en renouvelant style et thématiques. Lob et Pichard, dignes représentants de cette évolution, mêlent mythologie, fantasy et science-fiction, et font se rencontrer dans le lointain Occident Ulysse et des dieux venus de galaxies lointaines. Mais si l’Olympe devient une assemblée d’extraterrestres à la technologie ultra perfectionnée, l’érotisme, inhérent à la mythologie, se dévoile ici sans complexes : ce sont des femmes sensuelles, qui laissent exprimer leur charme et leur volupté autour d’un héros émoustillé.

Ulysse, scénario par Joann SFAR, dessins par Christophe BLAIN, Dargaud

Dans le deuxième épisode de ses aventures, Socrate le demi-chien, compagnon d’Héraclès, passant par Ithaque, rencontre Ulysse, le héros admiré de tous. S’attachant à ses pas, il scrute de son œil d’animal philosophe (humour décalé et moralement « incorrect » à la clé) le caractère du personnage. Ce regard ironique et décapant, porté par deux auteurs représentatifs de la bande-dessinée des années 2000, suscite l’hilarité et une saine réflexion.

Emma Bovary

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Quand Gustave Flaubert publie Madame Bovary : mœurs de province en 1857, il fait scandale et est immédiatement attaqué pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Il est finalement acquitté et le roman est un grand succès de librairie, engouement qui ne s’est jamais démenti et qui a même donné naissance au terme de bovarysme.

Madame Bovary se résume en peu de mots. Fait divers en Normandie : une fille d’agriculteur rêveuse épouse un médecin décevant, s’ennuie à la campagne, prend des amants, s’endette et se donne la mort.
Flaubert relève le défi de ce sujet banal. Madame Bovary ne dit pas seulement le malaise de toutes les femmes insatisfaites, de la “mal mariée” du XIXe siècle aux Desperate Housewives des feuilletons américains du XXIe siècle. Ce roman transforme en chef-d’œuvre l’une des plus grandes tristesses humaines : celle de manquer sa vie.

Rien d’étonnant donc qu’autour d’Emma, élevée dans un couvent et aspirant à vivre dans le monde de rêve, d’amour et de luxe dont parlent les romans sentimentaux qu’elle y a lu et qui poursuivra ce chemin jusqu’à s’y perdre, se soit crée un phénomène d’appropriation et de détournement par de nombreux écrivains, comme on peut le constater à travers les ouvrages suivants.

Emma Bovary, dirigé par Alain BUISINE et coordonné par Sophie BOBBE, Ed. Autrement.

Dans la collection Figures Mythiques, cet ouvrage collectif s’attache aux pas d’Emma ; si l’inoubliable épouse de Charles Bovary continue à nous séduire et à nous intéresser, c’est parce qu’en dépit de tous ses défauts et ses échecs, elle est une femme de désir, une femme qui assume pleinement ses désirs. Et analyser comment l’autre désire nous en apprend un peu plus sur nos propres désirs.

Madman Bovary, par CLARO, Gallimard

C’est l’histoire d’un fou d’amour qui défait le monde comme d’autres le font : furieusement.
Encore sous le choc de sa rupture avec une certaine Estée, le narrateur s’abandonne corps et âme à la lecture. Il jette son dévolu sur Madame Bovary, un roman qui lui est familier. Une nouvelle fois, le voilà dedans. Il s’y enferme, s’y promène, s’y démène, avant d’en bouleverser le déroulement naturel. Démiurge dépourvu de scrupule, il endosse diverses identités parasites : puce, voyeur, pique-assiette, rôdeur et passager clandestin de la nef flaubertienne en déroute.
Sa mise à mal du texte le conduira aux limites de la négation de soi. Pas très loin du Nirvana ? Avec Madman Bovary, la langue de Claro, maintenue sous tension par la démesure de ce défi littéraire, n’a jamais autant joui de sa propre liberté, entre cut-up musical et sabordage érotique.

A rapprocher de Mémoire d’un fou d’Emma, par Alain FERRY, Le Seuil (Prix Médicis essai 2009) où le narrateur perd l’illusion de son bonheur conjugal lorsque sa femme Eva le quitte pour un officier de marine. Son univers se referme alors uniquement sur sa passion pour la littérature, et la lecture de Madame Bovary.

Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary, par Philippe DOUMENC, Actes Sud

Elle s’appelle Emma Bovary et son histoire est célèbre.
Amoureuse de l’amour, elle a vécu d’illusions, trompé son mari et ruiné son ménage. Dans un geste de désespoir, elle se tue en absorbant une forte dose d’arsenic – c’est du moins ce que prétendra Flaubert. Or c’est un fait reconnu que l’arsenic, en une seule prise, n’est presque jamais mortel… Voici ce qui s’est réellement passé : au chevet de la jeune femme, deux médecins ont été appelés. L’un, le docteur Canivet, relève des traces discrètes de contusions ; l’autre, le professeur Larivière, pourra témoigner des derniers mots chuchotés par Emma : “Assassinée, pas suicidée.” Deux policiers de Rouen sont dépêchés à Yonville afin d’élucider l’affaire.
Et les voilà bientôt nantis de plusieurs suspects possibles : un mari cocufié, un prêteur sur gages, deux femmes de caractère, un cynique libertin, un pharmacien concupiscent… Dans le décor médiocre et petit-bourgeois où Emma suffoquait d’ennui, Philippe Doumenc orchestre une contre-enquête brillante et talentueuse – un vrai et noir roman qui nous révèle enfin ce que Flaubert lui-même feignait d’ignorer.

La femme du docteur, par Mary Elizabeth BRADDON, Ed. Joëlle Losfeld

Inspirée de Madame Bovary, cette histoire met en scène une jeune gouvernante mariée à un médecin de province. Elle connaitra la désillusion du mariage avant de tomber amoureuse d’un poète aristocrate avec qui elle entretiendra une relation platonique et intellectuelle. Une libre transposition qui a traversé la Manche.

La fille d’Emma, par Claude-Henri BUFFARD, Grasset

On n’avait pas de nouvelles de Berthe Bovary, depuis la mort de son père.
A cette époque, Flaubert l’avait expédiée en trois lignes à la fin de son roman et, peu après, sa tante l’envoyait, “pour gagner sa vie, dans une filature de coton”. Voici retrouvée la petite orpheline vingt ans après, qui pousse la porte de la pharmacie de Monsieur Homais. Elle a trente ans, elle est habillée comme une dame. Elle n’était jamais revenue à Yonville. La voici sur les traces de son enfance.
Elle va apprendre la vérité sur la mort de sa mère, la fameuse Madame Bovary, qui jamais ne prit de l’arsenic pour du sucre en poudre. Après avoir raconté, dans l’arrière-boutique des Homais, comment tourna court son merveilleux mariage, comment s’éventra son gros lot (celui que sa mère avait espéré pour elle-même lors de ses longs rêves frustrés), la revenante part à la rencontre de ses paysages enfouis et de quelques fantômes.
Née de cette mère et dans ce Yonville-là, Berthe peut-elle espérer devenir une femme heureuse ?

Gemma Bovery, par Posy SIMMONDS, Denoël

Posy Simmonds, l’auteur de BD britannique qui a signé également Tamara Drewe, donne à l’Emma Bovary de Flaubert une arrière-petite-fille en jean, baskets et lingerie fine.
Excédée par l’intrusion incessante de ses beaux-enfants et de l’ex-femme de son mari Charlie, la belle Gemma Bovery décide de s’installer avec celui-ci loin de Londres, dans une fermette du bocage normand. Là, elle découvre avec émerveillement les charmes de la campagne française. Mais la French Way of Life a ses limites. L’ennui guette. Gemma prend un amant sous l’oeil jaloux de Joubert, le boulanger, qui se fait le chroniqueur de sa déchéance amoureuse.
Personne ne sort indemne de cette satire, ni ces Anglais middle class assoiffés de grands crus et d’exotisme continental, ni cette petite bourgeoisie française aux manies insupportables.

Les manuscrits de Flaubert : Madame Bovary (édition intégrale).

L’ensemble des manuscrits de Madame Bovary, scannés et transcrits numériquement, sont disponibles depuis avril 2009 sur Internet. Le résultat d’un travail de dix ans mené par l’université et la bibliothèque municipale de Rouen, révélant tout le souci du détail de Flaubert.

Jack l’eventreur

Les six meurtres de prostituées bien réels, perpétrés au cœur du quartier de Whitechapel, à Londres, en 1888, et attribués à « Jack l’Eventreur » (ainsi que plusieurs autres qui pourraient bien avoir été siens), ont fait couler encore plus d’encre que de sang. Le personnage lui-même, dont l’identité reste inconnue, est peut-être totalement imaginaire. Son nom « Jack the Ripper », n’est qu’une invention de la presse. Comment s’étonner qu’un personnage aussi mystérieux, lié à des lieux et des personnages historiques souvent haut placés, exerce une fascination durable sur l’imaginaire collectif, continuant à inspirer « enquêteurs », écrivains et artistes divers.
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Il n’y a pas ici de texte fondateur, sinon les rapports de police et d’autopsie, médiatisés et hypertrophiés par la presse à sensation naissante de l’époque, et les lettres narquoises qu’envoyait « de l’Enfer » (From Hell) le parrain de tous les tueurs en série modernes.

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Les nombreuses morts de Jack l’Eventreur, par André-François RUAUD et Julien BETAN, Les Moutons électriques

Cet ouvrage collectif français, récent et richement illustré, publié dans la fameuse collection La Bibliothèque rouge (Ed. Les Moutons électriques), est une référence. S’attachant à retranscrire l’ambiance victorienne, il explore L’Eventreur sous tous les aspects : ses meurtres, ses prédécesseurs, ses émules, les principaux suspects, le contexte socio-historique des faits, sa postérité littéraire (y compris en bande dessinée) et cinématographique et propose des essais de la main d’auteurs renommés de toutes époques (Hippolyte Taine, Robert Bloch) ainsi que des nouvelles inédites.

Jack l’éventreur, par Robert DESNOS, Allia

Inspiré par un fait divers qui a eu lieu à Saint-Denis en 1928 : une femme retrouvée coupée en morceaux au bois de Marly, le poète Robert Desnos publie, la même année, une série d’articles dans le journal Paris matinal autour du célèbre éventreur britannique. Le style minimaliste, à la fois clinique et poétique, reflète parfaitement la fascination que peut exercer le personnage…

Les filles de Whitechapel et Jack l’Eventreur, par Paul WEST, Rivages

Les ingrédients de ce polar, qui reprend les sanglants événements de Whitechapel, seraient déjà d’une intensité sulfureuse suffisante pour retenir le lecteur. Il faut y ajouter l’habileté de Paul West qui mêle, dans un vacarme éblouissant, le meilleur des suspenses, l’érotisme le plus audacieux mais aussi une subtile et magistrale méditation sur l’art. C’est le peintre Walter Sickert qui est ici la figure centrale, rejoignant ainsi l’enquête que mènera des années plus tard Patricia Cornwell avec Jack l’éventreur, affaire classée.

Cytheriae, par Charlotte BOUSQUET, Mnémos

Ce roman de Fantasy se déroule dans l’Archipel des Numinées. Dans la cité de Cribella, capitale de Cytheriae, la famine et la maladie menacent, les canaux abritent d’effrayantes créatures. Par ailleurs, le quartier de Métida connaît une vague de morts inexpliquées parmi les prostituées…

C’était demain, par Karl ALEXANDER, Seghers

L’écrivain H.G. Wells, le héros de ce roman, poursuit Jack l’Éventreur à travers le temps après que celui-ci a utilisé la machine temporelle du célèbre romancier, pour échapper à la police de son époque. Ce roman de Science-fiction a été adapté au cinéma par Nicholas Meyer en 1979.

Les disparues de Vancouver, par Elise FONTENAILLE, Grasset

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Ed. Grasset

Cette histoire romancée est tirée d’un fait divers, où plusieurs prostituées ont été assassinées au Canada, révélant la sombre condition des femmes indiennes en Amérique du Nord.

L’ultime défi de Sherlock Holmes, par Michael DIBDIN, Rivages

A la veille de sa mort, le docteur Watson se sent le devoir de coucher sur le papier la dernière aventure de Sherlock Holmes. Un récit qui ne sera pas imprimé avant 1972. “A cette époque-là, personne, peut-être, n’aura même entendu parler de Jack l’Eventreur, ni de Sherlock Holmes.” Michael Dibdin n’est pas le premier à lancer le plus grand détective du monde sur les traces du plus grand criminel de l’histoire. Mais la solution qu’il apporte à l’énigme de Whitechapel est, de loin, la plus originale et la plus forte.
Ce roman a été magistralement adapté en bande dessinée, par Olivier COTTE et Jules STROMBONI, Ed. Rivages, en 2010.

From Hell : une autopsie de Jack l’Eventreur, scénario par Alan MOORE ; dessins par Eddie CAMPBELL, Delcourt

Cette monumentale bande dessinée de 600 pages est un document exceptionnel sur l’Eventreur (dont la seule lettre authentifiée fut expédiée, à en croire son auteur, “from Hell” : de l’enfer). Se basant sur une documentation exhaustive, le scénariste Alan Moore brosse une fresque monumentale du Londres victorien de 1888 et nous livre une vision fulgurante de l’énigme criminelle la plus célèbre de l’histoire…
Pour faire face à un chantage concernant un enfant né de l’union inavouable d’un petit-fils de la famille royale et d’une prostituée, la reine Victoria dépêche son médecin, William Gull. Tout en suivant les ordres de la Reine, il va commettre des meurtres atroces à Whitechapel…

Casebook : Jack the Ripper : LE site internet sur l’Eventreur (en anglais comme il se doit) propose une inépuisable mine de renseignements sur le sujet.

Tueurs en série : ce chapitre du site français consacré aux serial killers aborde avec sérieux le cas Jack l’Eventreur.

Alice

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La jeune Alice est le personnage principal du roman Les Aventures d’Alice au pays des merveilles (Alice’s Adventures in Wonderland), fréquemment abrégé en Alice au pays des merveilles.

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C’est à la demande d’une vraie petite fille, Alice Liddell, que Charles Dodgson, professeur de mathématiques à Oxford, couche sur le papier l’histoire qu’il lui a racontée, en promenade, un jour de l’été 1862. Trois ans plus tard, sous le pseudonyme de Lewis Carroll, il la fait paraître et, encouragé par l’accueil de la presse, lui donne pour suite La Traversée du Miroir dont le succès, en 1871, est encore plus considérable.
C’est que l’auteur sait prendre l’enfant au sérieux, et du coup toucher les adultes, comme il sait se dégager assez de l’Angleterre victorienne pour ouvrir à son livre l’avenir d’une oeuvre classique.

Assise dans l’herbe un jour d’été, Alice rêve quand soudain un lapin blanc pressé passe devant elle. Brûlante de curiosité, Alice s’engouffre derrière lui dans son terrier et se retrouve plongée au pays des merveilles. Au cours de cet étrange et énigmatique voyage, elle change de taille en buvant le contenu d’une fiole, fait la course avec des animaux, berce un bébé qui se transforme en cochon, rencontre le chat du Cheshire qui disparaît à volonté, fait la conversation à une chenille qui fume, participe à la partie de croquet de la Reine de Coeur qui veut couper la tête de tous ses sujets…

Plongée dans un monde merveilleux (ou cauchemardesque) par un auteur malicieux, Alice et son créateur vont fortement marquer l’imaginaire collectif et essaimer dans de nombreux genres artistiques.

De l’autre coté d’Alice, par Georges-Olivier CHATEAUREYNAUD, Le Grand Miroir

Trois contes, Alice au pays de smerveilles, Peter Pan et Les aventures de Pinocchio, sont revus et détournés avec cynisme et brio par un écrivain français coutumier des subtils décalages du fantastique.
A toute photo de classe il conviendrait d’ajouter les visages fantômes de Jim Hawkins, de Peter Pan, du Petit Chose, de Lebrac, de Pinocchio, de Rémi, d’Huckleberry Finn, d’Alice, pour n’en citer que quelques-uns. Le présent recueil, est né de l’idée de prolonger l’histoire de certains d’entre eux, ou plutôt d’en greffer une autre sur la leur. Si Lewis Carroll, James Barrie, Carlo Collodi, semblent avoir écrit délibérément pour les enfants, ces histoires inspirées de leurs œuvres s’adressent sans aucun doute aux adultes.

De l’autre côté d’Alice d’après les Lettres aux petites filles de Lewis Carroll, une adaptation théâtrale par Dominique BORG, Actes Sud

Si ce texte porte le même titre que le précédent, c’est bien le créateur d’Alice, arrivé au terme de sa vie, qui devient le héros de ce texte théâtral, monté à Aubervilliers en avril 1988 et adapté de ses Lettres adressées aux petites filles qu’il aimait tant, et dont il sublimait l’amour impossible par la photographie et la littérature. Toutes celles qui se substituent à son Alice trop tôt grandie et perdue, et sont, comme elle, vouées à laisser éternellement le vieil homme seul avec son âme d’enfant, prisonnière d’un corps qui se meurt.

Leçons du monde fluctuant, par Jérôme NOIREZ, Denoël

A nouveau le révérend Dodgson est le personnage central de ce roman uchronique, qui lui invente une nouvelle biographie tout en mettant en avant les aspects ambigus et torturés de sa personnalité. Parce qu’il nourrit une passion esthétique – mais néanmoins coupable aux yeux de ses contemporains – pour les toutes jeunes filles, Charles Lutwidge Dodgson, photographe amateur et professeur de mathématiques à Oxford, est exilé dans les contrées lointaines de Novascholastica. Dans cette colonie britannique perdue au milieu de l’océan Indien, il découvre atterré les moeurs déliquescentes des colons mais il se laisse entraîner par des fantasmagories qui le mènent dans la nuit perpétuelle d’un purgatoire primitif où se trame une guerre entre les morts et les vivants.
Il ne prendra jamais le pseudonyme de Lewis Carroll, rencontrera des personnages étranges et, toujours, poursuivra le fantôme de son Alice…

Visages d’Alice, ou les illustrateurs d’Alice, COLLECTIF, Gallimard

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Cet ouvrage richement illustré accompagnait l’exposition itinérante éponyme de la Bibliothèque publique d’information en 1983. Il décline les multiples représentations et métamorphoses d’un personnage devenu mythique : photographies d’Alice Lidell réalisées par Lewis Carroll, mais aussi et surtout, oeuvres graphiques. On oublie souvent de préciser que le premier illustrateur d’Alice est son auteur lui-même, qui offrit à Alice Liddell, le 26 novembre 1864, un exemplaire manuscrit de l’histoire inventée pour elle, orné de 37 dessins à la plume. Pourtant, ce sont les illustrations de John Tenniel qui accompagneront la première édition du conte et semblent aujourd’hui inséparables du texte de Lewis Carroll. Mais, ce livre le rappelle, un nombre impressionnant d’illustrateurs ont jusqu’à nos jours sacrifié avec ferveur au culte d’Alice.

Alice au pays des merveilles, par David CHAUVEL et Xavier COLETTE, Drugstore

Parmi les nombreux albums de BD inspirés par Alice, cette adaptation au graphisme bien léché et coloré est particulièrement fidèle (trop ?) à l’original…

Le songe de Siwell, par Philippe RENAUT et David BAROU, La Boîte à bulles

A la poursuite d’un célèbre lapin, Siwel, jeune fille têtue, curieuse et perturbatrice, trouvera-t-elle la sortie d’un pays aux merveilles bien inquiétantes ? L’arrivée de Siwel dans des scénarios connus perturbe le décor et le lecteur. Le langage est utilisé pour jouer, tromper ou rimer.
Balade onirique et poétique, hommage à Carroll, Shakespeare, Dumas, Stevenson et bien d’autres, Le Songe de Siwel est bien un Alice aux Pays des Merveilles revisité, où les enfants croqueront le rêve et les adultes y perdront leur bon sens.

Filles perdues, par Alan MOORE et Melinda GEBBIE, Delcourt

Mettant en pleine lumières leurs implications obscures, le pape des scénaristes de BD anglais et son épouse nous emmènent ici dans un monde où les petites filles des contes ont grandi : celui de l’éveil et de l’épanouissement sexuel. Alice, Wendy et Dorothy ont raconté durant plus d’un siècle le pays des merveilles, le pays imaginaire et le magicien d’Oz. Ces “filles perdues” se rencontrent dans un luxueux hôtel autrichien en 1913 où elles partagent leurs révélations du désir. Pour public averti.

Alice 19th, par Yuu WATASE, Glénat

Alice, une jeune fille rêveuse et renfermée, assiste à la déclaration d’amour de sa grande soeur Mayura auprès d’un garçon dont elle-même est secrètement amoureuse. En essayant d’oublier sa passion, elle sauve un lapin blanc qui lui apprend qu’elle est un Maître du Lotis, doté de pouvoirs magiques et en particulier capable d’utilise le pouvoir des mots. Alice va tout faire pour apprendre à maîtriser cette force, d’autant plus que la vie de sa sœur est en danger…Un clin d’oeil au personnage de Lewis Carroll dans ce shojo manga en forme de conte fantastique.

Alice au Pays des Merveilles, un CD-ROM d’après Lewis Carroll, avec la voix de Lambert Wilson.

Cette aventure reprend de manière fidèle la trame du conte de Lewis Carroll. En suivant un étrange lapin blanc, Alice se retrouve dans un monde merveilleux peuplé de personnages étranges. Ceux ci vont lui lancer tour à tour de bien curieux défis : résoudre avec Alice l’énigme du Dodo, réaliser les recettes de la Duchesse, vaincre la reine au jeu de croquet…Des jeux variés faisant appel à la mémoire, la logique, l’habileté, des dialogues pleins d’humour. Le but du jeu est d’aider Alice à explorer les différents univers du pays des merveilles

Un dossier du Cafard cosmique : « Lewis Carroll et inversement »

Big brother

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Big Brother est un personnage du roman d’anticipation 1984 publié en 1948 par George Orwell.
Londres, 1984. Dans un monde futuriste et totalitaire où Big Brother répète que la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, et l’ignorance la force, Winston Smith, employé au ministère de la Vérité, falsifie l’histoire pour ne pas compromettre le pouvoir qui se serait trompé dans le passé. Dans une société où les sentiments de l’humain ont été éliminés, il cherche l’amour et la liberté.
Inspiré par le Londres de la Seconde Guerre, le communisme et tous les totalitarismes, 1984 est la plus époustouflante des anti-utopies.

La littérature britannique a bercé ce qu’on pourrait appeler la Social Fiction. H.G. Wells, dès le tournant du 20e siècle, puis Aldous
Huxley, qui a publié son célèbre Meilleur des mondes aseptisé dès 1932, en sont les précurseurs. Mais nul mieux que le roman d’Orwell n’a réussi à marquer autant les esprits. À la suite du succès du roman, Big Brother est devenu le symbole de l’État policier et de la perte des droits individuels de la population dans la culture anglo-saxonne et bien au-delà. L’expression Big brother is watching you est devenue une façon de dénoncer les systèmes de surveillance (vidéo, voyeurisme, etc.). de nombreux écrivains et artistes internationaux et même des producteurs d’émissions de télé-réalité, ont repris cette figure mythique.

Farhenheit 451, par Ray BRADBURY, Gallimard

Publié en 1953, ce roman dépeint lui aussi un monde totalitaire. 451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, où dans chaque domicile, un poste de télévision hypnotise les habitants et les surveille de son œil anguleux, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.
Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Le destin de Linus Hoppe, suivi de La seconde vie de Linus Hoppe, par Anne-Laure BONDOUX, Bayard Jeunesse

Linus Hoppe vit en sphère 1 avec ses parents et sa soeur Mieg. Comme tous les élèves de son âge, il ne pense qu’à l’examen de fin d’année destiné à déterminer l’existence de tous les candidats. Dans trois mois, il doit en effet passer devant le Grand Ordonnateur qui va décider de son destin : soit il restera en sphère 1, un monde parfait où l’attend une petite vie paisible, soit il basculera dans une sphère inconnue, la sphère 2 ou 3, loin de sa famille et de la sérénité artificielle de la zone protégée.
Dans ce monde très cloisonné, sa vie semble toute tracée mais Linus refuse de laisser son destin entre les mains du Grand Ordonnateur. Avec son ami Chem, il décide, quitte à aller au devant du danger, de déjouer le système. Un roman destiné avant tout à un public adolescent mais qui par ce thème universel et une écriture prenante s’adresse à tous.

Corpus delicti : un procès, par Juli ZEH, Actes Sud


Nous sommes en 2057 et tout est propre. Pour le bien et la santé de tous, l’Etat a instauré la Méthode, qui exige de la population qu’elle se conforme à une série de contrôles et de règles préventives en vue de l’intérêt général.
Mia, une jeune biologiste, ne fait soudain plus de sport et omet d’informer les autorités sur ce qu’elle consomme. On la convoque au tribunal afin qu’elle se justifie. Bientôt soupçonnée de sympathiser avec le groupe Droit à la maladie, auquel appartenait son frère avant de mourir dans des circonstances mystérieuses, Mia glisse peu à peu dans les procédures de la Méthode.
Avec l’intelligence et l’habileté qu’on lui connaît, la jeune romancière allemande contemporaine nous offre un récit rythmé, percutant, sur l’obsession sanitaire qui prend forme à notre insu.

V pour Vendetta, par Alan MOORE et David LLOYD, Delcourt

Situé dans une Angleterre post-thatchérienne qui s’est jetée dans les bras du fascisme, ce graphic novel britannique, qui fait maintenant figure de classique, nous confronte à la claustrophobie sociale qui naît du totalitarisme et de l’obsession sécuritaire, et met en scène le pouvoir rédempteur de l’esprit humain qui se rebelle.
A la fin du XXe siècle, la verte Albion est aux mains du fascisme. Le “Système”, appareil d’état omniprésent, surveille tout et tous. Dans cet enfer où la répression brutale et les humiliations individuelles sont monnaie courante, chacun s’est résigné à son sort. Personne n’ose plus se battre contre le Système. Personne… sauf V. Mais qui est V ? Un idéaliste qui veut allumer l’espoir au cœur d’un monde trop noir ? Un tragédien mégalomane emporté par sa passion pour Shakespeare ? Un bouffon qui souhaite rire aux dépens de l’ordre établi ? Un anarchiste aux idées révolutionnaires dépassées ? Un terroriste fanatique qui ne reculera devant rien pour abattre le gouvernement ou simplement un fou ? El si V était simplement synonyme de Vengeance ?

Social fiction, par Chantal MONTELLIER, Vertige Graphic

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Ce volume reprend judicieusement, sous un titre évocateur, trois romans graphiques de Chantal Montellier, auteur de BD militante : Wonder City (1982), Shelter (1980) et 1996 (1978), publiés à l’origine dans la revue Métal hurlant. L’auteur porte ici un regard prémonitoire lucide, donc pessimiste, sur le devenir totalitaire et uniformisant de nos sociétés. L’étrange raideur du trait, où personnages et décors se confondent, évoque à merveille l’enfermement. On retrouve ces accents dans le très orwellien L’esclavage c’est la liberté, publié par les Humanoïdes Associés en… 1984, qui illustre la déclaration des Droits de l’homme revue et corrigée par un Big Brother esclavagiste et raciste.

Les temps télévisuels : Big brother, premier Forum international d’été (Bry-sur-Marne, 3-5 juil. 2002) organisé par l’Institut National de l’Audiovisuel.

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De multiples versions de l’émission Big Brother ont vu le jour à travers le monde. L’analyse des exemples observés en France, en Allemagne, en Suisse, au Mexique, en Russie et en Espagne permet de voir combien Big Brother s’est internationalisé en s’adaptant aux particularités culturelles et médiatiques locales et de comprendre les éléments en jeu dans ce format télévisuel.

Un dossier du Cafard cosmique : « Orwell à la rencontre du totalitarisme »

Si vous avez envie de continuer l’aventure…

Héros, personnages et magiciens, par Vincent RAVALEC, Fayard.

Que diriez-vous, lecteurs, si vos personnages préférés débarquaient dans votre salon ? Fantasme ou cauchemar, en vérité ? C’est ce qui arrive à Vincent Ravalec, un beau matin, alors qu’il sort de la douche : deux hommes un peu étranges frappent à sa porte et lui tendent ce qu’ils appellent un ” hologrammisateur ” : un appareil grâce auquel ses héros vont pouvoir sortir de leurs pages et “vivre en vrai”.
Mais les camés, les fêtards et les magiciens de son œuvre prennent goût au réel et s’amusent à hanter le Grand Roman Collectif : les datchas russes de Guerre et Paix se mettent au téléphone portable et font la Révolution, Mary Shelley tremble pour son Frankenstein… Entre L’Apprenti Sorcier et Lettres à un jeune poète, Vincent Ravalec signe un livre à la fois hilarant et sérieux sur le pourquoi de l’écriture et revisite, à sa façon, de grands textes qui ont compté pour lui.

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