Le roman indien contemporain de langue anglaise

- temps de lecture approximatif de 51 minutes 51 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Les langues de l'Inde ? Un foisonnement, aussi riche et diversifié que ce pays haut en couleur. Comment ces populations peuvent-elles se comprendre, entre les langues officielles, les langues nationales reconnues et les langues des provinces qui sont parfois plus proches du dialecte ?

© Pixabay
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C’est paradoxalement le Raj britannique (dénomination non officielle de la période de domination britannique du sous-continent indien) qui durera de la fin du XVIIIe siècle à 1947, qui va marquer profondément les mœurs et apporter aux indiens, parfois bien malgré eux, une langue commune, qu’ils ne peuvent plus aujourd’hui qualifier de langue étrangère.
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Après l’indépendance, les littératures dans les principales langues vernaculaires (bhasa) ont connu une impulsion qui a revitalisé tous les genres. Mais la création de langue anglaise a acquis depuis quelques années une visibilité dont ne bénéficient pas encore les autres littératures indiennes et témoigne de comment, loin d’être le vestige d’un passé d’asservissement, l’anglais est devenu l’outil privilégié pour explorer la réalité contemporaine indienne dans toute sa complexité.

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C’est Salman Rushdie qui, en exploitant avec brio et inventivité le potentiel romanesque de cette “ambiance de langues” a en 1981 profondément renouvelé la littérature anglo-indienne et ouvert la voie à l’anglophonie assumée et décomplexée d’une première vague d’écrivains dite “génération des enfants de minuit”, en référence au titre de son roman-phare.
Installés pour la plupart à l’étranger, ces auteurs explorent l’Inde et ses abîmes à travers le prisme de la nostalgie (parfois même du cliché) recréant, pour citer Rushdie, “des patries imaginaires, invisibles, Indes de l’esprit, arrachées à la distance et à l’oubli”.

Rabindranath Tagore
Né à Calcutta en 1861, Rabîndranâth Thâkur, dit Tagore, est poète, romancier, dramaturge et philosophe de langues bengali et anglaise.
Il vit une adolescence marquée par le décès de sa mère ; l’enseignement de son père lui apporte la “révélation de l’amour de la nature et de Dieu”. Il se rend en Occident vers 1880, alors qu’il renonce à tout pour “mieux aimer la nature et Dieu”.
Ayant perdu son père, sa femme et trois de ses enfants entre 1901 et 1918, il a la volonté de transformer sa souffrance en joie et il monte un centre d’éducation international à Santiniketan au Bengale. Ce centre, qui devient un lieu dynamique et générateur de cette volonté, gagne toute la région puis l’Inde. Le recueil de poèmes L’offrande lyrique, écrit en 1912, apporte un nouvel espoir et semble défier la destinée du vieux monde.
Sa production littéraire est abondante et variée : ouvrages de philosophie et de religion, poésies, œuvres dramatiques, romans, nouvelles. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1913. Nombre de ses romans et nouvelles ont été adaptés au cinéma, notamment par le cinéaste Satyajit Ray. Tagore est mort en 1941.


La maison et le monde, Payot & Rivages
Publié pour la première fois en 1915, ce très beau roman a pour cadre le Bengale du début du siècle où sévissent de graves troubles. Récit à trois voix qui se croisent et répondent, histoire d’amour centrée sur un bouleversant portrait de femme, ce livre, où se heurtent la tradition et la modernité, est aujourd’hui encore étonnamment moderne, au point d’avoir inspiré au grand cinéaste indien Satyajit Ray l’un de ses plus grands films.


Souvenirs d’enfance, Gallimard
1940, Inde. Tagore et sa famille passent leurs vacances en hauteur, près de Darjeeling, emmenant avec eux un groupe d’amis.
Une courte oeuvre autobiographique dans laquelle l’auteur nous livre avec une étonnante clarté, les souvenirs et multiples aventures qui ont vraisemblablement marqués son enfance ainsi que son adolescence.


Chârulatâ, Zulma
Riche brahmane, Bhupati n’a nul besoin de se mêler des affaires du monde. Il consacre pourtant sa vie au journal anglophone et progressiste qu’il a fondé et délaisse sa femme, la belle et jeune Chârulatâ. Il confie à son cousin Amal, étudiant qu’il héberge, le soin de la distraire. Traditionnellement acceptée dans la société indienne, cette intimité prend peu à peu un tour passionné…
A sa parution, au tout début du XXe siècle, Chârulatâ scandalise la bonne société bengalie. Aujourd’hui, on admire la critique des mœurs, la subtile tension érotique et les rapports entre séduction et littérature. Ironie et poésie donnent à cette passion inassouvie le charme fou de l’Inde éternelle.

Anita Desai
Née en 1937 à Mussoorie de père bengali et de mère allemande, Anita Desai est élevée dans un milieu trilingue (allemand, hindi et anglais). Elle passe une licence d’anglais à l’université de Delhi en 1957. Son premier roman, Cry, the Peacock (1963), aborde la question de l’oppression des femmes indiennes, sujet qu’elle reprendra dans Où irons-nous cet été ? (1975).
Anita Desai excelle dans l’évocation des personnages et de leur psychologie à travers l’emploi d’images visuelles allant des phénomènes météorologiques à la botanique. L’ampleur de son œuvre la place sans aucun doute au premier rang des romancières et nouvellistes contemporaines. Après ses premiers textes où règne une atmosphère de calme apparent cachant des tempêtes de passion, Anita Desai a maintenant atteint la maturité artistique. Elle est la mère de l’écrivain Kiran Desai.


Où irons-nous cet été ?, Denoël
À quarante ans, Sita attend sans l’avoir désiré son cinquième enfant. Epouse d’un riche homme d’affaires de Bombay, elle déteste les charges de la vie quotidienne qui l’épuisent. Lourde, lasse, elle décide de retourner pour les vacances d’été dans l’île où elle a passé toute son enfance auprès de son père, un émule de Gandhi.
Mais les souvenirs que l’on a crus heureux peuvent révéler des surprises. Sita va revivre l’angoisse des épisodes troubles qu’elle croyait avoir oubliés, tandis que s’ancre en elle cette idée étrange et folle : il ne faut pas que l’enfant naisse dans ce monde si cruel.
Elle continuera à le porter longtemps, peut-être toujours.


Le jeûne et le festin, Mercure de France
Quatre femmes d’une même famille de la bourgeoisie indienne. Ravissante et intelligente, Anamika doit accepter le mari qu’on lui impose et qui sera son bourreau. Uma, laide et sotte et donc impossible à marier, est condamnée à devenir la vieille fille au service de tous. Miramasi, rejetée parce qu’elle est la cousine éloignée et pauvre, erre d’ashram à ashram. Aruna, elle, réussit à s’échapper du carcan familial…
Quant à Arun, le fils, le préféré, celui à qui tout est dû, il se heurtera, aux États-Unis où il croyait pouvoir respirer un air de liberté, à d’autres contraintes.
Possessive, autoritaire, étouffante, la famille indienne se révèle être ici un univers de violence, de cruauté et d’angoisse. Dur, lourd de sensualité inexprimée, Le jeûne et le festin est peut-être le plus beau livre d’Anita Desai.

Chitra Banerjee Divakaruni
A 19 ans, elle quitte Calcutta où elle nait en 1956 pour suivre des études d’anglais aux Etats-Unis. Rapidement, elle ressent le besoin d’écrire alors qu’elle est amenée à s’interroger sur ses origines indiennes et sa culture. Elle obtient un doctorat à l’université de Berkeley en 1985, deux ans avant la publication d’un premier recueil de poèmes, Dark Like the River.
Sa production littéraire interroge la question du biculturalisme, de l’adaptation d’une culture à une autre, en s’appuyant sur sa propre expérience d’immigrée, tout en tâchant de renouer avec ses racines indiennes par la poésie. Ses romans, à consonance biographique, mêlent culture indienne et vie américaine. Une écriture magique et sensuelle, récompensée par de nombreux prix littéraires.
Parallèlement à sa carrière d’écrivain, Chitra Banerjee Divakaruni enseigne à l’université de Houston, au Texas.


La maîtresse des épices, P. Picquier
Pour les familiers qui fréquentent le lieu clos et magique de son épicerie, Tilo est maîtresse dans l’art ancestral des épices. Elle possède le don de les faire chanter, mais aussi celui de guérir comme une véritable thérapeute.
C’est ainsi que, dans ce quartier d’immigrés d’Oakland en Californie, elle se penche humblement, secrètement, sur les malheurs de ses clients. Mais Tilo, au cœur généreux et plein de compassion, violera un à un les interdits, dont celui de l’amour, au risque de remettre en cause ses pouvoirs si durement acquis.
Dans une prose imagée de conteuse, C. B. Divakaruni dose et brasse odeurs et saveurs en une composition magistralement pimentée, nous initiant à la sagesse des épices maniée comme une discipline pour soulager la détresse et servir les forces de vie.


Mariage arrangé, P. Picquier
Au mot “amour”, une mère indienne respectueuse des traditions ne donne pas la même signification qu’un jeune amant américain. Comment concilier la puissance d’un sentiment avec les codes sociaux qui tentent de le réglementer ? A cette question, chacune des onze histoires de Mariage arrangé propose une réponse singulière.
Onze figures de femmes confrontées à ce dilemme, qui doivent faire un choix et prendre en main leur vie. Qu’elles soient restées au pays de leurs mères, qu’elles fassent leurs premiers pas aux Etats-Unis ou qu’elles aient réussi en femmes libres loin de la terre natale, elles vivent l’expérience fondatrice de l’amour dans ses “arrangements” avec la réalité, et le deuil de l’impossible perfection du bonheur.
Le genre incisif de la nouvelle se prête parfaitement à ces méditations lucides, intimes, douces amères servies par l’émotion qu’une prose vive mais tendre sait communiquer.


L’histoire la plus incroyable de votre vie, P. Picquier
Prises dans un tremblement de terre, neuf personnes se retrouvent coincées au service des visas d’un consulat indien aux Etats-Unis.
Dans cette pièce plongée dans le noir, dont le plafond menace de s’écrouler à tout instant, chacun s’interroge sur les raisons qui l’ont amené ici. Après s’être organisés pour leur survie, pour oublier la peur qui les ronge, ils racontent tour à tour l’événement qui a le plus marqué leur vie. Une histoire qu’ils n’avaient racontée à personne.
Quelques heures plus tôt, ils étaient tous des étrangers ; ils sont désormais inéluctablement liés. Car s’ils sont prisonniers d’un désastre, ils sont aussi des pèlerins découvrant le pouvoir guérisseur des histoires, et au moment où ils luttent pour leur survie, ils se trouvent des raisons renouvelées de vivre. Ce roman qui se lit d’une traite oscille entre l’angoisse, le récit haletant d’une catastrophe, et le cheminement intérieur de ces êtres aux origines et aux destins si éloignés les uns des autres.

Amitav Ghosh
Une enfance bourlingueuse, des études d’histoire à Dehli et un doctorat d’anthropologie au sein de la prestigieuse université d’Oxford ont laissé des traces dans l’écriture d’Amitav Ghosh.
Cet écrivain indien, né à Calcutta en 1956, par ailleurs professeur de littérature comparée au Queens College de l’université de New York, a su se distinguer grâce à ses six romans et sortir de l’ombre de la figure de la littérature indienne la plus imposante, Salman Rushdie, à qui on le compare.
Son oeuvre a été récompensée par de nombreux prix, dont le prix Medicis Etranger en 1990 pour Les Feux du Bengale et le Prix Sahitya Akademi, la récompense littéraire indienne la plus prestigieuse. Ses histoires, caractérisées par des thèmes forts qui sont souvent liés au postcolonialisme, permettent à Amitav Ghosh d’entamer une réflexion sur les notions de frontières, de nations, d’ethnies tout en évoquant les cultures et les pays qui ont jalonné son parcours.


Le chromosome de Calcutta, Seuil
Petit fonctionnaire d’une vaste organisation mondiale à laquelle seuls le lient son ordinateur et son omniprésente banque de données, l’exaspérante Ava, Antar découvre un beau jour sur son écran les vestiges d’une carte d’identité qui appartient à un certain L. Murugan. Ce Murugan, Antar l’a rencontré autrefois, au moment où, se proclamant la plus grande autorité sur Ronald Ross, prix Nobel spécialiste de la malaria, l’homme partait pour l’Inde à la recherche des preuves qui étayeraient son étrange théorie du “chromosome de Calcutta”. Il y est bien arrivé le 20 août 1995, le Jour du moustique, mais il a disparu le lendemain…
De son fauteuil, Antar entame, un peu malgré lui, mais comme poussé par des forces mystérieuses, une enquête. S’enchaînent alors une série d’événements fiévreux, délirants et passionnants dont le récit, défiant le temps et les frontières, transporte le lecteur du New York de demain à l’Inde du siècle dernier.


Le pays des marées, R. Laffont
Au nord-est de l’Inde, à l’embouchure du Gange et du Brahmapoutre, s’étend une vaste région parsemée d’îlots, hostile et déshéritée. On l’appelle les Sundarbans, le pays des marées.
C’est là, entre terre et mer, que vont se rencontrer un homme d’affaires sophistiqué, originaire de Calcutta, un modeste pêcheur illettré et une cétologue américaine d’origine indienne qui explorent la faune et la flore locale à la recherche d’une espèce unique de dauphin d’eau douce. Trois destins étrangement liés, trois visages de l’Inde, trois regards croisés sur son histoire et son patrimoine.
En nous entraînant dans leur singulière expédition, Amitav Ghosh, admirable conteur, se penche sur les mythes qui nourrissent la culture de son pays et esquisse le portrait d’un pays en pleine mutation, loin des clichés des grandes sagas bollywoodiennes mais avec un sens subtil du romanesque.


Un océan de pavots, R. Laffont
En 1838, l’Ibis, venu de Baltimore, part de Calcutta pour transporter des coolies jusqu’à l’île Maurice.
L’équipage est un assemblage hétéroclite de lascars et d’officiers anglo-saxons. Parmi eux se trouve Zachary Reid, mulâtre que tous prennent pour un Blanc et qui risque gros si la vérité était connue. A fond de cale se cache Paulette, une orpheline française fuyant un mariage arrangé. Autour d’elle s’entassent des paysans indiens chassés par la misère. Deeti, une veuve ayant échappé au bûcher funéraire, s’efforce de leur insuffler l’espoir.
Dans un avenir qu’ils n’envisagent pas et un ailleurs qui les terrifie, ces individus si attachants donneront naissance à une dynastie mêlant les croyances, les races et les langues. Car la langue est la grande héroïne de ce roman. Venus de tous les horizons, les personnages parlent un anglais métissé de bengali, de bhojpuri et de chinois, ou encore de français et de lascari.
Un roman savoureux, audacieux et d’une extraordinaire vigueur.

Salman Rushdie
Indien musulman né à Bombay en 1947, il a suivi sa famille au Pakistan après la partition de l’Inde. Après avoir étudié à Cambridge, il s’est finalement installé en Angleterre.
En 1981, il accède à la notoriété avec Les Enfants de minuit (Midnight’s Children) pour lequel il est récompensé par le James Tait Black Memorial Prize et le Booker Prize, et qui reflète la superposition quasi magique des différents visages du narrateur, faisant écho à la naissance de l’Inde indépendante. Dans un univers de réalisme fantastique, les personnages de Rushdie sont confrontés à la religion, à la mythologie et à la tradition orale.
La parution des Versets sataniques en 1989 l’a rendu extrêmement célèbre. Le roman, considéré comme blasphématoire par des intégristes musulmans en raison de sa description jugée irrévérencieuse du prophète de l’islam, Mahomet, lui a valu une fatwa de l’ayatollah Khomeini, qui appelait tous les fidèles à l’assassiner. Salman Rushdie dut donc s’enfuir et se cacher mais continue d’écrire et de publier.


Les enfants de minuit, Stock
Saleem Sinai, le héros de cet extraordinaire roman picaresque, est né à Bombay le 15 août 1947, à minuit sonnant, c’est-à-dire au moment où l’Inde accède à l’indépendance. Comme les mille et un enfants nés lors de ce minuit exceptionnel, il est doté de pouvoirs magiques et va se retrouver mystérieusement enchaîné à l’histoire de son pays.
Alors se déroule sous nos yeux l’étonnante et incroyable histoire de la famille Sinai. Saleem nous entraîne tout d’abord dans la vie folle de ses grands-parents et de ses parents, puis dans la sienne propre, un tourbillon de désastres et de triomphes qui commence lors de la nuit fatidique au cours de laquelle la nourrice de Saleem a brouillé les cartes et changé la marche du destin en échangeant deux enfants dans leurs berceaux.
Sous l’apparence d’une saga baroque et burlesque d’une famille dont l’histoire se confond avec celle de l’Inde moderne, un pamphlet politique impitoyable et cinglant.
Élu en 2008 meilleur Booker Prize de l’histoire du prestigieux prix anglais, ce roman a profondément influencé la littérature anglo-saxonne des trente dernières années.


Les versets sataniques, Pocket
A l’aube d’un matin d’hiver, un jumbo-jet explose au-dessus de la Manche. Au milieu de membres éparpillés et d’objets non identifiés, deux silhouettes improbables tombent du ciel : Gibreel Farishta, le légendaire acteur indien, et Saladin Chamcha l’homme des Mille Voix, self-made man et anglophile devant l’Eternel. Agrippés l’un à l’autre, ils atterrissent sains et saufs sur une plage anglaise enneigée… Gibreel et Saladin ont été choisis (par qui ?) pour être les protagonistes de la lutte éternelle entre le Bien et le Mal.
Tandis que les deux hommes rebondissent du passé au présent et du rêve en aventure, nous sommes spectateurs d’un extraordinaire cycle de contes d’amour et de passion, de trahison et de foi, avec, au centre de tout cela, l’histoire de Mahmoud, prophète de Jahilia, la cité de sable – Mahmoud, frappé par une révélation où les versets sataniques se mêlent au divin.
Une lecture commentée du Coran qui a valu à son auteur d’être condamné à mort par l’Etat iranien.


Luka et le feu de la vie, Plon
Dans la ville de Kahani, au pays d’Alifbay, Luka, 12 ans, mène une vie heureuse et paisible avec sa mère Soraya, son père Rachid Khalifa, conteur, et son frère Haroun, de vingt ans son aîné.
Tout bascule le jour où son père sombre dans un sommeil sans fin. Pour le sauver, le jeune Luka doit alors partir à la recherche du Feu de la Vie. Reprenant la mer des histoires où son frère avait tant navigué, Luka, merveilleux petit seigneur des anneaux, devra traverser les obstacles magiques, voyager en tapis volant, éviter les ennemis, le Papa-personne, double Fantomatique et malfaisant de son père, trouver son chemin dans les ” brumes du temps” et surtout rapporter le Feu de la Vie.
Dans sa course, Luka peut compter sur un chien et un ours magiques ; mais surtout la plume de l’auteur, fantaisiste et amusée, souffle à son héros l’énergie du conte, le pouvoir de l’imagination.
Mêlant Tolkien et Lewis Carroll aux Mille et Une Nuits, Rushdie régale et enchante le lecteur, de clins d’oeil d’initiés en conte d’initiation, philosophique, drôle, tendre et foisonnant.

Vikram Seth
Vikram Seth est né en 1952 à Calcutta. Envoyé par sa famille en Angleterre, il suivit des études supérieures d’économie à l’Université d’Oxford, puis à Stanford, en Californie. Après un récit de voyages dont la matière lui avait été fournie lors d’un séjour de deux ans en Chine à l’université de Nanjing (au cours duquel il apprit le chinois), il écrivit, inspiré par Eugène Onéguine de Pouchkine, un premier roman sous forme versifiée, The Golden Gate.
Mais c’est son livre suivant, Un Garçon convenable, épopée de la vie familiale indienne, fouillée et subtile, qui le propulsa parmi les grands écrivains contemporains et lui valut le Commonwealth Writers Prize (meilleur livre, toutes catégories).
Il a écrit, outre des romans, plusieurs recueils de poésie, un recueil de fables en vers, un livret d’opéra et, dernièrement, la biographie de son grand-oncle indien et de l’épouse de ce dernier, témoins et victimes de la période la plus sombre du XXème siècle..


Un garçon convenable, Grasset
Après avoir marié Savita, sa fille aînée, Mrs Rupa Mehra se doit de trouver un garçon convenable pour sa deuxième fille Lata. Or, pour trouver ce “garçon convenable”, celui qui épousera Lata, il faudra traverser, du sublime au dérisoire, toute l’histoire d’un peuple où le présent se confond toujours avec l’éternité…
Si les péripéties conduisant au mariage de Lata donnent son titre au livre et en sont le moteur principal, ce récit, s’étalant sur plus d’un an et nous dévoile l’Inde des années 1950/1951 dans toute sa complexité. On y rencontre des rajahs, des paysans, des professeurs d’université, des cordonniers, des fanatiques hindous ou musulmans, des écrivains, des femmes libres et des femmes soumises, des ministres, des juges, des révolutionnaires. Et, dans cette foule, les trois prétendants parmi lesquels se trouve le parti convenable !
Styliste subtil et ironique, Vikram Seth ressuscite un univers où chacun vit, aime, trahit. Où, dans un poudroiement de lumière, chacun tente de secouer le joug des siècles afin, comme Lata, de choisir son destin.


Golden Gate, Grasset
Ce roman en vers sorti en anglais en 1986 était réputé intraduisible, il a fallu tout le talent d’un Claro pour nous faire enfin découvrir ce chef d’œuvre en français.
Bien que la forme ne soit pas familière au lecteur d’aujourd’hui, nous sommes très vite emportés par la musicalité des vers et ce récit des années 80 prend une nouvelle dimension par rapport à tout ce qui a pu être écrit sur un même sujet. L’auteur nous fait ainsi partager les doutes et les espoirs de ses personnages confrontés aux affres de l’amour, de l’amitié mais aussi leurs questionnements politiques et philosophiques.
Vikhram Seth en fin observateur de son époque, nous plonge dans le San Francisco des années 80, et nous emmène beaucoup plus loin que le simple récit de la vie de ses personnages, il interroge la société toute entière jusque dans les sujets les plus sensibles et ne se gêne pas pour gratter “là où ça fait mal”, nous faisant passer tour à tour du rire à l’émotion.

Bulbul Sharma
Née en 1952 à Delhi où elle habite aujourd’hui, Bulbul Sharma est à la fois peintre et écrivain. Elle est l’auteur de quatre recueils de nouvelles savoureuses et travaille comme professeur d’arts plastiques auprès d’enfants handicapés.
Elle a publié également un grand nombre d’ouvrages qui n’ont pas encore été traduits en français. Son avant-dernier ouvrage, Mangue amère, place une fois de plus les mets et les plats au coeur de chacune de ses nouvelles colorées, pour dépeindre la vie des femmes indiennes au travers du prisme des saveurs. Leurs histoires intimes s’entremêlent alors aux parfums des recettes traditionnelles. Bulbul Sharma est très engagée dans le social et adore voyager.


La colère des aubergines : récits gastronomiques, P. Picquier
“Qui meurt dîne”, “La colère des aubergines”, “Folie de champignons”, “Festin pour un homme mort”…
Ces quelques titres de récits donnent déjà un avant-goût de leur saveur. Les histoires racontées, pleines d’odeurs de cuisine, puissamment évocatrices des rapports et des conflits entre les membres d’une maisonnée indienne, soulignent bien sûr le rôle déterminant qu’y jouent la nourriture et celles qui la préparent. Des femmes croquées sur le vif y livrent des instants de bonheur, des secrets de famille, d’amour, d’enfance qui ont parfois la violence du désir ou l’amertume de la jalousie.
Mais les véritables héroïnes sont les recettes, qu’il s’agisse de confectionner un pickle de mangue, un gâteau de carottes ou un curry d’aubergines au yaourt, le lecteur goûtera, du palais et de la langue, l’alchimie des aromates indiens.


Mes sacrées tantes, P. Picquier
Des femmes partent en voyage, et leur vie bascule. Elles partent pour se marier, pour aller voir leur fils, pour échapper au crime qu’elles croient avoir commis ou à une belle-famille tyrannique. Sous leurs regards baissés et leurs saris chatoyants, elles cachent un cœur limpide, un courage à toute épreuve, et elles accueillent les surprises du chemin avec une sagesse relevée au sel de l’humour.
Au fil de leurs voyages, défilent les paysages de l’Inde, des rizières vert émeraude aux défilés escarpés de montagne, et les rencontres improbables : danseuses travesties en veuves, raja déchu d’ un palais surgi des mille et une nuits, fantôme amoureux ou ours chapardeur.
Mais au détour de la route, c’est leur paysage intérieur qui soudain change : les chaînes qui entravent leurs pas depuis des siècles se font plus légères, et au bout du voyage, parfois, les attend la paix. Ou la liberté. Ou l’amour.


Maintenant que j’ai 50 ans, P. Picquier
Il leur aura fallu attendre cinquante ans.
Cinquante ans pour se connaître, découvrir la force et la sérénité qui sont en elles, se libérer du carcan des traditions, comprendre le monde qui les entoure. Après un demi-siècle d’existence, les femmes des histoires de Bulbul Sharma découvrent avec stupeur que la vie n’est pas telle qu’elles l’avaient toujours imaginée.
Passant de la révélation à la rébellion, elles vont apprendre à écouter leurs désirs, s’ouvrir au monde extérieur et à leur monde intérieur, et s’épanouir enfin.
Pour Bulbul Sharma, à cinquante ans, la vie ne fait que commencer.

Shashi Tharoor
Diplomate, homme politique et écrivain, Shashi Tharoor commence à écrire dès l’âge de 6 ans et publie son premier texte à 11 ans. Né à Londres en 1956 de parents keralais, il a étudié à Bombay, Calcutta et Delhi, puis aux États-Unis où il a obtenu un doctorat de l’Université de Tufts (1978).
L’orientation de sa carrière vers la politique et la diplomatie – il est actuellement sous-secrétaire général à la Communication et l’Information aux Nations Unies – ne l’a pas empêché d’écrire des œuvres de fiction dont la première, Le Grand Roman Indien, écrit sur le mode satirique, l’a aussitôt rendu célèbre. Il est aussi l’auteur de plusieurs essais sur l’Inde et la politique indienne dans lesquels il explore la situation de l’Inde contemporaine et son histoire récente.


Le grand roman indien, Seuil
Contraint à la retraite, le plus âgé des politiciens indiens, le vénérable et irascible Ved Vyas dicte avec vigueur et opiniâtreté à son scribe Ganapathi de bien singuliers mémoires…
Le grand roman indien s’inspire de l’épopée du Mahabharata (ancien poème épique écrit en sanscrit), Maha signifiant “grand”, “Bharata” désignant le clan qui conquit et peupla l’Inde du Nord. L’idée de parodier ce texte fabuleux pour retracer l’évolution de l’Inde moderne exigeait une maîtrise parfaite de l’épopée originale et de l’histoire politique indienne des cent dernières années. L’auteur réussit le prodigieux coup de force d’allier cette maîtrise à une écriture d’une élégante allégresse, à un ton d’une délicieuse impertinence.
Il nous donne ainsi un des livres les plus drôles et les plus instructifs de la décennie tout en relatant l’histoire de l’Inde depuis Gandhi jusqu’à la succession d’Indira Gandhi.


Show business, Seuil
Grièvement blessé, Ashok Banjara, superstar du cinéma hindi, gît entre la vie et la mort sur un lit d’hôpital à Bombay.
A son chevet se succèdent les parents, les partenaires à l’écran et dans la vie. Ils lui parlent, lui dispensent confidences et reproches, tentent de le tirer de son coma. En vain. Ashok reste muet, prisonnier du film qui défile en technicolor dans sa tête et qui nous retrace sa carrière – ascension fulgurante, déclin, disgrâce, apothéose finale.
Entremêlant la fiction à l’écran et la réalité dans les coulisses avec une virtuosité et un sens de la satire irrésistibles, l’auteur nous décrit l’univers bollywoodien, clinquant et fallacieux, comme une métaphore de la société indienne contemporaine et de tous ses maux.


Le sourire à cinq dollars, Seuil
Un petit orphelin indien prend pour la première fois l’avion pour aller visiter d’improbables “parents” adoptifs américains, un vieux maître d’école meurt privé involontairement par son fils des moyens financiers de se soigner…
Entre ces deux nouvelles délicieusement mélancoliques, Shashi Tharoor déploie, dans une quinzaine de textes tour à tour loufoques et poignants, un talent qui ne surprendra pas ses habituels lecteurs. Encore qu’ils seront étonnés d’apprendre que Tharoor a écrit certaines de ces nouvelles alors qu’il n’avait pas seize ans.
Et si l’on y sent l’influence inéluctable des auteurs préférés de l’adolescent (de PG. Wodehouse à Woody Allen, en passant par Maupassant) on n’en demeure pas moins émerveillé par la finesse, le talent et la maturité avec lesquels le jeune Tharoor traite de sujets aussi graves que la mort, les fausses apparences, les laissés-pour-compte de la société et les désillusions de la vie.

La publication en 1997 du Dieu des petits riens, d’Arundhati Roy, consacré par le Booker Prize et succès national et international, marque l’entrée en scène fracassante d’une nouvelle génération d’écrivains indiens anglophones, vivant pour la plupart en Inde.
L’exil n’ayant pas altéré leur perception des sujets, ils sont souvent plus lucides que leurs prédécesseurs sur les réalités parfois déplaisantes de leur pays et n’hésitent pas à en dénoncer parfois crûment les pires gangrènes.

Anita Rau Badami
Née à Rourkela (Orissa) en 1964, Anita Rau Badami eut une enfance anglophone (ses parents, de langues maternelles différentes, se parlaient en anglais) et nomade, au gré des transferts de son père, ingénieur des chemins de fer. Elle étudia le journalisme à Bombay, travailla comme rédactrice publicitaire et écrivit des livres pour enfants jusqu’en 1991, lorsqu’elle quitta l’Inde pour rejoindre son mari au Canada où elle habite à présent (à Montréal).
Elle dut d’abord exercer des professions sans rapport avec sa passion pour l’écriture, mais n’en publia pas moins un premier roman, La Marche du héros, qui connut immédiatement le succès et remporta le Commonwealth Writers’ Prize.
Ecartelée entre son Inde natale et son Canada d’adoption, Anita Rau Badami se nourrit aujourd’hui de ce tiraillement pour s’affirmer comme une figure emblématique de la littérature de l’exil et de la diaspora.


La marche du héros, Stock
Dans une petite ville du golfe de Bengale saisie par la modernité, la Grande maison, malgré son état de délabrement, constitue un îlot de résistance.
Elle appartient depuis des générations à une famille brahmane, les Rao, dont le chef actuel, Sripathi, peine à subvenir aux besoins de sa famille. Sa seule vraie fierté, Maya sa fille, s’est rendue coupable d’un crime majeur en rompant l’engagement qui la liait à son fiancé indien pour épouser un Américain. Blessé dans son orgueil, muré dans sa rancœur, Sripathi a coupé tout lien avec elle.
La tragédie s’abat un matin, annoncée par un coup de téléphone : Maya et son mari viennent de se tuer dans un accident de voiture. Ils laissent une petite fille de sept ans, dont Sripathi et sa femme vont avoir la garde. Une enfant en pleine détresse, transplantée dans un monde étranger, mais qui est peut-être la seule à pouvoir sauver du désespoir ce vieil homme qu’elle refuse d’appeler grand-père…


Memsahib, P. Rey
Une femme altière, belle, à la langue acérée dont l’acidité évoque, dit-on, celle du tamarin, le fruit de l’arbre peuplé de mauvais génies : telle est Saroja, la memsahib.
Elle nous est racontée d’abord par sa fille, Kamini, venue faire ses études supérieures au Canada, en grande partie pour fuir cette mère tyrannique, mais qui n’échappe guère à son emprise. Au rythme de leurs brèves conversations téléphoniques hebdomadaires, Kamini revit son enfance dans une famille aisée, marquée essentiellement par la mésentente de ses parents, couple issu d’un mariage arrangé selon la tradition. Face à son mari distant et apparemment sans humour, de vingt ans plus vieux qu’elle, Saroja, dure, ironique, cherche de toute évidence à prendre une revanche à travers ses deux filles, Kamini en particulier.
Mais cette histoire a un revers. Et c’est Saroja elle-même, désormais vieille et libre, qui, dans une langue drôle et imagée, nous régale du récit de sa vie et de son propre affrontement avec sa propre mère, dans une Inde moderne dont la classe moyenne est tiraillée entre archaïsme et modernisme.

Amit Chaudhuri
Né à Calcutta en 1962, Amit Chaudhuri a passé son enfance à Bombay, avant d’étudier à Londres, à Oxford et enfin au St. John’s College (Littérature et poésie de langue anglaise) de Cambridge, en tant que boursier de la fondation Harper Wood.
Le prix Betty Trask et le Commonwealth Writers Prize du meilleur premier roman 1992 lui ont été décernés pour Une étrange et sublime adresse, ainsi que plusieurs autres par la suite, dont le prix de la Sahitya Akademi pour le roman de langue anglaise en 2002 (Un monde nouveau).
Il écrit des articles et des critiques littéraires dans divers journaux et magazines, parmi lesquels London Review of Books, Times Literary Supplement et Granta. Il a également produit une anthologie de littérature indienne en anglais et composé un recueil de poésies. Au fond de lui, dit-il, il est poète avant tout. La délicatesse de son style ne le dément pas.


Une étrange et sublime adresse et neuf histoires, P. Picquier
En cette “étrange et sublime adresse”, un jeune garçon de Bombay vient à Calcutta passer ses vacances en famille.
Il y fait chaud bien sûr, sa mère et sa tante passent de longues journées allongées sur le grand lit, Sandeep et ses cousins chahutent sur le petit, un lézard lorgne un moustique égaré. Le temps semble arrêté. Parfois, à la recherche d’une faible brise, la famille s’entasse dans la voiture en direction des ghats et assiste au déferlement des lumières et des néons mystérieux.
Dans ce court roman conçu comme une série de saynètes miniatures, de poèmes en prose, Amit Chaudhuri, dans un style d’orfèvre dresse un tableau fin et minutieux de la classe moyenne indienne avec ses activités, ses traditions et ses langueurs, mais exprime aussi une certaine mélancolie face au temps qui passe, inexorablement, et aux questions qui assaillent l’Inde d’aujourd’hui.


Râga d’après-midi, P. Picquier
Où un jeune étudiant indien à Oxford découvre, en même temps qu’une vie nouvelle, les intermittences de son cœur amoureux, partagé entre deux femmes, deux univers différents. Il se souvient avec nostalgie de son enfance à Bombay, et surtout de sa mère s’adonnant quotidiennement à la musique, en compagnie de son bien-aimé professeur dont on sait, dès le début, qu’il n’est plus de ce monde.
Dans ce roman tout entier dédié à la musique et raconté sur le rythme du râga, les sons, les odeurs, les couleurs deviennent autant de variations mélodiques du souvenir. Au fil des détails qui s’égrènent comme des notes se déploie peu à peu un chant aussi subtil et sensuel qu’un rêve éveillé.


Freedom song, P. Picquier
Après la mise à sac de la mosquée par les fondamentalistes hindous, l’immense et bruissante ville de Calcutta se trouve plongée dans le silence, telle une conque dont seuls ceux qui en approcheraient l’oreille pourraient entendre le grondement.
Dans cette langueur apparente alourdie de sourdes menaces, deux vieilles dames, amies de classe d’autrefois, ponctuent de leurs remarques, de leurs souvenirs et de leurs siestes les événements qui touchent leurs familles et la ville.
Entre ombre et lumière, passé et futur, le sort de ces familles se joue de l’hiver à l’été, en un récit qui égraine les menus faits de la vie quotidienne comme autant de gouttelettes scandant l’approche de l’orage, petite musique déployant ses variations mélodiques et sentimentales.
Quoi qu’il arrive, les oiseaux, et la voix du muezzin, saluent un nouveau jour à vivre.

Abha Dawesar
Régalant ses lecteurs d’histoires amusantes et légères, la plume d’Abha Dawesar rafraîchit la littérature indienne. Née à New Delhi en 1974, elle part étudier à New York à 17 ans, passe par Havard où, diplôme de philosophie en poche, elle travaille dans une banque.
Mais cette vie étriquée ne convient pas à sa soif de fantaisie. Alors elle écrit et très vite, Miniplanner, son premier roman, est publié en 2004. Les tribulations amoureuses d’un homosexuel new-yorkais sont un succès. L’année suivante, Babyji raconte l’évolution d’une jeune indienne de la classe moyenne qui bouscule les traditions, toujours sur un ton allègre mais transgressif.
Nouvelle égérie de la scène littéraire internationale, élue personnalité de l’année par India Today et Time Out, elle vit aujourd’hui entre Delhi, New York et Paris.


Babyji, Héloïse d’Ormesson
Delhi années 1990. La violence des castes déchire le pays, les étudiants s’immolent lors de manifestations contre le gouvernement.
Elles sont trois – une lycéenne, une divorcée, une bonne – à graviter autour de Babyji, petite lolita indienne qui, inspirée par ses cours de physique quantique se libère des codes de la société indienne et s’adonne à des amours défendues. Elle cherche sa voie, tiraillée entre un avenir incertain et un passé étouffant et partira continuer ses études aux Etats-Unis où elle abandonnera son adolescence pour devenir femme.
Au travers du jeu des possibles entre ces femmes que tout devrait séparer, c’est l’Inde moderne, loin du folklore et des clichés, qui est décodée.
Roman initiatique aux accents érotiques et subversifs salué par une critique unanime, Babyji témoigne de l’émergence d’une nouvelle vague indienne.


L’Inde en héritage, Héloïse d’Ormesson
De sa chambre, coincée entre les cabinets de ses parents médecins, avec les microbes et les bactéries pour compagnons de jeux, un petit garçon ausculte son entourage.
Observateur discret, il capte l’imposture ambiante, perçoit la violence qui vérole le système. Ses oncles et tantes cupides qui complotent pour détourner l’héritage du grand-père constituent ses sujets d’étude. Puis la télévision lui offre le spectacle de l’avidité des puissants. Ici, on vole un rein, là on occulte un virus. Quand on assassine Miss Shampoing, pin-up qui affole les populations, le gamin noircit encore le diagnostic.
Ainsi, par cercles concentriques, Abha Dawesar expose une société gangrenée. A travers les mésaventures d’une famille, son roman nous conduit au cœur d’un pays écartelé entre démocratie et barbarie. Un regard acide et sans concession sur la société indienne contemporaine. Décapant.


L’agenda des plaisirs, Héloïse d’Ormesson
Manhattan, une banque d’affaires. Jamais André Bernard, vingt-quatre ans, n’aurait pu imaginer céder, dès son premier jour au bureau, aux avances de son supérieur. Et encore moins que l’irrésistible épouse de ce dernier jetterait son dévolu sur lui. Combinaison périlleuse, mais tellement excitante : le jeune analyste financier n’a pas peur de jouer avec le feu et de s’embarquer dans une folle aventure sexuelle – qu’il ne pourrait maîtriser sans son précieux agenda.
Délicieusement impertinent et terriblement libertin, L’Agenda des plaisirs ausculte les affres de l’amour et du désir en transgressant les conventions et les idées reçues.

Radhika Jha
Native de Delhi (1969), Radhika Jha choisit l’université de Chicago pour suivre des études de sciences politiques et d’anthropologie avant de devenir journaliste pour L’Hindustan Times et Busisnessworld, où elle explore aussi bien la culture, que l’environnement ou l’économie.
Recrutée comme stagiaire à l’ONU, elle est amenée à voyager en Europe, en France et en Suisse notamment, avant de regagner l’Inde et Bombay où elle œuvre pour la fondation Rajiv-Gandhi. Elle vit aujourd’hui à Tokyo, et partage son temps entre son métier de danseuse et d’écrivain.


L’odeur, P. Picquier
Quand son père est tué dans une émeute au Kenya, la vie de Lîla change de cours : elle quitte les grands espaces africains pour un appartement exigu en banlieue parisienne chez des parents qui mènent une vie d’exilés repliés sur eux-mêmes, entre le ménage à la maison et les épices de la boutique indienne de son oncle.
Un soir, seule dans les rues de Paris, elle commence l’apprentissage de la vie.
Faute d’amour et de visa, elle va d’amants en infortunes et de succès en revers professionnels, dans un parcours chaotique aux rencontres déroutantes. Avec pour seul repère la singularité de son odorat qui fera merveille dans l’art culinaire et qui, peu à peu, colorera les moindres moments et émotions de son existence. Elle suivra avec son nez un univers d’arômes, de parfums et de sensualité jusque dans les péripéties de sa vie amoureuse. Et ce don qui est aussi une malédiction deviendra la clé d’une nouvelle découverte de soi et du monde.


L’éléphant et la Maruti : fictions de Delhi, P. Picquier
Trois fictions sur le Delhi d’aujourd’hui. Trois histoires où s’entremêlent les destinées de Kishan l’électricien, Shibu le lépreux, la plantureuse et scandaleuse Barra, reine de toutes les fêtes, Kishore le gardien de parking et sa femme Sushila qui, en triant les ordures pour vivre, conserve précieusement chaque jour un papier d’une couleur inconnue, et bien d’autres encore.
Et la force d’attraction qui les lie tous ensemble, c’est Delhi, la capitale étranglée par la circulation, étouffée de pollution, mais aussi la ville de tous les possibles, celle qui offre à chacun sa chance, une terre d’espoir pour ceux, innombrables, qui viennent s’y réfugier.
Radhika Jha raconte cette ville en pleine fermentation, où se condensent toutes les contradictions de l’Inde : aussi vivante et explosive que peut l’être la rencontre entre une petite Maruti 800, la voiture préférée des conducteurs de Delhi, et un éléphant.


Des lanternes à leurs cornes attachées, P. Picquier
Une vache (héroïne originale et hautement symbolique) surgit de la forêt. C’est le début d’une grande histoire d’amour qui va faire de l’humble Ramu et de sa femme Lakshmi les sauveurs de leur village. Jusque-là Nandgaon vivait à l’écart du monde, dans une sorte de paradis soigneusement préservé. A l’insu de tous et en rupture avec la coutume, Lakshmi va faire inséminer la génisse venue de la jungle. La vie du village en sera bouleversée.
Dans cette composition soigneusement orchestrée, Radhika Jha manifeste son amour pour son pays et les hommes simples qui l’habitent, confrontés à une nature à la fois féroce et maternelle. Son roman s’enracine dans la terre et le coeur de l’Inde, celle des fêtes, des rites et des dieux, celle aussi des notables et des sous-préfectures, évoqués avec humour lorsque germe en eux la graine de la cupidité.
Son roman résonne en nous comme une parabole, une de ces épopées de vie et de mort qui se transmettront de génération en génération pour expliquer comment le village de Nandgaon s’ouvrit un jour avec délices aux joies et aux vices de la modernité.

Anita Nair
Originaire du Kerala où elle nait en 1966, c’est à Madras qu’Anita Nair passe son enfance, avant de voyager à travers l’Angleterre et les Etats-Unis pour finalement s’installer au Bangalore.
Découverte par un petit éditeur en Inde, elle signe son premier roman en 1997 puis entame une carrière internationale, notamment marquée par la publication de Compartiment pour dames, Un homme meilleur, Le chat karmique ou encore Les neuf visages du cœur (pour lequel elle concourt pour le Prix Grand public du Salon du livre 2006).
Polyglotte, Anita Nair parle quatre langues indiennes en plus de sa première langue, l’anglais.


Compartiment pour dames, P. Picquier
Un jour, Akhila décide de partir vers l’extrémité sud de l’Inde, là où se rencontrent l’océan Indien, la baie du Bengale et la mer d’Arabie, pour faire le point sur une vie qu’elle a l’impression de n’avoir pas vécue. Dans le train qui la conduit à destination, elle fait la connaissance de ses compagnes de voyage, avec lesquelles elle va partager toute une nuit l’intimité d’un compartiment pour dames.
A travers leurs confidences Akhila cherche la réponse aux questions qu’elle se pose. En écoutant les femmes qui l’accompagnent, dont les récits reflètent ses propres contradictions, et en se replongeant dans un passé fait de renoncement, de sacrifices et de frustrations, Akhila comprend qu’elle seule peut trouver une issue à ses interrogations.
Ce roman à plusieurs voix où, le temps d’un trajet partagé, s’entrecroisent des destins de femmes proches de nous par leurs forces et leurs faiblesses, est aussi celui d’un voyage à la découverte de soi qui éveillera des résonances en chacun ou chacune de nous.


Un homme meilleur, P. Picquier
Jamais Mukundan n’aurait cru prendre sa retraite dans la maison familiale de ce village endormi du Kerala qui l’a vu naître. Il s’y bat contre la Compagnie du téléphone et les spectres du passé : celui d’un père vieillissant mais toujours aussi tyrannique, et d’une mère abandonnée dont il s’accuse de la mort.
Mukundan tombe amoureux, rêve d’acquérir une place influente au village, mais c’est un autre accomplissement que ce retour aux sources lui propose. Sa rencontre avec Bhasi le timbré, peintre en bâtiment et guérisseur des âmes, va le délivrer des fantômes d’autrefois et le révéler à lui-même. Cette renaissance lui donnera-t-elle la chance de devenir un homme meilleur que son père ?
Autour de la destinée de Mukundan, c’est toute une galerie de personnages qu’Anita Nair s’est attachée à créer, avec un humour, une tendresse et une attention aux détails qui font de son roman une captivante promenade dans une Inde du Sud rarement évoquée de manière aussi vivante.


Quand viennent les cyclones, Albin Michel
Renouant avec la veine à la fois sensuelle et engagée de Compartiment pour dames, Anita Nair nous plonge dans l’Inde d’aujourd’hui, dont chacun des personnages exprime les multiples facettes et paradoxes.
Auteur de livres de cuisine à succès, Meera, la quarantaine, doit avant tout son statut social à son mariage avec Giri, cadre dirigeant d’une multinationale. Lorsqu’il la quitte brutalement au beau milieu d’un brunch, elle assure seule la survie matérielle de sa famille – ses enfants, mais aussi sa mère et sa grand-mère -, et prend peu à peu conscience du carcan dans lequel l’avait enfermé son rôle d’épouse exemplaire. Sa route rencontre celle du Pr J A Krishnamurty, alias JAK, climatologue expert en cyclones, dont la fille de dix-neuf ans végète dans le coma après avoir été sauvagement attaquée sur une plage.
Un voile de silence et de peur entoure l’agression de cette jeune militante féministe, que la police ne peut (ou ne veut) élucider. Les destinées de Meera et JAK se confondent alors. D’une manière aussi fougueuse et inéluctable que la venue d’un cyclone.

Arundhati Roy
Née au Kerala en 1961 d’un père employé dans une plantation de thé, Arundhati Roy est élevée de façon très libre par sa mère, Mary, une chrétienne qui a divorcé de son mari hindou et s’est battue pour le droit des femmes indiennes.
A 16 ans, elle part pour New Delhi, où les débuts sont difficiles : elle mène une vie d’errance. Elle entreprend des études d’architecture, devient scénariste, écrit et réalise des films pour la télévision indienne. Son premier roman, Le dieu des petits riens, qui dénonce la barrière des castes en Inde, reçoit le Booker Prize et lui apporte la gloire.
Adulée par les alter-mondialistes,considérée comme un porte-parole du tiers-monde, Arundhati Roy se consacre à la défense des plus faibles. Elle dénonce la tradition des castes, la politique belliqueuse des Etats-Unis, prend position contre les grands travaux du gouvernement indien, lutte contre le fondamentalisme hindou…

Le dieu des petits riens, Gallimard
Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l’oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable.
Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir “qui aimer, comment et jusqu’où ?” Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l’amour d’une mère ?
Un récit envoûtant, plein d’humour et d’émotion, servi par une écriture neuve et poétique, qui recrée le monde de l’enfance – celui de l’imaginaire et de la liberté.

Vikas Swarup
Né à Allahabad en 1963, Vikas Swarup grandit dans une famille d’avocats puis étudie l’histoire contemporaine, la psychologie et la philosophie et se destine à une carrière diplomatique. Après plusieurs missions en Turquie, aux Etats-Unis, en Ethiopie et en Grande-Bretagne, il entre au ministère des Affaires étrangères indien, pour lequel il s’occupe des relations entre son pays et le Pakistan.
Passionné par la littérature, notamment française et américaine, Vikas Swarup se lance dans la rédaction des Fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, qu’il achève en à peine deux mois. Ce premier roman, mêlant humour et drame sur fond de misère sociale et de corruption, remporte un succès instantané auprès du public et est traduit en près de 28 langues, offrant à Vikas Swarup une renommée internationale.
Après l’adaptation au cinéma par Danny Boyle sous le titre Slumdog Millionaire, un film récompensé par 8 oscars, l’écrivain signe Meurtre dans un jardin indien, un cluedo bollywoodien calibré pour le grand écran…


Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, Belfond
Splendeur et misère de l’Inde d’aujourd’hui ou les rocambolesques aventures d’un gamin des rues qui rêve de devenir quelqu’un. Une galerie de portraits colorée, un voyage dans les recoins les plus sombres d’un pays fascinant, une construction brillante pour une œuvre originale.
Quand le jeune Ram Mohammad Thomas devient le grand vainqueur de “Qui veut gagner un milliard de roupies ?”, la production, bien embarrassée, soupçonne immédiatement une tricherie. Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à douze questions pernicieuses ? Accusé d’escroquerie, sommé de s’expliquer, Thomas replonge alors dans l’histoire de sa vie…
Car ces réponses, il ne les a pas apprises dans les livres, mais au hasard de ses aventures mouvementées. Du prêtre louche qui laisse trop volontiers venir à lui les petits enfants à la capricieuse diva de Bollywood, du tueur à gages fou de cricket au diplomate australien espion de sa propre famille, des petits mendiants des bidonvilles de Bombay aux touristes fortunés du Taj Mahal, au fil de ses rencontres, le jeune homme va apprendre que la fortune sourit aux audacieux.


Meurtre dans un jardin indien, Belfond
Playboy millionnaire, fils du secrétaire d’Etat de l’Uttar Pradesh, l’ignoble Vivek “Vicky” Rai est tué lors de sa propre garden-party.
Six convives sont suspectés : un bureaucrate possédé par l’esprit de Gandhi ; l’actrice la plus glamour de Bollywood, fan de Nietzsche ; un tout petit aborigène très doué pour l’effraction ; un gamin des rues voleur de portables au physique de jeune premier ; un Monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire ; et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime.
Des palaces de Delhi aux bidonvilles de Mehrauli, des repaires terroristes du Cachemire aux cabanes des îles Andaman, des berges du Gange aux tapis rouges des premières de Bombay, entre soif de justice, vengeances, manigances politiques, quête d’un totem perdu ou d’une fiancée par correspondance, tous les chemins semblent mener au jardin du crime. Mais qui a tué Vicky ?
Une aventure pleine de suspense et d’émotion, traversée par des personnages hauts en couleur.

Tarun J. Tejpal
Tarun Tejpal est écrivain, journaliste et éditeur. Né en 1963, il a suivi son père, officier dans l’armée, un peu partout en Inde au gré de ses affectations.
Après des études d’économie à l’université de Chandigarh, il a travaillé en tant que journaliste pour les hebdomadaires India Today, puis Outlook à la fondation duquel il participa. Il fonda également avec Sanjeev Saith la maison d’édition IndiaInk qui la première publia Arundathi Roy. En 2000, il créa Tehelka.com, magazine en ligne et exposa au grand jour en 2001 un cas de corruption au sein du gouvernement qui entraîna la démission du ministre de la Défense. Tehelka devint un peu plus tard un bimensuel sur papier.
Tarun Tejpal s’est tourné voici quelques années vers l’écriture de fiction, avec un roman énergique, original et brillant qui connaît un vaste succès.


Loin de Chandigarh, Buchet Chastel
L’Inde du Nord à la fin des années 1990. Depuis quinze ans, un journaliste et son envoûtante femme Fizz vivent une intense passion amoureuse, très sensuelle, très charnelle, entre Chandigarh et Delhi. Mais une étrange découverte dans leur vieille maison, accrochée aux contreforts de l’Himalaya, fait basculer leur couple. Au cœur de cette demeure délabrée, soixante-quatre épais carnets reliés de cuir livrent les secrets de Catherine, une intrépide aventurière américaine et précédente propriétaire de la maison.
Subjugué par la lecture de ces carnets très intimes, le narrateur s’éloigne peu à peu de Fizz. Le journal de Catherine l’entraîne à Chicago, Londres et Paris au tournant du XXe siècle, puis dans le tourbillon de l’histoire de l’Inde à la veille de son indépendance. Elle lui apporte aussi les clefs des énigmes de l’alchimie du désir et de l’amour…
Un roman salué en Inde et en Angleterre comme un incontestable événement littéraire dans le ciel de la fiction contemporaine, porté par une écriture forte et incantatoire, sans concession pour les nostalgies de l’orientalisme, et traversé par un érotisme puissant.


Histoire de mes assassins, Buchet Chastel
A Delhi, un journaliste renommé apprend par un flash d’informations, un dimanche matin, qu’il vient d’échapper à la mort et que cinq assassins ont été arrêtés. II ignore pourquoi on a voulu le tuer. Est-ce parce qu’il a révélé une affaire de corruption au sein du gouvernement indien dans les colonnes de son magazine, ou bien seraient-ce les services secrets pakistanais qui auraient décidé de le supprimer ?
Protégé par une escouade de policiers et assisté de ses avocats, il se retrouve bientôt face à ses cinq tueurs.
Tout oppose la vie de ces dangereux criminels nés des entrailles de l’Inde du Nord à celle de l’homme qu’ils devaient éliminer. Ils ont grandi dans le monde impitoyable des millions de laissés-pour-compte du pays et sont prêts à tuer pour quelques roupies…
En leur restituant, dans cet ample et majestueux roman-vérité, leur innocence perdue et une émouvante dimension affective, Tarun J Tejpal fait de ces assassins les victimes des grandes failles de l’Inde contemporaine : la caste, la religion, la misère, le pouvoir et la corruption…

Signe des temps, dans ce monde de mariages arrangés et cette société encore très pudique, on note depuis quelques années une ouverture à une chick lit encore très sage.

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Anita cherche mari, par Anita JAIN, Actes Sud
Une jeune femme indienne de 32 ans ayant grandi aux Etats-Unis se rend, sur l’insistance de ses parents inquiets de voir leur fille encore célibataire à un âge aussi “avancé”, en Inde dans l’espoir d’y rencontrer un mari. Mais émancipée et très occidentalisée, plutôt que d’obéir à la coutume en vigueur et de laisser des tantes cacochymes prendre en main le problème, elle choisit d’arranger les choses à sa manière…
A New Delhi, elle découvre une ville cosmopolite et vibrante et, au-delà, un pays où plus de la moitié de la population a moins de trente ans. Des jeunes qui mènent une vie encore très traditionnelle, mais aussi des femmes célibataires, divorcées, ou des homosexuels qui, loin d’être marginalisés, font pleinement partie de cette nouvelle Inde prospère.
Réjouissante invitation à franchir le seuil d’une Inde actuelle, dont les moeurs ne sont souvent guère différentes de celles qui prévalent dans le monde occidental, Anita cherche mari est un livre tonique, d’une intelligence pétrie d’humour où l’autodérision le dispute à un suspense insoutenable : oui ou non, Anita va-t-elle trouver ce mari qu’elle cherche ?


Le bureau de mariage de M. Ali, par Farahad ZAMA, J.-C. Lattès
Comment s’occuper à la retraite, surtout si l’on a du bon sens à revendre ? Ouvrir une agence matrimoniale, bien sûr ! Aussi M. Ali, originaire de la ravissante ville de Vizag, dans le sud de l’Inde, voit-il son affaire prospérer sous les regards attentifs de son indomptable épouse et d’Aruna, son assistante hors pair.
Si la plupart de leurs clients s’en retournent satisfaits, des problèmes ne s’en profilent pas moins à l’horizon, tel le terrible secret que cache Aruna. Sans compter que monsieur Ali ne se rend pas toujours compte qu’il peine à appliquer les sages conseils qu’il prodigue à qui veut les entendre. Lorsque l’amour viendra frapper à la porte d’Aruna, elle se trouvera confrontée à un impossible dilemme…
Une pittoresque ville côtière et une agence matrimoniale moderne offrent une toile de fond idéale à une foison de personnages truculents dans une version à l’orientale d’Orgueil et Préjugés, d’où il ressortira que l’amour sincère ne s’avoue jamais vaincu. Une fresque haute en couleur de l’Inde contemporaine, de sa modernisation fulgurante qui met parfois à mal des principes enracinés de longue date.

Enfin deux coups de cœur choisis parmi les dernières parutions moins médiatisées :


Une bonne épouse indienne, par Anne CHERIAN, Mercure de France
Neel Sarath a beau avoir étudié aux Etats-Unis et être devenu un brillant anesthésiste dans un grand hôpital de San Francisco, il n’échappera pas à un mariage arrangé, une tradition encore à peu près immuable en Inde.
Au cours d’un bref voyage pour rendre visite à sa famille, le piège se referme et il se retrouve marié quasi de force à Leila, qu’il n’a vue qu’une fois. Certes, elle est belle, douce, cultivée, intelligente – bien plus qu’il ne l’imagine – mais il n’en veut pas. Il préfère son explosive et blonde maîtresse californienne avec qui il compte bien poursuivre sa liaison.
Ce qu’il ne sait pas, c’est que Leila va attendre son heure et, sans bruit, sans drames, sans scènes, réserver à son mari bien des surprises. Il va lui mener la vie dure pour s’en débarrasser mais elle va finir par tout comprendre et refuser d’accepter. Le coeur de Neel se laissera-t-il toucher ?
Un premier roman sensible, sur un sujet rebattu mais qui se démarque par sa manière originale d’aborder les thèmes du mariage arrangé et du tiraillement entre tradition et modernité.


Le plaisir ne saurait attendre, par Tishani DOSHI, Buchet Chastel
Tout a commencé en août 1968 quand Babo Patel, membre d’une famille jaïn de Madras, prend l’avion pour Londres afin de parfaire son éducation.
Le matin de son départ, son père qui avait fait cette nuit-là le seul rêve de sa vie où toute sa famille s’était perdue, aurait pourtant dû sentir venir le grabuge.
Mais Babo est déjà loin ! Dans un appartement de Finchley Road, il fait l’amour avec frénésie à Sian Jones dont il est tombé fou amoureux à la vue de sa mini robe blanche et du ruban rouge dans la chevelure auburn de la belle Galloise, oublieux du mariage arrangé qui l’attend en Inde. Au grand dam de sa mère, Trishala, qui feint l’accident cardiaque pour le faire rentrer. Babo fera pourtant savoir qu’il épousera Sian quoiqu’il arrive, en dépit de toute tradition et de toute convention.
Le plaisir ne saurait attendre, inspirée par l’histoire des parents de l’auteur, est la chronique chatoyante, tendre et grave d’une famille indo-galloise bruyante et chamarrée.
Et ce, pendant qu’ailleurs les Beatles triomphent puis se déchirent, que le prince Charles et Diana se découvrent, qu’Indira Gandhi tombe sous les balles de son garde du corps sikh et que Madras devient Chennai.

Si vous souhaitez élargir le sujet et vous initier aux mystères de l’Inde, nous vous invitons à poursuivre votre voyage avec ces deux articles :

Littérature indienne

La littérature indienne ou les littératures de l’Inde

Namaste (hindi)

Pinne kanam (malayalam)

Punha bhetu (marathi)

Alvida (ourdou)

Mokilani (sindhi)

Paarkalame (tamoul)

Malla kalustham (telugu)

Goodbye

Au revoir

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