Le moral déménage

- temps de lecture approximatif de 9 minutes 9 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

C'est bien connu, à la rentrée, le stress augmente et le moral baisse. Pas question de se laisser aller, de se contenter de subir la rentrée des classes et la rentrée littéraire. Pourquoi ne pas prendre un peu de recul, face aux conventions et autres obligations ? De fable en satire, en passant par les jeux de langage, la littérature ne s'est jamais privée de renverser et détourner les mécanismes de la vie en société, de jouer intelligemment et/ou facétieusement avec les pesanteurs et travers de son époque. Cet exercice de nettoyage n'est-il pas une de ses plus saines fonctions ?

© Pixabay
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A chaque jour suffit sa peine

Quand la bande dessinée, les mots se jouent de nos soucis quotidiens pour les rendre risibles ou supportables.

Chaque jour est une fête, de VOUTCH, Le Cherche Midi

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Les dessins de Voutch dressent un portrait ironique de la société moderne

Le combat ordinaire, de Manu LARCENET, Dargaud

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Dans cette série à l’humour doux-amer, le dessinateur Manu Larcenet dresse le portrait de toute une génération, à partir de petites choses, de moments rares, de tristesses banales, à partir du portrait d’un homme ordinaire, en somme.

Le Baleinié : dictionnaire des tracas, de Christine MURILLO, Jean-Claude LEGUAY, Grégoire OESTERMANN, Le Seuil


Remplis de néologismes savoureux, les trois volumes colorés de ce dictionnaire donne un nom commode (il est si long de faire toute une phrase quand on est toujours pressé) aux mille et un petits tracas auxquels nous confronte la vie quotidienne.
Sachez par exemple qu’un « olpètre » est une conversation inintéressante dans laquelle vous êtes englué, ou qu’une « breudeune » désigne la disparition des symptômes le temps de la visite chez le médecin tandis qu’une « saspigoule » se définit par la découverte tardive d’un morceau de verdure coincé entre vos dents.

A ma dernière cigarette, de Jean-Louis FOURNIER, Le Livre de Poche

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Ce livre souhaite déculpabiliser avec humour les petits fumeurs et dissuader les gros de trop fumer. Il dénonce une campagne anti-tabac jugée hystérique qui, insidieusement s’est transformée en campagne anti-fumeurs. Il cite ainsi plusieurs cas de “tabacophobie douce” : “Dans sa bibliothèque il a séparé les auteurs non-fumeurs et fumeurs. Ceux-ci, il les lit avec des gants et un masque”

Coups de pompes, de Raymond FEDERMAN, Le Mot et le Reste

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L’Américain Raymond Federman se qualifie lui-même de raconteur professionnel, sorte de troubadour des temps modernes. Il aime envoyer de grands coups de pieds dans les mots pour les faire voltiger sur la page ou la langue. Liste, rêves, délires, autoportraits… sont autant de pistes à suivre pour (re)découvrir l’univers truculent de cet auteur drôle et inclassable.

Quand la littérature se fait critique

C’est pour rire des travers de la société, du ridicule de certaines situations et de certains personnages des mondes économiques et politiques, aujourd’hui comme hier.

Comment je suis devenu stupide, de Martin PAGE, Le Dilettante

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Comment survivre dans le monde cruel du libéralisme triomphant quand on est, comme Antoine, un jeune homme lucide et moral ? Après avoir essayé en vain de devenir alcoolique et avoir renoncé au suicide, il décide de devenir stupide pour être heureux…

Bouvard et Pécuchet, de Gustave FLAUBERT, Pocket

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Il y a plus d’un siècle déjà, Flaubert a passé la moitié de sa vie à peaufiner cette exploration de la bêtise à travers l’histoire de deux greffiers qui se retirent à la campagne afin d’y exploiter une propriété agricole. Ils vont d’échec en échec tout en se gavant de connaissances encyclopédiques en pensant améliorer les choses. Il finissent par retourner à leur copie.
Ces deux personnages sont d’autant plus humains et sympathiques qu’ils apparaissent comme les victimes d’une bêtise générale bien supérieure à la leur.
Le Fameux « Dictionnaire des idées reçues » devait former le second volume de cette vaste entreprise que Flaubert n’a pu achever.

Bartleby, d’Herman MELVILLE, Flammarion

“Je préférerais ne pas”, telle est la réponse irrévocable et universelle de Bartleby, commis aux écritures dans un cabinet de Wall Street. Cette résistance absolue le conduit doucement à l’isolement le plus total. Une nouvelle traduction de ce classique de la littérature américaine du 19e siècle qui met en valeur l’humour de Melville.

Chronique du règne de Nicolas 1er, de Patrick RAMBAUD, Grasset

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Cette chronique raconte les premiers mois de notre nouveau souverain et de sa Cour, avec, pour respecter la tradition d’insolence de notre pays, un ton que l’auteur souhaite moqueur et distant.

Chamboula, de Paul FOURNEL, Le Seuil

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Au Village Fondamental, la vie s’écoule paisiblement. Les hommes partent à la chasse et les femmes travaillent aux champs. Chamboula Callipyge, belle jeune femme, éveille les désirs. Ce monde va brusquement se dérégler avec l’apparition d’un réfrigérateur puis d’une télévision. La discorde s’installe. Appelé au secours, SAV débarque. Il s’empare de Chamboula et veut exploiter le sol de la région.

La bêtise s’améliore, de Belinda CANNONE, Stock

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En 36 chapitres, cet essai est un appel à la responsabilité intellectuelle et met en garde contre la pétrification de la pensée. Il met en scène le dialogue de trois personnages : Gulliver, l’homme en colère qui est le moteur de cette réflexion, son ami le narrateur, indulgent et curieux, et Clara, la fiancée du narrateur, qui tire plutôt la réflexion vers la philosophie morale.

Jeux, parodies et pastiches : la littérature facétieuse

Encore une journée pourrie, ou 365 bonnes raisons de rester au lit, textes choisis et présentés par Pierre ENCKELL, Le Seuil

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De Victor Hugo à Jean-Paul Sartre en passant par Delacroix et Kafka, cet agenda déprimé, compilation de 120 journaux intimes d’écrivains et de personnalités, des Lumières au XXe siècle, est un puzzle d’humour noir.

Anthologie de l’humour noir, d’André BRETON, Ed. LGF

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Arthur Cravan

Le Maître à penser du surréalisme a créé la notion d’humour noir en composant cette anthologie dont la teneur décapante dynamite tous les conformismes (elle fut interdite à sa parution en 1943 par le gouvernement de Vichy, preuve éclatante de la force subversive de l’humour).
Cet étonnant recueil a aussi le mérite de faire redécouvrir des auteurs aussi célèbres que Swift, Sade, Poe, Baudelaire ou Kafka, mais aussi de faire connaître des auteurs confidentiels comme Xavier Forneret, Raymond Roussel ou Arthur Cravan.

Les opossums célèbres, d’Hervé LE TELLIER et Xavier GORCE, Le Castor Astral

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La collection “Les mythographes” accueille des textes littéraires courts (poésie, contes, récits, etc.) auxquels un graphiste, illustrateur ou peintre vient apporter sa lumière personnelle. Cet ouvrage rassemble 40 textes construits sur des mots-valises, où les vies imaginaires d’animaux et d’hommes célèbres (le cobraspoutine ou l’espadonquichotte) fusionnent pour créer une chimère littéraire.

Sodome et grammaire, de Jean-Pierre VERHEGGEN, Gallimard

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“Ou Sodome et Grosso Modo si l’on préfère ! Nous sommes en effet en Presque-Poésie. A l’orée. A l’oreille et Hardy comme il a déjà été dit et redit. Aux bords. Aux confins : entre à-peu-près, pataquès, persiflage – voire franche provocation ! – et joyeuse parodie. Aux limites imprécises. Là où les frontières sont tantôt floues tantôt fluides. Là où également tous les coups sont permis pourvu qu’ils mettent en évidence les infinies ressources de notre belle langue française tout en la défendant contre qui la voudrait aujourd’hui plus démunie et déshumanisée que jamais ou davantage surchargée de préciosités ridicules. Un uppercut donc – à la Cravan, s’entend ! – aux rappeurs Camembert ; un swing ou deux savates aux slameurs pompiers ; une claque en passant à la novlangue technologique ; une solide peignée au branchouille mode d’emploi sans oublier une chiquenaude amicale aux grands ancêtres d’anthologie car nul n’est parfait, n’est-ce pas ? Surtout pas l’auteur qui dans une ultime pirouette d’autodérision prend congé de lui-même en s’exclamant : salut l’Autiste ! Salut !”

Et si c’était niais ? : pastiches, de Pascal FIORETTO, Chiflet & Cie

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Dans le milieu de l’édition, un mystérieux assassin veut tuer les auteurs qui caracolent en tête de gondole. Chaque chapitre est un pastiche savoureux de nos écrivains contemporains :Denis-Henri Lévi, Christine Anxiot, Fred Wargas, Mélanie Notlong et d’autres.

Pour terminer en douceur

Le degré suprême de la tendresse : roman en pastiches, d’Héléna MARIENSKE, H. d’Ormesson

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Huit récits sur le plaisir du texte et du sexe, expression de la parole féminine. L’auteur y pastiche Montaigne, La Fontaine, Céline, Perec ou Houellebecq

Temps de canard, de Tom TIRABOSCO, L’An 2

Ces illustrations savoureuses, parues dans le supplément week-end de “La Tribune” de Genève, sont de petits tableaux réalisés au pastel sur papier kraft. Seul le canard assure un lien entre ces images où l’insolite et l’humour le disputent à la poésie.

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