Zoom sur la littérature de l'Océanie

D’île en île

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 31/10/2017 par AudreyB

Dans l’imaginaire collectif, l’Océanie est souvent associée à des plages de sable fin, des eaux bleu azur, des palmiers, des paysages luxuriants ou arides et des animaux sauvages. Passés les clichés et les généralités, ce continent insulaire, qui s’étale sur une superficie de plus de 8 millions de km2, possède une vraie richesse culturelle et littéraire. De l’Australie à la Nouvelle-Calédonie en passant par la Nouvelle-Zélande, vous trouverez à la BmL un rayon dédié à cette littérature qui mêle habilement la grande à la petite histoire. Histoire des aborigènes avec celle des colons anglais, histoire de la tradition avec celle de la modernité.

♦ Australie

La littérature australienne est souvent liée à son histoire coloniale et aborigène. On classe et l’on considère souvent ses auteur-e-s comme britanniques. Pourtant, ils n’en ont que la langue… L’écriture australienne déploie ses paysages étourdissants et étranges afin de mieux faire ressortir cette couleur ocre dont est fait le bush et l’outback. Il en résulte aussi le sentiment de dépaysement procuré par le voyage à l’autre bout du monde et le mysticisme qui entoure une terre qui n’a jamais complètement livré ses secrets…

 

Pique-nique à Hanging Rock, Joan Lindsay

14 février 1900, Australie. L’été touche à sa fin. Les jeunes pensionnaires de Mrs Appleyard attendent depuis des mois ce pique-nique annuel, non loin de Hanging Rock. Revêtues de leurs mousselines légères, elles partent dans une voiture tirée par cinq chevaux bais magnifiques. Après le déjeuner, les demoiselles s’assoupissent à l’ombre des arbres. Mais quatre d’entre elles, plus âgées, obtiennent la permission de faire une promenade. Enivrées par cet avant-goût de liberté, elles franchissent un premier ruisseau… puis disparaissent dans les hauteurs. Quand, tard dans la nuit, la voiture regagne le pensionnat, trois jeunes filles manquent à l’appel.

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Une vie entre deux océans, M. L. Stedman

Tom Sherbourne s’installe en Australie après la Grande Guerre des tranchées. Il devient gardien du phare de l’île reculée et sauvage de Janus. A l’abri des tumultes du monde, il coule des jours heureux avec sa femme Isabel mais leur bonheur est contrarié par leur difficulté à avoir un enfant. Un jour, une barque accoste la plage avec à son bord le corps d’un homme et celui d’un bébé vivant. Malgré le désir de vouloir contacter les autorités afin de reporter cette trouvaille, Isabel le convainc de ne pas le faire et de garder l’enfant. Cette décision aura des conséquences inattendues et dévastatrices…

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L’ivresse du kangourou et autres histoires du bush, Kenneth Cook

Quatorze nouvelles sur des rencontres fortuites, et souvent malencontreuses, qu’il est possible de faire dans le bush. Notamment lorsqu’une autruche est furieuse de s’être fait voler son oeuf ou quand un kangourou se réveille avec la gueule de bois.

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La compagnie des artistes, Chris Womersley

Tom, dix-huit ans, a quitté sa campagne natale pour étudier à l’université de Melbourne. Envoûté par l’énergie qui fait vibrer la capitale culturelle et artistique de l’Australie dans ces années 1980, il découvre Cairo, la résidence Art nouveau quelque peu décrépite où il emménage dans un appartement dont ses parents ont hérité. Aussitôt, le jeune homme est adopté par une singulière colonie d’artistes. L’un d’eux, Max Cheever, musicien fantasque, bohème et anarchiste, va tout lui apprendre. Premières amours, premiers méfaits… et première arnaque autour d’un des plus célèbres tableaux du XXe siècle. Tom en sera transformé à jamais.

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Par-dessus le bord du monde, Tim Winton

Georgie Jutland est une femme chancelante. À quarante ans, sa carrière d’infirmière en miettes, elle vit isolée à White Point aux côtés de Jim, un pêcheur de langoustes. Elle passe ses nuits à naviguer sur Internet en buvant de la vodka. Un matin, elle aperçoit une ombre sur la plage en contrebas : Luther Fox vient d’entrer dans sa vie. Braconnier des mers, timide et musicien, il est précédé d’une réputation de malheur et de malchance. Leur rencontre improbable, contrariée par la colère des langoustiers, se transforme en odyssée et leur amour fou en road-movie initiatique. Finaliste du Booker Prize, ce livre a reçu l’Australia’s Miles Franklin Literary Award en 2002.

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♦ Nouvelle-Zélande

Partons en Terre du Milieu ! Tout comme sa grande-sœur australienne, la littérature néo-zélandaise est souvent amalgamée à la littérature britannique (à tort ou à raison, nous laisserons le débat aux spécialistes !). Pourtant, ce pan culturel méconnu en France a fait émerger des auteures considérées comme des pionnières : Janet Frame, Katherine Mansfield,… Comme en Australie, l’écriture fictionnelle néo-zélandaise évoque souvent ce dépaysement physique et mental de l’être et du métissage culturel propre aux colonies britanniques.

 

Fille de l’air, Fiona Kidman

Surnommée la « Garbo des airs », Jean Batten était une aviatrice mondialement célèbre dans les années 1930. Née en 1909, l’enfant de Rotorua – petite ville au nord de la Nouvelle-Zélande – battit plusieurs records, notamment entre l’Angleterre et l’Australie, qu’elle rejoignit en quatorze jours et vingt-deux heures dans son petit avion de tourisme, un Gipsy Moth. Pourtant, le succès fulgurant et l’admiration que la navigatrice suscite ne durent que quatre années. Fiona Kidman essaie de lever le voile sur la vie complexe de cette femme, à une époque où celle-ci était destinée à d’autres préoccupations.

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Les nouvelles, Katherine Mansfield

Cet ouvrage compile des nouvelles écrites au début du XXème siècle. Véritable pilier de la littérature néo-zélandaise, Katherine Mansfield s’inspire de sa vie personnelle et familiale afin de décrire la vie quotidienne et ses questionnements. Elle est souvent comparée à Virginia Woolf dans son écriture et ses thèmes de prédilection. Nouvelle après nouvelle, l’auteure dit la solitude, la peur, la mort, décrit le bonheur d’exister.

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La répétition, Eleanor Catton

Un scandale éclate dans un lycée de jeunes filles : M. Saladin, le professeur de musique, est renvoyé pour avoir entretenu des relations coupables avec l’une de ses élèves, Victoria. Les camarades de classe de l’adolescente et sa jeune sœur se confient tour à tour à leur professeur de saxophone. Toutes sont en émoi, comme brusquement propulsées dans un monde de désir, de choix, de fantasmes dont elles pressentent obscurément qu’ils forgent la vie tout entière. L’affaire agite les conversations jusqu’à l’obsession et l’école de théâtre locale finit même par l’adapter en pièce de fin d’année, brouillant définitivement les frontières entre réalité et fiction. Meilleur premier roman lors des Montana New Zealand Book Awards 2009.

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L’âme des guerriers, Alan Duff

Portrait sans complaisance du peuple maori, L’âme des guerriers décrit les convulsions d’une civilisation à l’agonie dans la sordide banlieue d’une métropole de Nouvelle-Zélande. Privés d’emploi et de raisons de vivre, cramponnés à l’alcool, les héritiers de l’épopée ancestrale vont de défis absurdes en sanglants affrontements — pitoyable caricature des héroïsmes de jadis. Bouleversant hommage à une culture menacée et à des individus entraînés vers une forme de suicide collectif, L’âme des guerriers a été récompensé par le Pen Club Award 1991 du premier roman, et porté à l’écran en 1995 par Lee Tamahori.

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Les âmes brisées, Alan Duff

Après L’âme des guerriers qui évoquait le coeur des banlieues d’Auckland, dans la société des Maoris vivotant pour une bonne part de l’aide sociale et des allocations, l’auteur reprend les mêmes personnages, en particulier Jake le Musclé, et poursuit son analyse psychologique des peuples, clans et classes sociales souvent incapables d’atteindre les rives salutaires de l’intégration. Jake Heke est tenu responsable du suicide de sa fille. Homme au passé et au caractère difficile et violent, il essaye pourtant de s’intégrer au sein de la société tout en conservant son héritage maori. Mais dans un quartier où la violence et la misère subsistent, le chemin est long et ponctué de questionnements et de remises en cause…

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Bulibasha Roi des gitans, Witi Ihimaera

Ce Roméo et Juliette des temps modernes raconte la rivalité entre deux familles de tondeurs de moutons, au travers des figures des deux grands-pères, les deux patriarches, mais aussi celles de leur petit-fils et petite fille, qui entament une relation amoureuse envers et contre tout. Entre tradition, rivalité et roman de formation, Witi Ihimaera explore les liens familiaux au sein d’une communauté maorie néo-zélandaise et ce qu’implique l’héritage culturel pour ses descendants. Adaptation en 2016 par Lee Tamahori en film sous le nom de Mahana ou The Patriarch.

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♦ Nouvelle-Calédonie et Polynésie française

Par sa situation géographique excentrée de la métropole et donc, des grandes maisons d’éditions française, la littérature du Pacifique polynésien et calédonien est méconnue des lecteurs français. Pourtant elle allie tout un pan de la colonisation française aux traditions locales, des conséquences de la modernité sur les ethnies et essaie de retransmettre par écrit la tradition de l’oralité. Et ce n’est pas faute d’avoir des maisons d’éditions comme Au vent des îles qui y sont consacrées…

 

Tâdo, Tâdo, wéé ! ou “No more baby”, Déwé Gorodé

Cet ouvrage prend son point de départ en l’histoire de Tâdo, alors qu’elle n’est qu’une enfant. Féministe, traditionnel, poétique, magique, Déwé Gorodé essaie de dresser un portrait d’une femme autant que celui de  la culture kanak.

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L’île des rêves écrasés, Chantal Spitz

Ce roman a fait polémique lors de sa sortie en 1991 et les avis se sont partagés entre admiration et violentes réactions. Chantal Spitz critique l’ordre établi en Polynésie française et met en garde contre les dérives du modernisme, à une époque où le conformisme tenait lieu de pensée. Pourtant, il s’agit aussi d’une déclaration d’amour à sa terre natale et sa culture.

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Huna : secrets de famille, Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun

Ce recueil de nouvelles respecte la tradition de la transmission orale des contes polynésiens en privilégiant la forme écrite courte. S’inspirant d’histoires vraies, Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun essaie de déconstruire les idées reçues sur la société polynésienne.

 

 

Belles découvertes !

 

 

 

 

 

 

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