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Silence

Martin Scorsese

Pour retrouver leur père spirituel, deux jésuites partent au péril de leur vie et pénètrent illégalement sur les terres du Japon. Silence est un film historique tourné au milieu d’une nature luxuriante dans un pays, où 4 siècles auparavant, les chrétiens sont la cible d’atroces persécutions.

1633 au Japon. Les pères portugais Sebastiao Rodrigues et Franciso Garupe s’introduisent clandestinement au pays du soleil levant avec l’aide d’un passeur. Leur mission est de retrouver leur mentor, le père Cristovao Ferreira arrivé 24 ans plus tôt, en 1609, à Nagasaki.

Le Japon est alors une terre de commerce incontournable. Anglais, espagnols, hollandais et portugais se disputent les comptoirs pour augmenter leurs profits. Mais derrière ce commerce florissant, nait une guerre d’idéologie où les missionnaires convertissent au christianisme de nombreux villageois. Le gouvernement japonais fait le rapprochement avec la conquête du Mexique par les conquistadors. Il soupçonne les espagnols d’utiliser la religion pour affaiblir leur pouvoir.

Silence, film de Martin Scorsese adapté du livre éponyme de Shusaku Endo, met en scène un tournant dans l’histoire diplomatique et commerciale du Japon. La dynastie Tokugawa qui dirige le Japon de 1603 à 1867  décide alors d’interdire toutes les croyances étrangères et se lance dans une répression sanguinaire. Cette période est aussi appelée époque Edo – actuelle ville de Tokyo – du nom de la capitale où s’installe la dynastie des shoguns Tokugawa. Depuis la nomination de Togugawa Ieyasu par l’empereur en 1603, les shoguns bénéficient de pouvoirs très étendus et agissent en tant que représentants civils et militaires. A la croisée de routes commerciales, le Japon est le point de rencontre des marchands du monde entier. Mais, malgré des enjeux importants, le pays bascule dans une période de repli. Une véritable traque s’organise afin d’éradiquer toute forme de christianisme. Les fidèles sont faits prisonniers, torturés et tués s’ils refusent d’apostasier, ce qui va compliquer ses relations commerciales et culturelles.

L’écrivain Morgan Sportes reprend le sujet avec la publication en septembre 2017 du titre Le ciel ne parle pas. Quelques mois après la sortie du film, l’auteur apporte d’autres éléments historiques et géopolitiques sur cette période et illustre à travers plusieurs exemples le choc des cultures. Entre incompréhension et maladresses les tensions se cristallisent comme le décrit parmi tant d’autres ce passage p. 200 :

«  […] Ce fut pis…Dès que ce mot sortait de sa bouche, c’était un immense éclat de rire qui l’accueillait. Et souvent des pierres jetées par les enfants. Ou des crottes de chien. Les bonzes, ennemis acharnés de SFX, avaient fait remarquer à leurs ouailles tentées par cette religion nouvelle et pernicieuse que Deus, prononcé Dai-usu, assonait avec le mot japonais Dai uso, qui veut dire « Grand menteur ». Le Grand Menteur aurait donc créé le monde en six jours ! »

Pour autant  film et livre ne s’imposent pas comme des manifestes, aucun prosélytisme dans ces œuvres. Pas de gentils ou de méchants, juste des visions du monde qui s’opposent et s’affrontent dépassant largement les intérêts de la plupart des villageois nouvellement convertis ou pas et des commerçants japonais ou du bout du monde.

Un livre et un film qui revendiquent une certaine authenticité dans leur rapport à l’histoire, à regarder ou à lire avec intérêt.

Voir dans le catalogue de la BML

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