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La course

Nina Allan

Nina Allan s'est faite connaître en France par des nouvelles (dont « Complications », Grand prix de l'imaginaire en 2014, paru aussi chez Tristram) et ce roman en porte la marque, puisqu'il s'agit d'une suite de nouvelles. La différence, c'est qu'il s'y déploie un motif, des échos, des liens qui ne prennent sens que dans le cadre d'un roman.

On commence dans le paysage de Sapphire, une ville en décomposition à cause de l’industrie du gaz de schiste, qui se passionne pour les courses de “smartdogs”, des lévriers génétiquement modifiés et empathiques, pour finir par la rencontre avec des surbaleines de l’Atlantique à côté desquelles Moby Dick est un enfant.

Au-delà de ces entités intrigantes propres à la science-fiction, Nina Allan se concentre sur des motifs de récit. Le lecteur est plongé dans un jeu de miroirs, de correspondances entre des fictions écrites par le personnage de Christy et la vie de Maree, une linguiste empathe. A chaque fois, la disparition de la mère ou du père résonnent, le rapport au frère violent, aux liens qui se distendent quand on quitte l’adolescence, l’attachement, tout s’enchevêtre et se répond de manière subtile et sans imposer une interprétation unique.

Il y a dans ce livre une grande maîtrise aussi bien dans l’épique (avec les baleines ou la course de lévriers) que dans l’intime. Les échos sont autant de balises pour le lecteur, qui peut ainsi élaborer les liens entre les textes tout en laissant la possibilité aux personnages de s’en libérer. La course est un grand roman sur la liberté, mais une liberté qui a conscience de tout ce que l’on porte dans notre histoire personnelle et qui nous freine, et l’emprunt à la science-fiction est un moyen de donner sens à tout cela, une manière de faire prendre conscience au lecteur du réel à travers un jeu d’illusions.

Voir dans le catalogue de la BML

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